Famille Acanthaceae – Sous-famille Thunbergioideae – Tribu Thunbergieae.
Une centaine d’espèces.
– Thunbergia Retz.
Nom donné par le botaniste suédois Anders Jahan Retzius en 1776 en l’honneur du naturaliste suédois Carl Peter Thunberg qui a découvert le Thunbergia alata lors de ses collectes dans la région du Cap.
– Noms populaires
∙ Thunbergie.
∙ On trouve souvent les espèces sous le nom de clock vine – vigne horloge du fait que leurs tiges s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une montre. On retrouve cet enroulement de droite à gauche chez les glycines japonaises alors que les chinoises s’enroulent dans le sens inverse soit de gauche à droite.
Afrique tropicale – Madagascar – Asie du Sud-Est.
– Croissance très rapide.
– Ce sont des herbacées annuelles ou vivaces, des arbustes suffrutescents (qualifie un buisson, un arbrisseau), telles les espèces natalensis – erecta… mais principalement des vignes et des lianes de 8 à 20 m de long, aux tiges quadrangulaires ou cylindriques, pubescentes (poilues)et très ramifiées.
– Les racines développent généralement des drageons.
– Feuilles persistantes dans les régions chaudes, opposées, simples, au limbe (tissu végétal) souvent grossièrement denté, parfois lobé, ovales ou légèrement palmées, pétiolées, au limbe ovale ou légèrement palmé, parfois lobé, au bord souvent grossièrement denté, aux nervures palmées, pubescentes, à l’apex souvent émoussé. Elles sont dépourvues de cystolithes (protubérances dues à des cristaux de carbonate de calcium).
– Floraison abondante surtout de mai à octobre, mais parfois toute l’année pour certaines espèces et selon leurs conditions environnementales.
Grandes fleurs axillaires, solitaires (alata) ou géminées (mysorensis) ou en thyrses (inflorescences comportant des grappes de cymes) terminaux (grandiflora) pendants jusqu’à 60 à 100 cm de long, l’espèce coccinea forme de longs chapelets.
∙ 2 grandes bractées (organes intermédiaires entre la feuille et le pétale) foliacées (apparence d’une feuille) et spathacées (grande bractée protégeant une inflorescence, ouverte latéralement par une fente) forment un épicalice (ensemble de bractées rapprochées du calice) ; elles sont libres ou soudées d’un côté ; généralement persistantes.
∙ Le calice réduit forme un bourrelet annulaire ou cupuliforme, à bord entier ou à 10 à 15 petites dents. Généralement, le calice est recouvert de poils nectarifères qui attirent les fourmis, armes défensives contre d’autres insectes qui seraient capables de percer le réceptacle (porte la fleur) pour se nourrir du nectar floral à la base de l’ovaire ; on peut aussi retrouver des nectaires extra-floraux sur les feuilles et les tiges.
∙ L’aspect et la couleur de la corolle est différent selon l’espèce et particulièrement par la différence de longueur et de largeur du tube et par la position différente des lobes de la corolle. Par exemple : les espèces coccinea et mysorensis développent un tube court à l’inverse du tube long d’autres espèces (l’espèce erecta présente un tube blanc particulièrement long, lobes bleu violet), d’autre part les lobes de coccinea et mysorensis sont retournés vers l’arrière laissant visibles les organes sexuels.
∙ 4 étamines (pièces florales mâles) souvent didynames (une paire plus longue que l’autre) aux filets libres et aux anthères (extrémités fertiles d’une étamine) poilues, de tailles égales ou 2 longues et 2 courtes.
∙ 1 ovaire supère (pièces florales insérées au-dessous), biloculaire, charnu sous-tendu par un nectaire charnu. Style (tige reliant l’ovaire au stigmate) fin et long.
– Le fruit est une capsule déhiscente (ouverture spontanée) à 2 loges se terminant généralement par un bec à sommet obtus. Certains ont cru que le bec était d’origine stylaire mais en fait c’est une transformation de la partie supérieure de l’ovaire.
Ce fruit à bec a d’ailleurs donné le nom populaire de bec martin à l’espèce laevis pour sa ressemblance avec le bec du Martin triste, un oiseau proche des mainates.
