Ce genre fait partie de la famille des Salicaceae. C’est la famille du saule – Salix dont il est très proche.
Le genre est divisé en 6 sections pour 40 à 50 espèces ; certains parlent d’un plus grand nombre d’espèces mais probablement en comptant les variétés et les hybrides.
En général, seules les sections Leuce et Aegiros sont vraiment représentées en Europe.
∙ Abaso : peupliers mexicains.
∙ Aegiros : peupliers noirs. Nom du grec désignant le peuplier noir.
∙ Leuce ou Populus : peupliers blancs et trembles. Leuce est le nom d’une nymphe (voir Anecdotes).
∙ Leucoides : peupliers colliers et peupliers à grandes feuilles de l’Est de l’Amérique du Nord et de l’Asie de l’Est.
∙ Tacamahaca : peupliers baumiers des régions montagneuses en Extrême-Orient et en Amérique du Nord. Tacamahaca est un nom indien désignant une espèce américaine. Le nom vernaculaire de ‘peuplier baumier’ vient de leurs bourgeons qui exsudent une résine odorante. L’hybridation avec les peupliers noirs est assez facile et se fait souvent naturellement.
∙ Turanga : peupliers subtropicaux en Asie et en Afrique.
Leur origine fort ancienne remonterait au Néocomien (145 à 129 millions d’années). La section Turanga est considérée comme la forme la plus primitive des peupliers, les autres sections se seraient différenciées bien plus tard.
– Populus L.
Nom donné par Joseph Pitton de Tournefort, confirmé par Linné en 1753.
Le mot populus présente plusieurs versions mais s’agissant d’arbre, l’étymologie est plus à rapprocher du latin le désignant; nom qui serait issu du grec ‘papallein’ signifiant ‘s’agiter’ en référence aux feuilles du peuplier tremble.
– Le nom vernaculaire vient du nom latin.
– Cottonwood nom anglophone en référence aux aigrettes qui entourent les graines.
– Aspen est le nom anglais désignant le tremble; nom issu de la racine indo-européenne ‘apsa’.
On les trouve dans des zones humides – ripisylves, en compagnie des saules – Salix et des aulnes – Alnus et parfois des frênes – Fraxinus, mais aussi dans des forêts alluviales et des plaines inondables, en isolé ou en petits groupes.
C’est une plante héliophile (amie du soleil) qui se développe sur un sol neutre, riche, limoneux. Certaines espèces tolèrent jusqu’à -25°C, certains parlent même de -30°C et -40°C mais cela reste à vérifier.
Les tempêtes sont un problème au vu de son bois assez cassant.
– La croissance est rapide, voire très rapide ; la longévité peut atteindre jusqu’à 400 ans même si certaines espèces telle deltoides ne vivent que 70 à 100 ans.
– Cet arbre de 25 à 45 m fait partie aux USA des plus grands feuillus.
– Il présente des écorces bien différentes selon l’espèce, lisses avec des lenticelles (pores servant aux échanges gazeux) ou rugueuses.
– Le système racinaire peut être profond mais aussi drageonnant (tiges souterraines pouvant développer des bourgeons aériens) et extrêmement développé, superficiel et traçant, pouvant développer de vastes colonies clonales (reproductions végétatives identiques au pied mère), d’ailleurs les peupliers sont parfois considérés comme envahissants à cause de leurs abondants drageons.
– Les branches sont souvent massives.
– Chez certaines rares espèces telles deltoides et balsamifera les bourgeons sont résineux.
– Il y a souvent dimorphisme entre les feuilles dites de rejet – premières feuilles pouvant être plus grandes et parfois palmées et les feuilles matures plus petites, entières et souvent de forme triangulaire; cette caractéristique rend souvent l’identification difficile.
Les feuilles adultes sont caduques, alternes, souvent très acuminées (la pointe s’amenuise fortement), au large limbe (tissu végétal) triangulaire ou cordiforme, au bord crénelé (cranté, découpé) ou denté, au long pétiole (axe reliant la feuille à la tige), vertes au revers pouvant être pubescent (poilu). À l’entrée de l’hiver, les feuilles avant de tomber deviennent jaunes.
– Cette plante est dioïque, les fleurs sont unisexuées sur des pieds différents. Mature sexuellement vers 10/15 ans.
Les fleurs printanières s’épanouissent avant ou avec la feuillaison, en chatons cylindriques et pendants, à écailles glabres.
