Le genre Hibiscus fait partie de la famille des Malvaceae caractérisée par la morphologie du tube staminal plus ou moins long portant les organes sexuels et par la présence souvent généralisée d’un calicule (ensemble de bractées vertes comparables aux sépales) qui se développe à l’extérieur des sépales et les double alternativement ; le nombre de bractées et la forme du calicule peuvent être des éléments d’identification ; le calicule est fréquent chez les rosacées et les malvacées.
C’est la famille des mauves, des roses trémières, du coton… Selon les auteurs, elle compte de 200 à 240 genres au minimum, avec plus de 2 500 espèces.
Le plus grand genre est l’Hibiscus avec au moins 200 à 300 espèces ; il existe de très nombreux hybrides et cultivars.
Le botaniste, pharmacien allemand, Carl Willdenow fut un des premiers à s’y intéresser botaniquement en 1800, puis de Candolle en 1824 ; on doit la première monographie (étude complète et détaillée d’un sujet précis) au botaniste suisse Bénédict Hochreutiner en 1900, qui à l’heure actuelle est considérée comme partiellement obsolète. De nombreux botanistes, taxonomistes se sont penchés sur cette immense famille, mais seules des recherches basées sur l’ADN pourraient définir de véritables sections dans le genre Hibiscus ainsi que la validité des noms des espèces, sous-espèces et variétés.
La grande difficulté dans la classification des hibiscus vient de leur succès : ce sont de très belles plantes qui, plus est, sont utiles à l’homme. Certaines sont cultivées depuis l’Antiquité, de plus certaines espèces et certaines sections s’hybrident très facilement ; deux milles ans plus tard, il est bien difficile de les identifier ; ce n’est pas un cas unique dans le monde végétal puisque les oliviers ont vécu la même épopée.
Originaires de toutes les zones tropicales et subtropicales et des zones tempérées chaudes ; de nombreuses espèces sont originaires d’Asie du Sud.
Certaines espèces auraient été introduites en Europe via l’Espagne dès le XII° siècle par les Maures, et de là en Amérique au XVII° siècle.
En France, on trouve un peu partout l’althéa – Hibiscus syriacus, mais sur la Côte d’Azur, on peut admirer en pleine terre différentes espèces telles rosa-sinensis, mutabilis, coccineus, moscheutos… L’espèce trionum est une petite herbacée originaire de l’est du bassin méditerranéen qui s’est naturalisée en Italie et sur la Côte d’Azur où elle pousse spontanément.
– Hibiscus L.
Nommé par Carl von Linné en 1753.
D’après Pedanius Dioscoride, le nom Hibiscus du latin Hibiscum vient du grec ‘Hibiskos’ désignant la guimauve – Althaea officinalis.
– Ketmie de l’arabe ‘Khatmi’ ou ‘Khitmi’ désignant la guimauve.
– Rose Mallow de mallow – la mauve rose, est un nom anglophone souvent utilisé pour désigner les hibiscus.
– フヨウ属 – Fuyô est son nom japonais.
– 木槿属 – Mu jin shu est son nom chinois.
– Points communs entre les hibiscus :
∙ Les différents organes sont souvent pubescents (poilus).
∙ Le tube floral – tube staminal plus ou moins long (critère d’identification), abritant les organes de reproduction est une des caractéristiques principales des Hibiscus.
∙ Le calice est doublé à l’extérieur d’un calicule (épicalice). Ce calicule forme une sorte de grillage autour des sépales et est constitué d’un disque plat d’où se développent plusieurs bractées (organes intermédiaires entre la feuille et le pétale) linéaires et arquées ou parfois campanulées.
– Ce sont des arbustes jusqu’à 5 m de haut, et une exception avec l’espèce tiliaceus atteignant au moins 10 m, donc un arbre ; cela peut être aussi des herbacées, vivaces pour la plupart, certaines sont annuelles et d’autres ont la partie supérieure qui disparaît durant les périodes froides puis repartent de la souche : Hibiscus moscheutos – hibiscus coccineus – Hibiscus cannabinus…
– Les feuilles persistantes ou caduques, selon l’espèce et la région de culture, sont alternées, souvent simples ou plus ou moins lobées. Elles présentent des formes variées selon l’espèce.
– Les fleurs hermaphrodites (bisexuées), nectarifères, développent des pièces florales par 5 sur un axe généralement symétrique comme une étoile – actinomorphe ; elles sont isolées ou en groupes.
Le bouton floral est souvent torsadé. Il s’épanouit la plupart du temps durant la nuit et au petit matin, aux premières lueurs du jour.
Les fleurs fanées restent très esthétiques.
∙ Au bout du pédoncule se développe un calicule formé de bractées libres ou campanulées.
∙ Le calice comporte 5 sépales libres ou campanulés.
∙ La corolle est composée de 5 pétales libres, parfois soudés à la base, parfois se chevauchant, parfois avec une base nettement effilée. La couleur des pétales est variée, le cœur de la fleur est souvent de couleur différente afin d’attirer les pollinisateurs vers le nectar et surtout, pour la plante, vers les organes sexuels.
