Dans le langage parlé les robiniers sont la plupart du temps confondus avec les acacias et s’ils font partie de la même grande famille des légumineuses, les Fabaceae, caractérisée par des plantes à gousses (des haricots), ils ne se ressemblent pas vraiment hormis les feuilles vues de loin et la présence d’épines. D’apparence, les robiniers sont plus proches d’autres légumineuses comme les Sophora, les Gleditsia (févier) et le Ceratonia siliqua (caroubier). Les Acacia sont classés dans la sous-famille des Mimosoideae, les Gleditsia et le Ceratonia dans les Caesalpinioideae et les Sophora et les Robinia sont intégrés dans une autre sous-famille, les Faboideae aux fleurs papilionacées, d’ailleurs dans cette sous-famille on trouve deux autres genres avec lesquels les robiniers sont rapprochés pour la ressemblance de leurs fleurs caractéristiques, ce sont les glycines – Wisteria et le cytise – Laburnum anagyroides, concernant ce dernier il est préférable de ne pas confondre ses fleurs avec celles du robinier car elles sont très toxiques. Les robiniers sont particulièrement classés dans la tribu des Robinieae.
L’identification des différentes espèces de Robinia n’est pas encore totalement résolue malgré les différents travaux effectués par plusieurs botanistes tels William Willard Ashe, Per Axel Rydberg ou encore Edward Wilber Berry et plus récemment Duane Isely et F.J. Peabody en 1984, c’est pourquoi le nombre d’espèces proposé varie de 4 à 20. Généralement 4 espèces sont toujours reconnues : hispida – pseudoacacia – viscosa – neomexicana, les autres espèces seraient des variétés mais le débat est loin d’être clos…
Est et sud-est de l’Amérique du Nord pour pseudoacacia, hispida et viscosa et sud-ouest des USA et nord du Mexique pour l’espèce neomexicana.
Le plus connu, Robinia pseudoacacia est particulièrement originaire de la région des Appalaches.
Souvent décrié pour son caractère invasif d’arbre ‘étranger’, des traces de robinier commun ont été trouvées dans les roches de l’Éocène (56 à 33,9 millions d’années) et du Miocène (23 millions d’années à 5 millions d’années) en Europe ce qui contrariera les adeptes des végétaux ‘bien de chez nous’ !
Disparu d’Europe probablement lors des dernières grandes glaciations, il y fut largement réintroduit par l’homme si bien qu’il s’y est naturalisé, on le trouve même jusqu’en Norvège !
– Robinia L.
En 1635, Jacques-Philippe Cornut valida le nom du robinier commun sous la forme Acacia Americana Robini d’après les travaux de Jean Robin. Ce nom de genre fut aussi attribué par John Ray en 1693 au févier (actuel Gleditsia triacanthos var. inermis) qu’il nomma Acacia virginianan siliquis glabris.
En 1640, John Parkinson préféra le nom de Pseudoacacia americana, c’est d’ailleurs le Pseudoacacia vulgaris de Joseph Pitton de Tournefort de 1694.
Linné en 1738 dans son Hortus Cliffortianus reprend le nom d’Acacia americana mais en 1753 il le classe officiellement dans le genre Robinia.
– Locust tree est le nom anglophone. L’origine de ce nom vient probablement du catalogue ‘Plantarum in Horto’ de 1634 de la famille John Tradescant dans lequel l’espèce pseudoacacia est nommée Locusta virginiana.
Le terme Locusta signifie criquet, sauterelle ou langouste mais en latin botanique Locusta est un terme désignant l’épillet de certaines graminées toutefois la traduction des noms populaires anglophones se rapporte au criquet : Robinia pseudoacacia – black locust, criquet noir (en français, on peut le trouver sous le nom d’acacia blanc) ; Robinia hispida – bristly locust, criquet hérissé ; Robinia viscosa – clammy locust, criquet moite ; Robinia neomexicana – new mexico locust, criquet du Nouveau-Mexique ou criquet du sud-ouest ; toutes les espèces se trouvent aussi appelées desert locust, criquet pèlerin. Il en est de même pour le févier d’Amérique nommé criquet mielleux ou criquet épineux et parfois le caroubier que l’on peut trouver sous le nom de criquet de l’Ancien Monde.