Les loges contiennent chacune de 2 à 4 graines. Les rétinacules (crochets qui soutiennent les graines) sont absents du fait que les ovules sont sessiles (directement sur un axe) mais la capsule du fruit est explosive s’ouvrant bruyamment.
– Ennemis : araignées rouges.
– Médicinales
L’espèce laurifolia propose différentes actions médicinales utilisées localement depuis l’Antiquité sous forme de thé, Rang jued, en Malaisie et en Thaïlande : détoxifiant – anti-inflammatoire – anti-oxydant – anti-microbien – anti-diabétique…
En Chine, les racines, les tiges et les feuilles de l’espèce grandiflora sont utilisées comme détoxifiant et soigne les maux d’estomac, les contusions, les furoncles, les morsures de serpent…
L’espèce coccinea rentre dans la pharmacopée traditionnelle des habitants du Yunnan et du Tibet, ses contrées d’origine.
– Alimentaire
Les feuilles de certaines espèces sont comestibles mais plutôt consommées en temps de disette.
– Ornementales.
Certaines espèces comme grandiflora – fragans – laurifolia sont considérées comme envahissantes dans de nombreux pays. L’espèce grandiflora est vue comme ‘une mauvaise herbe nuisible’ en Australie.
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Lisière de forêts humides et de zones sèches ouvertes en Afrique de l’Est et du Sud.
Découverte sur l’île Maurice et nommée par le naturaliste autrichien Wenceslas Bojer qui l’introduisit en Angleterre en 1825.
– Thunbergia alata Bojer ex Sims
Suite à son introduction par Boger, John Sims la décrite et nommée en 1825.
Alata du latin signifiant ailé, en référence à son pétiole.
– Noms populaires
∙ Swartoognooi nom afrikaans et isiPhondo en zoulou.
∙ Le nom de Suzanne aux yeux noirs – Black-eyed Susan vine aurait tout d’abord été attribué au Rudbeckia (famille Asteraceae) cultivé avant elle. Rudbeckia hirta, emblème floral de l’état du Maryland, tenait ce nom populaire d’un vieux poème de John Gay (1685-1732) intitulé Black-eyed Susan évoquant un personnage, Susan, femme d’un marin harcelée par son oncle puis par le capitaine du marin, dont les larmes ont rendu ses yeux noirs. Ce poème fut repris dans des ballades et des chansons.
Peu exigeante sur le sol, en revanche elle craint un gel prolongé, sa tolérance est annoncée de 8 à 10°C, mais la souche supporte un peu plus bas étant donné sa présence (rare) en pleine terre sur la Côte d’Azur avec une exposition très protégée ; en régions froides, elle est traitée comme une annuelle.
Soleil de préférence ou ombre légère.
Très proche des espèces gregorii (fleur orange, coeur orange) et fragrans (fleur blanche).
– Croissance très rapide.
– Herbacée vivace rampante ou grimpante aux tiges volubiles de 2 à 4 m, persistante pouvant être caduque en climat moins propice mais elle repart du pied. La tige pubescente est plus ou moins quadrangulaire ou aplatie.
– Racines ligneuses (caractères et aspect du bois) qui seraient colonisées par des champignons mycorhiziens, association symbiotique entre le mycélium des champignons et les racines des plantes.
– Feuilles opposées, ovales, au limbe parfois ondulé et grossièrement denté, aux nervures palmées. Le long pétiole est doublement ailé. À la base du pétiole ailé, le limbe en forme de cœur se découpe en 2 lobes pointus, le sommet est pointu aussi.
– Longue floraison de la fin du printemps à la fin de l’automne, mais sous des régions propices, cette plante fleurit tout au long de l’année avec un pic durant la saison chaude. Pollinisation par de petits insectes.
Fleurs solitaires à l’aisselle des feuilles, de 2,5 à 3,5 cm, pédonculées (axes portant une fleur ou une inflorescence), nectarifères.
∙ 2 grandes bractées (épicalice) vertes, ovales, pubescentes, protègent la fleur.
∙ Petit calice annulaire à 10 ou 13 dents recouvert de poils glanduleux.
∙ Corolle au tube rouge violacé se terminant par 5 lobes évasés puis tronqués à l’apex, orange vif au cœur violet foncé voire noir.
