Sous-famille Coryphoideae, tribu Trachycarpeae (autrefois intitulée Livistoneae), sous-tribu Rhapidineae.
Ce genre est originaire du nord de l’Inde, de Chine et de Birmanie et comporte moins de 10 espèces montagnardes ; ici, nous nous intéressons à l’espèce fortunei dont la rusticité de -15 à -18°C lui a permis de se développer dans une grande partie de l’Europe tempérée, c’est le palmier le plus planté en France et jusqu’en Belgique, de plus il est assez indifférent à la qualité du sol.
Il ressemble à s’y méprendre au Chamaerops humilis, d’ailleurs il fut nommé Chamaerops excelsa en 1784 par le naturaliste suédois Carl Thunberg, puis il fut reclassé en 1863 dans le genre Trachycarpus avec l’épithète fortunei par le spécialiste des palmiers Hermann Wendland.
Trachycarpus du grec ‘trachys’ – rugueux et ‘carpos’ – fruit, en référence à la saveur âpre des fruits. Son épithète fortunei est une dédicace au botaniste français Robert Fortune qui récolta des graines en Chine sur les îles de Chusan vers 1843, mais l’on doit sa première introduction en Europe à Philip Seibold, célèbre voyageur et collectionneur de plantes, qui de retour du Japon vers 1830 aurait ramené des graines à Amsterdam, néanmoins le premier à le mentionner en 1712 est le médecin et voyageur allemand Engelbert Kaempfer, auteur d’un ouvrage en 3 volumes sur l’Histoire du Japon.
Trachycarpus fortunei est surnommé palmier chanvre, palmier de Chine, moulin à vent…
Trachycarpus fortunei a été implanté en pleine terre en 1857 à la Villa Thuret au Cap d’Antibes.
– Stipe
C’est un palmier monocaule au stipe d’une dizaine de mètres pour 15 à 25 cm de diamètre sans les abondantes fibres brun foncé persistantes dont le stipe est recouvert d’où son nom de palmier chanvre.
Bien que plus grand, il ressemble fort à son cousin Trachycarpus wagnerianus dont les feuilles sont plus rigides.
– Palmes
Les feuilles indupliquées de 60 cm à 1 m ont une forme arrondie. Elles persistent longtemps formant un jupon autour du stipe mais, par esthétisme, le jardinier les enlève dès qu’elles retombent sèches. Le pétiole est lisse ou très peu denticulé ce qui le distingue de Chamaerops ; il est beaucoup plus long que le limbe ainsi exposé aux vents et donc aux turbulences d’où son nom de moulin à vent ; planté à l’ombre, le pétiole est particulièrement long à la recherche de lumière. Présence d’une hastula, chez les espèces martianus et latisectus l’hastula juvénile est entourée d’un tomentum blanc, un duvet épais.
– Floraison et fructification
Maturité sexuelle à partir de 7 à 10 ans. Les inflorescences en épis ramifiés sont annuelles au milieu du printemps, elles sont assez courtes et se développent à la base des feuilles. C’est une plante dioïque ou polygame ; les fleurs mâles sont jaune vif et les femelles jaune pâle. Les fruits sont des drupes noir-violacé de 1 à 1,5 cm comestibles mais peu goûteuses.
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Sous-famille Coryphoideae, tribu Trachycarpeae (autrefois intitulée Livistoneae), sous-tribu Rhapidineae.
Nommé par Linné en 1753. Le genre ne comporte que la seule espèce humilis originaire des régions méditerranéennes occidentales semi-arides ; peu exigeant sur la qualité du sol, il pousse même sur des sols calcaires, il est rustique et tolère des gels de -10 à -12°C.
Chamaerops du grec ‘chamaï’ – nain (à terre) et ‘rhôps’ – buisson, cette caractéristique est renforcée par l’épithète humilis du latin signifiant peu élevé ; les palmiers cultivés ne sont pas aussi nains.