Les mâles :
∙ Le périanthe (ensemble des pièces protectrices de la fleur) est réduit à une cupule, une petite coupe en forme de godet protégée par une bractée (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) caduque, dentée et ciliée.
∙ Les 8 à 30 étamines (pièces florales mâles) ont des anthères (extrémités fertiles d’une étamine) larges et carrées, jaunâtres ou rougeâtres.
Pollinisation par le vent – anémophile.
Les femelles discrètes sont pédicellées (petit axe portant une fleur) ; leurs chatons s’allongent après la pollinisation :
∙ Le périanthe est réduit à une cupule, une coupe en forme de godet protégée par une bractée caduque, dentée et ciliée.
∙ L’ovaire est à 2 carpelles (loges) ; le style (tige reliant l’ovaire au stigmate) presque invisible est surmonté d’un stigmate (partie réceptrice de pollen) quadrifide, rouge.
En savoir plus sur leur Sexualité.
– Les fruits en capsule à 2 valves contiennent une profusion de petites graines ovales de 1 mm à aigrettes dispersées par le vent et l’eau ; leur viabilité est assez courte. Au printemps ou en début d’été, le sol se recouvre d’une épaisse couche cotonneuse.
– Multiplications
Les graines ayant une viabilité très courte chez les peupliers, on a souvent recours à la multiplication végétative. De ce fait, on a pu remarquer qu’en Amérique du Nord, l’espèce nigra présentait surtout des spécimens mâles; en Europe, en culture, on trouve le plus souvent des spécimens femelles.
– Nombreuses variétés, hybrides et cultivars.
S’hybride et se bouture très facilement, par exemple l’hybridation du peuplier noir et du peuplier deltoïde aboutit au Populus x canadensis.
Un des plus beaux cultivars est le Populus alba ‘Nivea’, le peuplier blanc argenté. La sélection de cette variété aurait été réalisée en 1789 dans les jardins de Kew à Londres, il s’agit de cultivars mâles. Outre sa beauté, il est aussi utilisé comme porte-greffe de l’hybride Populus x canescens du fait que ses racines offrent un bon ancrage.
– Ennemis
∙ Chancre : Xanthomonas populi.
∙ Un virus – Poplar mosaic carlavirus provoque la mosaïque du peuplier qui réduit sa croissance.
∙ Les spores (éléments reproducteurs) utilisés lors de la reproduction du peuplier sont vecteurs d’une maladie cryptogamique, une rouille qui attaque les pins, c’est la rouille courbeuse du pin. Mieux vaut éviter de les cultiver côte à côte.
∙ Le gui – Viscum album est une plante parasite dispersée par les oiseaux sur une quarantaine d’arbres ou arbustes, toutefois il a été constaté que les arbres les plus parasités sont le pommier – Malus et le peuplier – Populus.
Une zone de peuplier est une peupleraie.
– Cette espèce pionnière est utile dans le reboisement de zones polluées, pour assurer une bonne biodiversité et comme brise-vent en arbres d’alignements.
La culture du peuplier est la populiculture. Les peupliers cultivés sont des cultivars dotés d’une meilleure croissance et d’une meilleure résistance aux maladies.
En 2013, en France, c’était la 5ème essence de feuillus, la 7ème en volume, pour une surface de 210 000 ha. La région Nouvelle-Aquitaine a la plus vaste peupleraie.
En 2016, la France était le premier producteur en Europe et le 3ème mondial derrière le Canada et la Chine.
– Bois blanc, tendre et léger mais avec une bonne résistance mécanique, aucun nœud, pas de veines, il se travaille facilement mais se polit difficilement. Un peuplier peut être exploité dès l’âge de 15 à 20 ans.
∙ Utilisé autrefois pour les charpentes en France surtout dans le Nord et l’Ouest.
Il est de nouveau utilisé et pour exemple à Toul-Rosières dans le 54, la maison de l’énergie solaire, de forme sphérique, est construite en bois de peuplier recouvert de plaques d’acier.
∙ Panneaux contreplaqués – allumettes – palettes et cageots – pâte à papier – sabots…
Très utilisé comme boites ou emballages légers pour le fromage (le camembert), les fruits, les bourriches d’huîtres… En France, les 3/4 des emballages légers sont en peuplier.
En 2014, les industriels s’inquiétaient de la réduction de plantation de peupliers par les forestiers et donc d’une pénurie d’emballage alimentaire.
∙ Mauvais combustible qui brûle rapidement et fournit peu de chaleur.
∙ Support de peinture sur cadre.
