Les acacias sont des plantes à fleurs – des angiospermes.
L’acacia est classé dans les Mimosoideae, une des trois sous-familles de la famille des Fabaceae (ou Leguminosae), et particulièrement dans la tribu des Acacieae.
La principale caractéristique de la famille des Fabaceae est le fruit en gousse de formes et de tailles différentes selon l’espèce ; bref, c’est la famille des pois ! Les espèces de la sous-famille des Mimosoideae ont des petites fleurs régulières, actinomorphes (en étoile) regroupées en inflorescence.
Le genre Acacia est le plus important de la sous-famille des Mimosoideae, caractérisé par des plantes de régions tempérées chaudes, tropicales et subtropicales, aux fleurs régulières, en épis ou en pompons, généralement à 5 pétales très discrets et aux étamines spectaculaires.
Une première reclassification des acacias fut proposée en 2003, puis la Conférence Botanique de Melbourne, en 2011, a finalement statué sur le nom de genre à donner aux acacias australiens et africains. Il a tout d’abord été déterminé que les acacias soient répartis en 5 genres : Acacia – Vachellia – Senegalia – Acaciella – Mariosousa, eux-mêmes divisés en sous-genres, eux-mêmes divisés en sections. Dans le Journal de nomenclature botanique en 2017, les botanistes américains David Stanley Seigler et John Edwin Ebinger ont proposé la création de deux nouveaux genres : Parasenegalia avec 7 espèces dans les Caraïbes, l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud et Pseudosenegalia avec 2 espèces en Bolivie. Affaire à suivre…
Il existe environ 1 200 à 1 400 espèces dont plus de 950 en Australie, ainsi que de nombreux hybrides et variétés. En bas de ce document, vous pourrez découvrir plus précisément quelques espèces.
– Acacia Mill.
Le genre Acacia a été décrit pour la première fois d’une façon large, en 1754, par le botaniste écossais Philip Miller sur la base de l’Acacia nilotica désormais Vachellia nilotica.
Le nom Acacia vient du grec ancien ‘akantha’ identifiant tout végétal piquant; ce nom se transforma en ‘akakia’ de ‘ake’ ou ‘akis’ – pointe ou épine et ‘akazo’ – aiguiser.
Au Ier siècle, le célèbre médecin botaniste Pedanius Dioscoride dans son livre ‘De Materia Medica‘ désigne une préparation extraite d’un gommier rouge (Vachellia nilotica, ce même arbre appelé Spina par Théophraste, soit ‘l’épine d’Egypte’) utilisée en pharmacopée sous le nom de Akakia.
Certains parlent d’une origine venant du mot grec ‘kakos’ signifiant ‘mauvais sans malice’ du fait qu’une piqûre de ses épines n’entraîne aucune suite fâcheuse. Cette version n’est pas la plus retenue.
– Mimosa fut le premier nom botanique donné à certains acacias avant leur reclassement dans le genre Acacia. On le trouve d’ailleurs souvent en synonyme.
Mimosa vient du grec ‘mimic’ signifiant une imitation ou un mime au vu de la sensibilité des feuilles qui se referment par le toucher ou par le vent ou par la sensibilité à la nuit ou encore par trop forte chaleur. Mimosa est aussi le nom vernaculaire utilisé dans le midi de la France pour les Acacia.
Désormais, Mimosa est le nom d’un genre botanique de la sous-famille des Mimosoideae, dans lequel on trouve par exemple le Mimosa pudica, d’Amérique centrale, au nom vernaculaire de sensitive.
– Le nom de Racosperma avait été proposé pour les acacias australiens par le botaniste australien, spécialiste des Acacia, Leslie Pedley, mais à la conférence de Melbourne ce nom n’a pas été retenu en raison de la mise en place compliquée, coûteuse et pouvant prêter à confusion au vu qu’il concernait la majorité des plantes du genre.
Racosperma vient du grec ‘rhakos’ – lambeau rugueux et ‘sperma’ – graine, signifiant donc ‘graine à l’enveloppe faite de lambeaux’. On trouve ce nom en synonyme pour certains acacias.