On pourrait la confondre avec l’espèce gregorii (ex gibsonii) dont les pétales sont aussi orange vif mais de forme légèrement différente à l’apex et surtout dont la gorge est orangée contrairement à la Suzanne aux yeux noirs. Elle ressemble à l’espèce fragrans (volubilis) qui compense la couleur blanche de sa corolle par un délicat parfum alors que les thunbergies n’exhalent pas de parfum.
∙ 4 étamines insérées au ¼ de la corolle, aux grosses anthères oblongues, à la base poilue.
∙ Ovaire au style long, stigmate en 2 lames.
– Fruits en capsule pubescente de 1,5 à 2,5 cm, explosive, formée de 2 loges prolongées d’un gros bec.
– 2 petites graines brunes recouvertes de trichomes (fines excroissances ayant un rôle de défense contre les insectes) ; elles germent facilement.
– Plusieurs cultivars : lobes blancs au cœur noir ‘Alba’, jaunes, blanc rosé, rose orangé ; certains cultivars n’ont pas l’œil noirâtre mais de la couleur des lobes ou verdâtre.
– Ornementales
Recouvre les endroits inesthétiques du jardin ou des arbres morts. Peut être cultivée en intérieur si très lumineux.
– Alimentaire
En Afrique, utilisée comme fourrage et comme légume.
– Médicinales et vétérinaires : problèmes de peau, douleurs articulaires…
– Écologie : plante hôte des larves du paillon Eyed Pansy – Junania orithya et de papillons nocturnes.
– Dans certaines régions chaudes comme l’île d’Hawaï, elle est considérée comme envahissante.
– Sa jolie fleur est bien représentée sur plusieurs timbres-poste d’Afrique du Sud.
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Espèce la plus répandue.
Régions tropicales et subtropicales.
Inde – Bengale – Chine méridionale – Indochine – Birmanie.
– Thunbergia grandiflora Roxb
Épithète donnée en 1820 par le botaniste écossais, ‘Père de la botanique indienne’, William Roxburgh en référence à ses grandes fleurs.
Cette plante fut tout d’abord classée dans le genre Flemingia en 1803 par Johan Peter Rottler, nom de genre considéré comme synonyme. Christian Nees la nomma Thunbergia cordifolia.
– Noms populaires
∙ 山牵牛 – Shan qian niu nom chinois signifiant ‘Gloire du matin de la montagne’. La grande fleur s’appelle Layoazui.
∙ Clock vine de l’anglais signifiant vigne horloge du fait que les tiges volubiles s’entourent sur un support dans le sens des aiguilles d’une montre.
Régions tropicales humides le long des cours d’eau ou fourrés en lisière de montagnes en Chine.
Soleil à mi-ombre. Sol frais bien drainé.
Tolérance au froid jusqu’à -6 à -7°C pour la partie souterraine, jusqu’à -3°C pour la partie aérienne.
– Croissance très rapide, longévité de plus de 20 ans.
– Liane grimpante ou vigne volubile de 5 à 20 m aux tiges légèrement quadrangulaires puis arrondies et pubescentes.
– Racine pivotante et système de racines développant des drageons.
– Grandes feuilles persistantes, opposées, pubescentes, pétiolées, au sommet acuminé, aux nervures palmées. Elles sont généralement oblongues, mais sur le même plant on peut trouver des feuilles polymorphes, souvent la partie inférieure présente 1 ou 2 grands lobes anguleux ce qui la différencie de Thunbergia laurifolia aux feuilles entières, plus fines, longues et glabres, mais vu leur ressemblance certains la considèrent comme synonyme de grandiflora. La marge du limbe est entière ou grossièrement dentée, la base est cordée.
– Inflorescences estivales pendantes en thyrses terminaux ou axillaires jusqu’à 1 m portant plusieurs grappes de 3 à 4 fleurs, parfois présence de fleurs solitaires axillaires.
∙ Bractéoles de 3 à 5 cm, oblongues à ovales, jointes puis se fendant comme une spathe.
∙ Petit calice formant un bourrelet annulaire.
∙ Fleur tubulaire de 4 à 7 cm, pédicellée ; le long tube s’ouvre en 5 lobes arrondis, bleutés et à la gorge jaune clair.