Le rapprochement entre robiniers et criquets semble dû à l’apparence des grappes de gousses ressemblant à une invasion de sauterelles ?!
Linné en 1758 valida le nom de genre Locusta pour désigner les criquets, ces ‘insecta’ animaux au corps divisé.
À noter que Locuste fut une célèbre empoisonneuse de la Rome antique ce qui n’est pas sans rappeler l’aspect toxique du robinier même si le rapport entre les deux n’est pas convaincant.
– Robinier de Robinia.
– L’espèce pseudoacacia est communément appelée faux-acacia en référence à une certaine ressemblance avec un acacia africain ; il est très courant de trouver toutes les espèces de robinier sous le nom d’acacia d’où de nombreuses confusions.
– On peut aussi trouver l’espèce pseudoacacia sous le nom de carouge, nom vernaculaire (populaire) qu’elle partage aussi avec le févier d’Amérique ; c’est en fait une variante du mot caroube, fruit du caroubier.
C’est un des premiers arbres d’Amérique du Nord arrivés en Europe (sauf dans le Grand Nord). Le robinier est considéré comme la première espèce forestière américaine introduite en France.
– Robinia pseudoacacia : Jean Robin serait le premier, en 1601, à introduire en Europe le robinier de l’espèce pseudoacacia à partir de graines venant d’Amérique du Nord qui lui auraient été données par John Tradescant le Jeune. Un de ces semis fut installé à Paris place Dauphine dans un petit jardin de l’île de la Cité où Jean Robin cultivait de nombreuses espèces et particulièrement des ‘simples’ – des plantes médicinales (jardin où les dames de la noblesse venaient d’ailleurs s’approvisionner en plantes, ce jardin a disparu depuis longtemps). Un autre robinier parisien serait issu de rejets de celui de la place Dauphine et aurait été planté quelques années plus tard par Vespasien Robin, le fils de Jean, au square René-Viviani dans le 5ème arrondissement de Paris, près de l’église Saint-Julien-le-Pauvre et face à l’église Notre-Dame où l’on peut encore le découvrir. Vespasien Robin en planta un autre en 1636 dans le Jardin du Roi, le Jardin des Plantes de Paris. Certains auteurs mettent en doute la date de 1601 et estiment l’introduction du robinier entre 1625 à 1635, dates des correspondances avec John Tradescant, d’autres attribuent l’introduction en France directement à Vespasien avec le spécimen du square Viviani ?…
Les robiniers plantés par la famille Robin font partie des plus vieux arbres de Paris et des plus vieux robiniers d’Europe.
Une étude génétique des populations françaises de robiniers a déterminé qu’elles provenaient d’un nombre restreint de populations originaires du plateau nord des Appalaches.
En Angleterre, on peut encore admirer un spécimen planté en 1762 dans les jardins royaux de Kew.
– Robinia hispida fut introduit en Europe vers 1758.
– Robinia viscosa fut découvert en Caroline du Nord en 1776 par William Bartram puis introduit en France en 1791 par André Michaux.
Zones méditerranéennes et tempérées.
Ce sont des plantes héliophiles (amies du soleil) qui ne se développent qu’en situation dégagée, c’est pourquoi elles jouent les pionnières, de plus leur aptitude à pousser même sur des sols pauvres et secs leur permet de s’installer sur des terrains en friche, dégradés, le long des chemins de fer… Elles sont résistantes à la pollution atmosphérique. Par contre, les branches étant cassantes, il est préférable de les planter à l’abri des vents.
Elles ont une légère préférence pour les sols sablonneux, pauvres en calcaire, frais mais à éviter les sols humides, compactes et argileux.
Si elles possèdent une grande tolérance au gel, au moins jusqu’à -23° à -25°C, ces plantes sont extrêmement sensibles au gel printanier tardif qui peut ruiner la courte floraison.
L’espèce pseudoacacia est présente de 0 à 700 m d’altitude.
– Croissance généralement très rapide surtout les premières années.
