
Incontournable de la ville de Kyoto, le Chemin du philosophe, 哲学の道 – Tetsugaku-no-michi, est propice à la flânerie, au vagabondage des pensées, au romantisme, mais quand on le découvre pour la première fois, on a juste envie de parcourir tous ses recoins, trouver ses trésors cachés.
Ce chemin de 2 kms suit un petit canal du lac Biwa, longeant les contreforts des monts Higashiyama à l’est de Kyoto. Il commence au pied du temple d’argent, Ginkaku-ji, et rejoint vers le sud le temple Eikan-do Zenrin-ji, et l’entrée du quartier ancestral de Kyoto.
Il doit son nom à l’émérite professeur de philosophie Nishida Kitaro (1870-1945) qui l’empruntait chaque jour.
De vieux cerisiers, sakura, bordent son côté Ouest, offrant un spectacle printanier particulièrement prisé par les Japonais ; les érables jouent leur partition colorée à l’automne.

Quelques maisons en bordure du canal soignent leur entrée d’un impeccable jardin ; au Japon, ce soin apporté aux plantes se retrouve aussi bien devant les maisons luxueuses que les habitations les plus modestes. Il semblerait que la nature est forgée le caractère intime des Japonais qui lui rendent bien.

Ce canal du lac Biwa abrite des poissons qui sembleraient être des truites Biwa, endémiques de ce lac. Un magnifique et grand papillon accompagne notre promenade.


Plusieurs temples et sanctuaires jalonnent le côté Est du chemin, et on les découvre en arpentant les petis chemins de traverse côté montagne. Quelques exemples avec le temple Hônen-in et le sanctuaire Otoyo.
– Temple Hônen-in
Édifié en hommage au moine bouddhiste Hônen (1133-1212), fondateur de l’école de bouddhisme Jodo (terre pure) vouée au Bouddha Amida. Ce temple tomba en désuétude, puis fut restauré par le moine Banbu, puis son disciple Nincho ; désormais ce temple n’est plus uniquement voué au culte Jodo.
Ces dernières années, sous l’impulsion de l’abbé Shinsho Kajita, ce temple s’est ouvert à l’art, aux rencontres artistiques, intellectuelles et spirituelles.
Le toit de la porte du temple est en chaume, ce qui l’intègre parfaitement dans la nature luxuriante aux alentours ; l’intérieur du temple est rarement accessible au public.
Devant la porte, un jardin de sable avec deux monticules, byakusadan, soigneusement ratissés, ils représentent l’eau, et invitent à se purifier avant d’accéder au temple.

De façon prémonitoire, ce temple voué désormais aux arts, possède un bassin d’eau de Benzaiten, cette divinité bouddhiste japonaise et hindoue des arts et des sciences ; il est raconté que ce bassin a été placé à l’endroit où une source jaillissait autrefois.

Plus récemment, l’artiste céramiste Wataru Nakano, lors de la commémoration du 800e anniversaire de la mort de Hônen, créa « Le jardin de l’écoute, de la réflexion et la preuve de la foi ».


La tour des 100 000 esprits est un mémorial niché dans la forêt.

Au fond du temple, le bodhisattva Jizô est représenté par une statue à l’intérieur d’une grotte sculptée dans la roche de la montagne.

L’enceinte de Hônen-in dévoile aussi son petit jardin étang.

Ainsi que son jardin de mousses où sont ancrés d’anciens arbres, comme le ‘cèdre’ du Japon, Cryptomeria japonica.

– Sanctuaire Otoyo-jinja
Au départ, ce sanctuaire shintoïste était dédié à l’esprit de la montagne, et particulièrement à Tsubakigamine, un des trente six sommets de Higashiyama ; puis en 887, au même endroit fut édifié un autre sanctuaire afin de prier pour la santé de l’empereur Uda, c’est pourquoi le sanctuaire principal est dédié à Sukunahikona-no-Mokoto, le fondateur de la médecine ; il est gardé par une paire de chiens-lions, komainu.
Le bâtiment principal du sanctuaire est sous la protection d’une paire de serpents koma, un noir et un blanc, ces serpents du cosmos symbolisent la guérison, la santé, la longévité, la chance et la richesse.

Au fil des années, ce sanctuaire est devenu un complexe de plusieurs sanctuaires annexes, chacun gardé par l’esprit, kami, d’animaux différents qui font la fierté des responsables du sanctuaire Otoyo, d’ailleurs ces derniers, sur leur site, incitent les visiteurs à venir avec leurs animaux de compagnie !
Le sanctuaire annexe Daikokusha est gardé par des souris, des rats, komanezumi. Ce sanctuaire est dédié à Okuninushi-no-Mikoto, une des divinités importantes du shintoïsme, divinité de la magie et de la médecine, il est aussi considéré comme le dieu du mariage. Un jour, Okuninushi tomba amoureux, mais un autre dieu jaloux tenta d’empêcher ce mariage en provocant un incendie dont Okuninushi survécu grâce à un trou creusé par une souris.
Ce serait le seul sanctuaire ayant une souris comme animal gardien, d’ailleurs à l’entrée du sanctuaire Otoyo, elle y est représentée naïvement.

Au sanctuaire annexe Daikokusha, le komanezumi de gauche tient un jade d’eau, une pierre porte-bonheur qui symbolise la délivrance de la maladie et du désastre, la longévité, et la chance, celui de droite tient un parchemin, symbole de la sagesse, de l’apprentissage et de la réussite scolaire.

Le sanctuaire annexe de Mita Inari est dédié à la déesse Inari, divinité des moissons, il est donc protégé par un renard, kitsune, le messager qui symbolise une récolte abondante.

Le sanctuaire annexe Hiyoshi est gardé par un singe, un komamonku symbolisant l’exorcisme des mauvais esprits et la protection contre le malheur.
Le sanctuaire annexe Atago dédié au dieu du feu est protégé par un milan, un komadori symbole de protection contre le feu, et de la sécurité familiaile.

Dans l’enceinte du sanctuaire Otoyo trône un vénérable camélia qui serait âgé de 300 ans, mais aucun écrit s’y rapportant sur le site du sanctuaire ?

Japon, juillet 2025.
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