Avec les Agathis et le Wollemia, le genre Araucaria fait partie d’une famille de gymnospermes (ovules nus), les Araucariaceae.
Autrefois classés en sous-genres, les araucarias ont été regroupés en sections, en 1952, par les botanistes américains Arthur Johnston Eames et Mary H.Wilde : Araucaria – Bunya – Eutacta – Intermedia.
Hémisphère sud : Amérique du Sud, Australie et Nouvelle Calédonie.
Les araucarias furent présents sur le Gondwana, ce supercontinent formé il y a 600 millions d’années. On évalue leur pleine expansion pendant le Jurassique vers – 200 millions d’années jusqu’au Crétacé vers – 65 millions d’années. Des fossiles ont été découverts en Inde, en Afrique, en Amérique et en Australie.
À l’heure actuelle, les 19 espèces restantes sont réparties surtout en région australe avec 13 espèces en Nouvelle-Calédonie, 3 espèces en Nouvelle-Guinée et en Australie, 1 espèce sur l’île de Norfolk, et 2 espèces en Amérique du Sud.
Les premiers botanistes découvrant ces arbres les classèrent, en général, dans la famille des Pinus jusqu’à ce que Antoine Laurent de Jussieu propose, en 1789, de les classer dans un genre à part, l’Araucaria, en référence au nom de la 9éme région du Chili, l’Arauco ou Araucania dont le blason et le drapeau représentent des araucarias.
On trouve souvent l’espèce angustifolia sous le nom d’arbre à candélabres mais ce nom pourrait tout autant être attribué à d’autres espèces et particulièrement à araucana qui porte le plus souvent le nom de ‘désespoir des singes’.
Ce sont des plantes grégaires vivant dans des forêts de zones montagneuses chaudes et humides souvent sur des sols ultramafiques (roches riches en fer et en magnésium). Les deux espèces américaines, araucana originaire du Chili et angustifolia originaire du Brésil, supportent un gel jusqu’à -15°C. Les autres sont des espèces tropicales ou tempérées chaudes, originaires en général d’Australie et sa région.
La majorité des espèces sont considérées comme vulnérables; ceci étant dû à leur surexploitation et à leur perte d’habitat !
Considérés comme des fossiles vivants, les arbres de ce genre présentent des caractères archaïques et évolués.
L’espèce type est l’Araucaria araucana.
– Leur croissance est lente en général mais leur longévité peut dépasser le millénaire selon l’espèce.
– Ce sont des arbres résineux, de 30 à 60 m pouvant atteindre jusqu’à plus de 80 m, au tronc parfois jusqu’à 1,5 à 2 m de diamètre, au port pyramidal ou en colonne ou en dôme, se modifiant avec l’âge.
– L’écorce est différente selon l’espèce.
– Les jeunes arbres sont ramifiés dès la base; les branches basses finissent par tomber et laissent une cicatrice circulaire sur le tronc. À l’état juvénile, les branches se développent à l’horizontal puis selon l’espèce se redressent plus ou moins ; elles sont regroupées en verticilles (organes insérés autour d’un axe).
– Les feuilles sont persistantes de nombreuses années avant d’être remplacées. Elles sont simples et entières, sessiles (directement sur un axe) ou parfois subsessiles (presque sessiles), arrangées en spirales, parfois se chevauchant, sans nervure centrale. Selon l’espèce, ce sont des écailles coriaces imbriquées ou des feuilles lancéolées, dont la pointe est piquante. Les feuilles juvéniles sont parfois différentes des feuilles adultes.
On peut supposer que le caractère agressif des feuilles était une réponse possible à l’agression de certains dinosaures.
– Les inflorescences sont des strobiles (inflorescences en forme de cône) écailleux au bout de rameaux spécialisés qui ne porteront de cônes qu’une seule fois dans leur vie. L’inflorescence peut être terminale ou axillaire.
Il a été remarqué que les populations sauvages présentent souvent des plantes dioïques (fleurs mâles et femelles sur 2 plantes différentes) mais il est généralement considéré que les cônes mâles et femelles des deux espèces américaines sont sur des arbres séparés et que les cônes des espèces des régions australes se trouvent sur le même arbre – monoïques mais ce n’est pas une règle vraiment définie. Certains arbres changeraient de sexe dans le temps mais cette affirmation est controversée.
La maturité sexuelle de ces arbres est tardive, vers 15 à 25 ans et pour certaines espèces il faudrait patienter 40 ans.
Les plantes évitent au maximum la consanguinité; c’est pourquoi chez les araucarias monoïques, les cônes mâles se développent sur la partie basse de la plante, en position terminale d’une ramille, sur des branches âgées et les cônes femelles sont dressés sur les jeunes branches, les plus hautes de la plante. La pollinisation est assurée par le vent – anémophile (caractère archaïque), la loi de la gravité empêchant au maximum une poussée des particules d’air à la verticale.
∙ Les strobiles mâles sont en chatons cylindriques, solitaires ou regroupés, constitués de feuilles modifiées en écailles – les sporophylles – disposées en spirales autour d’un axe ; chaque écaille porte de 6 à 15 sacs polliniques.