Il arrive que le faux-acacia ne dépasse pas les 100 ans toutefois on peut trouver des spécimens de 150 ans à plus de 300 ans et même jusqu’à 400 ans, le plus bel exemple est le robinier du square Viviani à Paris mais cette étonnante longévité vient des soins qui lui ont été apportés et à dire vrai le tronc que l’on découvre est surtout maintenu par des rejets ainsi que des étais en ciment faisant office de canne pour vieux spécimen ! Le robinier du Jardin des Plantes tient aussi la forme grâce aux rejets qu’il a émis au cours de sa vie.
– Arbuste ou arbre : l’espèce hispida est un arbuste ramifié de 4 m ; neomexicana peut être un arbuste de 5 m ou un arbre de 10 m ; viscosa est un arbre de 10 à 12 m et le robinier commun, pseudoacacia est la seule espèce à pouvoir culminer jusqu’à 25 à 30 m.
Le houppier (ensemble des parties aériennes) de l’espèce pseudoacacia est large, il est constitué de branches souvent tortueuses lui donnant un aspect dégingandé et aéré ; les branches sont assez cassantes et ce défaut jugé trop dangereux entraina sa disparition dans certaines régions.
– L’écorce est gris clair à gris-brun, voire brun foncé pour les rameaux de pseudoacacia. L’écorce lisse devient sillonnée ; pour pseudoacacia elle est profondément crevassée par des sillons longitudinaux s’entrecroisant et formant des losanges. Le robinier commun a un tronc élancé dont la base, avec l’âge, développe souvent des broussins (excroissances ligneuses formées par l’agglomération de nombreux bourgeons).
– Dans ses premières années, la racine du faux-acacia est particulièrement pivotante et profonde mais elle fait place à un système racinaire superficiel très développé, jusqu’à 1 fois ½ la hauteur de l’arbre, ce qui lui permet de vivre sur des sols peu profonds.
Le système racinaire est dit ‘rhizomateux’ (tiges souterraines) par le développement de bourgeons de drageons (tiges souterraines pouvant développer des bourgeons aériens) formant de nombreux clones (identiques au pied mère) très envahissants.
La présence de nodules (nœuds sur les racines) contenant des bactéries du genre Rhizobium, fixatrices d’azote leur permet de vivre sur des sols pauvres et même de les enrichir.
Si la souche subit un traumatisme, elle développe des rejets.
– Les jeunes tiges sont souvent recouvertes de poils qui disparaissent avec l’âge. Celles de l’espèce pseudoacacia sont recouvertes d’un court duvet blanc argenté, celles d’hispida présentent de nombreux poils violacés parfois à pointes glandulaires, ces poils sont particulièrement longs et hérissés d’où son nom de criquet hérissé, quant à viscosa ses tiges sont recouvertes uniquement de glandes collantes, des trichomes (fines excroissances), d’où son nom de criquet moite. La présence de ces poils est défensive, ils découragent les herbivores et repoussent les fourmis voleuses de nectar, la sécrétion des glandes est un bon pesticide naturel.
– Les stipules (appendices membraneux) à la base des feuilles se transforment généralement en paire d’épines longtemps persistantes (même après la chute des feuilles) par contre les rameaux fertiles sont inermes (sans épines). Ce sont de courtes épines trapues pour pseudoacacia, des épines plus longues pour hispida, acérées pour neomexicana, quant à viscosa il est dépourvu d’épines mais les robiniers ont toutes leurs variantes et il existe des variétés de pseudoacacia inermes, des viscosa épineux…
Les épines des robiniers ne rivaliseront jamais avec celles des féviers.
– Les robiniers ont une croissance sympodiale (développement à partir des bourgeons axillaires).
Les bourgeons minuscules et recouverts de poils collants sont cachés entre les épines et enfoncés dans l’écorce. Le bourgeon terminal est absent et de ce fait les tiges se développent en zigzag ; les bourgeons latéraux étant regroupés à plusieurs (de 2 à 5) forment une feuillaison étalée.
– La feuillaison et la défeuillaison sont tardives.