– Robinia : le robinier est souvent appelé à tort acacia. C’est un pseudo-acacia, originaire principalement d’Amérique du Nord. Il fleurit fin du printemps/début d’été et est très utilisé pour faire du miel et des beignets avec ses fleurs blanches distinctives des fleurs jaunes d’acacias.
Cet exemple illustre bien la nécessité de parler la même langue : est-ce un mimosa ou un acacia ou bien un robinier ? La botanique a résolu le problème en imposant le latin comme langue universelle !
– Cassier : nom vernaculaire français venant du nom grec ‘kasia’ utilisé par Dioscoride pour désigner une plante nommée en hébreu ‘quetsi’oth’. Linné transforma ce nom en latin ce qui donna Cassia, nom d’un genre qu’il attribua à certaines plantes tel Cassia fistula dont les fleurs jaunes d’or ne ressemblent pas aux acacias mais donnent un aspect semblable à l’arbre en pleine floraison ; Cassia fistula, originaire d’Inde et sa région, était connue pour ses qualités pharmacologiques et on peut supposer qu’il s’agit de l’arbre dont parlait Dioscoride.
Cassie est le nom attribué particulièrement à l’huile extraite des fleurs de Vachellia farnesiana ainsi qu’au Vachellia caven.
– Gommier : certaines espèces sont dénommées ainsi par la caractéristique de l’écorce à exsuder une gomme comestible ou utilisée comme colle. Le nom de gommier est aussi utilisé pour d’autres genres d’arbres tels les eucalyptus.
– Wattle : ce terme australien date de la colonisation, signifiant ‘tiges entrelacées’, en référence à l’utilisation faite avec les tiges souples, tressées et recouvertes de torchis pour bâtir des huttes, des toits ou des barrières. La plante surtout utilisée pour ce torchis était le Callicoma serratifolia appelé ‘l’acacia noir’ pour sa ressemblance avec les acacias. Le nom est resté pour les acacias. On trouve souvent le nom de ‘black wattle’ – acacia noir pour une majorité d’acacias à l’écorce et au feuillage sombres.
– En Australie, les acacias sont aussi connus sous le nom de ‘barbillons‘. L’origine de cette dénomination n’est pas notifiée. On peut supposer que c’est en relation avec les épines par paires sur les rameaux de certaines espèces qui pourraient ressembler aux barbillons des poissons, deux filaments autour de la bouche ou aux appendices charnus des gallinacées ?
– Le premier Acacia fut introduit en Europe en 1611 et particulièrement en Italie dans les jardins du palais du Cardinal Odoardo Farnèse. C’est l’Acacia Farnesiana reclassé dans le genre Vachellia et contrairement à ce que l’on pourrait penser il est américain !
– À partir de 1770, les botanistes voyageant avec l’explorateur James Cook vont récolter des graines sur les terres inconnues de Tasmanie, de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Ils feront parvenir, entre autres, des graines d’acacias aux jardins royaux de Kew à Londres. En 1788, de grosses quantités de graines de plantes diverses seront envoyées et distribuées dans de nombreux jardins européens.
– En France, en 1800, le capitaine explorateur Nicolas Baudin commandité par Napoléon, embarque sur deux bateaux avec de nombreux savants et un bel équipage pour une expédition scientifique en Australie. En 1804, les navires reviennent avec beaucoup moins d’hommes y compris le capitaine mort de tuberculose sur le chemin du retour mais les cales sont remplies de merveilles et entre autres l’acacia.
– Les premiers Acacia de France seront plantés dans les serres du parc de la Malmaison de l’Impératrice Joséphine où ils fleuriront pour la première fois en 1811. Cette plante restera longtemps cultivée en serres. La première plantation en pleine terre sera tentée avec succès à Angers, en 1847, par les horticulteurs français Hannon et Ronflier.
– En 1857, Gustave Thuret crée un jardin botanique au Cap d’Antibes, désormais le ‘Jardin de la villa Thuret’ chapeauté par l’INRA, avec une grande spécialité pour les plantes australiennes et entre autres les acacias et les eucalyptus. Il aura de nombreux contacts et échanges avec les autres jardins de la Côte d’Azur et particulièrement avec le splendide jardin Hanbury, à la frontière italienne.
