Ce genre d’angiospermes (plantes à fleurs) est intégré dans les Fabaceae, les légumineuses, la 3ème plus grande famille de plantes après les Orchidaceae et les Asteraceae.
Autrefois classé dans la sous-famille des Caesalpinioideae, il se trouve désormais dans la sous-famille des Cercidoideae (ex Cercideae de Friedrich Bronn) ; en effet différentes analyses génétiques ont modifié la classification des légumineuses et 6 nouvelles sous-familles ont été créées mais ce point de vue scientifique complexe, même s’il est reconnu, ne fait pas l’adhésion auprès des amateurs de plantes qui continuent de reconnaitre seulement 3 sous-familles : Mimosoideae – Faboideae (ou Papilionaceae) – Caesalpinioideae.
Difficile de s’y retrouver dans le méandre des différentes classifications proposées, cela tient à la grande diversité de ce genre et de genres très proches.
À priori, la première classification des Cercideae d’Heinrich Georg Bronn en 1822 comptait 250 à 300 espèces réparties en deux sous-tribus : Cercidinae (3 ou 4 genres : Adenolobus – Cercis – Griffonia– (Lasiobema)) et les Bauhiniinae (2 genres : Bauhinia avec plusieurs sous-genres et Brenierea) mais il y eut d’autres révisions qui élevèrent les Cercideae au rang de sous-famille sous le nom de Cercidoideae (dont l’espèce type est le Cercis). On peut noter la révision des Bauhinia de l’institut de botanique systématique de Richard P. Wunderlin en 1987 qui divisa le genre Bauhinia en 4 sous-genres, la classification de Gwilym Peter Lewis et Félix Forest en 2005 qui proposa 8 genres dans la tribu des Bauhinia puis la nouvelle classification phylogénétique de 2017 qui reconnaitrait 335 espèces réparties dans 13 ou 14 genres (le genre Cheniella souvent considéré comme un synonyme de Schnella).
En 2018, le NCBI (Centre américain pour les informations biotechnologiques) propose une classification indicative :
– Sous-tribu des Cercidinae :
Adenolobus – Cercis – Griffonia– Lasiobema.
Certains classent le genre Lasiobema dans la sous-tribu des Bauhiniinae et particulièrement dans le genre Phanera.
En France, le plus connu de cette sous-tribu est Cercis siliquastrum, l’arbre de Judée dont les fleurs sont apparemment différentes des bauhinies mais les feuilles entières présentent toutefois une certaine ressemblance.
– Sous-tribu des Bauhiniinae :
Barklya – Bauhinia – Brenierea – Gigasiphon – Lysiphyllum – Phanera – Piliostigma – Schnella – Tylosema.
Le Bauhinia est le genre le plus important, présent sur tous les continents excepté l’Europe.
De nombreux botanistes ont travaillé sur la classification des Bauhinia en donnant différentes expertises. Des études à venir pourraient modifier à nouveau ces normes, c’est pourquoi dans cet article les caractéristiques proposées concernent les Bauhinia dans le sens large comprenant certains genres très proches parfois considérés comme des sous-genres ou des synonymes et pour exemples :
– Le genre Phanera créé en 1790 par João de Loureiro. Il se distingue de Bauhinia en regroupant exclusivement des vignes ou des lianes souvent à vrilles, au calice lobé, à 2 ou 3 étamines fertiles. L’espèce type est Phanera coccinea.
Les espèces sont originaires de l’Asie du Sud-Est et de l’Australie contrairement aux espèces néotropicales (régions Amérique du Sud) du genre Schnella.
– Le genre Schnella créé en 1820 par Guiseppe Raddi. Il comprend des lianes néotropicales à vrilles, à 10 étamines fertiles.
– Autres synonymes : Perlebia (galpinii) – Lasiobema (4 espèces dont scandens parfois reconnue dans le genre Phanera ou comme synonyme).
Seules les espèces ayant des caractéristiques évidentes proches des bauhinia seront évoquées.
D’après Richard Sumner Cowan, les Cercideae seraient un des groupes les plus primitifs de la famille.
