Les palmiers font partie de la famille des Arecaceae (ex Palmea), ce sont des angiospermes, des plantes à fleurs, des monocotylédones ligneuses bien différentes des arbres et de la majorité des autres plantes dicotylédones. À première vue, tout le monde reconnaît un palmier même si parfois, par manque d’observation, on puisse les confondre avec certains genres de la famille des Cycadaceae (Cycas, le faux-palmier) ou des Zamiaceae (Macrozamia, Ceratozamia), toutefois les identifier n’est pas une mince affaire.
– Palmiers et botanistes
Les palmiers ont fasciné de nombreux botanistes, l’ouvrage ‘Historia naturalis palmarum’ en trois volumes a fait la renommée de son auteur Carl Martius (1794-1868), botaniste allemand considéré comme le père de la botanique des palmiers, qui a publié le premier tome en 1823 et le dernier en 1850 ; Martius aimait tellement les palmiers qu’il aurait écrit : « In palmis semper parens juventus, in palmis resurgo » soit « Parmi les palmiers je me sens toujours jeune, parmi les palmiers je ressuscite ». Le palmier du Népal, Trachycarpus martianus lui est dédié.
L’ouvrage de Martius a été détrôné par un guide des palmiers nommé ‘Genera Palmarum’, une œuvre collaboratrice qui dura presque 90 ans avant sa première édition. Ce travail a été commencé dans les années 1900 par l’horticulteur américain Liberty Hyde Bailey, puis le botaniste américain Harold E.Moore continua le travail d’ampleur de Bailey, il n’eut pas l’occasion de le finir mais la botaniste américaine Natalie Uhl, avec qui il avait œuvré, reprit le flambeau avec le botaniste britannique John Dransfield, et c’est en 1987 que sera publiée la première édition ; une deuxième édition, plus complète, sera éditée en 2008 puis une révision a été faite en 2016 par Dransfield avec l’aide du botaniste britannique William Baker portant le nombre de genres de palmiers à 181 pour 2 600 espèces, mais, selon les auteurs et leurs récentes découvertes, ses nombres peuvent être légèrement différents.
Au XIX° siècle, on peut citer le travail de Hermann Wendland spécialiste des palmiers et au XXI° siècle celui du botaniste français Jean-Christophe Pintaud et du botaniste américain Larry Noblick, considérés comme des spécialistes du genre.
– Genres et sous-familles
Certains genres sont monotypiques (une seule espèce) : Cocos, Jubaea, Bismarckia, Chamaerops, Nannorrhops, Nypa, Lodoicea, pour les plus connus…
Il est généralement reconnu 5 sous-familles, elles-mêmes divisées en tribus et en sous-tribus : Arecoideae – Calamoideae – Ceroxyloideae – Coryphoideae – Nypoideae. Autrefois Phytelephantoideae était une sixième sous-famille mais désormais elle est considérée comme une tribu de la sous-famille des Ceroxyloideae.
∙ Coryphoideae : du nom du genre Corypha, du grec ancien signifiant tête pour qualifier l’inflorescence qui y ressemble. 45 à 47 genres et 518 (519) espèces. Ce sont des palmiers généralement aux feuilles palmées et costapalmées avec des exceptions pour les genres Phoenix et Arenga aux feuilles pennées et Caryota aux feuilles bipennées. Dans cette sous-famille, on trouve les palmiers les plus rustiques, ce sont aussi les plus primitifs. Ils se caractérisent par des inflorescences ramifiées de fleurs bisexuées avec pour exceptions le genre Phoenix qui est dioïque et Caryota dont les fleurs sont unisexuées en triade, caractéristique de la sous-famille des Arecoideae dans lequel il était autrefois classé.
Les plus connus en France sont : Trachycarpus, Chamaerops, Washingtonia, Phoenix, Sabal, Caryota, Livistona, Brahea, Nannorrhops, Arenga…
∙ Arecoideae : c’est la plus grande et la plus évoluée sous-famille avec une centaine de genres. Ces palmiers sont souvent originaires des forêts tropicales humides et plus particulièrement en région indopacifique. Les feuilles sont généralement pennées (plumes) ou rarement entières ; souvent les fleurs sont disposées en triades : 2 fleurs mâles entourent une fleur femelle ; l’inflorescence (grappe de fleurs) est parfois unique (plante hapaxanthe).
Les espèces les plus connues sont : le cocotier, Cocos nucifera – le palmier à huile, Elaeis guineensis – les genres Areca, Dypsis et Chamaedorea – en Europe on trouve plus facilement les genres Butia, Jubaea, Syagrus, Roystonea.
∙ Calamoideae : du grec ‘kalamos’ – roseau. 21 genres, 645 espèces. Ce sont généralement des palmiers grimpants originaires pour la plupart de l’Ancien Monde, souvent épineux, aux fruits recouverts d’écailles se chevauchant. Les feuilles sont pennées avec des exceptions pour les genres Mauritia et Mauritiella aux feuilles palmées. Les inflorescences sont variées. Les genres les plus connus sont Raphia et Calamus (le rotin) ; le genre Calamus est le plus important de tous les palmiers avec environ 370 à 390 espèces.
∙ Ceroxyloideae : le nom évoque un bois qui produit de la cire. Les 8 à 9 genres sont en majorité originaires d’Amérique du Sud mais aussi de l’Océan indien. Les feuilles sont pennées ou bipennées ou plus ou moins entières. Les inflorescences sont variées, très ramifiées. Le palmier le plus connu est aussi le plus grand : Ceroxylon quindiuense.
∙ Nypoideae : 1 seule espèce Nypa fruticans originaire des mangroves de l’Asie, aux feuilles pennées. Ces ancêtres sont très anciens et remonteraient à 70 MA pour les tout premiers.
∙ Certains auteurs avaient créé une sixième sous-famille, Phytelephantoideae avec 2 genres néotropicaux originaires d’Amérique du Sud : Ammandra decasperma – Phytelephas avec 6 espèces comprenant l’ex Palandra aequatorialis.