– En 1864, l’horticulteur français Gilbert Nabonnand s’installe à Golfe Juan où il introduit de nombreux spécimens d’Australie (dont l’acacia) qu’il implante dans les luxueux jardins de l’époque. Ses fils l’aident dans son entreprise. Au Château de la Bocca, à Cannes, sera planté le premier acacia. Son fils, Paul Nabonnand cultive et crée une collection d’acacias avec des variétés plus adaptées à la Côte d’azur. Cette plante invasive ne tardera pas à sortir des jardins et à se naturaliser sur la Côte d’Azur.
Les Acacia se plaisent dans des régions chaudes et tempérées, sur des terres arides ou semi-arides. Ils ont une nette préférence pour un sol neutre à légèrement acide et surtout bien drainé; bien souvent les acacias sont calcifuges (qui fuit le calcaire). Ce sont des plantes héliophiles ; elles ont besoin de beaucoup de soleil pour bien fleurir.
Leur tolérance au gel est de -5°C jusqu’à -10°C pour la plupart ; certaines rares espèces résistent jusqu’à -12°C. Par grands froids, les acacias ont l’écorce qui se fendille, provoquant des écoulements de sève qui heureusement se solidifie rapidement. Lors de fortes gelées, ils meurent mais souvent repartent de la souche.
Les acacias font partie des plantes les plus envahissantes au monde.
En général, ils usent du principe de James Dean : croissance rapide – mourir jeune ; leur courte longévité est de quelques dizaines d’années, au maximum 30 à 40 ans ; au-delà, cela devient des arbres remarquables ; toutefois, certaines rares espèces, telle melanoxylon, atteignent les 100 ans, voire un peu plus.
– On trouve toutes les tailles : de l’arbuste de 1 à 5 m à l’arbre pouvant atteindre jusqu’à 35 m. Ils développent un port différent selon l’espèce. En général, les acacias australiens sont plutôt de taille modérée ; les africains présentent souvent une forme parasol caractéristique des savanes.
– L’écorce juvénile est lisse, se fissurant avec l’âge, du gris au gris-brun.
– Les racines sont superficielles. Comme pour la majorité des plantes de la famille des Fabaceae, on trouve sur les racines des nodules contenant des bactéries (rhizobium ou bradyrhizobium) vivant en symbiose avec la plante ; ces bactéries assurent ainsi la fixation de l’azote permettant une croissance rapide et une installation sur des sols pauvres.
– De la base du tronc, ils produisent très souvent des rejets et de manière plus éloignée des drageons (tiges souterraines pouvant développer des bourgeons aériens), ce qui, pour les espèces sauvages, leur permettent de supporter un incendie sans mourir. En général, les hybrides ne possèdent pas ou moins ce caractère invasif.
– Les stipules (appendices membraneux) habituellement foliacées (ayant l’apparence d’une feuille) peuvent se transformer en épines. Si les acacias africains sont généralement épineux, les australiens n’ont pas ou peu d’épines ce qui est un comble pour les plantes qui ont conservé le nom d’Acacia. Ceci est lié à l’absence, en Australie, de grands mammifères tels les girafes ou les éléphants.
Pour certaines espèces, ces épines ne sont que des petits aiguillons ressemblant à ceux des rosiers même s’ils sont bien issus de la transformation des stipules. Les épines des Vachellia africains sont un critère d’identification ; elles sont souvent remarquables. Les épines des Senegalia ressemblent à des griffes de chat.
– Les feuilles sont, en général, persistantes mais certaines sont caduques ou semi-persistantes, en position alterne, vert clair à gris bleuté. Quel que soit le type de feuilles, des glandes nectarifères à faible production se développent à leur base ou sur le dessus, afin d’attirer les insectes (voir anecdotes).
De formes variées, le feuillage est un critère important d’identification. Cela a permis, entre autres caractéristiques, la nouvelle classification des acacias en cinq genres cités ci-dessus :
∙ Pennées : feuilles dont les folioles (divisions d’une feuille composée) s’insèrent de chaque côté d’un axe principal comme les plumes de l’oiseau, parfois elles sont bipennées (double rangée).
Les folioles des feuilles pennées se replient souvent la nuit (nyctinastie) mais aussi par température trop élevée ou par grands vents (séismonastie), ceci afin de limiter l’évaporation.