La sous-tribu des Bauhiniinae aurait commencé à se diversifier à partir du Paléocène, il y a environ 50 millions d’années. À partir de la voie maritime orientale de la Téthys (paléo-océan) les genres ont évolué et migré dans différentes parties tropicales du globe ; des études proposent une migration vers le sud en Afrique et de l’Eurasie vers l’Amérique du Nord et enfin en Amérique du Sud.
Les espèces se sont acclimatées très facilement dans différentes régions pantropicales et pour certaines il est parfois difficile de déterminer leur origine exacte.
Pour les espèces les plus connues :
– Amérique :
Divaricata – corniculata – aculeata (synonyme grandiflora) – forficata – ungulata – glabra…
– Asie du Sud Est :
Environ 50 espèces en Chine.
Acuminata – corymbosa (Phanera ou Schnella) – yunnanensis (Phanera) – monandra – purpurea (Phanera) – scandens (Lasiobema) – variegata – racemosa…
– Afrique :
7 espèces.
Galpinii : Nord-Est de l’Afrique du Sud et particulièrement de la vallée De Kaap, appelée aussi vallée de la mort (malaria) d’où son nom populaire ‘Pride of De Kaap’ de l’anglais signifiant ‘ fierté de De Kaap’.
Bowkeri – urbaniana – natalensis – rufescens – petersiana – thonningii (Piliostigma)…
– Origine inconnue : tomentosa (Afrique et/ou Asie).
Plein soleil, selon la région de culture ils peuvent se développer à mi-ombre mais bien souvent au détriment de la floraison.
Tous sols frais et fertiles mais surtout bien drainés. Certaines espèces se développent sans problème dans des sols légèrement acides (acuminata – glabra– galpinii…), d’autres résistent bien à la sécheresse telles monandra, galpinii…
Hormis dans le Sud et le Sud-Ouest de la France où l’on peut découvrir des bauhinies en pleine terre, ils sont ailleurs cultivés en véranda ou en intérieur car leur résistance au gel est assez limitée.
Divaricata, monandra, corymbosa, acuminata sont intolérants au gel ; galpinii– tomentosa et variegata tolèrent jusqu’à -5°. Les plus rustiques peuvent tolérer jusqu’à -10°C mais bien souvent vers -5 à -7°C la partie aérienne disparait puis ils repartent de la souche à la belle saison : aculeata – yunnanensis – corniculata…
– Bauhinia L.
Le genre est d’abord nommé par Charles Plumier et dédié aux botanistes Johann et Gaspar Bauhin en hommage à leur passion partagée et leur rigueur pour la botanique. Une légende fait référence aux deux lobes caractéristiques de la feuille, identiques et proches comme l’union des deux frères. Ce nom fut confirmé en 1753 par Linné.
– Les bauhinies ont obtenu leurs lettres de noblesse en développant des fleurs ressemblant à celles des orchidées d’où leurs noms populaires ‘d’arbre à orchidées’ ou ‘orchidée du pauvre’.
– De nombreuses espèces sont appelées ‘Arbre papillon’ ou ‘Sabots de bœuf’ ou ‘Pied de chameau’ en référence à la forme bilobée très caractéristique des feuilles. En Amérique du Sud c’est ‘pata de vaca’ et en Afrique du Sud c’est beesklou.
– Yang ti jia shu – 羊蹄甲属 est le nom chinois.
– L’espèce variegata porte, en Inde et au Pakistan, les noms de ‘mountay ebony’ probablement pour la dureté de son bois et l’utilisation du bois et de l’écorce comme teinture et de ‘kachnar’ nom local désignant les bourgeons comestibles ; on retrouve ces noms populaires pour d’autres espèces telle acuminata.
Plusieurs espèces sont nommées ‘bois de bœuf rouge’, cela pourrait provenir de l’écorce qui fournit un colorant rouge-brun.
– L’ascension irrémédiable d’une plante grimpante et les caractéristiques particulières de bois inhérentes aux lianes âgées font que certains bauhinies permettent aux singes d’atteindre facilement la canopée des forêts et pour cette raison les espèces scandens et bassacensis portent le nom populaire d’escalier à singes et guianensis escalier ou liane tortue !
