Les séquoias font partie d’une des plus anciennes familles de conifères – les Taxiodaceae qui selon la nouvelle classification est intégrée désormais dans la famille des Cupressaceae.
Les genres Sequoia et Sequoiadendron sont des genres très proches, c’est pourquoi cet article les envisage ensemble.
∙ Il y a 60 millions d’années, on pouvait encore dénombrer une quarantaine d’espèces de Sequoia, il n’en reste qu’une seule : sempervirens du latin signifiant ‘toujours vert’.
Certains botanistes avaient émis l’hypothèse d’une origine du séquoia très ancienne issue d’une hybridation d’un Metasequoia (le fossile vivant chinois) et d’un autre conifère existant il y a 70 à 120 millions d’années et aujourd’hui éteint ; malgré certaines ressemblances morphologiques du Sequoia et du Metasequoia ne serait-ce que par le feuillage, d’autres études ont réfutées cette hypothèse rapprochant plus le métaséquoia du cyprès chauve (Taxodium).
∙ Quant au Sequoiadendron, jusqu’à environ 5 millions d’années auparavant, on en comptait deux espèces :
– chaneyi découverte dans le Colorado et aujourd’hui éteinte.
– giganteum, la seule encore existante.
Amérique du Nord, le long de la côte Pacifique californienne (moins de 60 km de la mer). Le Sequoiadendron s’est développé dans une région plus restreinte et particulièrement dans la Sierra Nevada en Californie centrale.
À la fin du Crétacé inférieur (probablement vers -120 MA), les séquoias apparurent en Amérique du Nord, puis ils ont peuplé l’Europe et l’Asie, qu’ils fuiront suite aux glaciations mais aussi à l’assèchement du climat. Le Sequoiadendron fut le premier à déserter le continent européen probablement vers 20 MA et le Sequoia résista jusqu’au Pliocène, il y a 5 millions d’années.
Avec le Taxodium distichum – le cyprès chauve, le Sequoia et le Sequoiadendron font partie des trois arbres importants et imposants d’Amérique du Nord.
– Sequoia sempervirens
∙ Le premier européen à l’avoir découvert serait le corsaire Francis Drake en 1579 puis les espagnols lors de leurs expéditions.
∙ Le premier à le décrire est un membre de l’expédition de l’explorateur espagnol Gaspar de Bortola en 1769.
∙ Le premier scientifique botaniste qui a prélevé des échantillons (non exploités !) et ramené des graines est le botaniste tchèque Tadeo Haenke en 1791.
∙ On doit les premières données botaniques au botaniste Archibald Menzies lors de l’expédition de George Vancouver de 1791 à 1795. Il a fait parvenir des graines en Europe.
– Sequoiadendron giganteum
Bien que découvert dès 1833 lors d’une expédition menée par le trappeur et éclaireur Joseph R. Walker et décrit dans le journal de l’explorateur J.K. Leonard, puis en 1850 dans le Calaveras North Grove par l’européen John M. Wooster, cet arbre ne fut découvert officiellement qu’en 1852 par August T. Dowd (employé de l’Union Water Company). Il aurait été introduit en Angleterre en 1853 et en France trois ans plus tard.
– Sequoia Endl.
∙ Sequoia est un genre créé en 1847 par le botaniste et linguiste autrichien Stephan Ladislaus Endlicher.
Le mot Sequoia met à l’honneur le nom du chef indien, l’orfèvre cherokee Sequoyah (vers 1770-1843), appelé de son nom anglophone George Gist ou Guess qui a inventé l’alphabet cherokee, alphabet qui permit la parution du premier journal en langue amérindienne.
Si tout le monde s’entend pour valider l’étymologie de ce nom (et surtout les Américains), certains ont un doute et évoquent une étymologie purement botanique qui signifierait ‘séquence’ en référence à l’agencement des ovules. À l’époque de Endlicher, il n’y avait pas d’obligation à justifier l’étymologie du nom donné, il est donc difficile de connaître les raisons de son choix, c’est pourquoi, à partir de 1867, le botaniste Alphonse De Candolle imposa une explication pour tous noms latins proposés.
