Plumeria est classé dans la famille des Apocynaceae (sous-famille des Rauvolfioideae), famille du laurier-rose (Nerium oleander) et de la pervenche (Vinca). Le Plumeria n’échappe pas à la majorité des espèces de cette famille en produisant un latex laiteux et collant, toxique et irritant, qui s’écoule après blessure.
Les espèces de Plumeria sont identifiées sous un nombre important de synonymes, et l’on pourrait penser qu’il existe de nombreuses espèces alors que l’on en dénombre seulement 7 espèces ; il existe toutefois de nombreuses variétés et hybrides ainsi que des cultivars.
Linné avait listé seulement 3 espèces (comme certains auteurs actuels) : rubra – alba – obtusa.
Espèces couramment répertoriées : alba – inodora – obtusa – pudica – rubra – stenophylla (filifolia) – subsessilis.
L’espèce acuminata (acutifolia) est plutôt considérée comme la forme blanche de rubra et stenopetala serait un hybride entre obtusa et subsessilis.
Les plus connues et cultivées sont Plumeria rubra (rose foncé) et Plumeria alba (blanc).
L’implantation, plus que réussie, du frangipanier dans diverses régions chaudes du globe, et particulièrement en Inde, en Polynésie et à Hawaï, a souvent laissé penser qu’il était originaire de ces régions mais il n’en est rien puisqu’il est apparu sur terre en Mésoamérique. Il est souvent avancé que cette plante originaire des îles Caraïbes se serait rapidement installée en Amérique Centrale (Mexique) et au nord de l’Amérique du Sud (Colombie, Venezuela).
La région mésoaméricaine, quoique très éloignée de nos régions, a changé nos vies en nous apportant le maïs, la tomate, le cacao, la vanille, le yucca, l’agave et le frangipanier pour les plus connus ! Une fois de plus, on constate que cette région, et particulièrement le Mexique, est un foyer primordial de biodiversité.
Régions d’origine supposées des différentes espèces :
Alba : Caraïbes et particulièrement Porto Rico et Petites Antilles.
Rubra : Mexique (particulièrement dans l’état d’Oaxaca), Amérique Centrale et du Sud.
Inodora : de la Colombie à la Guyane.
Pudica : des Caraïbes jusqu’au nord de l’Amérique du Sud, du Venezuela au Panama.
Obtusa : Bahamas et Grandes Antilles.
Stenophylla : Cuba.
Subsessilis : République dominicaine.
Acuminata : Venezuela
Stenopetala : Haïti.
La découverte de cette plante par les Européens se fit lors de la conquête espagnole de l’Amérique Centrale et du Sud, et il est impossible de savoir qui l’a admirée en premier…
Si les honneurs reviennent à Charles Plumier (1646-1704), ce n’est toutefois pas le premier Européen à évoquer cette plante dont l’intérêt médicinal fut décrit dans plusieurs ouvrages par différents auteurs avant lui. On peut citer, entre autres :
∙ Francisco de Mendoza y Vargas commandita le codex Cruz-Badiano (codex : manuscrit fait de feuilles cousues ensemble), un ouvrage regroupant les plantes médicinales utilisées au Mexique, originellement écrit en 1552 en nahualt (langue amérindienne) par Martin de la Cruz (indigène mexicain) et traduit en latin par Juan Badiano (enseignant mexicain) ; cet ouvrage fut longtemps détenu dans la bibliothèque du Vatican, puis en 1990, à la demande de Jean-Paul II, il fut rendu à l’Institut national d’anthropologie et d’histoire de Mexico.
∙ À la demande de Philippe II, Roi d’Espagne, Francisco Hernandez organisa une expédition en Amérique Centrale d’où il ramènera une belle collection et de nombreuses notes éditées après sa mort sous le titre Rerum medicarum Novae Hispaniae thesaurus publié en 1615 (complété en 1651) avec une description botanique du cacaloxochitl, Plumeria rubra.
Certains attribuent l’introduction en Europe (particulièrement en France) à Charles Plumier mais rien n’est moins sûr. On doit l’introduction en Asie du Sud-Est aux Espagnols via les Philippines annexées vers 1560.
