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Kyoto – Inari-jinja et Tô-ji

By Le Peuple d'A Côté | Japon | 0 comment | 4 septembre, 2025 | 0

Il existerait 80 000 sanctuaires et 77 000 temples au Japon ; rien qu’à Kyoto, on compte 400 sanctuaires et 1600 temples ; le sanctuaire Inari-jinja et le temple Tô-ji font, sans aucun doute, partie des lieux à découvrir. Nous avons visité le sanctuaire Inari en fin de journée afin d’éviter la foule qui déambule dans cet immense lieu où il est impossible de tout voir en une seule visite.
Les sanctuaires shintoïstes sont des lieux de culte où sont vénérés les kami, des divinités qui peuvent être un élément de la nature, un animal, une force créatrice, mais aussi l’esprit d’une personne décédée, les temples sont voués au bouddhisme et aux divinités qui s’y rapportent. Les sanctuaires et les temples se côtoient, et il n’est pas rare de rencontrer des divinités bouddhistes dans les sanctuaires shintoïstes, et vice-versa ; le sanctuaire Asakusa à Tokyo est le plus bel exemple de ce rapprochement puisque le sanctuaire a été fondé pour rendre hommage au temple bouddhiste Sensô-ji qu’il abrite.
Si autrefois, le shintoïsme et le bouddhisme étaient intimement imbriqués (syncrétisme connu sous le nom de Shinbutsu shûgô), ils furent séparés pour des besoins politiques sous l’ère Meiji (1868-1912), rendant le shintoïsme religion d’État jusqu’en 1945.

Sanctuaire Fushimi Inari-jinja

Le sanctuaire Fushimi Inari-jinja ou Inari-taisha, 伏見稲荷大社, est situé dans le sud de Kyoto dans le district Fushimi.
Victime d’un incendie, les bâtiments datent du XVe au XVIIe siècles, voire du XXe siècle.
On pénètre dans un sanctuaire par un torï, ou torii, une porte, souvent vermillon, qui annonce l’accès à un lieu sacré ; torï signifie ‘là où sont les oiseaux’. Ils sont généralement en bois, parfois en pierre.
En tant que sanctuaire shintoïste, on rentre à Inari-jinja par deux grands torii ; il en existe d’autres plus petits à la périphérie du sanctuaire, car autrefois, les sanctuaires étaient délimités par des poteaux, représentant les 4 points cardinaux, reliés par des cordes.

Derrière les grands torii, apparaît la porte Rômon qui donne accès aux autres bâtiments, elle fut offerte en 1589 par Toyotomi Hideyoshi (un des grands unificateurs du Japon).

Sanctuaire Fushimi Inari
Porte Rômon, côté extérieur
Sanctuaire Fushimi Inari
Porte Rômon, côté intérieur

Le nai-haiden est l’entrée de la salle de prière, il a été construit en 1961.

Sanctuaire Fushimi Inari
Entrée du pavillon du culte, haiden

Le sanctuaire Fushimi Inari est voué à Inari, la divinité la plus populaire du Japon, c’est pourquoi au moins 30 000 sanctuaires lui sont dédiés. Inari-jinja est le plus grand du genre ; son histoire commence en 711, une année de mauvaises récoltes qui poussa les autorités, probablement le clan Hata, à consacrer les divinités locales lors d’une procession sur une montagne proche ; le reste tient de la légende : Hata no Irogu s’adonnait au tir à l’arc en visant des mochi (gâteaux de riz), une de ses flèches atteignit un mochi qui se transforma en cygne en s’envolant vers le sommet de cette montagne où le riz se mit à pousser, le clan Hata édifia alors un sanctuaire. C’est donc sur la colline Inariyama que la déesse Inari Okami (divinité du riz, déjà vénérée auparavant) aurait élu domicile.
Le sanctuaire fut déménagé en son lieu actuel vers 816 sur un des trois pics de cette colline de 233 m, grâce à la technique japonaise de construction des structures en bois, sans clous, ni vis, ni colle, la technique kigumi.
Inari Okami est une divinité shintoïste, mais aussi bouddhiste. Son immense popularité peut s’expliquer : en effet, les récoltes abondantes furent une préoccupation majeure pour les peuples et leurs souverains ; les hommes en tant qu’animaux étaient autrefois contraints de se déplacer pour trouver leur nourriture, l’agriculture engendra la sédentarité, statut naturel du monde végétal, Inari est donc liée dès l’origine à la sédentarité de l’humanité ; chacun se mit alors à défendre son petit lopin de terre, et ainsi naquirent les guerres éternelles…
Dans le shintoïsme, Inari est la divinité du riz, du thé, du saké, des récoltes abondantes, du commerce, donc de la prospérité et de la chance ; ine signifie riz et nari cultiver ou croissance, mais depuis que l’argent a remplacé la valeur du riz, Inari est devenue la divinité des finances et des affaires, toutefois on peut la solliciter dans d’autres domaines comme la fertilité,le mariage…