∙ Sequoia et Sequoiadendron répondent au nom vernaculaire français de séquoia ce qui est une erreur puisque deux genres ne peuvent avoir la même appellation (d’où l’utilité des noms latins).
Il en est de même pour le nom anglophone ‘Redwood’ qui est attribué aux deux genres ainsi qu’au Metasequoia en référence à la couleur de leur écorce et de leur bois.
‘Coast redwood’ pour Sequoia sempervirens – ‘Giant redwood’ pour Sequoiadendron – ‘Dawn redwood’ pour Metasequoia.
– Sequoia sempervirens
Tout d’abord nommé Taxodium sempervirens (Taxodium est le nom de genre du cyprès chauve) en 1824 par David Don, il fut reclassé dans le genre Sequoia en 1847 par Stephan Ladislaus Endlicher.
Sempervirens vient du latin signifiant ‘toujours vert’ en référence à son feuillage persistant ressemblant au feuillage de l’if – Taxus baccata de la proche famille des Taxaceae.
– Sequoiadendron giganteum
Cet arbre fut tout d’abord classé en 1853 dans le genre Wellingtonia par le botaniste britannique John Lindley en honneur au duc de Wellington – Arthur Wellesley, le ‘vainqueur’ de Napoléon à Waterloo, qu’il considérait comme le plus grand homme de son époque. Ce nom déclencha un tollé général chez les Américains qui n’admettaient pas qu’un des arbres les plus représentatifs de leur pays porte le nom d’un britannique qui ne l’avait d’ailleurs jamais vu ! D’autre part, le nom du genre Wellingtonia était déjà utilisé (en 1840) pour certaines espèces de la famille des Sabiaceae.
L’arbre fut donc affublé de différents autres noms tel Sequoia gigantea en 1854 par le botaniste français Joseph Decaisne. Il faut attendre 1939 pour que tout le monde s’accorde sur la validation du nom Sequoiadendron proposé par le botaniste américain, spécialiste des gymnospermes, John Theodore Buchholtz.
Dendron vient du grec ancien signifiant arbre, afin de le différencier du genre Sequoia.
L’épithète giganteum lui fut attribuée par Lindley.
Leur écorce les protège assez efficacement des incendies, en revanche ils sont sensibles aux vents et sujets à la foudre. Les arbres souffrent de la sécheresse et dans des cas extrêmes n’hésitent pas à se débarrasser d’une partie de leur feuillage pour limiter la casse.
Sequoia supporte assez mal les gelées tardives, sa tolérance au gel va de – 7°C à -12°C alors que Sequoiadendron tolère de – 12°C à – 18°C (certains parlent de -25°C dans des régions froides mais bénéficiant de la neige comme protection).
Si les séquoias apprécient les forêts de la Californie, ces deux genres se développent au mieux dans des zones un peu différentes.
∙ Sequoia sempervirens privilégie les côtes pacifiques et s’aventure parfois au-delà des 300 m d’altitude jusqu’à 900 m dans des zones à pluviométrie élevée avec présence de brouillard, sur des sols de préférence neutres, alluviaux, frais et profonds, dans des situations ombragées.
N’appréciant pas la sécheresse, il ne se développe pas en région méditerranéenne et il faut reculer un petit peu plus dans les terres pour le découvrir ; c’est le cas de la Bambouseraie d’Anduze avec sa majestueuse allée bordée de spécimens de 45 m plantés vers 1861.
∙ Quant à Sequoiadendron, il se complaît dans les montagnes de la Sierra Nevada, dans les forêts de conifères mixtes, ensoleillées et enneigées l’hiver, entre 1 300 à 2 300 m d’altitude dans son habitat.
Les séquoias géants vivent en Californie en petits peuplements appelés groves – bosquets, nom anglophone utilisé avec le lieu, ex : Grant grove ; dans le livre ‘Les Merveilles de la Végétation’ de 1866, l’auteur, Fulgence Marion, évoque un bois en Californie appelé ‘le bosquet de Mammouth’ en référence à ces arbres gigantesques. On compte environ 75 bosquets.
