Cette espèce fait partie de la famille des Fabaceae, les légumineuses.
Ce fut l’espèce type du genre Acacia.
9 sous-espèces qui se distinguent par leur habitat, leur forme, leur gousse…
Autrefois, elles étaient considérées comme des espèces à part entière ce qui prêta souvent à confusions ; d’ailleurs en 1753, Linné décrit et nomme le Mimosa nilotica ainsi que le Mimosa scorpioides mais en fait, il était en présence de deux sous-espèces et donc de la même plante.
Afrique du Sud – péninsule arabique et particulièrement l’Égypte – sous-continent indien.
6 sous-espèces sont réparties en Afrique : indica – kraussiana- leiocarpa – nilotica – subalata – tomentosa.
2 sous-espèces dans le sous-continent indien : cupressiformis – hemispherica.
1 sous-espèce dans les 2 continents : adstringens.
Naturalisé dans presque toutes les régions tropicales et subtropicales de l’Afrique, l’Asie, l’Australie et les Caraïbes.
– Vachellia nilotica (L.) P.J.H.Hurter & Mabb.
∙ Tout d’abord nommé Mimosa nilotica par Linné en 1753.
Mimosa est désormais le nom d’un genre botanique de la sous-famille des Mimosoideae, dans lequel on trouve par exemple le Mimosa pudica au nom vernaculaire de sensitive.
Nilotica du latin signifiant ‘de la vallée du Nil’, probablement en référence à la région où il a été découvert la première fois.
∙ En 1783, le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck le nomme Mimosa arabica ; ce nom d’espèce est repris mais classé, en 1805, dans le genre Acacia par le botaniste allemand Carl Ludwig von Willdenow.
Le genre Acacia a été décrit pour la première fois d’une façon large, en 1754, par le botaniste écossais Philip Miller sur la base de cette espèce, le Vachellia nilotica.
Le nom Acacia vient du grec ancien ‘akantha’ identifiant tout végétal piquant. Ce nom se transforma en ‘akakia’ de ‘ake’ ou ‘akis’ – pointe ou épine et ‘akazo’ – aiguiser.
Au Ier siècle, le célèbre médecin botaniste Pedanius Dioscoride dans son livre ‘De Materia Medica‘ désigne une préparation extraite d’un gommier rouge (Vachellia nilotica, ce même arbre appelé Spina par Théophraste, soit ‘l’épine d’Egypte’) utilisée en pharmacopée sous le nom de Akakia d’où dérive le nom du genre Acacia.
Théophraste explique que cet arbre était aussi nommé acanthes : « …parce qu’à l’exception de sa tige il est tout hérissé d’épines ; sa fleur est belle et employée par les médecins. Il donne un espèce de gomme ».
∙ En 1813, le botaniste français Alire Raffeneau–Delile le reclasse dans le genre Acacia mais avec l’épithète nilotica.
∙ En 2008, le botaniste sud-africain P.J.H. Hurter et le botaniste britannique David John Mabberley le reclasse dans le genre Vachellia.
Le nom Vachellia fut donné, en 1834, par les botanistes écossais Robert Wight et George Arnott en honneur au collectionneur de plantes John Harvey Vachell.
– D’après l’explorateur, orientaliste et naturaliste suédois Pehr Forsskal, les noms utilisés en Égypte pour le désigner sont qarad et sant ; Delile précise que sant est le nom de l’arbre et qarad le nom du fruit.
Soul est un nom vernaculaire arabe. En Afrique, il est bien sur désigné sous de nombreux autres noms.
– Babul acacia est son nom vernaculaire commercial en Inde.
– Gommier rouge pour la couleur de la gomme qu’il exsude.
Habitats variés selon la sous-espèce. On peut répartir ces 9 sous-espèces en 2 groupes :
∙ nilotica – tomentosa – cupressiformis – indica : arbres riverains de zones inondables.
∙ adstringens – hemispherica (dans les 2 groupes possible) – kraussiana – leiocarpa – subalata : arbres de zones sèches.
Toutes ces espèces sont résistantes à la sécheresse et à la chaleur et peu tolérantes au gel.
Elles se développent sur toutes sortes de sols ; certaines même tolèrent un sol salin.
Dans certaines régions et particulièrement en Australie, cette espèce est considérée comme une mauvaise herbe envahissante.
Cette espèce type est très proche du Vachellia karroo.
Selon la sous-espèce, les caractéristiques présentent quelques différences.
– La croissance est relativement lente.
– Ce sont des arbustes ou des arbres de 5 à 13 m pouvant atteindre 20 m, souvent plus large que haut, au tronc court et épais, à la couronne basse, dense et étalée, arrondie ou plate.
– Le système racinaire est profond ou étalé selon l’habitat.
– Les rameaux brun-vert à noirs sont glabres ou légèrement tomenteux (duveteux).
– L’écorce gris-brun foncé à noire est épaisse et profondément fissurée ; la gomme exsudée est rougeâtre.
– Les feuilles sont protégées à leur base par de fines épines, droites mais souvent légèrement recourbées vers le bas, grises, de 5 à 7,5 cm ; les arbres matures en sont généralement dépourvus.
On trouve la présence de glandes nectarifères à la base du pétiole et au point d’insertion des paires terminales de foliolules.
Les feuilles semi-persistantes à persistantes, sont alternées, bipennées, composées de 3 à 6 (14) paires de pennes divisées en 7 à 36 paires de petites foliolules généralement elliptiques, à l’apex obtus, tomenteuses.