∙ Phyllodes : large pétiole aplati, transformé en organe d’assimilation, ressemblant et remplaçant le limbe de la feuille, dont les nervures sont toutes longitudinales, elles sont uninervées ou plurinervées. Les phyllodes permettent à la plante de mieux résister à la sècheresse, aux fortes chaleurs et au froid. Terme utilisé pour la première fois en 1813 par le botaniste suisse Augustin Pyrame de Candolle. Les phyllodes sont particulièrement présents chez les acacias australiens.
Feuilles, phyllodes ou cladodes des acacias sont généralement verts ou gris bleuté mais les phyllodes de l’Acacia bifaria se distinguent à l’émergence en arborant une couleur rouge très spectaculaire avant de devenir bleu-gris.
∙ Feuillage mixte : comme son nom l’indique, l’espèce peut présenter des feuilles bipennées et des phyllodes.
∙ Cladode : tige aplatie issue de la convergence d’un rameau avec une feuille qui se présente alors comme un limbe (tissu végétal) foliaire. Le cladode est souvent à l’aisselle de la feuille qui est réduite à une écaille ou à une épine, voir même absente. Contrairement au phylloclade, le cladode n’a qu’un seul entrenœud. Cladode et phylloclade ont les mêmes fonctions que les feuilles ; ce sont des adaptations de la plante à la sécheresse.
Le genre Acacia a des feuilles en phyllodes ou bipennées ou mixtes ou rarement en cladodes, les autres genres – Vachellia, Senegalia… ont des feuilles bipennées.
– La floraison abondante, pour certaines espèces, peut se produire à différents moments de l’année, toutefois il y a toujours un pic de floraison. En Europe, la plupart des acacias australiens fleurissent vers la fin de l’hiver tout comme dans leur pays d’origine – l’hiver australien commençant du 1er juin jusqu’au 31 août – mais d’après certains auteurs, seulement 1/3 des espèces australiennes fleuriraient l’hiver. La journée nationale du mimosa, en Australie, connue sous le nom de ‘Wattle day’ se fête le 1er septembre, c’est la fin de l’hiver et le début de la floraison de l’acacia doré – Acacia pycnantha.
Chez les Acacia, la maturité sexuelle est précoce et commence vers 1 à 4 ans. La plante est allogame (pollinisation croisée avec deux plants différents) de préférence, en botanique, on évite la consanguinité.
La pollinisation est entomophile – insectes. La majorité des acacias dégagent une odeur plus ou moins parfumée. En général, les plus parfumés sont ceux à fleurs jaune-pâle.
Les fleurs sont regroupées en inflorescences (grappes de fleurs), en glomérules rarement solitaires, de formes sphériques ou cylindriques – quand elle est cylindrique, on dit alors que c’est une inflorescence amentifère, en chaton. Un glomérule peut compter seulement 3 fleurs – Acacia lunata – ou jusqu’à 130 à 150 fleurs – Acacia anceps.
L’inflorescence est pédonculée (axe portant une fleur ou une inflorescence) mais les fleurs sont sessiles (directement sur l’axe). La floraison peut être terminale et souvent axillaire particulièrement chez les acacias à phyllodes dont le glomérule semble parfois sortir directement du limbe, exemples l’Acacia bifaria, l’Acacia glaucoptera…
Généralement hermaphrodites (bisexuées), certaines rares espèces présentent aussi des fleurs mâles sur la même plante – c’est l’andromonécie. En général, les fleurs sont protogynes – maturité des organes femelles avant les mâles afin d’éviter l’autofécondation.
∙ Le calice à 4 ou 5 dents est minuscule.
∙ La corolle en forme de clochette ou d’entonnoir à 4 ou 5 lobes, est petite, voire insignifiante ou même n’existe pas.
∙ Les étamines (pièces florales mâles) très longues et très voyantes sont aussi très nombreuses, aux couleurs du jaune vif au blanc-crème, certaines peuvent être orange ou rouges pour les espèces africaines – purpureapetala et leprosa. Les étamines ont des filets libres (pour le genre Acacia) ou partiellement fusionnés.
∙ On peut trouver jusqu’à 40 étamines pour un ovaire supère (pièces florales en dessous) à un carpelle (loge) surmonté d’un style (tige reliant l’ovaire au stigmate).