Il est surnommé palmier nain, palmier méditerranéen, faux-palmier doum et aussi palmier de Goethe car le poète scientifique l’a mentionné dans son ouvrage ‘De la métamorphose des plantes’ en 1790 à partir d’un spécimen planté en 1585 en Italie dans le jardin botanique de Padoue dont il remarqua la différence morphologique des feuilles selon l’âge du pied qui les produit.
– Stipe
C’est un palmier en touffe, cespiteux par ses drageons et ses rejets, à l’état sauvage il est souvent acaule ; parfois, selon les conditions de culture, il peut ne développer qu’un seul stipe mais ce n’est pas courant hormis chez sa variété arborescens qui atteint 6 à 8 m sans drageonner. Généralement, Chamaerops est de forme naine de 2 à 4 m.
Le stipe est fibreux par ses gaines qui se désintègrent mais un peu moins que Trachycarpus.
– Palmes
Les feuilles indupliquées de 0,60 à 1 m sont raides et coriaces, généralement vertes, bleues pour la variété cerifera, elles sont plus effilées que celles du Trachycarpus. Une fois sèches, elles persistent longtemps autour du stipe mais le jardinier les enlève toujours. L’hastula forme un petit ourlet circulaire adaxiale moins prononcé que Trachycarpus. Le pétiole jusqu’à 1 m est particulièrement épineux ce qui le distingue de Trachycarpus fortunei.
– Floraison
Les inflorescences printanières en épis ramifiés sont dioïques ou polygames, elles sont assez courtes et se développent à la base des feuilles. Les fleurs sont jaunâtres, étant de la même sous-tribu que les Trachycarpus, elles se ressemblent.
– Fruits en drupes oblongues brun-rougeâtre de 2 à 5 cm dont l’odeur n’est pas toujours agréable ; ils ne sont pas comestibles.
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Ces deux genres de la même tribu sont très proches, mais en les regardant d’assez près il est facile de les distinguer. Généralement, le Chamaerops pousse en touffe contrairement au solitaire Trachycarpus, mais il y a des exceptions, de plus, les pépinièristes proposent des compositions de Trachycarpus avec plusieurs stipes donnant l’impression d’un palmier cespiteux.
Les feuilles de Chamaerops semblent plus effilées que Trachycarpus par l’apex des segments plus profondément bifide.
Le pétiole de Chamaerops est nettement épineux alors que celui de Trachycarpus est plutôt glabre ou très peu denticulé mais attention la variété du Chamaerops vulcaneo est inerme.
Présence d’une hastula adaxiale à l’aspect circulaire beaucoup plus prononcé chez Trachycarpus.
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Sous-famille Coryphoideae, tribu Trachycarpeae (autrefois intitulée Livistoneae)
Leur statut dans une sous-tribu est encore incertaine. Dans leur tribu, ces espèces se distinguent par des bractées pédonculaires en forme d’épée.
Ce genre fut créé en 1879 par le spécialiste des palmiers et de leur culture Hermann Wendland en honneur au premier président américain George Washington (1732-1799). Il existe deux espèces filifera et robusta et un hybride filibusta. Les espèces présentes dans nos parcs et jardins sont souvent issues d’hybridations et il est bien difficile d’affirmer l’authenticité de l’espèce.
Washingtonia filifera ou palmier jupon est originaire du sud de la Californie, c’est le palmier emblématique de Los Angeles. Il a été introduit en Europe en 1875, puis en France en 1877 à Golfe Juan.
Washingtonia robusta ou palmier jupon vient du Mexique ; le toupet de feuilles de robusta au sommet d’un fin et long stipe lui a donné le nom de chiffon à poussière du ciel aux USA, sky duster. Il fut introduit dans le sud de la France en 1882 à Marseille et en 1883 à Golfe Juan grâce au professeur d’art et paysagiste Édouard André, toutefois ce serait l’horticulteur belge Louis van Houtte qui l’aurait introduit en Europe.
L’espèce filifera est plus résistante au froid de -10 à – 12°C et robusta de -6 à -10°C.
Ils semblent assez indifférents à la qualité du sol.