– Origines temporelles
Les palmiers, quoique considérés comme plantes évoluées, sont chez les angiospermes des plantes primitives ; ils sont arrivés très tôt sur terre vers le début du Crétacé soit il y a 120 millions d’années et plus particulièrement vers 80 M.A. ; originellement, ils se seraient particulièrement diversifiés à partir du supercontinent Laurasie (Amérique du Nord + Europe) vers le milieu du Crétacé ; on situe leur apogée durant l’Éocène, de 56 à 33,9 millions d’années. Le palmier le plus primitif existant encore est Nypa fruticans, roi des mangroves de l’Asie du Sud-Est.
– Origines géographiques
La majorité des palmiers trouve leurs origines dans une ceinture autour de l’Équateur.
Ils se développent naturellement dans les zones intertropicales et tempérées chaudes d’Afrique, Amérique et Asie et étonnamment deux espèces sont originaires d’Europe : Phoenix theophrasti endémique de Crète et Chamaerops humilis des régions méditerranéennes occidentales. Avant les dernières grandes glaciations, l’Europe abritait plusieurs palmiers et particulièrement le genre Phoenix, pour cette raison, certains pensent que le Phoenix iberica est originaire d’Espagne donc d’Europe au même titre que l’espèce theophrasti ; Phoenix iberica serait une variété de dactylifera.
Les palmiers sont particulièrement bien représentés en Asie-Pacifique avec ≃ 1 600 espèces, moitié moins en Amérique avec ≃ 730 espèces, Madagascar est riche d’au moins 200 espèces dont la plupart sont endémiques, et en Afrique on compte seulement ≃ 65 espèces, on pourrait s’en étonner mais, en fait, cela correspond à une forte période de sécheresse en Afrique durant le Pléistocène (de 2,588 Ma à 11 700 ans) qui aurait fait fuir de nombreuses espèces car les palmiers, contrairement aux idées reçues, aiment l’eau.
C’est l’historien et géographe grec Hérodote (484-425 av. J.-C.) qui évoquera en premier les différentes utilisations des palmiers dans plusieurs pays. À sa suite, tous les grands savants s’intéressèrent à ce genre de plantes et particulièrement au palmier-dattier, Phoenix dactylifera. Dans son ‘Histoire de plantes’ le naturaliste grec Théophraste (371-287 av. J.-C.) mentionne déjà les palmiers ainsi que Pline l’Ancien (23-79) dans son encyclopédie ‘Natura historia’.
Les Européens ont probablement rencontré les premiers palmiers grâce aux Croisés du Moyen-Âge du XI° au XIII° siècle.
Vers 1280, Marco Polo lors d’un voyage à Sumatra a découvert et nommé le cocotier nux indica renommé par Linné Cocos nucifera, porteur de noix, mais c’est le moine grec syrien Constantin d’Antioche qui l’évoqua en premier au VI° siècle dans ses ouvrages décrivant le monde sous le titre de ‘Topographie chrétienne’ ; Jean Séparion au IX° siècle et Avicenne au XI° siècle mirent en avant ses qualités médicinales.
En Amérique, c’est au XV° siècle que les premiers palmiers furent probablement découverts par Christophe Colomb, et vers la même époque, de l’Afrique jusqu’en Inde, par Vasco de Gama.
L’intérêt alimentaire du palmier-dattier permit son introduction dans de nombreux pays à partir, probablement, du Moyen-Orient ; son exploitation depuis au moins 3 à 4 000 ans av. J.-C. entraina de nombreuses hybridations et, à l’heure actuelle, cette espèce est considérée comme un hybride de parents inconnus. Les Arabes du Moyen-Orient auraient introduit cette espèce en Afrique depuis très longtemps. Son introduction aurait commencé, en Europe, dès le début du Moyen-Âge, pour l’utilisation en palmiculture (voir à anecdotes), mais c’est surtout au XVI° siècle que l’on commença à s’y intéresser pour ses valeurs ornementales.
Au XVI° siècle, lors du voyage de Magellan poursuivi par Elcano, ces marins courageux eurent maintes occasions de rencontrer les palmiers. Le journal de bord de Magellan puis de Elcano, et surtout du marin chroniqueur Antonio Pigafetta qui les accompagnait, évoque de nombreux palmiers comme ‘les fruits gros comme la tête’ du Cocos nucifera sur les îles des Moluques ou encore le vin de palmier…
Fin XVII° et début XVIII° siècle, les explorateurs naturalistes européens découvrent les palmiers du sud au sud-est de l’Asie : le naturaliste néerlandais Hendrik van Rheede fait mention du Phoenix sylvestris dans son encyclopédie ‘Hortus Malabaricus’ ; le voyageur allemand Engelbert Kaempfer évoque le palmier Trachycarpus fortunei qui deviendra le palmier le plus planté en Europe…
De timides introductions commencèrent mais le succès des palmiers venus d’Amérique, d’Asie ou d’Australie démarra vraiment au cours du XIX° siècle, vers 1840, l’exotisme était alors à la mode ! C’est surtout le hasard, cette croisée des destins, qui permit l’installation réussie des palmiers en Europe : en effet, dès leurs découvertes, les palmiers suscitèrent l’admiration mais l’envoi de plantes se soldait par des échecs dus aux conditions de voyages ; lors d’un envoi à partir de Port Jackson vers Kew Gardens à Londres, le botaniste britannique Allan Cunningham (1791-1839) demanda à son équipe de bien drainer le fond des caisses des palmiers, n’ayant rien d’autre sous la main, les ouvriers improvisèrent un drainage avec les petites graines du palmier Livistona australis qui se mirent à germer durant le voyage ; à leur arrivée en Angleterre suivie d’une bonne reprise, la décision fut prise de favoriser l’envoi de palmiers par graines. À cette époque, les palmiers étaient cultivés en serre mais, un peu plus tard, on reconnut la rusticité de plusieurs palmiers adaptables en pleine terre en Europe. En France, les premières acclimations furent tentées avec réussite à Hyères dans le Var vers 1850, ainsi que dans la région de Bordeaux.
– Palmae Juss.
En 1789, Antoine-Laurent de Jussieu créa la famille Palmae afin de regrouper ces plantes aux feuilles palmées. Ce nom est issu du latin palma désignant la paume de la main et par extension une palme (de même forme).