En savoir plus sur La Fleur.
– Malgré la production abondante de fleurs, seules 2 à 3 pour 1 000 deviendront des fruits !
Les fruits en gousses ont des formes variées : plates, cylindriques, épaisses, contenant une sorte de coton, droites ou courbées ou tordues, parfois resserrées entre les graines comme un chapelet, on les dit alors lomentacées… Généralement déhiscentes (s’ouvrant spontanément), elles s’ouvrent par la suture et le dos ; certaines rares espèces telles albida – nilotica – tortilis ont des gousses indéhiscentes.
– Les graines sont disposées dans la gousse soit transversalement soit longitudinalement, généralement en 1 rangée (graines alternées de chaque valve) mais parfois en 2 ou 3 rangées. Ces dispositions variées peuvent être un critère d’identification. Les graines de certaines espèces sont rattachées à la gousse par un funicule, un petit lien qui peu après fécondation se transforme en une sorte d’arille (enveloppe charnue) souvent de couleur attractive afin d’attirer les animaux et ainsi optimiser la dissémination zoochore (animaux). Cet arille est particulièrement voyant chez certaines espèces telle l’Acacia cyclops (en photo) dont le nom donné en 1821 par le botaniste britannique Allan Cunningham y fait référence.
Généralement, la graine est mature de 6 à 12 mois après la pollinisation.
Les graines d’acacias australiens sont disséminées surtout par les oiseaux, les fourmis mais aussi par les mammifères. Les graines d’espèces africaines sont dispersées principalement par les mammifères. Les graines ont pour la plupart des espèces une grande viabilité, jusqu’à plusieurs centaines d’années ! Souvent stockées en sous-sol par les fourmis, la synzoochorie ; lorsqu’un incendie tue le pied mère, la germination des graines enfouies dans le sol est stimulée après une première pluie associée de chaleur.
– La multiplication est souvent sexuée et en culture les graines se développent mieux après scarification (incision du tégument, la couche recouvrant l’ovule) par différentes méthodes – c’est une caractéristique de nombreuses Fabaceae. Certaines espèces se bouturent très bien. Voie végétative facile.
– Stratagèmes contre les ennemis :
∙ En Afrique, les antilopes ‘koudou’ abusent parfois de l’hospitalité nourricière des acacias. L’espèce Vachellia karroo, par instinct de survie, y répond en augmentant son taux de tanin qui, à forte dose, est mortelle pour les mammifères. De plus, en bon voisin, il prévient les autres acacias du danger en dégageant un gaz volatile (éthylène). Les arbres prévenus à leur tour produiront plus de tanin, prudence oblige.
∙ Non seulement l’acacia est capable d’augmenter sa production de tanin pour dissuader les mammifères de venir le brouter mais en plus, il asservit des insectes comme les fourmis, la myrmécophilie, et les réduit à l’esclavage en les droguant.
Les épines n’étant pas toujours dissuasives pour les grands mammifères tels les girafes et les éléphants d’Afrique, l’acacia a mis au point un autre procédé : à la base des folioles et sur les rameaux, il développe des glandes nectarifères (caractéristique des acacias) à faible production mais suffisante pour fidéliser les fourmis qui du coup s’installent chez cet hôte bienveillant qui leur offre le gite et le couvert. Les fourmis deviennent alors un calvaire pour les mammifères qui s’en approchent, ainsi l’arbre est protégé par cette armée impitoyable. Non seulement, elles repoussent les mammifères mais aussi les autres insectes et éliminent les plantes parasites.
Des recherches ont été faites spécialement sur le Vachellia cornigera – acacia corne de bœuf, originaire d’Amérique centrale. Son nom est dû à ses terribles épines épaisses en forme de corne de bœuf. Cet attirail de défense ne lui suffisant pas, il s’est allié avec les fourmis et tout particulièrement Pseudomyrmex ferrugineus. Ses épines creuses et cloisonnées en deux parties offrent l’habitat à ces fourmis très agressives, et les glandes nectarifères assouvissent leur faim et nourrissent leur progéniture. Souhaitant que les insectes lui restent fidèles, il synthétise l’enzyme qui leur permet d’assimiler le sucre contenu dans le nectar offert. Le rôle de ces glandes nectarifères a été découvert par Thomas Belt (1832-1878) géologue et naturaliste anglais, et en son honneur ont été dénommées ‘corps de Belt’ ou ‘corps beltien’.