Les feuilles sont caduques, alternes, imparipennées (feuilles composées de folioles impaires) contrairement aux feuilles d’acacia paripennées ; elles sont composées de 7 à 21 folioles (divisions d’une feuille composée) ovales ou elliptiques portées sur la tige par de petits pédicelles (axes portant une fleur) opposés ou presque opposés. Le bord du limbe (tissu végétal) des folioles est lisse, l’apex (sommet) est généralement arrondi, il se termine parfois par une pointe, on le dit mucroné.
Les folioles se replient la nuit ou par temps de pluie ou sous un soleil trop intense. À l’automne, les feuilles vertes deviennent jaunes ou ocres mais il leur arrive de tomber vertes.
Le Robinia pseudoacacia est parfois confondu avec les Sophora, il s’en distingue par des folioles au bout arrondi alors que chez Sophora il est pointu, d’autre part les sophoras ne sont généralement pas épineux. Ceratonia et Gleditsia ont des feuilles paripennées, pas de foliole terminale.
– Les robiniers commencent à fleurir assez tôt dans leur vie, dès la deuxième année de culture pour hispida et vers l’âge de 6 à 10 ans pour pseudoacacia mais ce dernier vers l’âge de 60 ans n’est plus vraiment florifère.
Les fleurs apparaissent après les feuilles, d’avril à juin selon la région et l’espèce, Robinia viscosa est le plus tardif en juin. Si la floraison est abondante elle est aussi fugace soit une dizaine de jours.
Les fleurs sont hermaphrodites (bisexuées), papilionacées (aspect de papillon de forme irrégulière), en racèmes (grappes de fleurs s’échelonnant par alternance le long d’un axe) pendants de 10 à 20 cm de long à l’aisselle des feuilles et regroupant de 5 à 15 fleurs (jusqu’à 35 pour les cultivars) de 1,5 à 2,5 cm. Très parfumées, les fleurs sont aussi riches en nectar, on parle d’une production quotidienne de 2 mg de nectar par fleur ! L’espèce viscosa est inodore.
La pollinisation est assurée par des hyménoptères et particulièrement par les abeilles et les bourdons.
∙ Calice court, plus ou moins poilu, composé de 5 sépales soudés aux dents inégales ou parfois soudés en 2 lèvres.
∙ Cette fleur papilionacée est donc composée de 5 pétales de tailles plutôt égales. L’étendard est dressé, arrondi, large, il a le cœur jaune, couleur qui réfléchit les rayons UV et attire donc les insectes ; dirigé ainsi vers le nectar, l’insecte s’appuie sur les 2 pétales latéraux (les ailes) faisant office de piste d’atterrissage, le poids de l’insecte laisse alors apparaître les 2 autres pétales soudés, la carène qui à son tour libère les organes sexuels qu’elle protégeait, les étamines balayent de pollen le ventre de l’insecte et le tour est joué !
L’espèce pseudoacacia propose des fleurs blanches mais aussi des hybrides roses ou jaunes ; celles d’hispida et viscosa sont plutôt rose soutenu, neomexicana rose pâle presque blanches.
∙ Sans la présence d’insectes, les 10 étamines (pièces florales mâles) restent invisibles de l’extérieur, ce sont des étamines diadelphes (réunis en 2 faisceaux), caractéristique de la sous-famille, dont 9 sont unies sur une partie de leur longueur et une plus grande libre ; les anthères (extrémités fertiles d’une étamine) sont à 2 loges.
∙ L’ovaire supère (pièces florales insérées au-dessous ) est surmonté d’un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) simple, long et mince, poilu, protégé par le tube staminal.
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– Les fruits sont des gousses aplaties, parfois glabres parfois poilues voire très poilues pour hispida, contenant de 4 à 10 graines. Cette cosse brune à maturité est déhiscente (ouverture spontanée), elle s’ouvre en deux parties à la fin de l’hiver libérant les graines alors qu’elle est encore reliée à l’arbre. Dissémination barochore (gravité) et anémochore (vent).
Les cosses de l’espèce pseudoacacia sont les plus grandes, de 7 à 12 cm, elles sont souvent groupées de 2 à 4.