– Plumeria Tourn. ex L. ou Plumeria L.
Le nom du genre Plumeria fut créé par Joseph Pitton de Tournefort qui l’a attribué en honneur à Charles Plumier pour son travail aux Caraïbes ; nom confirmé par Carl von Linné en 1753.
La numérisation de documents anciens nous ouvre la porte de la Grande Histoire, ainsi on peut découvrir (en latin) la dédicace de Tournefort faite à Paris en 1693 et reportée dans son livre Institutiones rei herbariae de 1700-1703 : « Plumeria, pour l’illustre découvreur Plumier, botaniste du roi, qui a enrichi la botanique avec tant de plantes si fines ».
On peut s’étonner de la disparition de la lettre i de Plumier dans l’attribution latine Plumeria ; en fait, le latin étant la langue officielle de la botanique, les scientifiques, autrefois, rédigeaient leurs ouvrages en latin afin d’être compris de leurs nombreux collègues étrangers avec qui ils correspondaient régulièrement. Le nom de Charles Plumier en latin se traduisant par Carolus Plumerius, il était donc normal que le i disparaisse.
Hasard ou pas, la ‘plumería’ est l’art de la plume exercé dans la confection de coiffes en plumes de quetzal portées par des chefs ou des guerriers de la culture préhispanique. La coiffe la plus connue est le ‘pénacho’ de l’empereur aztèque Moctezuma II détenue dans le Weltmuseum de Vienne en Autriche au grand dam du Mexique qui en réclame la restitution.
Les conquistadors espagnols ont été conquis par l’art de la plume et s’en sont emparés dès le XVIe siècle. En nahualt, cet artisanat est appelé amantecayolt, le nom de ‘plumería’ a-t-il été donné par les Espagnols de l’époque ? Quoiqu’il en soit, on peut constater que les plumes des coiffes ressemblent fort aux feuilles du frangipanier ; cela aurait-il influencé Charles Plumier et Tournefort pour attribuer le nom de la plante ? Si c’est le cas, ce serait un sacré clin d’œil.
– Les épithètes latines des espèces font généralement référence à la couleur des pétales ou à une caractéristique morphologique des feuilles.
– Frangipanier – Frangipani – Franchipani
L’origine du nom commun ‘frangipanier’ est controversée et pourrait tenir de la légende ou plutôt de différentes légendes. La famille italienne Frangipani, ancienne famille puissante de la Rome médiévale, est probablement à l’origine de ce nom mais les certitudes s’arrêtent là où les légendes commencent.
L’odeur du Plumeria évoque aussi bien du parfum que des recettes de cuisine et dans les deux cas, il est question de la famille Frangipani :
∙ Giacoma de Settesoli, épouse de Graziano di Frangipani, était une fervente amie de saint François d’Assise ; il est raconté qu’elle lui offrait des bonbons à base d’amandes et de sucre ou de miel.
∙ Le botaniste italien, Mutio Frangipani aurait découvert le Plumeria et son délicieux parfum au cours d’un séjour aux Antilles en 1493 lui rappelant les odeurs de son pays natal ; le nom aurait été donné en son honneur, mais rien ne prouve l’existence de Mutio aux Antilles.
Certains pensent que cette fable fut orchestrée par un parfumeur inconnu, en mal de notoriété, créateur de cette senteur.
∙ Le comte Cesare Frangipani aurait offert à Catherine de Médicis une recette à base d’amandes pour son mariage avec le roi de France.
∙ L’essayiste et polémiste français Jean-Louis Guez de Balzac, dans une lettre de 1634 à Mme Desloges, vante les ‘gants de Frangipani’ (en France, le métier de gantier existe dès le XIVe siècle) et attribue leur parfum à Pompeo Frangipani.
Pompéo Frangipani aurait créé une pommade à base d’amandes amères afin de masquer l’odeur de cuir des gants et des souliers. La légende voudrait que son cuisinier appréciant cette odeur aurait concocté un dessert à base d’amandes mais, comme on l’a vu précédemment, d’autres cuisiniers s’intéressaient depuis longtemps à cet arôme.