– L’espèce monandra porte le nom vernaculaire (populaire) de ‘Napoleon’s plume’ signifiant ‘panache de Napoléon’ en référence au chapeau de ce dernier qui portait une cocarde en forme d’aile de papillon. Cette référence est aussi attribuée à certaines espèces africaines dénommées ‘plumes africaines’ telles galpinii, rufescens ou bowkeri…
Bauhinia divaricata est l’espèce type, elle est très polymorphe et présente des arbustes ou des arbres jusqu’à 8 m. Divaricata vient du latin signifiant étendu, large en référence à son étalement.
– Croissance rapide. Longévité de 40 à 150 ans.
– Les bauhinies peuvent être des arbustes ou des arbres souvent très ramifiés ou encore des grimpantes. Leur taille est très nettement amoindrie hors de leur région d’origine.
∙ Arbustes et arbres :
2 à 3 m pour acuminata dont le nom populaire dwarf (nain) white orchid tree rappelle sa petite taille.
4 m pouvant atteindre 10 à 15 m pour aculeata aux branches tordues et pendantes aux extrémités.
3 à 5 m pour galpinii, arbuste buissonnant, sarmenteux (longues tiges, flexibles et grimpantes) aux branches flexibles en forme de fouet, il peut se comporter comme une grimpante jusqu’à 9 m mais il a besoin de support car dépourvu de vrilles (pièces foliaires spécialisées pour s’accrocher à un support).
6 à 7 m pour corniculata – monandra…, jusqu’à 8 m pour divaricata, de 6 à 10 m pour purpurea et variegata…
∙ Plantes grimpantes :
Lianes de 3 à 4 m disposant de vrilles leur permettant de s’accrocher : yunnanensis – glabra – corymbosa – scandens – guianensis– bidentata …
Elles font généralement partie du genre Phanera.
Le pétiole (axe reliant la feuille à la tige) ou le pédoncule (axe portant une fleur ou une inflorescence) sont avortés.
– L’écorce des arbres est grise et lisse, avec l’âge elle finit par se fissurer.
– Les rameaux peuvent être parfois un peu épineux, corniculata – purpurea – forficata – aculeata… Les jeunes tiges sont généralement pubescentes (poilues), parfois rouge-brun et en zig-zag. Si certaines espèces peuvent avoir des rameaux cassants (aculeata – ungulata) généralement les tiges sont assez flexibles.
– Les racines ne sont pas agressives.
Contrairement à la majorité des membres de la famille, les espèces de cette sous-tribu ne présentent pas de relations symbiotiques.
– Les feuilles peuvent être caduques ou persistantes ou semi-persistantes. Elles sont vertes à vert-bleuté.
En position alternée, elles sont pétiolées, parfois peltées (attachées au centre du limbe). Il se développe des stipules (appendices membraneux) caduques, pointues parfois crochues.
Leur limbe (tissu végétal) est simple, entier ou plus généralement bilobé (une de leurs principales caractéristiques), dans ce cas leurs 2 lobes symétriques et bilatéraux ressemblent à des ailes de papillon ou à des sabots, de forme ronde ou ovale ou elliptique, leur base est en forme de cœur (cordée). Les lobes sont soudés en partie (plus ou moins échancrés) par une nervure centrale, leur sommet est arrondi ou allongé, ceux de scandens et de guianensis sont particulièrement acuminés (la pointe s’amenuise fortement), très décoratif.
Plusieurs nervures (7 à 13) à la base du pétiole se développent formant une nervation palmée.
Les folioles (divisions d’une feuille composée) des légumineuses ont tendance à se replier par forte chaleur ou par froid ou par manque de luminosité, il en est de même pour les lobes des bauhinies.
– La maturité sexuelle intervient vers l’âge de 2 à 4 ans. Les fleurs ne durent généralement qu’une seule journée mais étant très nombreuses, elles offrent un joli spectacle. En Europe, la longue floraison se déroule de la fin de l’hiver (avant les feuilles pour les caducs) au début de l’été ou tout au long de l’année pour certaines espèces selon leur environnement.
Les boutons floraux sont fusiformes ou ovales. Présence de bractées (organes intermédiaires entre la feuille et le pétale) et de bractéoles (petites bractées) caduques.