– Les graines en forme de haricot (réniforme), brunes ou noirâtres ont parfois du mal à se développer si l’environnement est particulièrement herbacé car elle ne supporte pas l’ombre par contre elles sont viables pendant 5 à 10 ans si elles ne pourrissent pas durant les périodes humides.
– Hybrides et cultivars
Les espèces ont tendance à s’hybrider naturellement. On distingue particulièrement : Robinia x ambigua – Robinia x holdtii – Robinia x margaretta…
Au XIXe siècle, à Manosque, le pépiniériste Mr Villevieille donna au Jardin des Plantes de Paris des spécimens d’un hybride rose probablement issu d’un croisement entre pseudoacacia et viscosa ; en ces temps-là, Joseph Decaisne gérait ce jardin et cet arbre fut appelé Robinia x ambigua ‘Decaisneana’. De cet arbre sont nés plusieurs cultivars.
De nombreux cultivars aux fleurs roses, violettes ou rouges ont été créés et particulièrement à partir des espèces pseudoacacia et hispida.
∙ Le cultivar Robinia pseudoacacia ‘Umbraculifera’ est une forme boule obtenue en Autriche en 1811, il fut particulièrement prisé dans les années 1960/70 en Europe comme arbres de rues, son intérêt est dans sa taille et dans son port car il ne fleurit pas, il est sans épines.
∙ Le cultivar Robinia pseudoacacia ‘Coluteoides’ est un petit arbre (~4 m) très florifère. Il serait issu d’une production horticole datée du XVIIIe siècle.
∙ Le cultivar Robinia pseudoacacia ‘Twisty Baby’ est intéressant pour les petits jardins ou pour la culture en bac par sa petite taille (4m sur 3 m maxi) et du point de vue ornementale par ses rameaux et ses feuilles tortillés. Ce serait une création horticole américaine datée de 1996.
– Ennemis
Les robiniers ne sont pas dépourvus d’ennemis mais les ravages provoqués mettent rarement la vie de l’arbre en péril.
L’espèce pseudoacacia peut être attaqué par un virus, le Chorogenus robiniae qui sera la source d’excroissances, des balais de sorcières (les bourgeons sont stimulés excessivement et forment une sorte de bonsaï ressemblant à un balai ou à un nid d’oiseau).
Les robiniers deviennent souvent des hôtes involontaires du gui – Viscum album.
De petits moucherons du genre Cecidomyiidae peuvent provoquer des galles sur les feuilles qui finissent par s’enrouler.
Odontota dorsalis est un insecte coléoptère qui mine les feuilles.
L’ennemi le plus dangereux est le cyllène du robinier – Megacyllene robiniae, un insecte coléoptère foreur qui peut provoquer des dommages considérables pour ces arbres sensibles au vent, il ne s’attaquerait qu’au criquet noir.
En France, on appelle une plantation de robiniers une acaciaraie, on ne s’en sort pas de l’acacia ! D’ailleurs, on achète du bois d’acacia, du miel d’acacia même s’ils n’en sont pas issus !
C’est particulièrement l’espèce pseudoacacia et ses cultivars qui sont utilisés. Que ce soit pour le bois ou pour le miel la meilleure production de cultivars est hongroise.
À l’heure actuelle, ce serait le troisième genre de feuillus le plus planté dans le monde après le peuplier et l’eucalyptus.
– Arbre pionnier, c’est l’arbre de ‘premiers secours’ qui enrichit le sol par les racines et par la décomposition des feuilles, qui stabilise les terrains et combat l’érosion par ses racines, qui restaure les anciennes terres agricoles ou minières.
En Europe, au XIXe siècle, il fut largement utilisé pour végétaliser les remblais afin de stabiliser les routes et les chemins de fer ainsi que pour créer des haies vivantes.
– Le bois est dense, dur et résistant, souple, particulièrement imputrescible, résistant aux insectes et à l’air marin et son seul défaut serait de se fendre facilement. Avec le chêne et le châtaignier, c’est un des bois européens les plus durables.
Les Amérindiens l’utilisaient pour fabriquer des tipis, des arcs, des flèches empoisonnées, des flûtes…
Un général de l’armée des États confédérés, William Henry Fitzhugh aurait écrit que le criquet noir est ‘aussi durable que la plupart des murs de briques’.