Leurs épithètes filifera et robusta n’indiquent pas de caractéristiques formelles vu que tous deux produisent des filaments sur leurs feuilles et filifera développe un port plus robuste que l’espèce robusta plus fin contrairement à son nom.
À l’âge adulte, ils sont facilement repérables car ce sont les palmiers à feuilles palmées les plus hauts de France.
La croissance rapide l’est encore plus pour robusta.
– Stipe
Le stipe généralement solitaire atteint jusqu’à 25 à 30 m de haut pour robusta et, un peu moins, 20 m pour filifera mais ce dernier est plus épais et élargi à la base jusqu’à 1,20 m de diamètre ; filifera est rectiligne et robusta parfois un peu courbé.
– Palmes
Ces espèces portent de 8 à 25 palmes.
Les feuilles indupliquées de 1,5 à 3 m sont palmées parfois un peu costapalmées, aux segments filamenteux (moins chez robusta).
Chez filifera, le houppier est plus fourni, les feuilles sont très larges, moins circulaires, plus vert gris, chez robusta elles sont vert foncé et brillantes. L’échancrure des segments (apoptose) se fait sur les 2/3 ou la moitié du limbe ; chez filifera les segments sont plus érigés, chez robusta ils ont parfois tendance à retomber mais ce critère est à prendre avec précaution car dépendant des conditions de cultures venteuses ou pas ou bien d’un spécimen issu d’hybridation.
Le pétiole de 1,50 m pour robusta jusqu’à 2 m pour filifera est bien différent selon l’espèce : celui de filifera est vert avec une base parfois légèrement rouge-brun, les dents de la marge particulièrement présentes à la base sont simples et orangées ; chez robusta, la base foliaire est rouge brun à violet, les dents sont larges et crochues souvent orangées à rouge-brun sur tout le pétiole.
L’hastula est triangulaire, elle forme une pointe nettement plus longue au revers, elle est plus longue et glabre chez filifera mais chez robusta la marge est tomenteuse (cotonneuse) au revers.
Les feuilles mortes sont généralement marcescentes (persistantes) mais souvent le jardinier finit par les couper gardant la base des pétioles afin de ne pas abimer le stipe ; cette base finit par se désagréger laissant un stipe nu aux stries longitudinales.
La base des pétioles finit par se fendre en deux avec le temps ; cette caractéristique particulière permet de les différencier des genres Brahea et Livistona de la même tribu.
– Floraison
Maturité sexuelle à partir de 20 ans. Les inflorescences interfoliaires aux fleurs hermaphrodites blanches à crème se développent chaque année en été ; elles peuvent mesurer jusqu’à 4 m, leur pédoncule est arqué. Elles seraient un peu plus longues chez filifera.
– Fruits très petits de 6 à 10 mm en drupes ovales et noires. Ils sont comestibles, utilisés en farine, mais ce sont surtout les oiseaux qui les apprécient.
– L’hybride filibusta est particulièrement commercialisé. S’il est de type filifera – femelle filifera pollinisée par un mâle robusta – l’hastula présente peu de tomentum autour de ses marges. S’il est de type robusta – femelle robusta pollinisée par un mâle filifera – la base du pétiole est plus brunâtre.
Les espèces et leurs hybrides ne sont pas faciles à différencier et sans une étiquette certifiée par un professionnel digne de ce nom, il est parfois bien difficile d’identifier les espèces pures de leurs hybrides d’autant qu’il faudrait aussi pouvoir les observer au même âge et dans des conditions de cultures équivalentes.
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Sous-famille Coryphoideae, tribu Trachycarpeae (autrefois intitulée Livistoneae), sous-tribu Livistoninae
Les 28 à 35 espèces sont originaires du Nouveau Monde, de l’Asie et de l’Australie sauf Livistona carinensis d’Afrique du centre-est jusqu’au Yémen.
Toutes les espèces ne sont pas rustiques et beaucoup sont gélives telle Livistona rotundifolia très prisée comme palmier d’intérieur, on peut toutefois trouver quelques espèces en pleine terre dans le sud de la France tolérant jusqu’à -6 à -8°C telles australis, chinensis, mariae, saribus… Elles se développent généralement sur des sols frais ou humides.