En 1643, Paul Scarron, dans l’index des personnages historiques de son ‘Recueil de quelques vers burlesques’, cite Pompeo Frangipani comme inventeur de la frangipane.
Afin de compliquer l’histoire, certains auteurs évoquent une étymologie du mot frangipanier signifiant ‘lait caillé’ en référence au latex, mais les documentations manquent pour l’affirmer, toutefois, il a été trouvé une enzyme dans le latex des Plumeria qui agirait sur la coagulation du lait.
– Même nom populaire mais plantes différentes :
∙ Le ‘frangipanier grimpant’ n’est pas un Plumeria mais une liane qui lui ressemble beaucoup, le Chonemorpha fragrans de la même famille des Apocynaceae.
∙ Le ‘frangipanier australien’ nommé Hymenosporum flavum est un grand arbre de la famille des Pittosporaceae dont les fleurs jaunes sont très parfumées.
– Autres noms vernaculaires (populaires)
À chaque région, à chaque pays, son ou ses noms populaires qui peuvent être différents selon l’espèce.
∙ Noms amérindiens : sak nikté (fleur blanche/alba) – cacaloxochitl (fleur de corbeau ?/rubra) – amancayo – caracucha – amapola…
∙ Noms espagnols : franchipán – flor de mayo utilisé (entre autres) au Mexique et au Guatemala pour sa floraison généralement en mai (saison des pluies succédant à une saison sèche) – alheli, nom issu de l’arabe pouvant aussi désigner la giroflée – lirio, issu du grec ancien pour désigner le lys…
∙ Quelques noms employés dans différentes régions du monde :
Fleur ou arbre des temples (Templetree) ou arbre des pagodes en référence à la plantation en ces lieux.
Son latex lui a donné le nom de ‘bois de lait’.
Nosegay tree (alba) signifie ‘arbre à bouquet’, on trouve aussi le nom de ‘bouquet de mariée’ (pudica).
Jasmin de Cayenne, ou jasmin des Antilles (alba)… en référence à son parfum assez proche mais il ressemble encore plus à l’odeur des fleurs de gardénias, que ce soit le Gardenia jasminoïdes ou bien le Gardenia taitensis, le tiaré dont la forme et la couleur sont assez semblables.
Caterpillar tree – arbre à chenilles (voir la pollinisation).
En Thaïlande, le frangipanier était affublé du nom Lane-thome dont la phonétique évoquait de mauvaises ondes et le peuple délaissait cet arbre très apprécié par une des filles du roi Rama IX (1927-2016), elle décida alors de changer son nom et lui attribua un nom de bon augure, Lilawadi, qui permit à cette magnifique plante de sortir des lieux religieux.
Régions tropicales et subtropicales semi-sèches. Il est présent sur des falaises littorales ou sur des sols volcaniques, dans des déserts accompagnés de cactus ou dans des forêts xérophiles (sèches).
Très résistant à la sécheresse ainsi qu’aux embruns salins pour certaines espèces.
Tous sols riches ou rocailleux, mais surtout bien drainés.
Le plein soleil (au-moins 6 à 7 h/jour) est requis pour une floraison abondante.
Intolérant au gel, l’espèce rubra peut toutefois être cultivée en pleine terre sur la Côte d’Azur, mais uniquement en situation très protégée contre un mur plein sud, d’ailleurs seule la région de Menton peut nous offrir le spectacle d’un frangipanier en pleine terre mais encore faut-il que l’hiver ne soit pas exceptionnellement froid.
La plante est toxique par son latex laiteux (non mortel).
– Arbuste parfois buissonneux ou arbre, souvent aussi large que haut, au tronc court, généralement très ramifié ; l’espèce subsessilis, vivant sur les falaises, aurait tendance à se comporter comme une rampante. Certaines espèces ne dépassent généralement pas les 6 à 8 m (alba, inodora, stenophylla) et d’autres atteignent 10 à 12 m dans leur pays d’origine (rubra, obtusa). Dans les régions tempérées où ils sont cultivés en pot, ils ne dépassent pas les 2,50/3 m.
