Le genre Plumbago fait partie de la famille des Plumbaginaceae (sous-famille Plumbaginoideae), comprenant des ‘plantes à fleurs’ (angiospermes), principalement des herbacées annuelles ou vivaces, ou des arbustes, et des plantes grimpantes.
Cette famille fut décrite et nommée en 1789 par Antoine-Laurent de Jussieu, du nom latin du genre Plumbago. Certaines espèces de cette famille sont naturellement présentes dans le sud de la France, tels les genres Armeria (gazon d’Espagne), Limonium, Limoniastrum monopelatum (lavande de mer), Myriolimon.
Le genre Plumbago comporte une vingtaine d’espèces, généralement tropicales et subtropicales, mais une espèce, Plumbago europaea, est présente dans le sud de la France, toutefois elle est rarement cultivée, à la faveur du plumbago du Cap, Plumbago auriculata.
Ce document évoque particulièrement les espèces : auriculata – europaea – indica – zeilanica – pulchella.
Cosmopolites.
23 espèces sont recensées, mais certaines, comme zeilanica (ex scandens), sont trouvées sur différents continents.
Afrique du Sud ≃ 16 espèces dont plusieurs en Afrique du Sud dans la région du Cap.
Péninsule arabique ≃ 4 espèces.
Amérique du Sud ≃ 3 espèces dont 1 au Mexique.
Inde et sa région 2 espèces.
Asie du Sud-Est 2 espèces.
Moyen-Orient – Australie – Europe : 1 espèce chacun.
Au XVe puis au XVIe siècle, les conquistadors espagnols, à la suite de Christophe Colomb, ont probablement découvert les Plumbago du Mexique à l’Amérique du Sud. Au XVIe siècle, le médecin et botaniste espagnol Francisco Hernández de Toledo a recensé les plantes médicinales d’Amérique centrale, il a certainement évoqué les plumbagos dont l’utilisation médicinale était largement pratiquée, mais hélas, une majorité de ses écrits a disparu, il existerait toutefois une version abrégée de ce qui fut sauvé, mais en latin.
Vasco de Gama et son équipage, aux mêmes époques, abordaient la région du Cap en Afrique du Sud, puis allèrent jusqu’en Inde ; même s’ils ont probablement vu les plumbagos d’Afrique du Sud et de l’Inde, ces plantes ont été réellement découvertes au XVIIe et XVIIIe siècle lors des expéditions organisées par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, compagnie soucieuse de la bonne santé de ses équipes grâce aux connaissances des autochtones, savoirs qu’ils pensaient valoriser par la suite ; les descriptions botaniques des plumbagos de ces régions sont, en général, datées du XVIIIe siècle.
Le plumbago du Cap a été introduit en France en 1818.
– Plumbago L.
Nom donné par Carl von Linné en 1753, du latin plumbum signifiant plomb, et ago de agere – ressembler, en référence à une plante (?) dont la sève laisserait des taches couleur plomb sur la peau et le papier, ce qui est le cas pour le plumbago dont la sève laisse des taches semblables, d’où son nom de ‘mines de plomb’ évoquant les outils d’écriture à base de plomb ; d’autres versions mentionnent une plante aquatique, du même nom plumbum, traitant les taches sombres de la cornée, quant à Pline l’Ancien (23-79), il supposait que le Plumbago était censé remédier au saturnisme (intoxication au plomb), rien n’est moins sûr, mais, en tous les cas, on trouve souvent certaines espèces dans des zones polluées au plomb qu’elles accumulent dans leurs racines.
Le nom latin de Plumbago est aussi utilisé en langue populaire ; les cousins de Plumbago, du genre Ceratostigma portent aussi le nom populaire de plumbago, d’où une confusion récurrente et surtout ennuyeuse, ces derniers étant aussi utilisés en médecine.
– Épithètes latines des espèces les plus connues
∙ auriculata – en forme d’oreilles, en référence à la forme des feuilles basales de la rosette. Nom donné en 1786 par le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck (un des premiers à développer ‘la nécessité théorique’ de l’évolution des êtres vivants – théorie transformiste).
On trouve souvent cette espèce sous l’épithète capensis donnée en 1794 par le naturaliste suédois Carl Peter Thunberg, afin de préciser son origine du Cap, mais cette appellation ne pouvait être retenue, cette plante ayant déjà été répertoriée officiellement par Lamarck. On peut aussi la trouver sous l’épithète grandiflora.
