Ce genre de plantes appartient à la famille des Pinaceae et à la sous-famille des Pinoideae; famille qui fait partie des gymnospermes – les plantes à graines nues.
C’est un des plus anciens genres de conifères. Un cône fossile de Pinus yorkshirensis a été daté à environ 130 millions d’années.
Certains auteurs parlent de deux sous-genres – Pinus et Strobus et d’autres d’un troisième sous-genre – Ducampopinus.
Les sous-genres sont divisés en sections et en sous-sections et comportent en tout de 110 à 120 espèces.
Hémisphère Nord de tous les continents, hormis Pinus merkusii natif de Sumatra.
– Ce genre a été décrit et nommé par Carl von Linné en 1753.
∙ Pinus est issu du nom latin désignant un arbre qui porte des cônes en référence au pin parasol – Pinus pinea.
∙ Autres versions :
Du celte ‘pen’ signifiant tête, pointe ou extrémité.
Du celte ‘pin’ ou ‘pyn’ signifiant montagne ou roche, en référence à son habitat usuel.
– Pin est en référence à Pinus.
Certains arbres portent le nom de ‘pin’ alors qu’ils n’en sont pas. Pour exemples : le pin de l’Oregon ou sapin de Douglas qui est un Pseudotsuga, différentes espèces d’Araucaria et le dernier découvert, le pin de Wollemia pour qui le genre Wollemia a été créé… Une fois de plus, on comprend pourquoi le latin est la langue universelle !
Les pins sont des espèces pionnières colonisant les espaces vides; la pleine lumière est indispensable à leur développement. Une situation aérée et non polluée est idéale.
Même si elles sont bien adaptées à la sécheresse ainsi qu’au froid, certaines espèces se développent mieux sous des climats doux; le record de tolérance au gel va à l’espèce cembra qui résisterait jusqu’à – 45°C.
De nombreuses espèces tolèrent toutes sortes de sols même pauvres, souvent acides ou calcaires, toutefois un sol profond et bien drainé est apprécié.
– Le caractère principal des Pinus, hormis d’être des résineux et de former des cônes, est de développer des feuilles en aiguilles réunies en faisceaux en général dans une gaine écailleuse.
– La croissance est relativement lente en général.
– La longévité est importante et peut atteindre les 1 000 ans et plus pour plusieurs espèces :
∙ Un Pinus longaeva (qui porte bien son nom) dans les montagnes blanches de la Californie, a été estimé, en 1957, à 4 789 ans. Il a été nommé Mathusalem en référence au personnage de l’Ancien Testament décédé à 969 ans. Cet arbre est considéré comme l’organisme vivant non-clonal (non issu d’une reproduction végétative) le plus âgé. Voir la magnifique photo de Rick Goldwaser. Ce record de longévité aurait été détrôné par un cyprès de Patagonie, Fitzroya cupressoides, à lire l’article du blog « Pour-en-finir-avec-les-records-des-arbres ».
∙ Les Pinus aristata sont réputés aussi pour vivre jusqu’à plus de 4 000 ans.
∙ En Europe, le plus vieux pin répertorié est un pin de Bosnie – Pinus heldreichii – vivant dans le parc du Pollino au sud de l’Italie. Vers 2018, il était estimé à 1230 ans.
– Les tailles sont très variées; de plus, les arbustes ou les arbres ont un port bien différent selon l’habitat.
– L’écorce est souvent lisse à l’état juvénile mais avec l’âge, elle devient sillonnée ou crevassée et forme des écailles ou des plaques qui se desquament (s’écaillent).
– Les racines sont pivotantes et latérales, elles vivent en symbiose avec des champignons.
– Certaines espèces ont des bourgeons très résineux, d’autres pas du tout.
– Les pins sont les seuls de la famille à développer trois types de rameaux différents :
∙ Les auxiblastes, rameaux longs à croissance indéfinie.
∙ Les mésoblastes, rameaux courts à croissance lente et limitée.
∙ Les brachyblastes, rameaux nains engainant les feuilles.
– Les feuilles sont en aiguilles persistantes de 2 à 4 ans selon les espèces, aciculaires (linéaires et rigides), longues ou courtes, souples ou rigides, pointues, piquantes ou non, dressées ou pendantes, en isolées, en spirales ou regroupées de 2 à 7, elles sont alors reliées par une gaine caduque ou persistante qui est en fait un rameau nain – le brachyblaste. Le nombre d’aiguilles par fascicule fut un des critères de classification autrefois utilisé. Présence de stomates (petits orifices sur l’épiderme permettant les échanges) sur les aiguilles.