– Arecaceae Bercht.&J.Presl
L’appellation Palmae ne pouvait correspondre à tous les palmiers puisque certains présentent des feuilles pennées (comme des plumes d’oiseau), c’est certainement pour cette raison qu’en 1820 Friedrich Berchtold et Jan Presl décidèrent de renommer cette famille en reprenant le nom Areca du premier palmier à feuilles pennées défini en 1753 par Linné sur la base d’une planche créée par Rumphius (1627-1702) dans son Herbarium Amboinense et nommée Areca cathecu (désormais catechu).
Areca serait issu de ‘arakka’ nom d’une langue du sud de l’Inde pour définir le ‘palmier à bétel’ originaire de cette région, Areca catechu, ce qui donna le nom populaire de aréquier. Le premier à employer le nom Areca fut Antonia Pigafetta, marin et chroniqueur italien de Magellan.
– Noms vernaculaires
∙ Linné les aurait surnommer « les princes du règne végétal ».
∙ Palmier
Des caractéristiques particulières sont évoquées pour nommer certaines espèces : palmiers jupons pour les Washingtonia – palmier éventail ou palmier fontaine pour Livistona – palmier queue-de-poisson pour Caryota … ou bien pour évoquer leur origine géographique : palmier d’Égypte (ou palmier doum), Hyphaene thebaica – palmier de Manille, Adonidia (Veitchia) merrillii appelé aussi palmier de Noël pour sa fructification rouge vif à cette période – palmier des Canaries, Phoenix canariensis, aussi surnommé le ’Roi des palmiers’…
Certaines plantes ressemblent plus ou moins aux palmiers mais n’en sont pas, néanmoins leur nom vernaculaire est palmier : le palmier de Madagascar du genre Pachypodium de la famille des apocynacées – le palmier monstera du genre Monstera de la famille des aracées – le palmier fougère du genre Cycas de la famille des cycadacées – le palmier du voyageur du genre Ravenala de la famille des Strelitziacées…
∙ Cocotier
En découvrant le cocotier, Cocos nucifera originaire de l’Asie du Sud-Est, les marins de Vasco de Gama auraient appelé ces palmiers ‘coco’ du nom d’un sorcier du folklore portugais et espagnol, une sorte de croque-mitaine à l’allure hirsute : la fibre qui entoure la coque et les trois empreintes sur la noix évoquant un crâne leur auraient donné cette impression. En 1753, Linné attribua le nom de genre Cocos à cette plante monospécifique.
D’autres genres de palmiers portent le nom de cocotier : Butia capitata, le cocotier du Brésil – Lodoicea maldivica, le cocotier des Seychelles ou cocotier de bord de mer – Syagrus romanzoffiana, le cocotier plumeux – Jubaea chilensis, le cocotier du Chili…
∙ Latanier
Les palmiers aux feuilles palmées originaires de Madagascar (Bismarckia), des Mascareignes et des Îles de la Sonde ainsi que le genre Livistona portent aussi le nom de latanier, mais ce nom serait issu de Latania, une forme latinisée de allatani, nom caraïbéen utilisé pour nommer une espèce des Petites Antilles Coccothrinax barbadensis.
∙ Dattier
Nom faisant référence aux fruits des Phoenix : le vrai-dattier, Phoenix dactylifera – le faux-dattier, Phoenix canariensis – le dattier du Mékong, Phoenix roebelenii…
L’étymologie du mot dattier est issu du grec ancien ‘dactylos’ signifiant doigt mais ‘dactylos’ serait une forme hellénisée de ‘dakal’ de l’arabe ‘deglet’ – doigt de lumière, représentant les fruits du palmier-dattier ; le cultivar ‘deglet nour’ produit la datte la plus prisée.
Le grand savant Dioscoride (40-90) employait le mot ‘karyotis’ pour désigner la datte ; en grec ‘karyon’ désignait un noyau dur, il fut surtout usité pour les fruits du noyer. Linné repris ce nom pour créer le genre Caryota, un palmier dont les fruits ressemblent à ceux des dattiers mais plus petits.
Eau et chaleur constantes. Les palmiers n’apprécient guère les grandes variations de vie mais, au contraire, se plaisent dans des périodes végétatives ininterrompues. Les palmiers indiquent la présence d’une nappe phréatique.
On les trouve dans les climats tropicaux des forêts équatoriales mais aussi dans des forêts sèches ou tempérées, des régions montagneuses tropicales, des savanes, des oasis et des déserts semi-arides et même arides si la nappe phréatique n’est pas trop loin, seul le genre Nannorrhops supporterait vraiment les déserts arides, néanmoins une grande majorité des espèces préfèrent les forêts humides, certaines se développent dans des marécages (Sabal minor, Raphia farinifera…) ou des mangroves tel Nypa le palmier d’eau du sud de l’Asie, ou sur les bords souvent inondés des torrents, des eaux vives (plantes rhéophiles) tel Phoenix roebelenii, il existe même des palmiers aquatiques Ravenea musicalis, Cyrtostachys renda…
Si on peut les trouver dans différents habitats, ces derniers ne sont jamais très étendus.
Plein soleil ou ombre partielle particulièrement chez certains palmiers grimpants ou de petites tailles qui se développent à l’ombre des grands arbres de forêts ; sur la Côte d’Azur, on rencontre souvent dans les recoins ombragés des jardins botaniques le palmier Kentia d’origine australienne, Howea forsteriana, il est d’ailleurs particulièrement cultivé en intérieur où il conserve une petite taille.
Les palmiers ne sont pas, en général, très regardant sur la qualité du sol ; ceux de zones arides préfèreraient un sol alcalin, ceux des forêts tropicales un sol acide.
Ne rentrant pas en dormance comme les arbres, leur tolérance au gel n’est que provisoire sur une très courte période. Seules 130 espèces s’épanouiraient dans des régions tempérées chaudes, les plus rustiques sont des palmiers aux feuilles palmées : Trachycarpus fortunei avec sa tolérance jusqu’à -18°C voire plus, on l’acclimate jusqu’au nord de la France, en Suisse et en Angleterre, d’autres palmiers tels Nannorrhops ritchieana -20°C et Rhapidophyllum hystrix -25°C résistent mieux au froid que Trachycarpus mais l’été ils ont besoin de chaleur pour leur développement.