∙ europaea, indica (ou rosea), et zeilanica pour rappeler leur origine géographique.
∙ pulchella signifie jolie, charmante.
– Noms vernaculaires (populaires)
∙ Dentelaire : ce nom aurait été donné par Linné en 1744 au Plumbago europaea décrit par Tournefort. Ce nom est attribué à plusieurs espèces, faisant référence à l’utilisation médicinale de la racine pour soigner les dents : dentelaire du Cap, dentelaire d’Europe, dentelaire de Ceylan…
Les Ceratostigma portent aussi le nom de dentelaire.
∙ Pervenche : certaines espèces de plumbago sont aussi connues sous le nom de pervenche : à la Réunion, l’espèce auriculata est appelée pervenche à fleurs bleues, et zeilanica pervenche à fleurs blanches.
∙ Leadwort : nom anglophone signifiant ‘herbe plomb’ : Cape leadwort, European leadwort, Ceylon leadwort, Scarlet ou indian leadwort (indica).
∙ En espagnol, l’espèce auriculata est surnommée jazmin azul, jazmin del celio… l’espèce europaea : dentelaria, belesa (herbe chauffante)… l’espèce pulchella : cola de iguana – queue d’iguane… l’espèce zeilanica : plumbago blanco ou hierba de pájaro – herbe à oiseaux (nom attribué aussi au Diplotaxis muralis de la famille des brassicacées).
∙ Les espèces indica et zeilanica sont connues en médecine ayurvédique sous le nom sanskrit de chitrak (tchita en hindi) ou chitraka, rappelant leur particularité d‘herbe chauffante’ ; on parle de ‘poudre de chitrak’.
Tout sol plutôt sec, sauf calcaire, l’espèce auriculata le supporte mais sans excès.
Plein soleil, accepte une situation ombragée, mais moins florifère.
Seules les espèces auriculata et europaea supportent le gel modéré du littoral méditerranéen et atlantique. Plumbago auriculata perd ses feuilles et ses tiges de -4° à -5°C, mais repart de la souche, et ses racines meurent en dessous de -8°C ; il est donc possible, en bonne situation, de le cultiver dans certaines régions au-dessus de la Loire, toutefois le manque de chaleur et de soleil offriront peu de fleurs, mais avec le changement climatique…
Le Plumbago est très proche du genre Ceratostigma originaire de l’est de l’Afrique et de l’Asie, des petits arbustes souvent utilisés en couvre-sol, leurs fleurs se ressemblent à s’y méprendre, néanmoins en y regardant de très près celles du plumbago en diffèrent par des étamines libres et un calice glanduleux ; la floraison des Ceratostigma est nettement moins flamboyante ! Certaines espèces de Ceratostigma se révèlent beaucoup plus résistantes au froid, jusqu’à -15°C, c’est le cas, par exemple, du plumbago de l’Himalaya, Ceratostigma griffithii, ou des chinois, le plumbago de Willmott, Ceratostigma willmottiana, et de la dentelaire de Lady Larpent, Ceratostigma plumbaginoides.
– Croissance rapide.
– Plumbago auriculata est un arbuste sarmenteux, semi-grimpant avec support jusqu’à 3 m, voire plus, ou, s’il n’est pas palissé, en couvre-sol de 60 cm à 1 m de haut. L’espèce europaea ne dépasse pas 1 m, indica, zeilanica et pulchella rarement les 2 m.
Les rameaux dits ‘flexibles’ sont néanmoins assez cassants chez auriculata, ils donnent une forme assez anarchique à la plante. N’étant pas pourvu de vrilles ou de crampons, les tiges s’immiscent à merveille dans les broussailles ou les fourrés, c’est pourquoi, il est souvent associé à d’autres plantes comme les bougainvilliers, les lantanas, les Tecoma, le Tecomaria capensis, les jasmins… offrant un spectacle diversement coloré.
– Feuilles
Le feuillage est persistant ou semi-persistant selon l’habitat ; en France, la dentelaire du Cap est généralement caduque ; les feuilles réapparaissent tardivement au milieu du printemps, mais persistent du milieu à la fin de l’automne, voire une partie de l’hiver selon les conditions offertes.