Il a été remarqué que depuis leur découverte, ils n’ont pas envahi d’autres territoires en dehors de leurs ‘groves’; cela vient du fait aussi que les proches vallées des groves sont souvent glacées durant l’hiver.
Les sols granitiques ou alluviaux sont préférés ; sol neutre à légèrement acide mais surtout bien drainé dans des zones plus lumineuses que leur cousin Sequoia.
Ces deux genres sont si proches qu’il y a souvent confusions, et pourtant si on les observe d’un peu plus près…
– Leur croissance est rapide. Leur longévité atteint de 1 000 à 2 000 ans et plus de 3 000 ans particulièrement pour Sequoiadendron.
Un jour de 1888, Walter Fry a compté jusqu’à 3 266 années de croissance sur un spécimen de Sequoiadendron qu’il venait de couper avec ses compagnons bûcherons ; il prit alors conscience de son erreur et voua toute sa vie à défendre ces arbres ancestraux et devint surintendant et directeur des parcs nationaux de Californie, il est surnommé ‘ambassadeur de la nature’.
– Ces grands arbres de 40 à 60 m peuvent atteindre de 90 à 100 m avec un record de 115,50 m pour un spécimen de Sequoia sempervirens mesuré en 2006 dans le Redwood National Park, il a été nommé Hypérion – nom d’un titan de la mythologie ancienne. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à dépasser les 110 m dans ce parc ainsi que dans le Humboldt Redwoods State Park et dans la State Reserve Montgomery Woods.
Des études ont été faites démontrant qu’aucun arbre ne pourrait jamais dépasser les 140 m. Actuellement, ce sont bien les séquoias qui détiennent le record de hauteur mais fut un temps, avant que l’homme n’intervienne ! le record était détenu par l’Eucalyptus regnans avec ses 132 m, suivi de peu par un sapin de Douglas – Pseudotsuga menziesii de 127 m.
Les Sequoia sempervirens ne dépassent généralement pas les 6 m de diamètre alors que le genre Sequoiadendron rivalise avec le baobab et le cyprès chauve qui, actuellement pour ce dernier, détient le record de 9 à 11 m de diamètre (selon les mesures prises).
Le plus connu des Sequoiadendron est un arbre nommé General Sherman avec une hauteur de plus de 83 m, un diamètre d’une dizaine de mètres et un volume de 1 486 m³ pour 1 200 tonnes.
Le plus gros en circonférence avec plus de 34 m est un spécimen nommé Boole Tree.
L’exploration de la canopée californienne du deuxième plus grand spécimen de Sequoiadendron a révélé la présence de 46 troncs secondaires mais le tronc principal était creux ; cet arbre est mort en 2002, il comptait environ 3 000 cernes de croissance.
Le port est plus souvent pyramidal pour Sequoia alors que Sequoiadendron présente une forme conique même si dans sa jeunesse sa croissance est monopodiale (développement à partir du bourgeon terminal).
– Ces arbres sont pyrophytes (survivent à un incendie) car dépourvus de canaux résinifères, de plus leur écorce brun-rouge est ignifuge, fibreuse et souple, épaisse de 30 cm jusqu’à 60 cm pour Sequoiadendron.
– Ils développent des racines à pivot mais peu profondes et surtout des racines horizontales superficielles jusqu’à 30 à 40 m plus loin, ainsi que des rejets de leur souche. Sequoia sempervirens est le seul conifère à produire des lignotubers (tiges souterraines ayant des organes de réserve riches en amidon) qui, plus est, peuvent devenir gigantesques.
– Sous l’effet de l’ombre, les branches basses finissent par mourir sur au moins 1/3 de l’arbre mais persistent sur l’arbre un certain temps avant de tomber. En arbre isolé, la lumière permet parfois aux branches basses de se redresser.
– La grande différence de ces deux genres est l’aspect des feuilles persistantes.