Certaines rares espèces n’ont pas peur de l’altitude, c’est le cas de certains Ceroxylon qui s’épanouissent dans les Andes jusqu’à 3 500 m, d’autres comme Nannorrhops ritchieana et Trachycarpus martianus ainsi que Chamaerops supportent la neige.
Généralement, les palmiers ne peuvent pas vivre sans eau, les espèces vivant dans les déserts arides se procurent de l’eau dans les nappes phréatiques. À ce propos, Théophraste parlant du Phoenix dactylifera argumentait : « En Syrie, le palmier est plus avide d’eau courante que celle du ciel, or il y en a en abondance dans la vallée profonde où sont les palmeraies. » néanmoins ce palmier offre une grande résistance à la sécheresse. Théophraste faisait remarquer aussi : « … partout où les palmiers dattiers poussent en abondance, le sol est salé… » toutefois tous les palmiers ne tolèrent pas le sable et le sel même si cela écorne notre imaginaire d’une île et son palmier solitaire.
– Petit rappel sur les monocotylédones : ces plantes ont toutes un ancêtre commun aquatique, elles seraient apparues il y a 130 millions d’années ; les plus connues sont les graminées (herbes, bambous…), les bananiers, les palmiers mais aussi les orchidées.
Comme leur nom l’indique, elles ne développent qu’un seul cotylédon, feuille primordiale, cette caractéristique leur vient d’une ‘évolution simplificatrice’ qui leur a réussi mais aussi qui les a limité contrairement aux dicotylédones.
Elles ne produisent pas de bois secondaire (absence de cambium) même si certaines sont arborescentes, on parle alors de stipe. Un tronc et un stipe sont bien différents, en effet, ils se développent de manière complètement opposée : le tronc d’un arbre grossit de l’intérieur vers l’extérieur, la partie vivante la plus récente se trouve à la périphérie alors que le cœur de l’arbre est mort étant constitué du passé ; le stipe se développe en son centre, il est constitué de moelle où circulent des fibres de soutien et des vaisseaux qui véhiculent la sève, sa partie extérieure périphérique représente le passé, elle est constituée par les tiges des feuilles qui se lignifient et les entre-nœuds.
Les feuilles des monocotylédones sont généralement entières, linéaires, on les reconnaît facilement mais celles des palmiers et d’autres plantes comme les bananiers dérogent à la règle, enfin en apparence (voir à Feuilles de palmiers).
– S’il est facile de distinguer un palmier d’un arbre, il est bien plus difficile de l’identifier précisément car les genres et les espèces présentent une morphologie bien différente s’ils ne sont pas adultes ; les conditions de culture influencent aussi fortement leur aspect, de plus, différentes espèces peuvent s’hybrider et, d’autre part, l’intervention de l’homme sur l’esthétique du stipe ne facilite pas la tâche d’identification ! La caractéristique indéniable est l’aspect des inflorescences et des fleurs mais il faut souvent une bonne paire de jumelles.
Pour identifier les palmiers il faut exercer l’art de l’observation répétée.
– La croissance est généralement lente (Sabal, Jubaea, Brahea, Butia, Chamaerops, Phoenix, Livistona…) et parfois rapide (Washingtonia, Syagrus, Trachycarpus, Roystonea, Caryota…) ; la longévité est assez élevée, 80 ans pour Cocos nucifera, 100 ans pour Trachycarpus, 200 à 250 ans pour Washingtonia, jusqu’à plus de 300 ans pour Phoenix.
– Les palmiers offrent énormément à l’homme qui, on le sait, n’est pas un être raisonnable et les surexploite, pour cette raison de nombreuses espèces sont en voie de disparition, Tahina spectabilis fait partie des 100 plantes les plus menacées au monde (les palmiers de Madagascar sont particulièrement touchés), Hyophorbe lagenicaulis est en danger critique…
D’autres palmiers comme Nypa fruticans ou les Washingtonia sont considérés comme envahissants.
Certains sont vus comme des ‘espèces clé de voute’ maintenant l’équilibre de la biodiversité de leur écosystème.
Découvrir les différentes caractéristiques des palmiers en bas du document ou en cliquant : Racines et Stipes – Feuilles – Fleurs et Fruits
– Le charançon rouge, Rhynchophorus ferrugineus en provenance du Moyen-Orient, s’attaque particulièrement aux Phoenix en pondant ses œufs au cœur du palmier qui servira de nourriture aux larves. Sur la Côte d’Azur, de nombreux spécimens ont été décimés ces dernières années et particulièrement l’espèce canariensis. Des traitements ont été élaborés mais leur mise en place peut être fastidieuse en regard de la hauteur d’intervention nécessaire pour les sujets adultes. Des cultivars ont été créés qui y seraient plus résistants.
Mais, attention, tous les charançons ne sont pas détestables et ceux qui le sont ont été importés accidentellement par l’homme confrontant les plantes à des inconnus, néanmoins certains charançons sont indispensables à la pollinisation de certains palmiers, c’est par exemple le cas de Derelomus chamaeropis, le charançon du Chamaerops humilis, notre palmier européen, qui pond et se nourrit sur les inflorescences mais, afin de limiter la perte des fleurs, ce petit palmier produit dans ses inflorescences femelles une résine annihilant l’éclosion des œufs de l’insecte ! Les plantes sont malignes, enfin c’est ce que l’on pourrait penser, mais, en fait, toutes leurs stratégies sont issues d’expériences réalisées sur des millions d’années ; on peut regretter que l’être humain n’apprenne pas plus vite de ses expériences mais on ne peut pas trop lui en vouloir car le genre Homo n’a que 2,8 MA d’expériences passées et seulement 300 000 ans pour Homo sapiens !
– Le papillon Paysandisia archon est un autre ravageur des palmiers de notre continent, il serait arrivé en France en provenance d’Argentine avec des Trithrinax campestris dont il est un hôte bien particulier.
Sur le Net, de nombreux articles sont consacrés à la lutte de ses parasites.
Un dicton arabe parle de 365 utilisations du palmier, soit une par jour ; en Inde, les anciens poètes aimaient évoquer les 800 utilisations des palmiers. Toutes les parties sont utilisées ce qui donna le nom de ‘cochon végétal’ au cocotier Cocus nucifera.