Les feuilles entières sont généralement sessiles (sans tige) ou très courtement pétiolées, de couleur verte ; chez auriculata, le dessus est glabre et le revers rugueux (probablement une protection contre la sécheresse).
Chez auriculata particulièrement, mais aussi europaea, les feuilles se développent en rosette (ensemble de feuilles sessiles disposées en cercle) axillaire et alternée ; selon leur position de développement au sein de la rosette, les feuilles ont des tailles et des formes différentes : obovales, arrondies, ou oblongues, à l’apex obtus pour auriculata ; certaines tiges présentent des feuilles solitaires et alternées, mais souvent avec deux petites feuilles, des oreillettes à leur base. Chez d’autres espèces, les feuilles sont solitaires et alternées (pulchella, indica, zeilanica…), souvent avec des petites oreillettes à leur base.
À l’aisselle des feuilles de la rosette se développe éventuellement une nouvelle tige, ou une inflorescence terminale.
– Fleurs
La maturité sexuelle serait atteinte dans la deuxième année après le semis.
En France, la floraison du plumbago du Cap est très, très longue, de l’été (juillet) jusqu’à l’automne bien avancé, pratiquement toute l’année dans son pays d’origine du Cap ; en Inde et en France, la floraison de l’indienne indica se produirait de l’hiver au printemps.
Les fleurs du plumbago du Cap sont souvent comparées à celles des phlox.
Les fleurs se développent sur les tiges de l’année, en inflorescence (grappe de fleurs) terminale ; ce sont des épis de cymes hélicoïdales (voir Inflorescences), plus ou moins longs selon l’espèce, parfois l’épi est en panicule (plusieurs grappes de cymes).
Chez auriculata, la première inflorescence à se développer se trouve en bout de tige, puis les inflorescences à l’aisselle des feuilles des rosettes inférieures se développent à leur tour (ou pas), en commençant par les rosettes les plus hautes ; la dernière rosette à fleurir est donc la plus basse de la tige ; les rosettes qui ne sont pas suffisamment exposées au soleil ne fleurissent pas forcément. Elles ne développent pas de parfum, mais offrent du nectar.
Les nombreuses fleurs sont bisexuées (hermaphrodites), actinomorphes (en étoile), par pièces florales de 5, de 2 à 3 cm pour auriculata, 1 cm pour europaea. Le bouton floral est turbiné.
∙ À la base de chaque fleur, présence de 3 bractées herbacées (sorte de petites feuilles).
∙ Calice en 5 sépales soudés en tube de 1 à 1,5 cm (auriculata) se terminant par 5 petites dents. Le tube du calice est plus ou moins hérissé de trichomes, des glandes stipitées (sur un petit support) ; on peut supposer deux raisons à la présence de ces petits trichomes : leur côté collant laisse envisager un obstacle défensif vis-à-vis des insectes rampants (fourmis…), les glandes semblent particulièrement actives jusqu’à la formation de la corolle, souvent de couleur rouge très vif (couleur dissuasive), elles exsudent activement la matière collante, ensuite la couleur s’atténue ainsi que l’exsudation, néanmoins les petits stipes, qui les soutiennent, restent très collants et permettent à ce calice marcescent (persistant) de protéger l’ovaire donc la future graine, et, une fois le fruit devenu sec, qu’ils soient encore collants ou pas, ils s’accrochent sur tout ce qui passe, permettant la dissémination.
Chez certaines espèces comme pulchella, la tige de l’épi peut aussi être recouverte de trichomes, mais ces derniers sont nettement moins stipités, voire sessiles, la tige n’ayant aucun besoin, ni la possibilité, d’être véhiculée.
D’après l’International Journal of Herbal Medicine, la résine exsudée par les glandes des sépales de certains plumbagos, et particulièrement l’espèce indica, entrainerait un comportement carnivore, le stimuli provoqué par la présence d’insectes pousserait les glandes à produire des protéases, des enzymes digestives !
. La corolle est en tube de 3 à 5 cm (auriculata) se terminant par 5 lobes distincts, aplatis, obovales, à l’apex obtus pour auriculata, europaea et indica, acuminé (en pointe) pour zeylanica et pulchella.