– La floraison se déroule à plusieurs périodes de l’année selon l’apport en eau de la zone.
C’est un des rares acacias à être autofécond. Maturité sexuelle à partir de 5 à 7 ans.
Les nombreuses inflorescences sont généralement axillaires vers l’extrémité des rameaux, en racème simple de 1 à 6 glomérules de 1,2 à 1,5 cm, au long pédoncule, portant chacun une cinquantaine de fleurs doucement parfumées. Pollinisation entomophile.
Fleurs polygames, hermaphrodites et mâles :
∙ Minuscule calice.
∙ Très petite corolle.
∙ Nombreuses longues étamines jaune d’or.
∙ Ovaire supère à 1 style.
– Les fruits sont en gousse indéhiscente, différente selon la sous-espèce, par exemple la sous-espèce adstringens a une gousse incurvée comme une queue de scorpion d’où le nom scorpioides que l’on retrouve d’ailleurs dans son synonyme Acacia scorpioides var. adstringens.
La gousse est généralement aplatie, oblongue à linéaire, de 4 à 22 cm sur 1 à 2 cm, droite ou légèrement courbée, enserrant plus ou moins les graines, au bord droit ou lomentacé (formant comme une sorte de chapelet), lisse ou tomenteuse.
– Chaque gousse contient de 6 à 17 graines elliptiques et aplaties.
Dissémination par les mammifères.
– Multiplication par graines scarifiées très facile, mais aussi par boutures, drageons…
– De nombreux ennemis : insectes – champignons…
– C’est une plante pionnière qui restaure et enrichit les sols. Dans les zones de désertification, elle permet la reforestation. On peut aussi l’utiliser en haie protectrice.
– Sa gomme arabique est utilisée dans des médicaments ou comme colorant ou en peinture ; à l’heure actuelle, on lui préfère la gomme de Senegalia senegal ou de Vachellia seyal.
– Médicinales
Maux d’estomac – douleurs – antiseptique – fébrifuge – contre le scorbut, la dysenterie, la diarrhée, les vers, la toux…
Les racines soignent les caries et diverses inflammations. Les jeunes brindilles servent de brosse à dents dans certains pays.
Elle est utilisée aussi en médecine vétérinaire.
– Les fruits ont un pouvoir molluscicide, ils détruisent les limaces et les escargots mais aussi les crustacés vecteurs de la bilharziose, une maladie parasitaire.
– Bois brun rouge, durable et résistant aux insectes, utilisé pour fabriquer des manches d’outils et la construction de bateaux comme les pirogues.
Bois de chauffage – charbon de bois.
Papier ou cordes avec l’écorce. Tannage du cuir. Teinture brune, grise ou noire pour les cotons.
– Écologie
Nourriture importante pour la faune. Source de nectar et de pollen pour les abeilles.
– Alimentaire
∙ C’est une plante mellifère.
∙ Les graines torréfiées sont ajoutées au café ; elles sont parfois commercialisées comme condiment.
∙ La gomme dite arabique est utilisée en confiserie.
∙ Fourrage : feuilles, fleurs et gousses surtout séchées. Par exemple, à Djibouti, les communautés Afars nourrissent les moutons, les chèvres et les chameaux avec cette plante.
Attention, en grandes quantités, ce fourrage peut se révéler toxique, d’ailleurs cette nourriture peut faire office de vermifuge.
– Ornementales
Arbre d’ombrage – arbre d’avenues en Inde.
– Une collection de ses graines sont conservées dans la Millenium Seed Bank, projet des jardins de Kew à Londres ; cet organisme situé à Wakehurst dans le West Sussex, conserve les graines des plantes les plus utiles pour l’avenir et spécialement des plantes menacées. Les graines sont séchées, emballées et stockées à une température inférieure à zéro.
– Cette plante est utilisée depuis les premières dynasties égyptiennes.
∙ Dans les histoires anciennes, les végétaux sont souvent évoqués ; en Égypte, on retrouve cités particulièrement trois genres : Balanites aegyptiaca – Zizyphus spina christi – Acacia nilotica.
Les anciens Égyptiens considéraient l’acacia comme la représentation du culte solaire, de la renaissance du jour et de l’immortalité.
Vachellia nilotica était considéré comme un arbre de vie et aurait donné naissance aux premiers dieux de l’Égypte.
∙ Des hiéroglyphes de nombreuses tombes représentent cette plante si importante pour les Égyptiens ; il est supposé qu’ils l’utilisaient afin de communiquer avec les dieux.
Certains pensent que les Israélites tout comme les Égyptiens consommaient l’écorce de cet acacia riche en diméthyltryptamine ou DMT à des fins spirituelles et ils avancent même que Moïse lors de l’épisode du buisson ardent était sous l’effet de ce psychotique !
∙ Dans le chamanisme, cet arbre est supposé chasser les mauvais esprits.
∙ Arbre biblique : il est cité 29 fois dans l’Ancien testament, en général concernant l’utilisation de son bois dur et léger, entre autre pour la construction de ‘L’arche d’alliance’ ; on peut supposer qu’il s’agissait bien du Vachellia nilotica.
∙ Franc-maçonnerie : les spirituels égyptiens auraient transmis leur vénération pour cet acacia sacré aux premiers membres de cette confrérie.