∙ Étamines à filets courts aux thèques superposées.
∙ Ovaire au style long au stigmate bilobé.
– Fruits en petite capsule explosive formée de 2 loges prolongées d’un gros bec conique de 2 à 3 cm. Voir la photo de l’espèce coccinea aux caractéristiques générales des Thunbergia. Graines aplaties.
– Cultivars blancs et diverses nuances de bleu.
Les feuilles du cultivar ‘Alba’ sont presque aussi larges que longues et dentées grossièrement.
– Multiplication par graines, boutures et racines.
Très envahissante.
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Cette espèce ainsi que l’espèce coccinea (de couleur rouge) se distingue par des fleurs différentes des autres espèces du genre en arborant une corolle aux lobes réfléchis leur donnant une forme de trompette et rendant bien visibles les organes sexuels. Mysorensis et coccinea sont originaires des mêmes régions.
Forêts tropicales des montagnes de l’Inde méridionale.
Un spécimen fut découvert près de Nuggur à Mysore (ville mais aussi état devenu l’état de Karnataka au sud de l’Inde) par M. H. Stokes qui céda des échantillons à Robert Wight, ce dernier confia des graines à Mac Ivor (créateur du jardin botanique d’Ootacamund) qui, à son tour, donna des graines aux pépinières Veitch & Sons afin de les introduire en Angleterre. En France, cette plante fut introduite en 1853 par l’horticulteur Jean Jules Linden.
– Thunbergia mysorensis (Wight) T.Anderson
Nom donné en 1867 par Thomas Anderson.
Le basionyme fut Hexacentris mysorensis donné par Wight en 1844, mais ce genre créé par Nees n’a pas été retenu et n’existe plus.
Mysorensis rappelle son origine dans la région de la ville de Mysore, au sud-ouest de l’Inde.
– Noms populaires
∙ Maisüru kahaleyannu est son nom en langue kannada, nom traduit par liane de Mysore.
∙ En langue anglophone, on peut la trouver sous le nom de ‘Brick and Butter Vine’ – ‘vigne de brique et de beurre’, probablement en référence à la couleur de sa fleur.
∙ Indian clock vine pour ses tiges qui s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une horloge.
Climat de mousson nécessitant donc un climat chaud et humide.
Sol léger et riche. Soleil à mi-ombre. Tolérance au gel de -1 à -2°C, sous climat froid, elle est traitée comme annuelle.
– Croissance rapide.
– Grande liane ou arbuste grimpant, de 6 à 10 m, aux tiges grêles et quadrangulaires.
– Souche ligneuse.
– Longues feuilles de 10 à 15 cm, persistantes, pétiolées, entières, ovales à elliptiques, glabres, acuminées, trinervées.
– Inflorescences en grappes terminales pendantes de 30 cm jusqu’à 90 cm, portant des fleurs de 5 cm, dressées, par paires opposées, au pédoncule vert rougeâtre.
Le nectar est produit en abondance et parfois même déborde de la fleur faisant le régal des oiseaux nectarivores tels les souimangas qui assurent la pollinisation, en Amérique où elle a été introduite, les colibris s’en régalent.
∙ Bractéoles en collerette à 2 lobes rouge pourpre.
∙ Calice réduit, annulaire, persistant.
∙ Corolle zygomorphe (pétales ou/et sépales du calice disposés bilatéralement) à la gorge jaune largement ouverte et aux 5 lobes réfléchis, rouge pourpre ; le lobe supérieur est oblong et entièrement bilobé, les 2 latéraux et l’inférieur sont plutôt ovales.
∙ 4 étamines aux épais filets aux anthères plumeuses et au style au stigmate bifide. Les organes sexuels sont aussi longs que le lobe supérieur de la corolle.
– Fruits en capsule coriace, déhiscente, prolongée d’un bec de 2 cm.
– Multiplications
Par graines et boutures.
– Certains la considèrent comme la plus belle liane existante, elle a d’ailleurs reçu le prix de la Royal Hoticultural Society Award of Garden Merit en 1993.
– En Chine, elle est vue comme une ‘beauté sensuelle’.
Mise à jour septembre 2024.