Malgré certaines idées préconçues, les aiguilles tombées au sol n’inhibent pas la croissance d’autres végétaux et ne rendent pas le sol plus acide. Si rien ne pousse sous les pins, il faut plutôt accuser l’épais entremêlement de racines à fleur de sol qui pompent tous nutriments et surtout l’eau, ainsi que l’ombre apportée par l’épais feuillage.
– Les inflorescences se développent de la fin de l’hiver au début du printemps et même au début d’été pour les espèces très montagnardes.
Les mâles et les femelles sont séparés sur la même plante – monoïques.
Pollinisation anémophile (vent). Maturité sexuelle vers 10 à 20 ans.
Les organes reproducteurs appelés sporophylles (feuilles modifiées supportant la semence) sont en écailles protégées par une bractée (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) pour les femelles ; ces écailles se regroupent autour d’un axe et forment ce que l’on appelle un strobile.
∙ Les strobiles mâles jaunâtres ou brun-rouge sont regroupés à la base des rameaux de un an, parfois au-dessous du rameau. Les strobiles forment une sorte de chaton fortement chargé de pollen – la ‘pluie de soufre’.
Chaque sporophylle porte 2 sacs de pollen et chaque grain de pollen possède 2 sacs d’air qui assureront la dissémination mais surtout faciliteront la pollinisation, on dit que les grains de pollen sont ‘en ballonnets’. Les strobiles mâles disparaissent après avoir expulsé le pollen.
∙ Les strobiles femelles souvent rougeâtres se développent généralement vers le haut de la plante, à l’extrémité des pousses de l’année, de chaque côté du bourgeon terminal. Les strobiles sont sessiles, directement sur les rameaux, ou pédonculés (axe portant une fleur ou une inflorescence). Ils sont formés d’un axe entouré d’écailles épaisses ou fines. Ces écailles sont sous-tendues par une bractée (contrairement au mâle qui n’en a pas) ; cette bractée est tout d’abord plus grande que les écailles puis elle forme souvent une petite protubérance sur la face externe de l’écaille de graine, l’umbo, formant un écusson plus ou moins aigu terminé par un mucron, pointe dure et raide, elle peut être caduque.
Chaque écaille porte 2 ovules nus. Une fois les ovules fécondés, les écailles se soudent et forment un cône – la pomme de pin.
– Les strobiles femelles tout d’abord dressés, parfois se recourbent ou pointent vers le bas et forment un cône qui selon l’espèce a une forme et une taille différente.
En savoir plus sur leur sexualité.
L’agencement des cônes obéit à la suite de Fibonacci et donc au nombre d’or. Leonardo Fibonacci (v.1175 – v.1250) est un mathématicien italien de Pise qui découvrit une importante suite de nombres : les nombres suivants les deux premiers égaux à 1 sont toujours la somme des deux précédents : 0 – 1 – 1 – 2 – 3 – 5 – 8 – 13… Le rapport entre deux nombres successifs (+ grand/ +petit) tend vers la valeur du nombre d’or : 1,61803. Des suites de 3 à 55 peuvent être observées chez les plantes : fleurs – fruits – pommes de pins, qui en agençant ainsi leurs organes optimisent la lumière et la place.
Le cône mûrit, en général, en deux ans parfois jusqu’à trois ans. Il ne se désarticule pas à maturité ; après ouverture des écailles pour libérer les graines, il peut tomber ou rester sur l’arbre encore un ou deux ans.
Parfois, les écailles à maturité restent collées par la résine et ne s’ouvrent que sous l’action du feu ; les cônes sont alors dits sérotineux.
De ce fait, malgré leur sensibilité au feu, sous son action les pins se régénèrent rapidement ; c’est probablement une adaptation de la plante aux incendies.
– Les graines possèdent une aile plus ou moins développée afin d’assurer la dissémination par le vent; la dispersion peut être aussi effectuée par les animaux – zoochorie.
– Ennemis : cochenilles – vers – pucerons – chenilles – champignons.
∙ La chenille processionnaire du pin est un fléau, elle peut aussi s’attaquer à des cèdres. La femelle du papillon de nuit – Thaumetopoea pityocampa, pond ses œufs sur une branche, formant ainsi une sorte de manchon blanchâtre. Les larves une fois écloses se nourrissent des aiguilles. Les chenilles urticantes se déplacent la nuit, en procession, en quête de nouvelles nourritures puis retournent dans leur nid commun fait en soie qui est assez volumineux car il accueille une centaine de chenilles. Au printemps, elles descendent de l’arbre pour s’enfouir dans le sol. Afin de limiter de prochains dégâts trop importants, des pièges sont posés et les attendent à leur descente mais cela n’éradique pas définitivement la venue de nouvelles femelles papillons.