Le nom de genre Livistona est une dédicace, en 1810, du botaniste écossais Robert Brown ((1773-1858) à Patrick Murray (1632-1671) baron de Livingston, passionné de botanique et explorateur.
Le nom populaire de palmier éventail tient à la forme des feuilles. La pointe des segments est souvent retombante ce qui leur a donné le nom de palmier fontaine et particulièrement pour l’espèce chinensis. On peut aussi les trouver sous le nom de latanier.
Ce genre fut introduit en France de 1860 à 1862 à Hyères et à la Villa Thuret au Cap d’Antibes.
La croissance est lente.
– Stipe monocaule de 20 à 25 m jusqu’à 40 m pour l’espèce saribus. Naturellement, il est recouvert des feuilles mortes mais si elles sont ôtées, la base des palmes laisse une empreinte circulaire qui donne au stipe un aspect annelé.
– Palmes
Les feuilles indupliquées, presque circulaires, de 0,80 cm à 1,50 m (jusqu’à 2 m pour saribus) sont légèrement costapalmées ou parfois simplement palmées. Les segments rigides sont souvent divisés profondément, l’apex est retombant et généralement bifide. Le pétiole de 1,50 m porte généralement des épines particulièrement vers la base mais elles sont nettement moins féroces que celles du Washingtonia robusta, il peut aussi être lisse ; la base du pétiole n’est pas fendue contrairement aux Washingtonia ce qui permet de les distinguer.
Les gaines foliaires deviennent très fibreuses. Présence d’une hastula adaxiale plus ou moins arrondie, l’abaxiale est peu développée ou absente.
– Floraison
Les fleurs sont un critère d’identification permettant de les distinguer d’autres genres. Les inflorescences estivales en courtes panicules axillaires portent des fleurs jaune clair à crème généralement hermaphrodites, rarement dioïques.
– Fruits en drupes noir-bleuté à violettes, de la taille d’une olive soit 2,5 cm.
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Sous-famille Coryphoideae, tribu Trachycarpeae (autrefois intitulée Livistoneae), leur statut dans une sous-tribu est encore incertaine.
Le nom Brahea fut donné par un des premiers spécialistes des palmiers, le botaniste allemand Carl Martius (1794-1868), afin d’honorer l’astronome danois Tycho Brahe (1546-1601). Autrefois, ce genre fut nommé Erythea, nom d’une des Hespérides (nymphes-déesses de la mythologie grecque) rappelant ainsi son origine occidentale.
Ce genre est originaire des régions semi-arides d’Amérique centrale avec 11 à 16 espèces selon les auteurs, plusieurs d’entre elles sont rustiques de -8°C et jusqu’à -12°C pour l’espèce armata, cette dernière est particulièrement prisée dans le sud de la France non seulement pour sa rusticité mais particulièrement pour la beauté de ses feuilles bleutées, et jusqu’à -14°C pour le palmier nain de la Sierra Madre Brahea decumbens aux feuilles bleu-acier, espèce très rare.
Les espèces de Brahea apprécient un sol un peu calcaire mais ne sont pas exigeantes.
Brahea armata a été introduit vers 1877 au Cap d’Antibes à la Villa Thuret et edulis vers 1880 à Hyères.
Certaines espèces se trouvent naturellement en compagnie du genre Washingtonia de la même tribu, elles en diffèrent par une croissance lente (l’espèce brandegeei est plus rapide).
– Stipe
Le stipe est très différent selon l’espèce, il est souvent monocaule et robuste, de 6 à 10 m jusqu’à 15 m pour un diamètre de 45 cm pour les plus grands, armata et brandegeei ; le stipe de 2 m de l’espèce decumbens reste couché au sol, celui de moorei est souterrain, celui de edulis peut être cespiteux.
