Dans ce jardin du Cap d’Antibes (06), les collections de conifères et d’acacias sont remarquables mais celles des eucalyptus et des arbousiers le sont encore plus. Malheureusement, l’hiver sec et venteux a laissé des traces : des arbres cassés tel ce vieil arbousier au sol, des cimes d’eucalyptus desséchées… Ceux qui doutent encore du dérèglement climatique ont probablement besoin de lunettes ?
Mais heureusement, au détour des sentiers, ce jardin offre d’autres beaux spectacles, tel cet étonnant arbousier de Grèce – Arbutus andrachne :
Cet acacia au bois noir fait appel à ses racines ancestrales quand il est en stress, un bois cassé par exemple, en développant des tiges avec des feuilles juvéniles composées de petites folioles – on les dit bipennées, comme ses lointains ancêtres qui ont fini par évoluer en élaborant des feuilles entières lancéolées; ces dernières prouvent l’adaptation des arbres à leur environnement : une feuille linéaire se dessèche moins vite et la verticalité optimise souvent la photosynthèse des deux côtés du limbe. Les plantes sont toujours à la recherche de rentabilité…
Quant à l’Acacia leiophylla, il est couvert de fleurs et se démarque de toutes ces nuances printanières de vert.
Et là, j’ai une petite pensée pour ma voiture qui n’a pas fini de recevoir cette pluie de soufre qu’est le pollen : tous ces millions de futurs ‘spermatozoïdes’ perdus sur le pare-brise…
Les femelles sont difficiles à capter dans l’objectif car inaccessibles par la hauteur mais aussi par le rempart des mâles qui occupent largement le terrain du bas.
Les chênes, aussi, continuent de mettre une énergie (de dingue) dans la production d’une multitude de chatons mâles. Par contre, les ‘fleurs’ femelles des chênes sont toujours aussi discrètes et invisibles et je me désespère de découvrir ne serait-ce qu’une petite inflorescence sur n’importe quelle espèce ! mais lors de cette visite, j’ai encore fait choux blanc et je me rassure en pensant que leur floraison est décalée par rapport aux mâles afin d’éviter la consanguinité; alors plus tard, peut-être, pourrais je enfin en capturer une sur l’objectif !
Le plus prolifique, en ce moment est sans aucun doute le chêne rouge du Texas – Quercus buckleyi.
En haut du jardin, je suis allée rendre hommage à Gustave Thuret qui a créé ce jardin en 1857.
On peut remercier, aussi, Charles Naudin qui, peu après la mort de Gustave Thuret, dirigea le jardin et fut chargé du laboratoire d’études théoriques et pratiques pour la botanique. On lui doit l’introduction en France du cocotier du Chili – Jubea chilensis, tout d’abord dans son jardin de Collioure puis à la Villa Thuret, ainsi que de nombreuses plantes australiennes.
George Sand, touchée par ce lieu, en fit l’éloge :
« …Placé sur une langue de terre entre deux golfes, il offre un groupement onduleux d’arbres de toutes formes et de toutes nuances qui se sont assez élevés pour cacher les premiers plans du paysage environnant… « On est dans un éden qui semble nager au sein de l’immensité… »
passionnant et magnifique !
merci