Lors d’un séjour en Seine et Marne, j’ai été surprise de découvrir de nombreux séquoias dans la forêt de Ferrières en Brie, au parc de Rentilly et à l’arboretum de Gretz-Armainvilliers.
On confond souvent Sequoia et Sequoiadendron et je vous invite à découvrir leurs différences sur la page qui leur est consacrée.
Mais revenons à ces étonnants séquoias de Seine et Marne qui attirent le regard par leur port royal. Quoiqu’encore très jeunes, environ 160 ans, ils surpassent tous les autres arbres qui pourtant ne déméritent pas en port et en esthétique.
Les séquoias frôlent de nombreux records mais qu’il n’en déplaise au président américain, ce ne sont ni les plus hauts, ni les plus gros, ni les plus vieux des arbres et il peut donc se consoler en apprenant que les plus grosses noix du monde sont produites par des noyers américains ! Ouf, l’honneur est sauf…
À l’heure actuelle, les séquoias sont les arbres les plus hauts du monde avec 115,50 m pour Sequoia sempervirens mais cela n’a pas toujours été le cas puisque l’arbre le plus haut, avant que l’homme ne s’en mêle, était l’Eucalyptus regnans avec ses 132 m. Quant au Sequoiadendron, il rivalise presque avec l’arbre de Tulle, un cyprès chauve qui détient le record de largeur de diamètre soit 9 à 11 m (selon les mesures prises). Bien évidemment, ces arbres vivent très vieux et 2 000 à 3 000 ans ne leur font pas peur mais là encore, ils se font battre par un pin, Pinus longaeva estimé à environ 4800 ans.
Ce qui est étonnant avec les séquoias, c’est la taille de leur minuscule graine qui contient en elle la perspective de telles masses de matière : un Sequoiadendron nommé General Sherman a été évalué à 1 486 m³ de bois pour 1 200 tonnes !
Le monde des arbres se divise en deux grandes catégories : les conifères et les feuillus. Le groupe des conifères dont les séquoias font partie, est arrivé bien avant les feuillus et leurs caractéristiques ancestrales en témoignent.
À l’époque de leur naissance terrestre, il n’existait pas de pollinisateurs comme les abeilles et ces arbres ont confié le produit de leurs organes sexuels mâles, le pollen, au bon vouloir du vent. Cela nécessite une grande profusion de pollens, la pluie de soufre, et cela génère beaucoup de gâchis, le vent étant un moyen de transport très aléatoire.
Certains feuillus ont conservé le contrat avec le vent, tels les chênes, les hêtres, les charmes, les frênes, les saules… mais d’autres ont utilisé ce que la nature leur proposait : des insectes volants, véritables petits facteurs qui viennent livrer à domicile le pollen. Les plantes seraient-elles opportunistes ? Sans aucun doute et le plus étonnant c’est que cette évolution nous prouve que les arbres sont conscients de leur environnement et l’utilisent. Une autre preuve de leur conscience environnementale, c’est la façon qu’ont certains végétaux de se développer en respectant l’intimité de l’autre. Et s’il fallait rajouter une preuve, c’est le mimétisme ou le leurre, sexuels ou alimentaires, de certaines orchidées avec leur pollinisateur qui est encore plus ‘bluffant’.
En effet, les végétaux se sont aussi spécialisés dans leurs pollinisateurs : du vent, on est passé aux insectes puis aux insectes spécialisés qui assureront encore plus de rentabilité. Tant est si bien que chez les orchidées, ces fleurs ultra-évoluées, cette spécialisation d’insectes frôle le drame si l’insecte vient à manquer. Ce fut le cas pour la vanille que l’homme voulut produire ailleurs que dans son pays d’origine le Mexique, mais dans cet ailleurs, l’insecte pollinisateur n’existait pas : pas de pollinisation, pas de fécondation, pas de fruits, pas de gousses de vanille et l’homme a été obligé de jouer au pollinisateur…
Tout comme nous les humains, les végétaux sont devenus adeptes de la souscription d’assurances à outrance. En effet, les conifères exposent leurs organes sexuels à tous vents : les étamines sont simplement posées sur une écaille tout comme les ovules nus. Aucune protection durant leur maturation ne peut leur venir en aide et là encore cela génère beaucoup de gâchis. Les végétaux tendent toujours vers la rentabilité et cette aptitude négligente des conifères a été remédié chez les feuillus qui au cours de leur évolution ont optimisé les protections. Ainsi est né l’ovaire qui protège l’ovule puis le calice qui protège les organes sexuels – étamines et stigmates puis la corolle qui est une protection supplémentaire. C’est comme nous, avant on pouvait conduire une voiture sans ceinture de sécurité, faire du vélo sans casque, du patin à roulettes sans genouillères, se parler entre homme et femme sans craindre le harcèlement… bref, on était moins protégés mais beaucoup plus libres…
Ainsi va la vie, le progrès est-il toujours source de progrès ? À nous d’en décider avec raison… et là, ce n’est pas joué !
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