Le stipe est recouvert partiellement d’un jupon de feuilles, l’espèce dulcis serait la seule à perdre assez rapidement ses feuilles mortes laissant apparaître un stipe annelé, plutôt gris ou beige clair, il se différencie ainsi des Washingtonia dont le stipe nu est plus foncé.
– Palmes
Feuilles indupliquées de 1 à 2 m, rigides, en éventail, plus ou moins costapalmées, de vertes à bleutées. Les segments sont échancrés jusqu’au milieu et bifides à la pointe. L’hastula est assez peu marquée. La base foliaire se désintègre en fibres.
Le pétiole peut être glabre mais il est souvent épineux, toutefois moins que ceux du Washingtonia robusta, chez certaines espèces il est aussi tomenteux.
– Floraison
Maturité sexuelle à partir de 30 à 40 ans. Les inflorescences annuelles, estivales ou printanières selon l’espèce, sont interfoliaires, elles forment des panicules plus ou moins longues selon l’espèce, celles de l’espèce armata jusqu’à plus de 5 m sont impressionnantes ; elles portent des fleurs hermaphrodites couleur ivoire.
– Fruits en drupes de 1,5 à 2 cm ; ceux de l’espèce edulis sont comestibles d’où son nom, mais aussi ceux de brandegeei appelés ‘tacos’ au Mexique, ainsi que ceux de dulcis, le palmier à sucre mexicain…
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Sous-famille Coryphoideae, tribu Sabaleae
Cette tribu ne comprend qu’un seul genre avec une quinzaine d’espèces du sud de l’Amérique du Nord au nord de l’Amérique du Sud et particulièrement aux Caraïbes. L’espèce palmetto a été introduite en 1858 à la Villa Thuret.
Nom donné par le botaniste Michel Adanson, issu probablement d’un nom amérindien.
Certaines espèces tolèrent de -15 à -25°C.
Leur croissance est lente.
Ces espèces se distinguent par leur manque d’épines bien présentes généralement dans la famille des palmiers.
– Stipe
Espèces monocaules à stipe colonnaire ou très court ou souterrain. Les tailles sont variées, le plus grand, espèce mauritiformis, atteint 25 m.
Tous les Sabal avant de sortir de terre (s’ils le font) développent un rhizome qui reste court chez les formes arborescentes.
– Palmes
Feuilles nettement costapalmées, rigides, très grandes jusqu’à 2 m les rendant sensibles au vent, aux segments bifides. L’espèce bermudana est particulièrement costapalmée. Présence d’hastula plus ou moins longue.
Les feuilles persistent assez longtemps formant un jupon juste en-dessous de la couronne. La base foliaire persistante est largement fendue à sa base donnant un motif croisé très caractéristique tout au long du stipe. Le pétiole très long est lisse ce qui est assez rare dans le monde des palmiers.
– Floraison
Inflorescences annuelles, estivales, interfoliaires, portant des fleurs hermaphrodites de couleur crème.
– Fruits en drupes noires à maturité, de 0,8 à 1,5 cm.
Sous-famille Coryphoideae, tribu Phoeniceae
Ce genre comporte de 13 à 17 espèces, à feuilles pennées, qui s’hybrident assez facilement.
Le genre Phoenix a des origines diverses de l’Asie à l’Afrique, et pour les plus espèces les plus représentées en France : dactylifera du Moyen-Orient – canariensis des Canaries – sylvestris supposée de la péninsule arabique à l’Inde – roebelenii d’Asie du Sud-Est – theophrastii d’Europe en Crête – reclinata d’Afrique.
Phoenix vient du grec ancien ‘phoînix’ désignant le palmier-dattier, nom utilisé par Théophraste et Pline l’Ancien pour identifier le palmier cultivé par les Phéniciens (habitants du Liban actuel) ; phoenix désigne aussi cet oiseau fabuleux, le phénix qui se relève de ses cendres, Pline l’Ancien évoque cet oiseau qui aurait emprunté son nom au palmier Phoenix dactylifera, Pline avait dû remarquer que ce palmier renaissait par sa souche cespiteuse.