Sanctuaire Fushimi-Inari
Ge-haiden, bâtiment de la danse rituelle Kagura dédiée aux dieux

Les sanctuaires dédiés à Inari sont gardés par des renards, kitsune ou koma-kitsune, généralement par paires. Ce sont les messagers et les serviteurs de cette divinité polymorphe qui, elle-même, est parfois représentée par un renard, ou une femme, ou un vieillard…
Les messagers de Inari sont des kitsune bienveillants. Contrairement aux autres gardiens de sanctuaires, aux Komainu, chiens-lions, ou aux tigres A-un, les renards ne symbolisent pas le ‘Om’, le début et la fin de la vie, le souffle ; ils tiennent dans leur gueule soit une clef, celle du grenier à riz, soit une boule de cristal, hôju, symbole de l’âme, soit un rouleau représentant le savoir divin, soit des épis de riz, cela peut être aussi des renardeaux manquant de maturité, ils ont alors souvent la gueule fermée. Ils sont souvent vêtus de yodarekake, des dossards votifs rouges, signes de respect et d’inter-action que leur vouent les fidèles. La symbolique du kitsune vient probablement du rôle que jouaient autrefois les renards en chassant les rongeurs des récoltes.
Dans le folklore japonais, les statues de renards peuvent être blanches, symbole d’invisibilité et de métamorphose, rappelant leur intelligence et leur ruse, car ces créatures peuvent être bienveillantes, les Zenko, mais aussi espiègles, voire malveillantes, les Yako. La couleur blanche est aussi la couleur du riz, symbole de pureté et de bon présage.
Le tofu frit, abura-age, est la nourriture préférée des Kitsune, c’est pourquoi les fidèles en font souvent l’offrande, parfois sous forme de sushi ou de soupe de nouilles (kitsune udon). Les bouddhistes étant généralement végétariens, le tofu remplace la viande.

Sanctuaire Inari-jinja
Kitsune, renard à la clef
Sanctuaire Inari-jinja
Kitsune, renard à la boule, hôju
Sanctuaire Inari-jinja
Kitsune, renard aux épis de riz
Sanctuaire Inari-jinja
Kitsune, renardeau à la gueule fermée

Tous les sanctuaires abritent d’autres sanctuaires dédiés à des divinités différentes ou à des personnalités, c’est le cas du sanctuaire Higashimaru, du nom du poète japonais de l’époque Edo (son père était prêtre au sanctuaire Inari) ; ce sanctuaire est dédié au poète divinisé Kakinomoto no Hitomaro, dieu de l’apprentissage et de la littérature. Afin de réussir leurs examens, les fidèles offrent des senbazaru, des origami représentant mille grues, ou inscrivent leurs souhaits sur des ema, omamori, des amulettes en bois de ‘cèdre’ Cryptomeria japonica.