Les inflorescences (grappes de fleurs) sont en racèmes (les fleurs s’échelonnent par alternance le long d’un axe), parfois en panicules (grappes de racèmes), parfois en corymbes (pédoncules de tailles différentes afin de porter les fleurs sur un même plan), terminaux ou axillaires, portant quelques fleurs, de 5 à 6, ou de nombreuses fleurs, jusqu’à 25 ; les fleurs sont plus ou moins pédicellées.
En savoir plus sur les Inflorescences.
Les fleurs de 7 à 12 cm sont irrégulières ou pas, parfois zygomorphes (pétales ou/et sépales disposés bilatéralement).
La plupart du temps, les fleurs sont hermaphrodites (bisexuées) mais certaines espèces présentent sur le même plant des fleurs hermaphrodites et/ou unisexuées, on les dit polygames, par exemple l’espèce type divaricata est andromonoïque (fleurs mâles et bisexuées), l’espèce macranthera est gynodioïque (fleurs femelles et bisexuées séparées sur des plants différents)…
Parfumées et nectarifères, elles attirent les papillons (souvent nocturnes), les abeilles et les oiseaux tels les colibris ; les espèces ungulata et glabra épanouissent leurs fleurs particulièrement au coucher du soleil et durant la nuit car pollinisées par des chauves-souris.
∙ Le calice parfois tomenteux (duveteux) peut être constitué de 2 à 5 lobes ou uni en forme de spathe (ouvert latéralement par une fente). La base du calice est généralement fusionné avec un petit hypanthium (réceptacle floral) tubulaire. À maturité de la fleur, les lobes finissent souvent par se réfléchir (tourner vers l’extérieur et vers le bas).
∙ La corolle est constituée de 5 pétales ovales à elliptiques, plus ou moins larges et longs, ceux de l’espèce type divaricata sont particulièrement fins et allongés.
Les pétales se chevauchent lorsque leur base est courte (acuminata – variegata…).
Certains pétales sont spatulés, leur base est très étroite et longue et dans ce cas les pétales ne se chevauchent pas : aculeata – corniculata – yunnanensis – corymbosa – divaricata – monandra – purpurea – galpinii… L’espèce bassacensis est particulièrement spatulée, sa longue et fine base ressemble à une tige verte.
À priori, il existerait une confusion entre les espèces corymbosa et yunnanensis et pourtant elles se différencient par leur tolérance au gel ainsi que par leurs fleurs qui présentent quelques différences : yunnanensis avec ses fleurs aux pétales nettement spatulés, lancéolés, blanc-rosé nettement veinés de pourpre, aux organes sexuels blanc-rosé, corymbosa avec ses fleurs aux pétales courtement spatulés, ovales, au limbe chiffonné, blanc à blanc-rosé légèrement veinés de rouge-pourpre, aux organes sexuels rosâtres, cette dernière ne tolère aucun gel. Sur les sites internet chinois cette confusion n’apparait pas.
D’autres espèces se distinguent par une corolle en forme de cloche, c’est le cas des espèces tomentosa, natalensis…
Les couleurs sont différentes selon l’espèce, voire la variété et encore plus avec les cultivars, par exemple les fleurs de l’espèce variegata sont rose-violet alors que celles de Bauhinia variegata var. candida sont blanches :
Fleurs blanches : aculeata – acuminata (orchidée blanche – orchidée enneigée) – hookeri – corniculata… ; blanc à blanc rosé : corymbosa… les espèces divaricata et monandra sont blanches virant du rose au pourpre.
Fleurs rose foncé à violet pourpre : purpurea – variegata…
Fleurs rouge orangé : galpinii.
Fleurs jaunes : tomentosa ; jaune orangé pour bidentata.
Les pétales sont souvent ponctués, tachetés ou veinés de couleur différente et particulièrement le pétale (l’étendard) faisant face aux étamines incurvées, c’est une manière de diriger l’insecte comme sur une piste d’atterrissage et l’obliger à récupérer du pollen, la récompense étant le nectar. Une des fleurs les plus joliment ponctuée est celle de l’espèce monandra.