Depuis des millénaires, l’homme a cultivé les palmiers, et le dattier, Phoenix dactylifera, est un des plus anciens ‘arbres fruitiers’. À l’heure actuelle, dans certaines régions du globe, l’homme est encore dépendant des palmiers, dans les zones tropicales leur importance économique est presqu’aussi importante que celle des graminées.
Les palmiers les plus intéressants économiquement sont : l’aréquier, le palmier à bétel, Areca catechu – le chou palmiste, Bactris gasypaes – le cocotier, Cocos nucifera – les palmiers à huile, Elaeis et Orbignya – le palmier-dattier, Phoenix dactylifera – le raphia, Raphia – le palmier à cire, Copernicia – le palmier à ivoire, Phytelephas – le rotin, Calamus – les palmiers à sucre, Caryota et Arenga – dans le bassin amazonien, Mauritia flexuosa, le palmier-bâche est considéré comme une véritable panacée, le père de la géographie moderne Alexander von Humbold le considérait aussi comme une espèce clef de voute.
– Alimentaire
∙ Fruits
Les fruits de certains palmiers sont comestibles, mais, attention, il ne faut pas goûter tous les fruits des palmiers car certains contiennent des cristaux d’oxalate de calcium très irritants tels Caryota, Hyophorbe, ceux des Chamaedorea sont particulièrement irritants et toxiques, d’autres sont fibreux et offrent peu de nourriture souvent non comestible.
Dans de nombreux pays, les fruits riches en vitamine C sont utilisés en confitures, en gelées, en farines, en jus.
On peut produire du vin avec les fruits macérés dans de l’alcool, par exemple les fruits du palmier abricot, Butia capitata.
À partir de la pulpe rouge du fruit du palmier africain, Elaeis guineensis, est obtenue l’huile de palme à l’odeur de violette, et à partir de l’amande décortiquée l’huile de palmiste ; ces huiles sont comestibles mais aussi utilisées en cosmétique et particulièrement en savonnerie. La culture des palmiers à huile est fortement controversée au vu de ses ravages sur la biodiversité.
Certains fruits nous sont particulièrement familiers :
> Les dattes du Phoenix dactylifera
Elles ont une valeur nutritionnelle comparable au miel ; en consommer avec excès peut entraîner des troubles digestifs voire des étouffements, c’est pourquoi, déjà à son époque, Pline l’Ancien prévenait : « Les dattes fraîches ont une telle douceur, qu’on ne cesse d’en manger que par la crainte du danger ».
La culture du dattier est la phoeniciculture : un pied femelle de Phoenix dactylifera produit 5 à 10 régimes de dattes par an, chaque régime contient une centaine de dattes et peut peser de 8 à 25 kg ; on compte 1 mâle pour polliniser 50 à 60 femelles. La multiplication du palmier-dattier se fait principalement par voie végétative grâce aux rejets, conservant ainsi les qualités requises, désormais cette multiplication est souvent pratiquée in vitro. Les cultures issues de rejets produisent donc des clones ne permettant pas de diversifications génétiques et vulnérabilisent les palmeraies : rien ne vaut une multiplication sexuée (par graines), néanmoins elle n’est pas si rentable car chez cet arbre dioïque (mâle et femelle séparés), on ne connait le sexe des pieds qu’après 6 à 8 ans et seules les femelles intéressent les producteurs, c’est pourquoi des recherches sur la détermination précoce du sexe ont été engagées. Contrairement à la production alimentaire du palmier-dattier, la palmiculture (voir à Anecdotes) n’utilise que la multiplication sexuée.
L’Égypte serait le plus gros producteur de dattes après l’Arabie saoudite et l’Algérie ; le cultivar ‘neglet nour’ serait le plus cultivé.
> La noix de coco du Cocos nucifera
En botanique, une noix de coco est le fruit récolté, une drupe tout d’abord protégée par une coque verdâtre plus ou moins charnue, non comestible, correspondant à l’épicarpe – sous cette première enveloppe se trouve le mésocarpe, une couche fibreuse, la bourre qui protège le noyau – le noyau, endocarpe lignifié très solide, entoure la graine, une amande constituée d’une fine membrane protectrice, le tégument, puis d’une couche pulpeuse, l’albumen où se nourrit et se développe l’embryon, l’albumen est la partie blanche comestible dont la consistance est d’abord liquide, c’est ce qu’on appelle l’eau de coco (à ne pas confondre avec le lait) qui se solidifie à maturité.
La pulpe est utilisée en cuisine et en pâtisserie. Elle peut être consommée fraîche, râpée elle fournit le lait de coco, pressée elle donne de l’huile vierge. À complète maturité (après séchage en culture), elle est nommée coprah, du ‘beurre de coco’ dont la teneur en eau ne doit pas dépasser les 6 % ; du coprah on extrait une huile raffinée qui fournit la margarine mais elle est aussi utilisée en cosmétique (monoï). Le résidu d’extraction de l’huile, le tourteau de coprah est utilisé pour l’alimentation du bétail.
∙ Cœur de palmier
Cette partie du palmier souvent comestible est prélevée en culture sur des sujets de 1 à 3 ans, mais l’absence de ce bourgeon terminal entraîne la mort de la plante, c’est pourquoi cette culture est particulièrement réglementée dans certains pays. La production à partir de palmiers sauvages n’entraîne pas de déforestation, mais encore faut-il utilisé des espèces cespiteuses qui se développent en colonies grâce à leurs rejets, la culture biologique est de mise. L’Euterpe oleracea du Brésil correspond à toutes ses qualités.
Le Brésil, l’Équateur et le Costa Rica sont les principaux producteurs ; la France est le premier pays importateur !?
Le cœur d’un palmier sauvage est couleur ivoire, celui d’un palmier cultivé est plutôt jaune-crème. Le goût est souvent comparé à celui du cœur d’artichaut mais chaque espèce développe une saveur particulière, par exemple le cœur du Sabal palmetto sent le chou d’où son nom de chou palmiste, celui de Chamaerops humilis a un goût de noisette…
∙Sagou
L’amidon appelé fécule est extrait de la moelle à l’intérieur du stipe ; après écorçage, cette fécule est pilée, réduite en poudre puis utilisée comme farine ou dans des potages, d’ailleurs en malais le mot sagou signifie farine. Cette extraction doit être suivie de nombreux lessivages car le sagou peut être très toxique à l’état brut. Les palmiers du genre Metroxylon sont considérés comme les meilleurs sagoutiers.