∙ Le champignon – Melampsorella caryophyllacerum provoque un développement excessif des rameaux des pins et des sapins. Au point d’insertion du champignon sur la tige, se développe une sorte d’arbre nanifié – un bonsaï. Cette maladie s’appelle la rouille-balai de sorcière. Ce n’est pas nuisible à l’arbre.
D’autres champignons développent des balais de sorcières sur des conifères tels le mélèze, l’épinette, le genévrier ou encore le sapin de Douglas mais aussi sur le cacaoyer et les bambous.
– Sous-genres : voir à la fin du document.
– Sylviculture
Une forêt de pins – pinède ou pineraie, de la plantation à la coupe vit environ 50 ans.
À l’heure actuelle en France, cela représente 30% de la production de bois de résineux.
∙ Espèces pionnières – protection des sols – reboisement.
∙ Substrat horticole et paillis.
∙ Production de bois : la qualité du bois varie selon l’espèce et l’habitat.
Constructions – panneaux – planchers – palettes – pâte à papier…
∙ Goudron de pin ou goudron de Norvège : carbonisation et distillation du bois, aux propriétés balsamiques et antiseptiques.
Le pin riche en résine fournit un goudron réputé pour ses qualités offrant diverses utilisations : protection des bois de revêtement (maison – navire) – entretien du sabot de cheval ou de l’âne – cicatrisant animal et végétal – pouvoir attractif sur le sanglier et sur les poissons (chasse et pêche) – répulsif des lézards et des serpents…
∙ Tannage avec l’écorce.
∙ Combustible.
– Résine
Gemmage : la résine de haute qualité est récoltée dans un pot après blessure du tronc ou autrefois par un trou creusé au pied entre les racines. Le gemmage à ‘l’active’ est pratiqué en insufflant de l’acide sulfurique.
L’essence de térébenthine et l’huile colophane (distillation de la résine) sont utilisées dans divers domaines : savon – colle – vernis – peinture…
Selon l’espèce on trouve la térébenthine sous divers noms liés à sa production géographique : térébenthine de Bordeaux – Pinus pinaster, d’Espagne – Pinus pinaster ou sylvestris ou laricio, de Grèce – Pinus halepensis, de Boston – Pinus palustris ou caribaea… D’autres conifères produisent de la térébenthine et pour exemple le mélèze – Larix decidua qui nous fournit la térébenthine de Briançon, ou de Venise…
– Cosmétologie.
– Médicinales surtout en externe : résine, bourgeons et pollen sont utilisés.
∙ Diurétique – antibactérien – antiseptique bronchique – antirhumatismale.
∙ Huiles essentielles avec les bourgeons ou le feuilles.
∙ Certains considèrent les bourgeons comme aphrodisiaques.
– Alimentaire
∙ Les graines de certaines espèces – Pinus pinea et Pinus halepensis, sont alors appelées pignons et sont comestibles. Un pignon est riche de 30% de protéines et de 45% de matières grasses.
∙ Pinus brutia fournit un miel très aromatique.
∙ Pinus mugo fournit un sirop, de l’huile et de la tisane.
∙ La résine transformée en goudron rentre dans la composition de la liqueur de Paul Clacquesin, apéritif à la mode entre les deux guerres mondiales.
– Ornementales
∙ De nombreux pins, cultivés en bonsaï ou pas, se prêtent parfaitement bien à la taille en nuage – niwaki en japonais. Cet art ancestral consiste à créer des espaces symboliques sur la plante, cela permet aussi de recréer des paysages miniatures.
Au Japon, les pins bénéficient d’une place importante dans les jardins et doivent être travaillés, taillés minutieusement; de ce fait, autrefois, les pins représentaient le symbole du statut économique des gens riches.
À l’époque d’Edo, les pins étaient toujours plantés au centre du jardin.
∙ Bonsaï
Il est considéré deux types de pins, les forts et les faibles, en fonction de leur réaction à la taille.
Un pin dit fort, après une taille, rebourgeonne et produit une nouvelle pousse.
Un pin dit faible, après une taille, produit des bourgeons qui ne se développeront que l’année suivante.
– Le pin serait l’espèce d’arbre la plus plantée en France même s’il a souvent été supplanté par le sapin de Douglas – Pseudotsuga menziesii.
En France ils représentent 20% de la forêt française, toutes espèces confondues.
– Les espèces introduites se révèlent souvent envahissantes.
– Baromètre : une pomme de pin suspendue indique la sécheresse en écartant ses écailles.
– Dans le jeu de cartes d’origine japonaise – le hanafuda – le ‘jeu des fleurs’, la carte du mois de janvier est représentée par un pin – Pinus – Matsu – 松.
– Mythologie et symboles
∙ C’est un des attributs qui ornent le sceptre de Bacchus (Dionysos) en référence à la forme phallique de la pomme de pin symbolisant ainsi l’immortalité.