L’espèce dactylifera et l’espèce canariensis sont les plus représentées sur la Côte d’Azur ; leur tolérance au gel atteint les -10 à -12°C.
Les espèces du genre Phoenix se distinguent des palmiers à feuilles pennées par des folioles indupliquées, en V.
Leur maturité sexuelle est assez précoce à partir de 6 à 8 jusqu’à 10 ans ; ce sont des plantes dioïques à floraison annuelle au milieu du printemps ou estivales selon l’espèce, en inflorescences interfoliaires protégées par une grande bractée ; les inflorescences mâles blanc-crème sont beaucoup plus courtes que les femelles, du blanc au blanc-verdâtre au jaune pâle, portées par un très long pétiole.
∙ Phoenix dactylifera
Comme le genre auquel elle appartient, cette espèce a été nommée par Linné en 1734, du grec ‘dactylos’ – doigt en référence au fruit. Elle est surnommée ‘vrai-dattier’ afin de la distinguer du canariensis, le faux-dattier dont les fruits ne sont pas commercialisés car plus petits et peu goûteux.
Cette espèce est cultivée depuis si longtemps qu’elle n’existe plus dans la nature, c’est en fait un hybride de parents inconnus. Il existerait des milliers de cultivars mais seulement 500 sont vraiment cultivés.
Elle aurait été introduite en France dès 1564 à Hyères.
– Stipe de 25 à 30 m avec un diamètre de 40 à 50 cm, plus fin et plus grand que canariensis. Les gaines foliaires brun-rougeâtre persistent longtemps et leur base laisse une empreinte noueuse sur le stipe en forme de losange. Cette espèce peut être cespiteuse ce qui la distingue de canariensis ou de sylvestris.
– Palmes
La couronne des feuilles bleu-vert glauque est moins dense que celle du canariensis. Les feuilles longues de 4 à 6 m sont plutôt érigées ; le pétiole est particulièrement jaune, sa base est nettement moins épineuse que canariensis. Les folioles sont réparties de chaque côté du rachis (80) par groupe de 2 ou 3, leur position à l’oblique donne un effet élancé à la palme alors que celles de canariensis sont insérées presqu’à angle droit sur le rachis et nettement plus rapprochées les unes des autres donnant un aspect plus massif mais plus régulier.
– Inflorescences et fruits
Les inflorescences mâles sont plus courtes que les femelles, on les reconnait par une partie médiane renflé ; les épillets de fleurs mâles portent plus de fleurs que les femelles.
La pulpe des fruits est plus épaisse que canariensis mais, dans nos régions, les fruits n’arrivent pas à maturité ou sont de qualités médiocres faute de chaleur, leur taille varie de 3 à 5 cm.
∙ Phoenix canariensis (ex vigieri)
Ce palmier fut nommé en 1882 par le botaniste français Justin Chabaud, un des grands spécialistes d’acclimatation sur la Côte d’Azur, qui le distingue alors du dactylifera ; canariensis rappelle son origine.
Ce faux-dattier a été introduit en1864 à Nice dans le parc ‘Vigier’, du nom du Vicomte qui l’a introduit. Il est présent jusqu’en Suisse. On le trouve souvent associé avec le Washingtonia robusta avec qui il partage les mêmes conditions de sol et de températures.
– Stipe monocaule, jusqu’à 15 à 20 m pour 60 à 90 cm de diamètre voire plus, il est plus robuste, trapu et plus droit que dactylifera ; à l’état juvénile, il présente une allure d’ananas. Une fois les feuilles tombées, le stipe brun foncé est rugueux par ses bases foliaires marcescentes en forme de losange.
– Palmes
La couronne de feuilles est fournie d’une centaine de feuilles contrairement à celle de dactylifera avec une cinquantaine de feuilles au maximum. Les palmes de 5 à 6 m sur 25 à 30 cm de large sont particulièrement vertes foncées, recourbées vers l’extérieur ; le long pétiole de 1 m est plus arqué que dactylifera, sa base est couverte d’épines de 10 à 20 cm, vertes devenant jaunes, la gaine fibreuse est brun-rougeâtre. Les folioles très rapprochées sont au nombre de 200 de chaque côté, elles sont réparties régulièrement.