∙ Sequoia : selon l’âge, les feuilles ont une forme différente ; sur les rameaux principaux, les feuilles (plus âgées) sont des écailles appliquées, imbriquées alors que sur les ramilles, les feuilles sont disposées en 2 rangs, en aiguilles de 2,5 cm, lancéolées, aplaties, à l’extrémité pointue, avec 2 rangées de stomates (petits orifices), au pétiole (axe reliant la feuille à la tige) très court et vrillé faisant apparaître les aiguilles sur le même plan ; elles ressemblent à s’y méprendre aux feuilles d’if (d’où un des noms vernaculaires).
∙ Sequoiadendron : les petites feuilles sessiles (directement sur un axe) sont positionnées en spirales et sont très appliquées sur le rameau ressemblant à des écailles mais ce sont de petites aiguilles en forme de poinçon (alêne), avec des stomates des deux côtés.
Une étude réalisée en 2007 sur un des plus grands spécimens a comptabilisé 2,8 milliards de feuilles vivantes !
– Ce sont des arbres monoïques (fleurs mâles et femelles séparées sur la même plante) dont les inflorescences (grappes de fleurs) en chatons commencent à se former vers la fin de l’été, elles sont peu visibles durant l’hiver et la pollinisation anémophile (vent) a lieu au printemps. La maturité sexuelle serait atteinte vers l’âge de 20 ans.
∙ Sequoia :
Les inflorescences mâles minuscules sont en strobiles (inflorescences dont les organes reproducteurs se développent à partir d’une écaille) ovoïdes de 2 à 5 mm, solitaires, en position terminale ou axillaire sur les rameaux, composés de 6 à 12 sporophylles (feuilles modifiées) contenant chacune de 2 à 6 sacs polliniques ; le grain de pollen ne forme pas de ballonnets.
Les strobiles femelles sont elliptiques et se développent en petits cônes ovoïdes de 1,5 à 3 cm constitués de 15 à 30 écailles écussonnées (portent un petit bouclier). Les écailles portent de 2 à 7 ovules.
∙ Sequoiadendron
Les strobiles mâles sont très petits, 4 à 8 mm, et ovoïdes ; on les trouve à l’extrémité des rameaux ; ils portent de 12 à 20 sporophylles contenant chacun de 2 à 5 sacs polliniques ; le grain de pollen ne forme pas de ballonnets.
Les strobiles femelles de 4 à 9 cm comptent de 25 à 45 écailles épaisses et ligneuses, portant chacune de 3 à 9 ovules.
– La morphologie sphérique des cônes est typique de la famille des Cupressaceae. Matures en 18 mois, ils sont trois fois plus grands chez Sequoiadendron (environ 9 cm) que chez Sequoia (de 2 à 3 cm).
Walter Fry a dénombré une production de 11 000 cônes par an par spécimen.
Les cônes matures ne s’ouvrent qu’après un été très chaud ou un incendie ; ils peuvent donc rester sur l’arbre pendant une vingtaine d’années, caractère unique chez les conifères mais les séquoias peuvent compter sur des alliés pour les aider à libérer leurs graines :
∙ Le coléoptère – Phymatodes nitidus pond ses œufs près des cônes, ses larves se nourrissent des écailles du cône qui alors se dessèchent et libèrent ainsi les graines.
∙ L’écureuil de Douglas – Tamiasciurus douglasii se régale des cônes encore verts et libèrent ainsi les graines ; comme tout écureuil, il fait aussi des provisions de cônes encore fermés. On compte 3 000 à 3 500 cônes récoltés par écureuil en une année !
– Les graines sont très petites voire minuscules, de 3 à 6 mm, et aplaties ; leurs 2 ailes asymétriques permettent une dissémination par le vent. En général, elles développent 4 cotylédons (feuilles embryonnaires). Il faut 200 000 graines pour obtenir 1 kg sachant qu’en moyenne un arbre produit de 300 à 400 000 graines par an !
– Multiplication
En Europe, ces arbres non invasifs ne se reproduisent pas facilement par graines dont 10 à 20% seulement seraient viables ; de plus, les graines nécessitent beaucoup de la lumière et d’eau pour leur transformation en plantule qui tolère assez mal la concurrence d’autres plantes ; c’est pourquoi les graines repartent mieux après un incendie, d’ailleurs de nombreux travaux ont déterminé l’importance de maintenir un régime d’incendies approprié dans les forêts de Sequoiadendron mais ce sujet est controversé.