– Le bois des branches est épais mais flexible ce qui ne l’empêche pas d’être très cassant, celui de pudica est plus mince.
Les branches se développent souvent en candélabres, elles peuvent présenter des protubérances liégeuses (obtusa). Elles gardent de manière visible les cicatrices des feuilles.
– L’écorce est fine, lisse, gris-vert et semble écailleuse.
– Le système racinaire est assez superficiel.
– Les feuilles se révèlent généralement caduques lors de la saison sèche (hiver dans leur pays d’origine) mais se comportent souvent comme des semi-persistantes dépendant des conditions offertes, hormis obtusa ‘Singapour’, pudica et subsessilis qui auraient plutôt tendance à être persistantes.
Les feuilles sont simples et entières, robustes. Elles se développent aux extrémités des branches en formant une rosette du fait de leur disposition en spirale rapprochée. Elles sont pétiolées (petit pied), plus ou moins lancéolées ou elliptiques, de 20 à 40 cm sur 10 à 15 cm, obtuses (obtusa) ou plus ou moins acuminées (la pointe s’amenuise fortement), aux nervures saillantes. Généralement vertes, au revers duveteux.
Les espèces obtusa et pudica sont assez foncées et obtusa plutôt brillante, l’espèce pudica présente une forme de spatule (cuillère) très reconnaissable, les feuilles d’alba sont gaufrées à bord retourné, stenophylla a des feuilles longues et très fines d’où son nom, elles ressemblent un peu à celles du laurier-rose mais en beaucoup plus étroites.
– Dans leurs pays d’origine, la floraison peut durer de 6 à 8 mois, voire toute l’année pour les espèces rubra et pudica, elle se produit souvent après la période de sécheresse (hiver tropical), d’ailleurs pour bien fleurir cette plante a besoin de deux saisons bien marquées ; en Europe, elle s’effectue du printemps à la fin de l’été. La floraison commence souvent avant la formation des feuilles. Maturité sexuelle vers l’âge de 4 à 5 ans.
L’inflorescence terminale se développe en grappe de cymes (fleur terminale et fleurs en ramifications secondaires) ; les fleurs, de 5 à 8 cm, sont hermaphrodites (bisexuées), pédicellées (petit pied) ; l’espèce subsessilis est peu pédicellé d’où son nom.
∙ Le bouton floral est contourné et les pétales se développent donc en hélice, une des caractéristiques de plusieurs apocynacées.
∙ Bractées (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) caduques.
∙ Calice à 5 petits sépales libres et obtus, généralement verdâtres.
∙ Corolle gamopétale (pétales soudés) à 5 pétales cireux plus ou moins soudés en tube, puis libres ils se chevauchent plus ou moins selon l’espèce.
Les pétales sont plus ou moins arrondis ou allongés : les pétales ronds d’obtusa ont tendance à se recourber vers l’arrière, ceux de stenophylla sont longs et très étroits, ils se chevauchent à peine, l’apex (sommet) est souvent recourbé en arrière, les pétales de pudica sont particulièrement soudés à l’extrémité du tube.
∙ Les organes sexuels sont cachés à l’intérieur du tube :
5 étamines soudées sur une longue partie du tube, aux filets courts portant des anthères (extrémité fertile d’une étamine) oblongues.
Ovaire supère à 2 carpelles (loges) séparés mais aux styles (tige reliant l’ovaire au stigmate) soudés ne formant qu’un.
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Toutes les espèces exposent des pétales blancs à cœur jaune plus ou moins marqué hormis Plumeria rubra et ses 3 formes recensées : rubra f. acutifolia aux fleurs blanches et au cœur jaune – rubra f. rubra aux fleurs rouge rosé et au cœur jaune nuancé d’orange – tricolor aux fleurs blanches teintées de rose et au cœur jaune nuancé d’orange.
Bien sûr, à l’heure actuelle, les hybridations et les cultivars nous proposent de nombreuses variations de couleur.