En Extrême-Orient, ce symbole d’immortalité est dû à son feuillage persistant, à son bois solide, à sa faculté d’adaptation dans des milieux hostiles.
∙ En Chine, le pin, symbole de longévité, est affilié à Shouxing (Sau), un des trois dieux du bonheur appelés aussi les trois purs ; Fuk est le bonheur, Luk la dignité et la prospérité et Sau la longévité.
∙ Ce genre d’arbres est consacré à Cybèle – la grande déesse du Moyen-Orient représentant la nature sauvage.
Du sang d’Attis, divinité associée à Cybèle, qui s’est émasculé, naît un pin (Pinus pinea) toujours vert.
∙ Dans la littérature grecque antique, on trouve l’histoire de la nymphe Pitys (Pitys du grec ancien ‘Pitus’ signifiant pin) qui, harcelée du désir du dieu Pan, implore les dieux de la sauver, ces derniers la transforment alors en pin.
∙ Arbre symbole représentant diverses préfectures au Japon.
– Belle initiative : en 2017, en Pyrénées-Atlantiques, l’ONF a lancé un projet de plantation de pins à crochets – Pinus uncinata, afin de subvenir aux besoins alimentaires des coqs de bruyère, les Grands Tétras (désormais classés vulnérables) qui se nourrissent d’aiguilles de pins.
C’est la majorité des Pinus regroupant environ 70 espèces aux caractéristiques assez variables.
Elles sont considérées comme des espèces à ‘bois durs’ et certaines espèces sont traditionnellement appelées pins noirs.
En 1948, Maximino Martinez réunissait en trois groupes la plupart des espèces du sous-genre Pinus originaires d’Amérique du Nord tropicale et du Mexique :
∙ Montezumae : feuilles réunies par 5 – cônes en barrique.
∙ Pseudostrobus : feuilles réunies par 5 – cônes ovoïdes.
∙ Teocote : petits cônes tombant très rapidement après maturité.
La classification la plus récente, en 2009, de John Grimshaw classe ce sous-genre en deux sections : Pinus et Trifoliae.
∙ Section Pinus
Feuilles groupées par 2 à 3 dans une gaine persistante.
Cônes à écailles épaisses s’ouvrant en général à maturité hormis les cônes sérotineux.
Sous-section Pinus : Eurasie – Nord-Est Amérique.
Sous-section Pinaster : Méditerranée – Himalaya.
∙ Section Trifoliae
Feuilles groupées par 2 à 5 parfois 8 dans une gaine persistante (rarement caduque). Aile non-soudée à la graine.
Sous-section Australes : Amérique du Nord – Mexique.
Sous-section Contortae : Ouest et Est de l’Amérique du Nord – Mexique.
Sous-section Ponderosae : Ouest de l’Amérique du Nord – Mexique.
Environ 20 espèces assez semblables les unes aux autres. Elles sont considérées comme des espèces à ‘bois souple’. Ce sont les pins blancs.
Strobus est un nom ancien désignant un ‘arbre portant de l’encens’ en référence à ses cônes qui étaient brûlés lors de festivités rituelles. Ce nom du grec ‘strobilos’ désigne des cônes à la structure tournante comme une toupie en référence à l’agencement des écailles.
Feuilles en général à 5 aiguilles, à gaine caduque.
Cônes à écailles non-scellées par une bande.
La classification la plus récente en 2009 propose deux sections :
∙ Section Nelsoniae
Origine : Nord-est du Mexique.
Feuilles groupées par 3 partiellement unies, à gaine persistante.
Cônes à écailles épaisses.
Graine non ailée de grande taille.
∙ Section Parrya
Selon la classification, cette section comprend les espèces du sous-genre Ducampopinus.
Elle propose deux sous-sections :
Cembroides : Amérique du Nord et Mexique.
Balfourianae : Amérique du Nord.
Feuilles groupées par 1 à 5 parfois 6, à gaine semi-caduque et caduque chez Pinus pinceana.
Cônes à écailles épaisses.
Graine à aile articulée.
∙ Section Quinquefoliae
Trois sous-sections : Gerardianae – Krempfianae – Strobus.
Origines : Eurasie – Amérique du Nord – Mexique.
Feuilles groupées par 5 sauf exceptions, à gaine caduque.
Cônes à écailles fines.
Environ 15 espèces dont les caractéristiques sont morphologiquement assez différentes. Certains auteurs les considèrent comme les ancêtres des Pinus.
Les espèces du sous-genre Ducampopinus, selon la classification de 2009, sont classées dans les Strobus, section Parrya.
Feuilles à un seul faisceau de 1 à 5 aiguilles, à gaine caduque ou persistante.
Cônes à écailles sans bande de scellement.
Mise à jour décembre 2023.