∙ Les nombreuses étamines (pièces florales mâles) aux anthères (extrémités fertiles (pollen) de l’étamine) de couleurs variées selon l’espèce sont regroupées et soudées par leurs filets formant un tube plus ou moins long de couleur parfois semblable aux pétales, au centre duquel coulisse un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) plus long qui se termine par 5 stigmates (parties femelles réceptrices de pollen) correspondant aux 5 loges ovariennes, les stigmates peuvent être de couleur jaune, rouge, blanchâtre ou orange.
La fleur ne dégage aucun parfum, ce qui paraît très frustrant pour des humains interpellés par de telles beautés, mais il existe quelques rares exceptions telles les hibiscus hawaïens à fleurs blanches, waimeae et arnottianus.
La pollinisation peut être assurée par des insectes à longue langue, particulièrement des papillons, mais surtout par les oiseaux (à l’odorat médiocre) tels les colibris attirés par la couleur rouge.
La couleur voyante des fleurs compense leur aspect éphémère car certaines ne vivent que 24 heures, voire quelques heures, mais la période de floraison est généralement longue, de l’été à l’automne, voire toute l’année en régions appropriées.
En général, l’élément femelle n’est réceptif qu’après le flétrissement des étamines, évitant ainsi une autofécondation – consanguinité prohibée chez de nombreuses plantes, néanmoins certaines espèces sont auto-compatibles entre fleurs à proximité.
∙ L’ovaire supère (pièces florales insérées en dessous) est composé de 5 carpelles (loges) soudés portant 3 ovules chacun.
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– Chaque espèce compte de nombreux hybrides et cultivars aux couleurs variées, aux fleurs simples ou doubles, fleurs à multi-pétales aux étamines au nombre réduit à la faveur d’une modification en pétales. Un hybride non spécifique ou un cultivar est souvent infertile.
– Les fruits sont en capsules déhiscentes (ouverture spontanée), souvent pubescentes renfermant des graines généralement poilues. La dissémination est souvent anémochore (vent), parfois hydrochore (eau), parfois barochore (gravité).
La majorité ont des capsules sèches mais par exemples, l’espèce sabdariffa a une capsule charnue, l’espèce trionum a une capsule qui se gonfle.
– Ennemis
Les hibiscus sont souvent attaqués par des pucerons mais aussi par des cochenilles, des mouches, de l’oïdium…
L’hibiscus est cultivé depuis l’Antiquité en Égypte et en Asie du Sud-Est.
– Alimentaire
∙ Les feuilles des hibiscus herbacés à fleurs jaunes sont souvent consommées comme légume. Toutefois, toutes les fleurs d’hibiscus semblent comestibles crues ou cuites. Elles sont utilisées aussi comme colorant alimentaire.
∙ Les fleurs rentrent dans la composition de boissons rafraîchissantes et de thé. En Afrique de l’ouest, cette boisson très prisée est nommée bissap ou oseille de guinée, et en Égypte karkadé ; elle est préparée à base de fleurs séchées de l’espèce sabdariffa et particulièrement des calices et des calicules.
∙ Les graines des espèces sabdariffa et cannabinus sont riches en protéines et sont utilisées en farine pour l’alimentation animale.
– Cirage
Les pétales broyés de l’espèce rosa-sinensis donnent un jus noir d’où le nom de ‘Shoeblackplant’ donné parfois à cette plante.
– Textiles
Faisant partie de la famille du coton, l’hibiscus offre aussi diverses utilisations textiles.
Hibiscus cannabinus – chanvre de Deccan et Hibiscus sabdariffa – roselle, occupent une place importante dans la production mondiale des plantes textiles.
– Autrefois, fabrication de papier et de filets de pêche avec certaines espèces.
– Médicinales
La racine, la feuille et la fleur d’hibiscus possèdent de très nombreuses vertus médicinales, réputées pour être riche en vitamine E.
L’espèce sabdariffa est particulièrement utilisée.
– Cosmétiques et parfums
Soins anti-âge – lotion capillaire…
– Emblèmes floraux
∙ L’espèce rosa-sinensis pour la Malaisie.
∙ L’espèce syriacus pour la Corée du Sud.
∙ L’espèce brackenridgei est la fleur d’état de Hawaï.
– Symboles
∙ Au Vietnam, l’hibiscus symbolise une beauté vite fanée.
∙ L’Empereur chinois Meng Chang (934-965) avait une passion particulière pour les hibiscus ; il demanda alors à son peuple d’en planter autour de la ville de Chengdu qui devint ainsi la ville de l’hibiscus, symbole de gloire, de renommée et de splendeur. Chengdu, capitale du Sichuan, est la première ville chinoise jumelée avec la ville française de Montpellier en 1981.
– Offrandes à la déesse Kali.
En Inde, l’hibiscus blanc est dédié au Dieu Ganesh.
– Dans de nombreux pays, les fleurs ornent la chevelure des femmes. En Polynésie, une tradition dévoile les intentions des femmes : portée à l’oreille droite, la personne est célibataire, à gauche elle est prise.
– Très populaire au Japon, ils ont inspiré des artistes tels Hokusai (vers 1760-1849) ou Hiroshige (1797-1858).
Mise à jour octobre 2024.