∙ Les étamines (pièces florales mâles) sont généralement incurvées vers le haut, leurs filets peuvent être plus courts ou aussi longs ou plus grands que les pétales, ils déclinent souvent la même couleur que les pétales toutefois certaines espèces se distinguent tel hookeri qui arbore des filets d’étamines et un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) rosâtres tranchant avec le blanc virginal des pétales mais une des plus impressionnantes est l’espèce endémique de Malaisie Bauhinia ferruginea var. ferriginea (Phanera) dont les filets et le style sont rouge flamboyant sur plus de la moitié de leur longueur redevenant vers l’apex (sommet) jaune citron comme les pétales.
Les anthères (extrémités fertiles d’une étamine) sont généralement attachées au filet par leur milieu ; elles sont de couleur jaune mais elles peuvent être aussi roses telles les grosses anthères de Bauhinia (Phanera) ornata.
Les étamines, de 1 à 10 selon l’espèce, souvent en 2 verticilles (organes insérés autour d’un axe), ne sont pas toujours fertiles d’où la présence possible de staminodes (étamines atypiques et surtout stériles) assez courtes qui peuvent fusionner à la base en un tube se terminant par une frange.
L’espèce type divaricata ne produit qu’une seule étamine fertile et des staminodes fusionnés en tube, c’est également le cas de monandra d’où son nom. D’autres espèces développent généralement 3 ou 5 ou 10 étamines fertiles.
∙ L’ovaire à 1 loge est supère (pièces florales insérées au-dessous). Le style peut être long (voire extrêmement long) soit droit soit incurvé vers le haut comme les étamines ; il se termine par un petit stigmate (partie réceptrice de pollen) souvent pelté.
En savoir plus sur La Fleur.
– Fruits en longues gousses comprimées de 15 à 30 cm sur 1,5 à 3 cm qui apparaissent rapidement après la nouaison (stade de transformation de l’ovaire en fruit). Il est courant d’apercevoir une fleur à peine fanée avec une gousse naissante en son sein.
Les gousses sèches restent sur l’arbre assez longtemps durant l’hiver – marcescentes. Elles ont tendance à s’enrouler légèrement sur elles-mêmes. La pointe visible au bout de la gousse correspond à une partie de l’ancien style.
Les gousses déhiscentes (ouverture spontanée) ou indéhiscentes (ne s’ouvrent pas toutes seules) protègent des graines noires à brunes, plates, de forme ronde. Au grand malheur des jardiniers, la gousse en s’ouvrant peut projeter de 5 à 15 graines jusqu’à 10 m plus loin.
– De toute évidence les espèces ne s’hybrident pas entre elles ou très rarement vu qu’il n’existe qu’un seul hybride connu : Bauhinia x blakeana issu de Bauhinia purpurea et Bauhinia variegata.
En 1908, Stephen Troyte Dunn lui attribua l’épithète blakeana en hommage au gouverneur de la colonie britannique de Hong Kong, Sir Henry Blake et à sa femme qui soutenaient le jardin botanique. D’autres auteurs pensent que ce serait une dédicace à la femme d’Henry Blake, Lady Édith Blake une artiste spécialiste d’aquarelles de fleurs et de papillons.
Cet hybride stérile (pas de fruit) présente un mixte des caractéristiques de ses deux parents ; il peut atteindre jusqu’à 8 m, ses feuilles bilobées sont grandes, ses fleurs sont rouge-violet. C’est un des plus beaux bauhinies.
Il fut découvert vers les années 1880 par le Père missionnaire Jean-Marie Delavay sur l’île de Hong Kong au mont Davis ; c’est la seule fois qu’un pied fut trouvé et Dunn, qui l’a décrit et nommé, a suggéré que sa découverte près d’une habitation abandonnée prouve l’introduction de ce sujet hybridé accidentellement.
À l’époque, les frères des missions étrangères de Paris établis à Hong Kong, passionnés de botanique, en récupèreront des boutures ; ils en cèderont au jardin botanique de Hong Kong d’où il fut multiplié végétativement et distribué un peu partout ce qui enclin certains à penser que tous les clones (reproductions végétatives identiques au pied mère) actuels sont issus initialement de ce jardin.
Étant stérile, tous les plants de cet hybride sont donc des clones ce qui peut mettre en danger la pérennité de l’espèce, c’est pourquoi, il a été organisé, à Hong Kong, un financement participatif afin de séquencer son génome.