Le faux-acacia a été introduit dans l’ouest de l’Amérique du Nord par les chercheurs d’or pour consolider les mines avec le bois ainsi que pour fabriquer les traverses de chemin de fer.
Wesley Greene, historien des jardins américains rappelle que le bois de ‘black locust’ a largement été utilisé par les colons britanniques dans la construction de la ville de Jamestown dès 1609 ainsi que pour les bateaux qui permirent de gagner la guerre de 1812 : c’était une guerre chênes contre robiniers ! La ville de Boston aurait été particulièrement construite avec son bois.
On utilise non pas l’aubier (bois jeune en périphérie parcouru par la sève brute) mais le duramen (bois de cœur mort), bois de cœur jaunâtre qui devient rapidement brun doré puis gris (sans traitement). En 30 à 40 ans, il fournit un excellent bois d’œuvre. Il est très apprécié pour faire des poteaux, des piquets (de vigne), des parquets (particulièrement de cuisine ou de salle de bain) et pour la fabrication de mobilier de jardin, le caillebotis… Ce bois serait un excellent substitut au bois des espèces exotiques tel que le teck.
Les broussins de robinier font partie des plus jolis bois utilisés en artisanat pour confectionner de petits objets comme des stylos, des couteaux, des pieds de lampe…
C’est un très bon combustible même vert mais il ne faut l’utiliser qu’en foyer fermé car en brûlant il projette de nombreuses étincelles créant de jolis feux d’artifice !
– Teinture
À l’heure actuelle, les Amérindiens utiliseraient encore ses racines pour fabriquer une teinture rouge.
Le botaniste français Louis-Alexandre Dambourney, spécialiste des principes colorants des plantes, dans un de ses ouvrages, argumente la belle couleur jaune-fauve obtenue avec le bois de robinier.
Il est bon de passer une lasure sur les utilisations extérieures car un de ses tanins est soluble à l’eau et peut être lessivé par la pluie.
– Alimentaire
Si les fleurs ne sont pas toxiques, l’écorce, les feuilles et les graines contiennent de la lectine, de la robine extrêmement toxique, c’est une des principales causes d’intoxications chez les chevaux qui grignotent l’écorce ou les piquets de clôtures faites en robinier, 150 g d’écorce ingérée est une dose mortelle. Les feuilles données sans excès peuvent fournir du fourrage pour le bétail (exclus les équidés) ; la valeur nutritionnelle des feuilles serait équivalente à la luzerne.
∙ Miel
Son appellation de ‘miel d’acacia’ perpétue l’erreur nominative et si cela ne dérange personne, cela contribue à la confusion !
C’est un des miels les plus appréciés. En Europe, la production principale est hongroise.
Il est très limpide et plus il est pur plus il est limpide, transparent, de couleur ambre clair, son parfum est subtil. Il est très riche en sucres et particulièrement en fructose (de 47 à 72%), il ne cristallise pas pendant au moins 3 à 4 ans.
Le robinier commun produit une grande quantité de nectar (100 kg par hectare) très prisé par les abeilles mais alors pourquoi le miel est-il si onéreux ? En fait, la floraison se déroule sur une courte période printanière qui ne correspond pas à la miellée, développement optimal des ruches, de plus la température requise doit être de 18 à 20°C et le temps doit être calme et sec.
∙ Omelettes, salades, légumes et surtout beignets avec les fleurs que l’on récolte le cœur encore bien jaune, gage de fraîcheur.
Dans l’ouvrage de 1889 ‘Le pâtissier moderne’ (suivi d’un traité de confiserie d’office) de Gustave Garlin, on peut suivre la recette des ‘beignets d’acacia’ :
« Choisissez quelques belles grappes de fleurs d’acacia, trempez les dans un bol contenant du kirsch et du marasquin mélangés ensemble et légèrement sucrés, puis vous trempez ces branches de fleurs dans la pâte à frire, les plongez dans la friture très chaude et, lorsqu’elles ont une belle couleur, vous égouttez vos beignets et les servez en buisson sur une serviette pliée à cet effet.»