Un palmier qui fleurit et fructifie transforme l’amidon en sucre, il faut donc éviter cette période pour en extraire le sagou.
∙ Sève
À partir de la sève, il est produit du vin de palme ou du vinaigre ou de l’eau de vie après fermentation et distillation, ainsi que du sirop appelé ‘miel’. Pour récolter la sève d’un palmier il faut inciser le bourgeon terminal ou le stipe ou abattre la plante, dans tous les cas, la mort végétale est annoncée, c’est pourquoi des mesures ont été prises afin d’employer des techniques plus éthiques et respectueuses, mais néanmoins mortelles ; c’est par exemple le cas du cocotier du Chili, Jubaea chilensis, le ‘palmier à miel’ capable de produire jusqu’à 600 l de sève, qui a failli disparaître de son pays d’origine par surexploitation, depuis 1971 cette extraction est interdite sur les populations naturelles.
À partir de la sève de certains palmiers, on peut extraire du sucre.
∙ Fleurs
Les abeilles produisent du miel à partir des fleurs de palmier ; elles assurent ainsi la pollinisation.
Les inflorescences sont parfois consommées comme légume ou en sirop après extraction, ce dernier peut être cristallisé afin de fournir du sucre non raffiné.
– Constructions et objets utilitaires
∙ Les stipes permettent de fabriquer des charpentes, des poutres, des planchers, des murs, des ponts, des tuyaux d’irrigation, des pilotis, des instruments de musique (particulièrement avec le bois du Copernicia cerifera)… Les stipes grêles font office de canne et de canne à pêche ; fendus en lanières ils servent aussi à confectionner divers objets.
Le crin qui entoure le stipe de certaines espèces trouve son utilisation dans le calfeutrage, le rembourrage de matelas, d’oreiller…
∙ Les palmes tressées fournissent les cloisons intérieures, les couvertures de toit. Le pétiole est particulièrement dur et se conserve très longtemps.
Les rachis des feuilles sont tressées pour diverses utilisations : vêtements, chapeaux, tissu d’ameublement ou pour fabriquer des nattes…
Le limbe des feuilles servait autrefois comme supports d’écriture pour les textes religieux ; on peut en confectionner du papier à cigarette…
Les espèces du genre Raphia offrent des fibres de grandes qualités mais d’autres genres sont aussi utilisés tels Calamus et Daemonorops réputés pour la vannerie (rotin).
∙ Les racines tressées deviennent des cordelettes ou servent à fabriquer des semelles ; elles peuvent aussi faire office de brosse à dent.
∙ Les inflorescences sont transformées en balais, en brosses à dents…
∙ Autrefois sous les tropiques, les noix de coco servaient de soutien-gorge, désormais cela tient du folklore.
– Diverses autres utilisations
∙ Bijoux, figurines, boutons
Boucles d’oreilles et colliers sont fabriqués avec les graines de palmier.
L’albumen durci du fruit de certaines espèces (particulièrement Phytelephas sp., Hyphaene petersiana…) procure un ‘ivoire’ végétal réputé pour créer des figurines, des bijoux, des boutons.
∙ Cire
Plusieurs palmiers produisent de la cire d’où leur nom de ‘palmier à cire’.
La cire de carnauba est issue de la cuticule foliaire en écailles du palmier Copernica, elle remplace la cire d’abeille.
La cire du tronc de Ceroxylon quindiuense permettait autrefois de fabriquer des bougies.
∙ Encre de Chine avec les noyaux.
∙ Les épines (éventuelles) du stipe sont utilisées pour le tatouage.
∙ Le charbon issu du stipe est à combustion lente.
– Médicinales
Pour les plus connues :
∙ La noix d’arec ou chique de bétel est le fruit orangé de 6 cm de Areca catechu, elle est considérée comme un des plus importants stimulants, coupe-faim, grisant…À ne pas confondre avec le bétel Piper betle une grimpante de la famille des pipéracées et le cachou de l’acacia Senegalia catechu.
∙ Prostate : les baies de Serenoa repens, le palmier nain de Floride, favorisent le maintien d’une bonne fonction urinaire chez un homme d’un certain âge, elles diminuent la sécrétion de sébum et régulent les androgènes.
∙ Les racines ont de nombreuses propriétés : diurétique, tonique, antidiarrhéique, antiseptique…
∙∙Les graines broyées de certaines espèces sont un bon remède contre la fièvre.
– Cosmétologie
Savon, monoï, dentifrice…
– Écologie
∙ Nourriture, feuilles et fruits, de la faune sauvage et du bétail, site de nidification.
Certains animaux comme les perroquets, l’ours à lunettes… apprécient le cœur du palmier. Au Chili, un charmant petit rongeur, Octogon degus, vit en coévolution avec Jubaea chilensis, il se régale de ses fruits en participant activement à la dissémination.
Le palmier du genre Hyophorbe tient son nom de l’utilisation de ses fruits pour nourrir les cochons : hys, hyos – cochon et phorbe – nourriture.
Le bétail peut avoir un impact catastrophique sur les populations de palmiers, par exemple, au Mexique les chèvres ravagent les peuplements de Brahea edulis.
∙ La présence de palmiers est un bon indicateur d’eaux souterraines.
∙ Certains palmiers luttent contre l’érosion par leur souche cespiteuse (traçante) tel Chamaerops qui repart aussi après un incendie ; les palmiers-dattiers cultivés dans les déserts favorisent un microclimat nécessaire à d’autres cultures fruitières qui elles-mêmes protègent des cultures céréalières. Les palmiers marécageux assainissent le sol.