La couleur blanche des pétales reflète particulièrement bien la lumière de la lune dans l’obscurité ; les insectes nocturnes attirés par le parfum trouvent ainsi facilement l’objet de leur convoitise, c’est pourquoi les Plumeria, souvent très parfumés, exhalent une senteur irrésistible surtout en fin de journée et la nuit attirant certains pollinisateurs, papillons de nuit tels les sphinx et autres petits insectes, mais cette plante n’offre pas de nectar dans son nectaire spécialisé uniquement en parfum.
Plumeria rubra f. acutifolia est le plus parfumé – Plumeria obtusa est très odorant et particulièrement son cultivar Singapour – Plumeria alba exhale un parfum mêlée d’amande et de vanille – Plumeria stenophylla est légèrement parfumé – Plumeria pudica et Plumeria subsessilis sont peu parfumés, quant à Plumeria inodora son nom annonce la senteur.
Les papillons dont la trompe est assez longue arrivent à pénétrer dans le tube floral mais aucun nectar ne récompense leurs efforts, et seule la fleur en tire les bénéfices d’une pollinisation ; bien souvent la pollinisation est assurée par inadvertance par de petits insectes comme les thrips (Thysanoptera) qui ne mesurent qu’un millimètre. Plumeria peut aussi s’autoféconder, autogamie, au détriment de la diversité génétique.
Si le Plumeria se montre très mesquin en leurrant les insectes avides de nectar, il offre à volonté ses feuilles aux chenilles. Le papillon du genre Pseudosphinx tetrio, le sphinx du frangipanier, originaire des mêmes régions que le Plumeria, s’est spécialisé en fonction des plantes de la famille des apocynacées (particulièrement Plumeria et Allamanda) ; la femelle sphinx pond ses œufs en grappe sur les feuilles dont les chenilles engloutiront jusqu’à deux fois leur poids en 24h, soit l’équivalent de 3 grandes feuilles : en réponse, le frangipanier développe encore plus de feuilles. Le caractère toxique des feuilles confère aux chenilles une protection antiprédatrice qu’elles expriment par des couleurs voyantes et très dissuasives, les sphinx adultes arborent une couleur plutôt grisâtre.
Plumeria alba est réputé pour accueillir une foultitude de ces chenilles ce qui lui a valu le nom d’arbre véreux, mais les attaques des chenilles sont généralement sans conséquence pour la plante.
Ci-dessous illustration de la dessinatrice naturaliste allemande, spécialiste de la métamorphose des papillons, Anna Maria Sibylla Merian (1647-1717), à partir de plantes et de papillons découverts au Surinam.
– Fruit toxique formant une gousse cylindrique, un follicule (fruit s’ouvrant d’un seul côté) étroit et long de 15 à 30 cm, lisse et coriace ; ce follicule persiste souvent sur l’arbre. Les gousses se développent par paire du fait que l’ovaire est constitué de 2 carpelles libres mais reliés à la base. Le fruit est mature de 6 à 10 mois après la pollinisation.
Nombreuses graines plates, noires à maturité, avec une aile membraneuse assurant la dissémination généralement anémophile, vent.
Ci-dessous, gravure de Plumeria – Commanditaire de la numérisation et donateur : Missouri Botanical Garden Saint Louis USA.
– Il existe de nombreux hybrides ainsi que des cultivars souvent obtenus à partir des espèces rubra et obtusa.
– La multiplication par graines est facile mais, en Europe, il n’est pas courant de trouver des gousses faute de pollinisateur adéquat.
La plante se bouture très facilement, et les rameaux coupés gardent longtemps leur vigueur et peuvent repartir sans même avoir développé de racines.
– Ennemis
Cochenilles farineuses – aleurodes – nématodes – champignon (Coleosporium plumeriae) -araignées rouges – thryps…
– Médicinales
On retrouve ses différentes utilisations dans les médecines amérindienne, ayurvédique ou chinoise…
Latex, écorce, feuille et racine sont utilisés : démangeaisons – brûlures – gonflements – œdème – fièvres – purgatif – maladies vénériennes – verrues – système immunitaire – antigrippal… Cette plante contient un alcaloïde – la flavopéreirine qui aurait des propriétés antivirales et cytostatiques.