Normalement, l’insecte peut produire seul cette enzyme, mais l’arbre malin synthétise également dans le même nectar une autre enzyme qui inhibe cette production chez l’insecte adulte le rendant totalement dépendant !!! Cette soumission chimique ne met pas à l’honneur ce vachellia qui fut pourtant élu comme ‘une des plantes les plus gentilles du monde végétal’ par l’excellent botaniste vulgarisateur Jean-Marie Pelt (1933-2015) ; ce dernier n’avait connaissance que de la générosité de cet acacia vis-à-vis des fourmis, et la science n’avait pas encore mis en évidence son côté un peu sadique. Jean-Marie Pelt avait pourtant conscience de la vulnérabilité des écrits scientifiques, et dans un de ces ouvrages, il écrivait : « …la science évolue et la vérité d’une époque est rarement celle de la suivante. On est toujours surpris, à la lecture des communications scientifiques de nos grands ancêtres, fussent-ils les plus savants de leur époque, du caractère désuet et obsolescent de leurs écrits ! Mais avons-nous songé que, dans quelques siècles, nos descendants, en nous lisant, nous trouveront sans doute pareillement démodés ? »
∙ L’acacia utilise aussi les fourmis comme tondeuse : en effet, cet arbre a besoin de beaucoup de soleil pour se développer et n’apprécie guère trop de concurrence. Pas de soucis, les fourmis font le ménage autour de lui en embarquant les graines tombées au sol et en taillant les jeunes pousses ; c’est pratique !
– Autres ennemis : punaises – cochenilles – moucherons… Les espèces d’Amérique du Sud sont particulièrement parasitées par du gui du genre Phoradendron californicum.
∙ Acacia
1 032 espèces australiennes (majorité) et asiatiques. Avec l’eucalyptus, c’est la plante ligneuse (caractères et aspect du bois) la plus présente sur le sol australien. La plus forte concentration d’espèces d’Acacia se trouve au sud-ouest de l’Ouest australien.
Ce sont des arbustes et des arbres dont les feuilles sont majoritairement en phyllodes mais on trouve aussi des espèces aux feuilles bipennées, d’autres en cladodes et quelques unes au feuillage mixte. Les fleurs se présentent souvent sous forme de glomérules sphériques mais il existe aussi des fleurs en épis.
∙ Acaciella
15 espèces américaines et particulièrement sur la côte pacifique et au Mexique.
Nom donné en 1928 par les botanistes américains Nathaniel Lord Britton et Joseph Nelson Rose. Ce nom vient de Acacia et du grec ‘ella’ – petit. De fait, ce genre comprend des arbustes ou des petites arbres. L’espèce type est l’Acaciella villosa.
Ce genre serait plus proche du genre Piptadenia que de l’Acacia. Leurs feuilles sont bipennées, ils sont dépourvus d’épines et de glandes nectarifères extra florales, les fleurs sont en général en glomérules sphériques.
∙ Mariosousa
13 espèces américaines en régions tropicales et subtropicales.
Nom donné par les botanistes américains David Stanley Seigler et John Edwin Ebinger, en honneur au botaniste mexicain Mario Sousa Sanchez, spécialiste des légumineuses et particulièrement des plantes mexicaines.
L’espèce type est Mariosousa coulteri. Ce sont des arbustes ou des petits arbres au feuillage bipenné, aux fleurs généralement en épis.
∙ Senegalia
199 espèces en Amérique – Afrique – Asie – Australie.
Nom donné en 1838 par le naturaliste archéologue américain Constantine Samuel Rafinesque en référence à l’espèce type Senegalia senegal originaire du Sénégal.
Leur nom vernaculaire anglophone ‘catclaws’ signifie ‘griffes de chat’ en référence à la forme de leurs épines. Ce sont des arbustes ou des petites arbres dont les feuilles sont bipennées et les fleurs en épis allongés.