La disposition ouverte en entonnoir des feuilles de certains palmiers leur permet, au fil des années, de produire en leur sein un humus nourrissant où certaines plantes s’installent ; en Guyane, on les appelle les palmiers poubelles. Dans les régions tropicales, des plantes épiphytes s’y installent facilement ainsi que sur le stipe ayant subi un traumatisme, en effet, ne produisant pas de croissances secondaires, la partie heurtée ne se comble pas ce qui peut entrainer des maladies ou, dans les meilleurs cas, accueillir de nouvelles plantes.
– Ornementales
Sur la Côte d’Azur, le succès des palmiers est indéniable et on pourrait même penser qu’ils ne sont jamais partis de cette région, mais partout en France, tout le monde peut avoir son petit coin d’exotisme en plantant certaines espèces très rustiques.
Dans le sud de la France, les Washingtonia et les Phoenix sont les plus plantés. Si le palmier-dattier est bien connu, le faux-dattier des Canaries, avant sa destruction annoncée par le charançon, était aussi très réputé pour sa valeur ornementale ; sur la Côte d’Azur, il est souvent remplacé par son cousin Phoenix dactylifera un peu plus résistant mais aussi par un tout autre genre au style différent, le Syagrus romanzoffiana.
À l’intérieur des habitations, les palmiers sont considérés comme des purificateurs d’air : les Chamaedorea elegans et mettalica ainsi que Rhapis excelsa, le palmier bambou, sont particulièrement prisés pour leur tolérance à l’ombre mais Livistona rotundifolia, Dypsis lutescens, Phoenix roebelenii, Howea forsteriana supportent aussi très bien les intérieurs. Toutes ces espèces garderont toutefois une forme naine et ne fleuriront jamais.
De nombreux jardins avec collections, de nombreuses associations (souvent en forums), de nombreux ouvrages sont dédiés aux palmiers ; en France, ‘les fous de palmiers’ est une association bien connue. Les collectionneurs de palmiers sont des palmiéristes.
– Mythologie
Apollon et Artémis sont nés sous un palmier sur l’île de Délos en Grèce. Le palmier est symbole de vie éternelle pour la déesse Isis des Égyptiens. C’est le symbole de la force créatrice de la nature de la déesse Ishtar (Astarté), déesse mésopotamienne de l’amour et de la guerre.
– Symboles
∙ Le cocotier est symbole des Tropiques.
∙ Le phoenix (palmier-dattier) est symbole d’immortalité, de renaissance et de régénération grâce à sa souche qui renouvelle de nouveaux individus. Pline l’Ancien aurait écrit : « l’arbre qui porte les dattes meurt et renaît de lui-même comme l’oiseau Phénix dont il porte le nom ».
∙ En arabe, l’expression ‘au-dessus des palmiers’ évoque un sentiment d’euphorie, de satisfaction ou de grand bonheur.
∙ Depuis que l’homme le cultive, le palmier symbolise l’arbre de vie, la fécondité et le succès. Autrefois, c’était un symbole de victoire et de triomphe pour les guerriers, il est raconté que les soldats de Napoléon Bonaparte entrèrent en Égypte en portant des branches de palmier, emblèmes de leur victoire ; les sportifs Romains et les Grecs anciens symbolisaient aussi leurs victoires avec des palmes. Actuellement, c’est le symbole des rugbymen fidjiens ; le tatouage de palmier symbolise la victoire et la vie.
∙ La palme est une des nombreuses représentations du caducée : afin de se dissocier des épiciers, les apothicaires parisiens (probablement du XVI° ou XVII° siècle) créèrent un jeton, symbolisant l’école supérieure de pharmacie de Paris, représentant un palmier, un serpent et des roches, emblèmes des trois règnes, végétal, minéral et animal.
– Religions et pratiques spirituelles
Dans tous les pays, où les palmiers règnent, sont nés des légendes, des divinations et des rituels pour attirer leur bonne faveur. Leurs origines sont souvent associées aux miracles.
∙Dattes et palmes faisaient partie du ‘grand voyage’ dans les sarcophages égyptiens ; il est raconté que huit corbeilles de fruits du palmier doum ont été retrouvées dans la tombe de Toutankhamon comme offrandes ; cette plante sacrée était un emblème mortuaire et un insigne royal, elle était plantée autour des tombeaux.
∙ Les palmiers sont évoqués dans les trois religions monothéistes ce qui indique leur importance pour les humains.
En Italie, le but de la palmiculture n’était pas alimentaire, car les dattes par manque de chaleur n’arrivent jamais à maturité, mais permettait la production de palmes nécessaires aux rituels chrétiens et juifs ; selon la légende, ce serait Saint Ampelio (V° siècle), saint patron de la ville de Bordighera, qui aurait ramené des graines de son pays natal l’Égypte.
Lors de la ‘Fête des Cabanes’- Soukhot, la fête des récoltes à l’automne, symbole de paix et d’abondance, les pratiquants juifs utilisent rituellement un rameau composé de branches de palmier, de saule, de myrte et d’un cédrat.
Dans l’iconographie chrétienne, la palme est le symbole des martyrs. Le jour des palmes chrétien, le dimanche des rameaux symbolise la justice et la résurrection, il rappelle l’entrée de Jésus dans Jérusalem accueilli par le peuple brandissant des feuilles de palmier. Afin de commémorer ce jour, des chrétiens avertis ligaturent et tressent de façon traditionnelle des segments de palmes – parmurelu – qui participeront aux cérémonies ; le palmier-dattier Phoenix dactylifera était le plus utilisé mais Phoenix canariensis l’a souvent remplacé pour la meilleure qualité de ses palmes. La palmiculture est donc une culture liée aux rituels des religions, elle permet de produire des palmes sélectionnées selon des caractéristiques bien différentes et très précises selon la religion pour lesquelles elles sont destinées : les palmes ‘jeunes’ pour les fêtes juives (ebrea) et les palmes ‘blanches’ (ligaturées) pour les fêtes chrétiennes de Pâques (romana). La palmeraie de Bordighera en Italie, non loin de la frontière de Menton, est réputée pour sa palmiculture dès le début du Moyen-Âge (peut-être même beaucoup plus tôt), elle correspond aussi à l’introduction du cédratier, fruit utilisé dans les rituels juifs. Bordighera et Sanremo étaient à l’époque les fournisseurs officiels de palmes pour le Vatican. Si dans le sud de la France, les feuilles de palmier sont encore utilisées, ailleurs le rameau est plutôt en buis ou en olivier.