Le thé chinois aux 5 fleurs – Wu Hua Cha – est indiqué comme détoxifiant, drainant, fluidifiant du sang… Il est composé de : Plumeria, Sophora japonica, Chrysanthemum, Lonicera japonica ( chèvrefeuille), Bombax ceiba (kapokier).
Les graines bouillies dans du lait seraient un bon antidote contre les morsures de serpent.
En aromathérapie, il est utilisé pour se calmer et se détendre.
Un des remèdes contre la fatigue proposé par Martin de la Cruz dans le codex Cruz-Badiano inclut le Plumeria (appelé alors cacaloxochitl). Il y est signalé que le cacaloxochitl est d’une beauté excessive !
Il est aussi indiqué que la fleur de cacaloxochitl (rubra) est utilisée pour les maladies de peau ainsi que pour la faiblesse du cœur. Prescrit comme fortifiant, la fleur était associée à d’autres produits précieux comme le magnolia, la vanille et la Bourreria, une cousine de la bourrache ; le produit fort coûteux était réservé aux nobles.
– Cosmétologie et parfums
Les Mexicains utilisaient les senteurs du frangipanier pour parfumer des lotions de massage supposées détendre les travailleurs.
Plumeria rentre dans la composition de parfums, de déodorants, dans des soins capillaires associé à l’aloès ou dans des crèmes hydratantes.
Le parfum est extrait par enfleurage dans de la graisse, puis par extraction à l’éthanol.
Le monoï de Tahiti à la fleur de tiaré est parfumé aux fleurs de frangipanier d’où son nom Monoï Tipanié.
– Encens en Inde.
– Colliers et guirlandes (lei) de fleurs de frangipanier sont des offrandes de bienvenue dans de nombreux pays.
À Hawaï, la production de fleurs pour confectionner les lei, les couronnes de fleurs portées par les danseuses hawaïennes et offertes en signe de bienvenue, sont une source importante de revenus. Ils ont repris la tradition des Aztèques dont les guirlandes étaient particulièrement réalisées lors du festival Huitzilopochtli (divinité aztèque). Il est d’ailleurs étonnant que l’emblème floral de Hawaï soit une fleur d’hibiscus.
– Le bois ne s’utilise qu’en marqueterie. Certains disent qu’il ne brûle pas et, sans en avoir la certitude, on peut supposer que le latex protège le bois des flammes.
– Alimentaire
Les fleurs seraient comestibles en pâtisserie, en confiture, ou dans des salades, ou simplement en décoration de plats, toutefois certains rares auteurs déconseillent leur absorption.
Le parfum du Plumeria et du Bourreria huanita servent d’arômes exotiques pour les boissons tel le cacao.
– La représentation de la fleur du frangipanier s’illustre sur différents supports : peintures, tissus, bijoux, céramiques, iconographies, fresques, timbres…
Autrefois, au Mexique, une parure ornée du motif de cette fleur était appelée cacaloxochyoh en référence au nom nahualt de cette plante.
– Ornementale
En Europe, il est généralement cultivé en pot à l’extérieur dans les régions très clémentes ou en véranda hors gel.
L’introduction du frangipanier par les Espagnols, en Asie, s’est accompagnée aussi des légendes amérindiennes le concernant.
– Emblème floral
∙ En Amérique Centrale, cette plante était considérée comme sacrée, elle aurait même donner naissance à des dieux selon les mythes Lacandons (ethnie amérindienne macro-maya).
Les Mayas du Yucation considéraient la fleur du frangipanier comme ‘la fleur’ par excellence et le mot fleur était synonyme de Plumeria ; ils aimaient dessiner sur différents supports cette fleur des dieux du panthéon maya.
Chez les Aztèques, posséder un frangipanier confirmait le statut d’élite d’où sa plantation dans les jardins des nobles ou les jardins royaux ; il est écrit que l’empereur aztèque Moctezuma I souhaitait avoir des Plumeria et des Bourreria huanita dans ses jardins.
On découvre aussi, qu’à une certaine époque, il était interdit de sentir ou de cueillir les fleurs sacrées sous peine de mort, alors qu’à d’autres, on s’échangeait ces mêmes fleurs lors de fêtes.