∙ Vachellia
De 156 à 163 espèces : une cinquantaine en Amérique – environ 80 en Afrique – une trentaine en Asie – 9 en Australie.
Ce nom fut donné en 1834 par les botanistes écossais Robert Wight et George Arnott Walker Arnott en honneur au collectionneur de plantes John Harvey Vachell. Le nom anglophone ‘thorn tree’ signifie ‘arbre à épines’ ; en effet toutes les espèces possèdent des épines ; certaines possèdent aussi des aiguillons.
L’espèce type est le Vachellia farnesiana. Ce sont des arbustes ou des arbres, parfois même des plantes grimpantes. Les feuilles sont alternes et bipennées. Les fleurs se développent en général à l’aisselle des feuilles, la plupart du temps en glomérules sphériques, on trouve rarement des fleurs en épis.
Les aborigènes utilisaient les acacias comme nourriture (farine à base de graines – racines – gomme), carburant, médicaments (feuilles et écorce), pour fabriquer des objets avec le bois (lance – boomerang – bouclier) et des meubles ( particulièrement avec Acacia melanoxylon). L’Acacia était aussi présent dans des pratiques rituelles. À l’heure actuelle, ces utilisations sont pour la plupart toujours en rigueur.
– Alimentaire
∙ Les graines comestibles de certaines espèces sont riches en protéine et font envisager des plantations intensives pour lutter contre la famine dans les pays de brousse ; ceci est à l’étude.
Les graines torréfiées et broyées fournissent une farine utilisée pour confectionner des gâteaux et du pain. En Australie, ce pain est connu sous le nom de ‘wattle damper’. Toujours en Australie, on trouve des recettes de cuisine à base de kangourou sauté à la menthe et aux graines torréfiées d’acacia.
∙ Miel – beignets de fleurs riches en pollen – sirop – cachou (cœur du bois de Senegalia catechu associé à d’autres plantes). Concernant le miel et les beignets de fleurs, il ne faut pas s’y tromper, en Australie, il s’agit bien de certaines espèces d’acacias mais en France, ce sont les fleurs du faux-acacia – Robinia pseudoacacia qui sont utilisées.
∙ La gomme exsudant de l’écorce est comestible ; connue sous le nom de gomme arabique, elle est souvent utilisée pour les gelées. En industrie alimentaire, c’est la E414. Le premier arbre exploité pour sa gomme fut le Vachellia nilotica mais désormais le Senegalia senegal (ce serait 80% de la production mondiale) et le Vachellia seyal lui sont préférés.
∙ Fourrage.
– Cette même gomme peut être utilisée dans diverses applications industrielles : peinture – colle soluble dans l’eau…
– Écologie : les graines sont une nourriture pour les oiseaux. Le nectar et le pollen sont un apport important pour les abeilles. La sève de certaines espèces est particulièrement appréciée par le phalanger volant, petit marsupial australien ( à voir en photo car trop mignon !).
– Médicinales : surtout utilisé dans la pharmacopée traditionnelle.
– Parfums : les plus grands couturiers et parfumeurs ont créé des parfums à base d’acacia, entre autres : Guerlain – Hermès – Givenchy – Chanel – L’Artisan Parfumeur… À cet effet, l’espèce pycnantha a été particulièrement cultivée dans la région de Grasse (06).
– Cosmétologie.
– Ce sont des plantes pionnières, utiles contre l’érosion des sols, la retenue des talus et des terrains grâce à leur système racinaire superficiel qui les rend aussi très invasif.
– Bois : il est, généralement, d’une bonne dureté mais ses fibres ne sont pas toujours très droites ce qui limite ses utilisations.
∙ Petits objets et petits meubles – revêtements de sol…
∙ Combustible.
∙ Tanin à base d’écorce. La principale production mondiale de tanin a débuté en 1886, en Afrique du Sud, avec l’Acacia mearnsii. Certains auteurs pensent que cela est dû aussi à la raréfaction des châtaigniers en Europe à cette époque. Les industriels utilisent les espèces pycnantha, mearnsii et dealbata.
– Colorant jaune avec les fleurs, colorant vert avec les gousses.
– Ornementales.
– Production de fleurs coupées (voir à anecdotes).