∙ Les strobiles femelles sont sphériques, isolés le plus souvent ou parfois par deux. Chaque strobile est constitué de nombreuses bractées (organes intermédiaires entre la feuille et le pétale) fusionnées à des écailles disposées en spirales. Chaque complexe bractée/écaille porte un seul ovule nu à la différence par exemple des espèces du genre Pinus qui portent 2 ovules. Toutes les écailles ne sont pas ovulifères.
– Les cônes femelles sont matures en un an et demi à trois ans et deviennent alors déhiscents (ouverture spontanée). Le cône lignifié se désintègre sur l’arbre la plupart du temps ou tombe d’une pièce ce qui peut être dangereux concernant l’espèce bidwillii dont la taille est équivalente à celle d’un ananas voire même d’un ballon de rugby ! Généralement, les cônes mesurent une dizaine de centimètres.
– Le cône contient de 50 à 200 graines selon l’espèce. Les graines, les pignons, en forme d’amande de 2 à 5 cm, tombent souvent attachées à l’écaille. Certaines graines sont ailées ; d’après le botaniste, biogéographe français Henri Gaussen, la présence d’aile constitue un caractère primitif que l’évolution tend à faire disparaître. Dispersion barochore (par la gravité) puis zoochore (par les animaux) des graines tombées.
– Multiplication par graine et par bouture.
– Il y a un siècle, un hybride serait apparu dans une plantation forestière argentine entre les espèces araucana (femelle) et angustifolia (mâle).
Les espèces heterophylla et columnaris seraient susceptibles de s’hybrider.
∙ Araucaria : cette section est parfois nommée Colymbea ou Columbea. Elle regroupe les espèces d’Amérique du sud : angustifolia et araucana.
Germination hypogée (les cotylédons se développent sous le sol) de 2 cotylédons (feuilles embryonnaires) – généralement dioïque – feuilles larges – cônes femelles de plus de 12 cm.
∙ Bunya : parfois cette section est regroupée dans la section Araucaria. 1 seule espèce existante : bidwillii.
Germination généralement épigée (cotylédons au-dessus du sol) – cônes femelles très gros.
∙ Eutacta : plusieurs espèces endémiques de Nouvelle-Calédonie. Les araucarias de la section Eutacta furent classés dans le genre Eutassa mais ces espèces ont été généralement réintégrées dans le genre Araucaria et on trouve le nom du genre Eutassa en synonyme, genre créé par le botaniste britannique Richard Anthony Salisbury, pour désigner l’Araucaria columnaris.
Germination épigée de 4 cotylédons – feuilles étroites ressemblant à des alênes (forme étroite et effilée) – cônes femelles de moins de 12 cm.
∙ Intermedia : 1 seule espèce existante, hunsteinii, originaire de Nouvelle-Guinée, qui pourrait atteindre une hauteur de 89 m.
– Leur bois jaune brun est de qualité. Autrefois, en Australie et en Amérique du Sud, il tenait un rôle très important dans la construction navale pour les Européens mais les humains n’étant pas de nature raisonnable quand il s’agit de leurs intérêts, ont failli ainsi faire disparaître plusieurs espèces ! C’est pourquoi certaines espèces apparaissent désormais dans la liste des espèces menacées et le commerce de leur bois est particulièrement réglementé voire interdit.
Le bois peut servir de combustible. Selon l’espèce, il est utilisé pour les charpentes, en menuiserie ou pour fabriquer des instruments de musique.
À l’heure actuelle, on peut encore, par exemple, trouver des plantations remarquables de l’espèce cunninghamii dans le sud de l’Australie.
– Alimentaire
Les graines riches en réserves énergétiques sont comestibles. En Amérique du Sud, la farine de graines rentre dans la fabrication de plats traditionnels tels les petits sablés appelés alfajores. Dans les montagnes de la Baie de Moreton, la récolte de graines de l’espèce bidwillii donnait lieu à de grands rassemblements qui favorisaient les liens sociaux, les ‘Bon-yi, Bon-yi’, les ‘festivals de bunya’.
– Médicinales
Autrefois, la résine servait à soigner les blessures, les plaies, certaines douleurs… elle est désormais peu utilisée.
– Plusieurs espèces sont appréciées comme sapin de Noël.
– Ornementales : en isolé – en arbre d’alignement – en bonsaï pour l’espèce cunninghamii.
– Certains observateurs ont remarqué que, souvent, les arbres de l’espèce columnaris penchaient vers l’équateur. Des recherches scientifiques réalisées par le chercheur américain Matt Ritter ont révélé qu’un arbre planté au nord penchera vers le sud et un planté au sud penchera vers le nord. Les meilleures hypothèses de ce penchant serait surtout l’attirance pour la lumière – phototropisme; cette espèce d’arbre n’aurait pas la possibilité génétique de corriger la verticalité face à la source lumineuse; la gravité et le champ magnétique auraient aussi une influence. Voir les photos impressionnantes sur le net : Araucaria columnaris campus de l’université de Californie ou Araucaria columnaris jardin botanique de Peradeniya Sri Lanka.
– Symboles
∙ L’espèce araucana est l’arbre national du Chili.
∙ L’espèce angustifolia est représentée sur le blason et les armoiries de l’état de Paraná au Brésil.
Mise à jour le 20 novembre 2023.
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