Le Sequoia, quant à lui, peut faire appel à ses rejets pour se multiplier.
– Peu de variétés et l’hybridation n’est pas évidente.
∙ En revanche, le Sequoia sempervirens nous présente une bizarreté unique dans le monde végétal : en Californie dans les parcs d’état Henry Cowell Redwoods et Humboldt Redwoods ont été découverts en 1866 environ 411 séquoias albinos au feuillage et aux ramilles blanches – les fantômes de la forêt, plus étrange encore une dizaine d’arbres portaient du feuillage albinos et du feuillage vert.
L’albinisme est une maladie génétique privant les organismes de production de mélanine (pigment de couleur), chez les végétaux il s’agit d’une privation de chlorophylle qui les voue à la mort car ne pouvant assurer la photosynthèse, ils deviennent dépourvus d’énergie. Le séquoia albinos a trouvé la parade, en effet, il va vivre en parasite en se greffant sur les racines d’un séquoia sain se trouvant à proximité (c’est souvent l’arbre qui lui a donné naissance) en puisant les sucres nécessaire à sa survie. Généralement, ces arbres ne dépassent pas les 3 m mais certains peuvent atteindre 20 m, d’autre part ils vivent nettement moins longtemps que les ‘normaux’. En cas de conditions difficiles (pénurie de nourriture – sécheresse…) l’arbre hôte coupe les vivres.
Un biologiste américain, Zane Moore a recherché la cause de cet albinisme avec l’aide de l’arboriculteur Tom Stapleton (vers 2016). Ils ont trouvé une piste du côté du sol de la bande forestière portant les séquoias albinos, sol qui contiendrait un taux élevé de métaux lourds – nickel, cuivre, cadmium, véritables poisons pour les branches et le feuillage contenant de la chlorophylle. Ils ont pu constater que la teneur en métaux lourds étaient doubles chez les albinos qui absorbent ces toxines. Il en résulterait donc une relation symbiotique entre les albinos dépollueurs et les arbres sains nourrisseurs. Affaire à suivre…
Bien évidemment, ces arbres ont été l’objet de légendes chez les Amérindiens qui les auraient mis à l’honneur lors de certaines cérémonies de purification.
∙ Sequoiadendron giganteum ‘Penduleum’ serait un cultivar obtenu en France en 1863.
– Ennemis
Les séquoias ont une grande résistance aux champignons et aux insectes, même quand l’arbre est mort.
À l’heure actuelle en Amérique et en Europe, ces deux genres souffrent de sécheresse. En Europe, les Sequoiadendron en état de faiblesse dû à la sécheresse sont attaqués par un champignon : le chancre de l’écorce – Botryosphaeria dothidea dont les blessures court-circuitent la circulation de la sève dans les branches. Ce processus d’attaque est lent mais pour l’instant irrémédiable.
Les Amérindiens utilisaient leur tronc rectiligne pour faire des canoës, des habitations. Les troncs utilisés venaient d’arbres tombés naturellement et au vu de leurs dimensions cela se comprend mais, aussi, les Amérindiens les respectaient et les ont toujours protégés alors que l’homme blanc en moins de 100 ans a détruit pratiquement 90% des ressources !
Certaines populations amérindiennes célébraient différents événements de la vie en sculptant des totems dans du bois de thuya ou de séquoia.
Dans la forêt de Ferrières en Brie (77), le sculpteur Daniel Stinus, lié par contrat avec l’O.N.F, a la chance de pouvoir laisser libre court à son imaginaire en réalisant des totems dans des troncs de séquoiadendrons morts.
– Sylviculture
Le bois de l’espèce sempervirens est de bien meilleure qualité que celle du Sequoiadendron giganteum. C’est un bois léger, résistant et imputrescible mais avec peu de résistance mécanique. Il est utilisé en menuiserie extérieure et en revêtements extérieurs et intérieurs ainsi qu’en industrie papetière. Ses loupes (sorte de tumeurs végétales) sont appréciées et recherchées. Autrefois, il était utilisé pour les traverses de chemins de fer.