En Australie :
– Dés 1838, l’Acacia pycnantha – l’acacia doré tient une place importante dans la société australienne.
– En 1899, le naturaliste Archibald James Campbell fonde la ‘Wattle ligue’ à Victoria, espérant faire reconnaître l’Acacia comme plante nationale. En 1908, il fit d’ailleurs une conférence bien connue sur ce thème.
– En 1910, à Sydney, à Melbourne et à Adélaïde, on célèbre pour la première fois la journée nationale de l’acacia.
– En 1912, le Premier Ministre australien recommande que l’on retrouve l’Acacia pycnantha dans les armoiries du Commonwealth et de l’utiliser pour les timbres ainsi que les insignes honorifiques.
– L’insigne de l’Ordre de l’Australie – ordre national d’honneur et de chevalerie établi en 1975 par Élisabeth II – a été inspiré par la fleur de mimosa.
– En 1984, le Gouverneur Général a déclaré le vert et l’or, couleurs de l’acacia, comme étant les couleurs nationales de l’Australie. Ces couleurs sont portées lors des manifestations sportives.
– En 1988, l’année du bicentenaire de l’Australie, le ‘mimosa d’or’ a été dédié officiellement à l’Acacia pycnantha qui est devenu l’emblème floral de l’Australie.
– En 1992, le Commonwealth d’Australie a déclaré le premier jour de septembre comme ‘la journée nationale du mimosa’ sous le nom de ‘Wattle day’. C’est alors, en Australie, la fin de l’hiver et le début de la floraison de l’acacia doré.
– En 2016 et 2017, on peut découvrir sur les nouveaux billets de banque australiens, la représentation de l’Acacia verticillata sur les 5 dollars australiens et l’Acacia verticillata subsp. ovoidea ou peut-être l’Acacia pulchella sur les 10 et 50 dollars australiens.
En France :
– Capitales du mimosa
∙ La ville de Grasse et sa région est la capitale du mimosa des Alpes-Maritimes.
∙ Le village médiéval du XIIe siècle, Bormes les mimosas est la capitale du mimosa dans le Var, avec ses 90 espèces ; en 1968, les autorités de Bormes ont décidé de rajouter la particule fleurie.
– En 1931, le syndicat d’initiative de Mandelieu crée la première fête du mimosa. Depuis, le lancement de cette fête démarre avec un concert inaugural donné dans la chapelle Notre Dame des mimosas construite en 1927 grâce à la générosité des paysans et des mimosistes – horticulteurs spécialisés dans la culture du mimosa pour la confection et l’expédition de bouquets de mimosas.
– À Nice dans les Alpes maritimes, l’acacia est largement mis à l’honneur lors du carnaval, pendant la bataille des fleurs.
– C’est l’emblème de la journée de la femme depuis 1946, célébrée le 8 mars, en référence à sa fleur qui symbolise l’élégance, la tendresse…
– Arbre biblique : il est cité 29 fois dans l’Ancien testament, en général concernant l’utilisation de son bois dur et léger, entre autre pour la construction de ‘L’arche d’alliance’, probablement avec le Vachellia nilotica.
– Les anciens Égyptiens considéraient l’acacia comme la représentation du culte solaire, de la renaissance du jour et de l’immortalité. Vachellia nilotica est considéré comme un arbre de vie et aurait donné naissance aux premiers dieux de l’Égypte. Certains pensent que les Israélites, tout comme les Égyptiens, consommaient l’écorce de cet acacia riche en diméthyltryptamine ou DMT, à des fins spirituelles et ils avancent même que Moïse, lors de l’épisode du buisson ardent, était sous l’effet de ce psychotique (personne ne pourra vérifier cette hypothèse).
– Emblème maçonnique : les spirituels Égyptiens auraient transmis leur vénération pour cet acacia sacré aux premiers membres de la confrérie des francs-maçons. Suite à une légende (Hiram), une branche d’acacia figure sur les représentations maçonniques de certaines loges. Lors de certains rites, une question serait posée à laquelle on répondrait : « L’acacia m’est connu ». L’acacia symboliserait l’innocence, l’antidote au mal, l’amour de Dieu.
Mise à jour octobre 2024.
Retour à l’accueil ou découverte, ci-dessous, de certaines espèces.