– Fruits petits de 1,5 à 2 cm, orange, à peau épaisse et peu de chair, au goût plutôt désagréable ; la variété porphyrocarpa à fruits rouges est plus résistante au froid.
∙ Phoenix theophrastii, vayi en crétois
C’est avec le Chamaerops humilis le seul palmier européen.
Il a été nommé en 1967 par le botaniste suisse Werner Greuter en honneur au grand savant Théophraste qui l’avait décrit à son époque (soit 300 av. J.-C.).
Il est très proche du dactylifera, cespiteux comme lui ; certains pensent même que cette espèce est une espèce sauvage de dactylifera. Il tolère jusqu’à -12°C.
Le stipe de 17 à 20 m pour 50 cm de diamètre porte une couronne plus touffue que dactylifera mais moins que canariensis, constituée de 50 à 70 feuilles de 2 à 4 m, généralement gris-bleuté ; le pétiole est très épineux rendant la plante impénétrable quand elle est jeune ; les folioles de 65 à 100 de chaque côté sont disposées irrégulièrement sur deux plans. Les bases foliaires laissent une cicatrice en forme de losange. Les fleurs sentent le moisi (système de défense). Les fruits sont petits (1,5 cm) et moins savoureux que dactylifera car farineux.
∙ Phoenix reclinata
C’est le dattier du Sénégal.
Il a été nommé par le botaniste néerlandais Nikolaus von Jacquin en 1809. Il a été introduit en 1879 à la Villa Thuret.
Il tolère jusqu’à -8°C.
Le stipe plus ou moins incliné, d’où son épithète, de 7 à 15 m sur 15 à 30 cm, porte 20 à 40 feuilles arquées de 2 à 3 m de long ; le pétiole de 30 cm est épineux, le reste des gaines foliaires persistantes forment des anneaux sur le stipe qui finit par devenir lisse. C’est un palmier particulièrement cespiteux. Les fruits orangés sont particulièrement sucrés et appréciés des perroquets.
∙ Phoenix roebelenii
Il fut nommé en 1889 par le botaniste James O’Brien en honneur à Carl Roebelen, chercheur de plantes pour la pépinière Frederick Sander, qui l’a découvert au Laos. Il est indigène des bords du Mékong.
Il tolère jusqu’à -4°C. C’est une espèce rhéophile, mais il supporte aussi la sécheresse ce qui en fait un bon candidat en intérieur.
C’est un palmier nain de 1 à 2 (3) m pour 10 à 15 cm de diamètre. Le stipe cespiteux est souvent monocaule en culture, les reliques proéminentes des gaines persistantes forment une bosse centrale.
Les feuilles de 1 à 2 m sont fines et souples ; les folioles sont régulièrement disposées par 25 à 50 de chaque côté du rachis.
Les inflorescences interfoliaires au début du printemps sont très ramifiées.
Les fruits orange de 1 à 2 cm deviennent brun-rougeâtre à maturité ; ils ne sont pas comestibles.
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Sous famille Arecoideae, tribu Cocoseae , sous-tribu Attaleinae
Ce genre est proche du Jubaea et des Syagrus.
De 7 à 9 espèces originaires de la pampa de l’Amérique du Sud : Brésil – Uruguay – Paraguay – Argentine. Les espèces les plus résistantes tolèrent de -10 à -12°C.
Le nom Butia fut donné en 1887 par le naturaliste botaniste et explorateur italien Odoardo Beccari ; ce nom est issu de m’botia du guarani (langue amérindienne) signifiant dent incurvée en référence aux marges de la base du pétiole.
La croissance est lente.
Leur allure est particulièrement caractéristique par le port arqué des feuilles parfois jusqu’au sol qui les distingue des Phoenix.
– Stipe
Le stipe solitaire ou cespiteux est épais. Après la chute des feuilles, il se caractérise par la persistance de ses longues bases foliaires qui finissent avec l’âge par tomber laissant apparaître un stipe gris et annelé, conservant parfois la base de la gaine.