Sanctuaire Inari-jinja
sanctuaire Higashimaru
Sanctuaire Inari-jinja
Senbazaru, origami et Ema, omamori,

La singularité du sanctuaire Inari-jinja vient de ses 10 000 torii qui serpentent sur 4 kms de sentiers jusqu’au sommet du mont Inari, ces sentiers sont appelés senbon-torii signifiant mille portes. Au départ, à l’époque Edo (1603-1868), les torii furent offerts par des bienfaiteurs dont les vœux avaient été réalisés par Inari ; leur couleur rouge-orangé, shuiro, couleur du pigment cinabre, est censée éloigner les mauvais esprits, mais, ici, elle serait aussi un éloge aux bienfaits de Inari. Désormais, ces portiques de différentes tailles sont financés par des hommes d’affaires ou des sociétés qui les utilisent comme publicité, leurs noms étant inscrits, on est bien loin de la spiritualité, mais les étrangers ont l’avantage de ne pas savoir les traduire, le mystère reste donc intact !

Les torii finissent par s’espacer, mais le sentier continue jusqu’au sommet à travers la forêt.
En redescendant à l’extérieur des sentiers de torii, on découvre une multitude d’autels, de petits temples et sanctuaires, collés les uns aux autres en hommage à de très nombreux et différents kami, où l’on peut prier, faire un vœu et une offrande, on peut même tirer une carte de fortune dans le ventre d’un moine au mâlâ géant (bracelet).
Partout, on retrouve des torii en miniature, ce sont des amulettes où l’on peut écrire son vœu en l’offrant à la divinité correspondant à son souhait.

Temple Tô-ji

Sur ordre impérial de l’empereur Kanmu (737-806), ce temple fut fondé en 796 conjointement avec le temple Sai-ji (qui n’existe plus), afin de protéger le Palais Royal de la nouvelle capitale, la ville de Heian-kyô (de 794 à 1868) qui deviendra le centre ville de Kyoto. Puis en 823, l’empereur Saga confia ce temple au moine Kûkai, Kôbô Daishi, fondateur de l’école ésotérique Shingon au Japon, dont la devise est « La vérité, c’est connaître son propre esprit tel qu’il est vraiment ».
À l’heure actuelle, Tô-ji fait partie des plus grands temples du Shingon où se réunissent chaque année les prêtres les plus élevés. Il est aussi classé au patrimoine de l’UNESCO depuis 1994.
La résidence de Kôbô Daishi est un grand bâtiment avec plusieurs salles, son toit est en écorce de cyprès.

Temple Tô-ji
Salle Meido, résidence de Kôbô Daishi

Chaque matin à 6h, dans la salle Goei-do, se déroule la cérémonie shojinku durant laquelle de la nourriture et du thé sont offerts, cérémonie qui perdure depuis l’époque de Kûkai.

Temple Tô-ji
Goei-do hall (Daishi-do)

Ce temple est réputé pour ses reliques du Bouddha rapportées de Chine par Kûkai, pour la salle de prédication qui contiendrait 31 statues bouddhistes très anciennes, ainsi que pour les peintures sacrées dont une à l’encre du célèbre samouraï Miyamoto Musashi.
Le temple Tô-ji est surtout connu pour sa pagode à 5 étages de 54,8 m, la plus grande pagode en bois du Japon. Sa construction commença en 826 avec du bois provenant des montagnes de Higashiyama, incendiée en 1233, elle fut reconstruite en 1644.

Autour des bâtiments du temple, on trouve des statues dont une de Kûkai et aussi de Jizô, ainsi que différents autels et oratoires, le plus intrigant est celui d’une énorme pierre, le Sonsho Dharani, portée par un animal nommé Hiiki ressemblant à une tortue, mais qui est en fait un des 9 enfants d’un dragon ; ce monument est censé protéger des monstres et des démons, il aurait aussi des vertus de guérison.

Tortue, un des 9 enfants d'un dragon

Le temple est nettement tourné vers les plantes, ses jardins sont méticuleusement entretenus, ses arbres sont taillés avec soin, il est réputé pour ses nombreux cerisiers en fleurs dont un spécimen pleureur aurait 130 ans.

À l’intérieur du temple, se déroule un marché aux puces, kôbô-san, le 21 de chaque mois.
Dans les jardins ou dans les temples, il n’est pas rare de rencontrer des hérons, voilà le héron cendré qui déambulait aux abords de Tô-ji.

Japon, juillet 2025.

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