∙ Les pétales macérés dans du vin rouge, dans de l’eau sucrée (sirop), dans de l’alcool (liqueur) ou même dans du lait offrent une boisson tonique.
∙ Les graines bouillies font office de succédané de café.
– Médicinales
Purgatif – vomitif – problèmes gastriques.
Les indiens Cherokee utilisaient la racine de l’espèce hispida pour soulager les maux de dents et l’écorce de racine comme vomitif.
L’écorce du criquet noir est utilisée dans les remèdes homéopathiques et particulièrement contre les problèmes gastriques ; en phytothérapie, les fleurs utilisées en tisane soulagent les problèmes de digestion.
– Les fleurs sont utilisées en parfumerie et en cosmétologie.
– Écologie
Hôte de larves de lépidoptères, cette plante abrite aussi des oiseaux et des petits mammifères.
– Ornementales
C’est principalement le faux-acacia qui est prisé soit en isolé soit en alignement, les haies sont appréciées pour leur côté défensif grâce aux épines mais, attention, il est particulièrement invasif et dangereux pour la flore locale et ses drageons doivent être coupés très régulièrement.
– Espèces très envahissantes, elles sont interdites d’exploitation dans certains pays et dans certains états américains mais tout est une question de dosage et si cette plante est souvent très réglementée, elle peut rendre d’immenses services tant qu’elle reste sous un contrôle pointu. Michael Van Valkenburg, un architecte paysagiste américain particulièrement reconnu, voit dans le robinier une alternative à la déforestation des forêts tropicales qui fournissent du bois dur et durable, de plus sa patine brun doré devenant gris foncé est très appréciée. Il va même jusqu’à dire : « Cela dure un jour de plus que la pierre ». Pour l’instant, la production américaine n’étant pas suffisante car peu encouragée, il se fournit souvent en Hongrie.
– Le robinier a tellement été planté en Hongrie, près de 20% des forêts, que la majorité des habitants le considère comme leur arbre national. Dernièrement il aurait même été un enjeu politique : l’union européenne ayant légiféré sur le contrôle d’expansion de cet arbre très envahissant, le parti nationaliste hongrois l’a pris comme symbole de lutte contre ‘Bruxelles’, pour contrecarrer cette position, les opposants au parti l’ont pris eux aussi comme le symbole de liberté d’une société hongroise où ‘quiconque prenant racines en Hongrie devient Hongrois’…
– Comment mesurer l’intelligence d’un organisme ? Les humains s’accordent sur leur suprématie au niveau intellectuel et pourtant comment expliquer qu’ils soient incapables de reproduire ce que les plantes font naturellement :
∙ Recyclage à 100% de tout ce qu’elles utilisent pour se développer.
∙ Photosynthèse, ce pouvoir de croquer directement le soleil et de le transformer en énergie afin de synthétiser la nourriture apportée par la sève dans des laboratoires de haute technologie, les feuilles !
∙ Il existe quand même un phénomène que les hommes sont arrivés à reproduire mais il leur a fallu beaucoup d’études et d’efforts pour réaliser au XXe siècle ce procédé appelé ‘procédé Haber-Bosch’. Ce phénomène est bien connu des plantes, en effet celles de la famille des légumineuses sont capables de s’allier à des bactéries pour capturer l’azote de l’air dans le sol et le transformer en protéine assimilable, c’est très fort !
– La confusion entre robinier et acacia s’est immiscée dans la franc-maçonnerie et dans certaines légendes mythiques, il n’est donc pas rare de lire que le robinier dénommé acacia servit à construire l’Arche d’alliance ou à confectionner la couronne du Christ ceci étant impossible puisque cet arbre n’existait pas à l’époque dans ces régions, on trouve cette même erreur dans certaines littératures maçonniques ce qui est un comble pour les chercheurs de Vérités et il est inconcevable que l’arbre maçonnique soit un ‘faux’, un faux-acacia et l’on doit plutôt l’associer au Mimosa nilotica devenu Acacia nilotica puis plus récemment Vachellia nilotica.
– Le robinier serait symbole de chance et de bonheur, d’amitié et de protection.
Mise à jour décembre 2023.