∙ Confection de poupées Kachina des indiens Hopis, avec la racine de l’espèce fremontii. Les ‘Kachina’ sont des êtres surnaturels incarnés par des individus portant des masques et des figurines. Ci-dessous photo d’un site amérindien confectionnant ce type de poupées.
∙ Musique : utilisé pour les corps de guitare; il est moins coûteux que le bois d’aulne qu’on lui préfère malgré tout.
– Tout comme le saule, l’eau de peuplier peut servir d’hormone de bouturage.
– Écologie
Leurs grandes hauteurs favorisent les sites de nidifications et de perchages.
Alimentation des larves de coléoptères, des papillons et des pucerons, soit environ 500 espèces qui profitent de cette niche écologique sans dommages pour l’arbre.
Les castors en raffolent…
– Alimentaire
∙ Autrefois, les Amérindiens consommaient l’écorce interne du peuplier baumier, particulièrement l’écorce de Populus balsamifera qui est sucrée et juteuse. Ils en faisaient aussi une boisson enivrante consommée lors de la ‘Danse du soleil’.
Les bourgeons, l’écorce et les graines de l’espèce deltoides étaient consommés ainsi que les inflorescences (grappes de fleurs) et les jeunes pousses cuites.
∙ En Europe et en Asie, on consommait aussi l’écorce de peuplier ajoutée au pain ou dans des bouillies.
∙ Le vin de bourgeons de peuplier malgré son goût excessivement prononcé est un excellent tonique.
∙ Le champignon Tricholoma populinium qui vit en symbiose avec le peuplier baumier est très apprécié.
– Médicinales
∙ Contient de la salicine et soigne les fièvres.
∙ Diurétique, il soigne les maladies urinaires et les difficultés bronchiques – antirhumatismale (onguent populeum) – charbon végétal contre les fermentations intestinales.
∙ La résine des bourgeons de peuplier est un excellent antiseptique. La résine des peupliers baumiers est utilisée comme cicatrisant des maladies de peau.
∙ En Europe, une grande partie de la production de propolis proviendrait de peuplier. Les abeilles récupèrent cette résine et ajoutée à de la cire et de la sève, elles fabriquent la propolis pour assainir et calfeutrer la ruche.
– Essence d’avenir, le peuplier a été nommé ‘Arbre du XXIe siècle’ par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture – FAO.
– Aux USA, l’espèce deltoides est l’arbre officiel de l’état du Kansas et du Nebraska et sa sous-espèce monilifera représente l’état du Wyoming.
– Symboles et légendes
∙ Dans la mythologie grecque, la nymphe Leuce est aimée d’Hadès, maître des enfers, frère aîné de Zeus et de Poséidon. Cet amour n’étant pas réciproque, afin de la garder auprès de lui, Hadès la transforme en peuplier argenté – Populus alba qu’il plante à l’entrée des enfers.
∙ L’espèce nigra est consacrée à la déesse de la lune, Hécate qui fait partie de la Triade Lunaire avec Séléné et Artémis. Hécate représente la nouvelle lune ou lune noire symbolisant la mort. D’ailleurs dans différentes traditions, le peuplier a une connotation funèbre.
∙ Symbolise la dualité de chaque être :
Dans la mythologie romaine, Hercule (Héraclès chez les grecs), fils de Jupiter (Zeus) descendit aux enfers pour se confronter à Cerbère, le chien à trois têtes qui gardait l’entrée. Pour se protéger, Hercule mis sur sa tête une couronne de feuilles de peuplier; sous l’effet de la sueur du héros et de l’épaisse fumée de l’enfer, les feuilles s’assombrirent du seul côté exposé.
D’autres versions parlent des branches de peuplier qu’Hercule brandissait quand il était victorieux.
– Arbre de la liberté
Lors de la révolution française, le peuplier fut choisit comme ‘arbre de la liberté’ tout simplement à cause de son nom qui à tort évoquait le peuple pour les révolutionnaires.
Les peupliers ne sont pas les seuls arbres plantés en tant qu’ arbre de la liberté.
– Pando
Une immense colonie clonale de peuplier faux-trembles – Populus tremuloides est située aux USA dans l’Utah; elle est surnommée Pando qui en latin signifie ‘je m’étends’; elle est considérée comme l’être le plus grand sur terre et le plus ancien mais ce n’est pas tout à fait vrai (pour en savoir plus, reportez-vous à l’article sur le record des arbres) ; en 2018, les autorités s’inquiétaient de la dégradation de l’environnement qui pourrait causer sa perte.
Mise à jour le 30 août 2022.