Si certains ont pensé faire fortune au vu de la masse de bois que fournit un seul arbre de Sequoiadendron, ils ont vite été déçus car de tels arbres non seulement se brisent en tombant mais ils se révèlent intransportables par leur taille, d’autre part le bois est assez fragile et seuls les arbres assez jeunes peuvent être intéressants en pâte à papier ou pour fabriquer des meubles, des poteaux et des allumettes !
L’écorce est utilisée en combustible, en paillis et en isolation.
– Médicinales
Les jeunes pousses et les bourgeons du séquoia géant ont une action sur le système endocrinien ainsi que sur les os et les articulations.
– Écologie
Ces arbres immenses abritent une faune et une flore abondante. Les bosquets nourrissent une trentaine d’espèces d’oiseaux dont certains y nichent, des grands et des petits mammifères s’y cachent, des insectes et des champignons y prolifèrent.
Les ours aiment se frotter et gratter l’écorce spongieuse avec leurs fortes griffes.
– Ornementales
En isolé dans des grands parcs ou en allées et même parfois en bonsaï !
Dans la forêt de Ferrières en Brie (77), on peut découvrir une allée de 700 m bordée de 97 Sequoiadendron giganteum âgés d’environ 150 ans (une dizaine ont été remplacés). Cette ‘allée des lions’ qui mène à l’ancienne propriété du baron James de Rothschild (XIX°) compte le regroupement le plus important de séquoias en France après l’allée de Mennecy dans l’Essonne avec ses 134 spécimens.
– Arbres symboles de la Californie.
– Avant l’arrivée des colons, le Sequoia sempervirens dominait la côte californienne en compagnie du Pseudotsuga menziesii – le sapin de Douglas. Dès 1852, de farouches opposants s’élevèrent contre la déforestation due à la ruée vers l’or. Afin de protéger la nature pillée par les colons, à partir de 1921, ont été créés 4 parcs de protection. En 1968, le Redwood National Park dont le Sequoia sempervirens est l’emblème, devint un parc national. À l’heure actuelle, on peut découvrir et admirer ces arbres-monuments dans au moins 7 aires protégées.
Le Sequoiadendron découvert plus tard a été mieux protégé que son proche cousin. Au vu des abattages féroces, aux idées saugrenues comme les creuser en leur milieu et faire passer des voitures en-dessous, ce genre d’arbre a été protégé dans des parcs et ce depuis 1890 ; le Parc national de Sequoia présente la plus vaste et la plus populaire des forêts. À l’heure actuelle, en Amérique du Nord, 90% de son habitat est protégé ; on peut remercier John Muir, fondateur de Sierra Club, une des plus importantes organisations de protection de l’environnement. En Amérique, cette espèce a révélé l’importance de la conservation du monde végétal.
– Dans la vallée de Napa près de Calistoga en Californie, le fermier Charles Evans, en ratissant ses pâturages, découvre en 1870 une forêt pétrifiée de Sequoia sempervirens. Il faut remonter à 3,4 millions d’années plus tôt, période où une violente irruption volcanique du mont Sainte Hélène va balayer toutes vies sur les chaînes côtières du nord de la Californie ; des arbres âgés furent renversés et recouverts de cendre, petit à petit le bois s’est pétrifié, la silice des cendres remplaçant les cellules de l’arbre, et aujourd’hui encore on peut découvrir les troncs de certains de ces arbres de pierre couchés tel qu’ils sont tombés !
– Dans la galerie du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, on peut admirer une tranche d’un tronc de Sequoiadendron âgé de 2 200 ans avec un diamètre de 2,7 m, offerte par l’American Légion en 1921.
– Napoléon III, à la naissance de son fils, fit planter un spécimen de Sequoiadendron le 19 mars 1856 dans le Haut-Rhin à Ribeauvillé et le baptisa ‘Prince impérial’. Cet arbre serait toujours en vie.
– Les cinéastes ont été inspirés par ces grands arbres et entre autres pour un des films les plus connus ‘le Retour du Jedi’.
Mise à jour août 2024.