Dans le Coran, le palmier est souvent évoqué, il représente la miséricorde de Dieu et ses bienfaits, d’ailleurs Dieu aurait créé le palmier-dattier de la poussière résultant de la création d’Adam. Mahomet aurait dit : « Il y a parmi les arbres un dont les feuilles ne tombent pas. Il est comme le musulman… C’est le dattier ». C’est le symbole de prospérité des pays arabes. Il est raconté que durant l’Antiquité, les habitants des régions d’origine du palmier-dattier n’hésitaient pas à se livrer bataille en détruisant les pieds mâles de cette plante dioïque afin d’affamer leurs ennemis ! Cette pratique fut interdite par le Prophète qui la considérait comme un ‘Acte de sacrilège contre cette terre’.
– Drapeaux et symboles végétales
Le palmier apparaît sur de nombreux drapeaux : Haïti, Guam, Floride et Caroline du Sud… sur des armoiries : Côte d’Ivoire, Haïti, Libéria, Sierra Leone, Suriname, Îles Cocos, Guam… sur des sceaux : Mauritanie, États fédérés de Micronésie…
Quelques exemples :
Ceroxylon quindiuense est l’arbre national de la Colombie officialisé en 1985.
Roystonea regia est l’arbre national de Cuba, il apparaît aussi sur le blason symbolisant la ténacité et la résistance du peuple cubain, on retrouve la ténacité de ce palmier face aux ouragans et aux cyclones, c’est d’ailleurs la seule plante de cette hauteur (25 m) qui y résiste.
Phoenix dactylifera est l’arbre national de l’Arabie saoudite ; il apparaît comme emblème avec deux cimeterres.
Phoenix canariensis est un des emblèmes végétales de l’archipel des Canaries.
Cocos nucifera est l’arbre national des Maldives.
Copernicia prunifera, le palmier carnaúba est le symbole de l’état Ceará au Brésil.
Lodoicea callipyge est l’emblème des Seychelles et de l’île de Praslin. Le fruit est représenté sur les pièces de 5 roupies.
En France, le palmier et le crocodile sont les emblèmes de la ville de Nîmes rappelant la victoire de l’empereur Auguste en Égypte contre Marc-Antoine et Cléopâtre.
– Représentations artistiques
∙ Architectures et motifs picturaux : la palmette.
En Égypte ancienne, les palmiers étaient très bien représentés par des motifs picturaux, particulièrement Phoenix dactylifera et Hyphaene thebaica, sous la forme d’un motif artistique plat appelé ‘la palmette’ ; cette représentation du palmier-dattier apparaît 4 000 ans av. J.-C. en Mésopotamie sur des sceaux cylindriques.
La palmette est un motif décoratif de murs, de plafonds ou de colonnes. Des palmiers stylisés sont représentés sur la porte d’Ishtar, une des portes de l’ancienne Babylone.
Un chapiteau palmiforme est une colonne dont le sommet se termine par neuf feuilles ligaturées. Au sein de l’église du couvent des Jacobins à Toulouse, on peut admirer une structure dont un des piliers de 28 m de haut représente le stipe d’un palmier d’où s’échappe vingt-deux nervures qui rayonnent dans la coupole. Cette structure a inspiré Paul Claudel : « Un pilier unique d’où s’échappe de tous côtés un torrent de nervures, une chevelure de directions, une ascension de palmes, qui ne s’élèvent que pour retomber perpendiculairement, comme succombant au fruit. »
∙ Représentations sur des pièces de monnaie et sur des timbres.
∙ Motif de tissu et papier peint. Actuellement, la House of Hackney en Angleterre est réputée pour ses imprimés et ses panneaux muraux au motif de palmiers.
∙ La Maison Jansen est connue pour ses luminaires représentant des palmes.
∙ Palme d’or de Cannes
Cette récompense du Festival de cinéma à Cannes représente une palme stylisée. Ce motif est tiré des armes de la ville de Cannes faisant référence à une légende très ancienne : le saint chrétien, Saint Honorat (vers 375-430) s’installa sur une des petites îles de Lérins face à Cannes ; afin de rendre habitable cette île infestée de serpents, St Honorat les aurait fait fuir à l’aide d’une palme ; une autre version évoque un raz de marée provoqué par Dieu à la demande de St Honorat perché sur un palmier afin de détruire les fameux serpents. Rien ne prouve l’existence de palmier sur cette île à cette époque et cette représentation serait plus à rapprocher des roseaux mais rien ne l’indique non plus.
∙ Poésies et littérature
Le botaniste français Charles Louis Gatin (1877-1916), spécialiste des monocotylédones et particulièrement des palmiers et de leur germination, a écrit dans son ouvrage ‘Les Palmiers’ :
« Ces arbres merveilleux, vénérés par les anciens, chantés par les poètes de l’Orient, admirés par les voyageurs, évoquent pour nous les lointains pays que brûle le soleil des tropiques ».
George Sand dans son roman ‘Indiana’ déclare : « Au sein des forêts, l’art a trouvé dans le palmier l’un de ses plus beaux modèles ».
Dans le ‘Conte des Mille et une nuits’, le personnage Sinbab le Marin évoque les noix de coco.
Le poète cubain José-Maria de Heredia dans ‘Niagara’ évoque le palmier royal :
« Les palmes de mes champs, ces royales altesses,
Qui naissent du sourire embrasé du soleil,
Et se dressent bien haut, loin dans l’azur vermeil,
Et de leurs rameaux verts, en leur cadence exquise,
Balancent l’éventail au souffle de la brise. »
∙ Peinture :
C’est un thème très apprécié et inspirant : Raphaël le représente dans sa peinture ‘ Sainte famille au palmier’, Verrochio dans son ‘Baptême du Christ’, Monet et Renoir les illustrent lors de leurs visites à Bordighera en Italie où ils sont largement présents ; pour Claude Monet, Bordighera représentait le ’paradis sur terre’ et lors d’un séjour il peint cinq tableaux.
Picasso a réalisé une très belle œuvre intitulée ‘Pamiers Picasso dorés’.
Mise à jour le 8 juillet 2024.