– Palmes
Les feuilles vert bleutée, de 2 m et plus, sont aussi très caractéristiques parce qu’elles se distinguent par un port particulièrement arqué. Le pétiole de 0,60 à 1 m présente une base épineuse. Les folioles sont rédupliquées, en forme de toit ∧.
– Floraison
Les espèces sont monoïques. Les inflorescences interfoliaires sont protégées par un prophylle et une bractée pédonculaire. Les fleurs jaune clair à pourpre se développent en triade, 2 mâles et 1 femelle, suivie de fleurs mâles.
– Fruits jaune orangé à périanthe persistant, en drupe à 3 pores développant 1 ou 3 graines. Les fruits ont une forme différente selon l’espèce.
– Deux espèces sont souvent plantées sur la Côte d’Azur : Butia yatay au stipe pouvant s’élever de 8 à 12 m et aux fruits fibreux de forme allongée et nettement acuminée dont le goût est désagréable et Butia capitata (odorata), le palmier abricot au stipe de 5 à 6 m, aux fruits ronds, acidulés.
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Sous famille Arecoideae, tribu Cocoseae , sous-tribu Attaleinae
Il est proche du genre Butia avec qui il s’hybride : Butia eriospatha x Syagrus romanzoffiana : Butiagrus.
Il est originaire d’Amérique du Sud et particulièrement du sud du Brésil, du Paraguay et du nord-est de l’Argentine.
Tout d’abord classé dans le genre Cocos par Adelbert von Chamisso, il est reclassé en 1968 dans le genre Syagrus par le spécialiste américain des palmiers Sidney Glassman. L’origine du nom de genre Syagrus est inconnue ainsi que son nom populaire de palmier de la Reine, quant à son épithète, elle met à l’honneur le comte Nicolaï Roumiantsev (Romanzoff) qui encouragea les explorations russes en Amérique.
Il existe une trentaine d’espèces dans ce genre, mais c’est l’espèce romanzoffiana que l’on retrouve en France. Cet élégant palmier est de plus en plus planté à Nice sur la Côte d’Azur car il serait moins sensible aux attaques des ravageurs de palmiers, toutefois il est moins résistant au gel, jusqu’à -7°C ; il apprécie les sols acides et sa croissance est rapide.
– Stipe
Le stipe monocaule de 12 à 15 m pour 40 cm de large devient lisse et légèrement annelé et laisse apparaître une couleur gris beige une fois les bases foliaires désagrégées.
– Palmes
Les feuilles arquées sont longues de 3 à 4 m, le pétiole est lisse, long et filamenteux vers sa base. Les segments des feuilles s’insèrent de façon aléatoire sur différents angles leur donnant un aspect échevelé, plumeux, très reconnaissable.
– Floraison
C’est un palmier dioïque. La floraison interfoliaire intervient durant l’été en épis ramifiés, des panicules axillaires pouvant mesurer jusqu’à 90 cm.
– Les fruits de 2 à 3 cm, jaunes à maturité, ressemblent à de petites noix de coco avec ses opercules ; d’après certains auteurs, ils seraient comestibles.
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Seules les espèces les plus couramment représentées sont évoquées dans cet article mais, dans les jardins botaniques de la Côte d’Azur, d’autres espèces peuvent être découvertes en pleine terre : l’Archontophoenix cunninghamiana et le Howea forsteriana, d’Australie – le Ceroxylon parvifrons de la cordillère des Andes – le Nannorrhops nitchirana d’Afghanistan – les Trithrinax d’Argentine – les Rhapis de Chine – les Caryota, palmiers queue-de-poisson d’Asie – l’élégant Arenga engleri de Taïwan – le royal Roystonea regia de Cuba et enfin l’étonnant et majestueux Jubaea chilensis du Chili dont les plus beaux spécimens et probablement les plus anciens se trouvent à la Villa Thuret.
Mise à jour le 8 juillet 2024.