– Ennemis
Les bauhinies sont sensibles à la chlorose (carence en fer), aux pucerons et aux cochenilles, en revanche ils sont peu sensibles aux maladies fongiques et cryptogamiques.
Une eau stagnante fait pourrir les racines.
– Multiplication par graines, boutures et marcottes.
– Médicinales
Sur tous les continents où ils évoluent, les bauhinies ont trouvé leur place dans les pharmacopées traditionnelles.
Voici quelques exemples :
D’après Georg Rumpf, les habitants d’Amboine (petite île indonésienne) considéraient que les feuilles de la grimpante, Bauhinia scandens, accéléraient l’usage de la parole chez les enfants et la rendaient à ceux qui l’avaient perdue, ce qui n’a pas été vraiment prouvé en revanche il évoquait les bienfaits d’une décoction de racines sur la fièvre.
En Asie, les bauhinies faisaient partie de la médecine ayurvédique, on retrouve certains de ces traitements sous forme homéopathique.
En Inde et à Java on utilise l’écorce, les feuilles ou les racines de l’espèce acuminata pour les maladies de gorge, de vessie ou de peau.
L’espèce purpurea fait partie de la médecine traditionnelle tamoule (Inde et Sri Lanka) et porte le nom de ‘Mandarai’. On utilise l’écorce, les racines et les fleurs pour soigner les ulcères, les plaies…
L’écorce de monandra est particulièrement utilisée pour traiter les ulcères.
D’autres espèces telle variegata se sont révélées de bons antidiabétiques, elles peuvent traiter aussi les problèmes digestifs.
L’espèce racemosa combat les infections bactériennes et fongiques et lutte contre l’asthme et le diabète.
Les racines de certaines espèces sont un excellent vermifuge, particulièrement tomentosa.
En Amérique, les espèces divaricata et forficata sont considérées particulièrement antidiabétiques, elles sont utilisées aussi en gynécologie et pour bien d’autres maux…
Les espèces glabra et forficata sont efficaces contre les morsures de serpent.
En Afrique, les espèces thonningii, rufescens, reticulata, galpinii… sont régulièrement citées pour leurs qualités médicinales et particulièrement pour traiter les plaies et soigner les problèmes gastriques, certaines espèces facilitent les accouchements.
– Bois très dur de bonne qualité ; il présente des fibres cloisonnées.
Clôtures – divers petits objets – ébénisterie.
Les espèces aux branches flexibles permettent le tissage de paniers, la confection de cordelettes et la construction de toits de hutte.
Parfois, certains arbres servent de bois de chauffage.
– On obtient une teinture bleue foncé avec les gousses, les graines ou l’écorce de certaines espèces, un colorant rouge-brun avec l’écorce ou la racine de thonningii (par exemple).
– Les feuilles du Bauhinia racemosa, bidi leaf tree, servent à l’emballage des beedies, fines cigarettes indiennes. Le feuillage de Diospyros melanoxylon, un arbre fruitier indien, peut aussi être utilisé.
– Alimentaire
Dans certaines régions, les feuilles et les bourgeons sont consommés en salades ou en légumes.
Les bourgeons et les fleurs de variegata, une fois bouillis, sont consommés frits mais avec modération car sinon ils provoquent la constipation.
Le curry kachnar est préparé à partir des bourgeons de variegata, de yaourt, d’oignons et d’épices.
Au Nord-Ouest du Vietnam, au printemps, on peut consommer une soupe de bauhinie à base de fleurs frites plongées dans du bouillon ou simplement accompagnées de poivre, de coriandre, d’ail et de piment ; ces fleurs portent le nom de ‘hoa ban’ signifiant fleur sucrée.
En Afrique, les graines écrasées font office de farine.
Les feuilles de certaines espèces constituent un succédané de tabac, les graines torréfiées un succédané de café.
Fourrage avec les feuilles de certaines espèces telles divaricata, variegata… toutefois la valeur nutritive de l’espèce purpurea est supérieure mais consommée en trop grandes quantités réduit la production de lait des bovins.
– Écologie
Nourriture d’insectes avec le pollen et le nectar. Plante hôte de nombreux papillons, nourriture des larves. Site de nidification pour les petits oiseaux.