∙ Plumeria alba est l’emblème floral national du Laos nommé ‘dork champa’ signifiant ‘fleur abandonnée par les Chams (le peuple Cham, originaire d’Inde, s’est installé au Cambodge et planta de nombreux frangipaniers découverts plus tard par les Laotiens) ; les cinq pétales et le cœur d’or de la fleur de Plumeria représentent les cinq pays entourant le Laos (le cœur). Une chanson du même nom fait l’éloge de la beauté et du parfum du frangipanier, elle est enseignée aux enfants. Cet arbre parfumé, résistant et supposé immortel rappelle aux Laotiens leur pays et leur résistance pour l’indépendance.
∙ Plumeria rubra f. acutifolia est la fleur nationale du Nicaragua depuis 1971 ; son nom est sacuanjoche ( en nahuatl : sacuan – beaux pétales jaunes et joche – fleur), mais aussi ‘fleur de mai’. Elle apparait sur différents billets de banque (monnaie : le cordoba).
C’est aussi la fleur symbole du village Asan-Mazina situé à Guam, un territoire américain en Océanie.
– Offrandes
Dans différents pays, les fleurs sont offertes aux dieux lors de cérémonies religieuses, leur beauté et leur arôme favoriseraient la communication avec les dieux. Elles peuvent être répandues au sol afin de former un tapis floral.
En Asie, ces arbustes sont plantés près des temples, on cueille les fleurs comme offrandes à Bouddha.
– Symbole d’immortalité
Après avoir été coupée, une seule branche plantée dans le sol peut repartir, elle pourrait même fleurir avant la production de racines, ce qui lui valut le symbole d’immortalité.
– Symbole de deuil et de protections maléfiques
Dans certains pays, il est rattaché au deuil et à la mort. À la Réunion, on considère qu’il accompagne et favorise le contact avec les défunts vers l’au-delà.
Il était dit qu’un arbre très odorant est supposé attirer les esprits malfaisants ainsi que les démons, les fantômes et même les vampires, mais son bois aurait un rôle protecteur. Les croyances arrivent jusqu’à nous et cette plante reliée aux fantômes est évoquée dans la série Ghost Whisperer.
En Asie, on le trouve souvent planté dans les cimetières comme le sont les ifs en France. La tombe de Paul Gauguin se trouve sur l’île de Hiva Oa aux Marquises (Polynésie française), elle est protégée par les beaux Plumeria du cimetière.
– Symbole d’amour et de sexualité
Chez les Mayas, le Plumeria était un symbole de force vitale et de fertilité en amour, et particulièrement de la sexualité féminine et de l’érotisme, ce qui lui conféra parfois une connotation négative en rapport avec une sexualité non contrôlée.
L’eau de Plumeria serait un philtre d’amour et de fidélité, le bain de fleurs serait aussi efficace.
En Chine, offrir des fleurs de Plumeria est un symbole de fertilité, et d’ailleurs c’est une façon de dire ‘Je t’aime’.
En Polynésie, les femmes s’ornent de colliers de fleurs, mais portent aussi une fleur à l’oreille afin d’éclairer leur statut : oreille droite, femme libre – oreille gauche, femme déjà amoureuse.
En Inde, c’est un symbole de loyauté et le jour de leur mariage les femmes en ornent leur cheveux.
La fleur étant liée à la femme, elle l’est aussi à la lune.
– Récupération chrétienne
Les Espagnols, lors de la colonisation, s’approprièrent les mythes et les croyances des indigènes en les transposant dans leur évangélisation, c’est ainsi que les fleurs de Plumeria servirent de décoration sur les croix commémoratives du jour de la Sainte Croix, le 3 mai, récupération chrétienne d’un rite annuel de pluie et de fertilité au Mexique. La fleur blanche symbolisait la vierge Marie.
– Des chansons et des poésies l’évoquent et ce dès la période préhispanique.
PS : Il est à souligner que le codex et autres livres anciens cités dans cet article sont à l’heure actuelle, soit 300 à 470 ans plus tard, toujours édités et/ou numérisés !
Mise à jour février 2024.