Les lianes sont un bon moyen de transport pour les singes.
– Ornementales
L’espèce variegata est un des Bauhinia les plus cultivés.
Dans les régions chaudes, ils sont cultivés en isolés, en arbres de rue et aussi en haies, ailleurs ils se comportent assez bien en véranda ou en intérieur.
Les espèces, généralement du genre Phanera, recouvrent élégamment les pergolas.
D’autres espèces, acuminata – natalensis – tomentosa…, se prêtent bien à l’art du bonsaï.
– Emblèmes et symboles
∙ L’hybride, Bauhinia x blakeana était l’emblème floral de Hong Kong depuis 1965, il devint l’emblème officiel le 1er juillet 1997, date de la rétrocession de Hong Kong à la Chine ; le choix de cet arbuste porta à controverses car beaucoup voyaient la stérilité de cet arbre comme un mauvais présage.
La fleur stylisée apparait sur le drapeau et la monnaie de Hong Kong.
Le drapeau fut proposé et créé en 1997 par Tao Ho, architecte hongkongais qui dessina sur fond rouge cinq pétales blancs arborant chacun une étoile afin de symboliser l’unité du peuple chinois toutefois la vraie couleur des pétales de cet hybride est violette.
∙ Une statue dorée de la fleur de bauhinie a été érigée dans le Golden Bauhinia square à Hong Kong.
∙ Les Vietnamiens (particulièrement l’ethnie Thai) considèrent la fleur hoa ban (Bauhinia variegata) comme la plus belle fleur des montagnes du Nord et du Nord-Ouest du pays. Elle symbolise l’amour et la fidélité.
Une légende thai raconte l’amour d’un jeune homme nommé Khum et d’une jeune fille nommée ban. Il est dit que « la fleur est aussi belle qu’une fille Thai : une beauté éblouissante, rustique et humble, une beauté sauvage mais tout aussi séduisante… ».
Afin de la mettre à l’honneur, ils organisent des festivals chaque année en mars ; à l’origine, c’était une fête astrologique de l’ethnie Thai se déroulant le deuxième mois lunaire, l’éclosion des fleurs annonçant le printemps mais ces fêtes symboliseraient aussi la victoire historique de Diên Biên Phu en 1954 d’où peut être le choix du mois de mars.
Lors d’un festival, un haut dignitaire fit un discours éloquent :
« La fleur de bauhinie a une beauté pure, élégante et profonde. Elle symbolise l’amour, la piété filiale, la reconnaissance, la forte vitalité et le développement. »
∙ L’espèce variegata est un arbre sacré pour les bouddhistes qui aiment le représenter sur des images pieuses, on lui attribue le nom populaire de ‘buddhist bauhinia’ en Inde.
Avec les fleurs de variegata, on confectionne des guirlandes lors de fêtes religieuses en Asie.
En Inde et particulièrement dans le Maharashtra, lors du Dussehra, fête religieuse hindoue célébrant la victoire du bien sur le mal ainsi que le début des récoltes, les feuilles de l’arbre Apta, Bauhinia racemosa (Piliostigma racemosum) sont échangées entre participants comme or symbolique, d’où le nom de cet arbre assez rare Sonpatta – feuilles d’or. Cet échange symbolique vient d’une légende selon laquelle le dieu de la richesse avait converti les feuilles d’Apta en or afin d’aider financièrement un honorable érudit.
∙ En Afrique, une superstition voudrait que la confection d’une amulette avec 100 graines de Bauhinia rufescens accompagnées d’un caillou issu de l’estomac d’un crocodile attire les cadeaux ; cette superstition existe-t-elle vraiment ? si oui c’est un véritable kōan car avant de trouver ce fameux caillou, il faudra attendre pour le cadeau !
– En Chine, la forme des feuilles en sabot a inspiré un petit poème pour enfants :
« Regardez ! L’agneau mignon a laissé une série d’empreintes de pas. C’est comme un arbre plein de papillons verts ! Un ! Deux ! Trois ! Quand les fleurs s’épanouissent, les arbres sont pleins d’empreintes roses ! »
Mise à jour le 14 février 2022.