La couleur varie selon l’espèce (la nervure médiane des lobes est nettement plus foncée) : bleu éclatant à clair, ou blanc bleuté pour auriculata, il existe une forme blanche et un cultivar très prisé ‘Alba’ ; violet à blanc violacé pour europaea ; blanc violacé pour pulchella ; rouge pour indica ; blanc à rarement bleu pâle pour zeilanica.
. 5 étamines libres ; seules les anthères (extrémités mâles fertiles) apparaissent à la base des lobes de la corolle.
Les étamines, accolées chacune à un lobe, forment un cercle qui entoure l’organe femelle, un style proéminent aux 5 stigmates filiformes libres (extrémités femelles fertiles), révélant la présence de 5 carpelles soudés au niveau de l’ovaire supère, formant une seule loge avec 1 ovule unique.
Les organes sexuels d’auriculata sont blancs quelque soit la couleur de la corolle.
Les organes mâles et femelles ne sont pas matures en même temps, ce qui favorise une pollinisation croisée.
La forme en tube de la fleur indique une pollinisation par des oiseaux comme le souimanga, ou surtout, par des insectes à longues langues attirés par le nectar, tels les sphinx et autres papillons : l’Azuré de la luzerne, Leptotes pirithous est un magnifique papillon que l’on peut admirer dans le sud de la France, il affectionne particulièrement les plumbagos, le mâle expose des ailes dont le dessus de couleur bleu est fort attrayant.
– Fruits en petites capsules sèches hérissées des petites pointes du calice marcescent. La capsule constituée d’une loge à 5 valves (les 5 carpelles) déhiscentes (ouverture spontanée) contient une graine unique.
La dissémination est réalisée par le transport involontaire des animaux sur lesquels la capsule s’est accrochée.
Certaines sources fiables indiquent que l’espèce indica ne produit pas de graines, elle se multiplie uniquement par voie végétative, ce qui restreint considérablement son implantation, et comme ses nombreuses utilisations médicinales provoquent une forte demande en matière sèche, elle pourrait se trouver en difficulté, voire disparaître !
Concernant les graines du plumbago du Cap, je n’en ai personnellement jamais eu qui arrivaient à maturité, le climat du sud de la France n’est-il pas suffisamment chaud, ou autres problèmes ? De plus, tous les conseils de multiplication parlent de bouturage, néanmoins les graines existent puisqu’elles sont commercialisées.
– Cultivars principaux d’auriculata
Plumbago capensis ‘alba’ à fleurs blanches.
Plumbago capensis ‘royal Cap’ à fleurs bleu-foncé.
– Peu d’ennemis si ce n’est, sous de mauvaises conditions de culture, l’attaque de pucerons ou d’araignées rouges, parfois d’aleurodes.
– Multiplication par bouturage principalement, mais aussi semis.
– Médicinales
Néophytes s’abstenir de jouer les apprentis sorciers !
Chez les plumbagos qui dit remède peut dire poison : Plumbago auriculata ne présenterait pas de toxicité de contact, en revanche, le contact avec la peau et en ingestion de certaines espèces (particulièrement indica et zeilanica) peut être dangereux, voire mortel si excès. Les feuilles mâchées de Plumbago zeilanica provoquent les avortements, la sève atteint les muqueuses, la racine est toxique et doit être bien lavée avant usage médicinal ; cette toxicité est d’ailleurs utilisée comme antiparasite dans les cultures, et pour tuer les larves de moustiques. La sève de Plumbago pulchella attaque la peau, mais associée à l’etemecatl (?) elle favoriserait la conception.
En médecine traditionnelle ainsi qu’en médecine vétérinaire, le Plumbago indica et zeilanica sont utilisés en Inde et en Chine, le Plumbago pulchella au Mexique, le Plumbago auriculata en Afrique.
La reine des remèdes est la toxique indica, ses utilisations sont multiples : problèmes digestifs, respiratoires, syphilis, rhumatismes (feuilles), maladies de peau, fièvres, maux de tête…
On utilise surtout la racine et l’écorce de racine contenant de la plumbagine (composé organique), une toxine qui pourrait être un agent anticancéreux, des recherches sont en cours. (la drupe du noyer noir contient de la plumbagine)
L’espèce zeylanica soigne les fièvres (feuilles), les vomissements, les maladies de peau comme la lèpre (mélangée avec l’Hibiscus esculentus)…
Tous les plumbagos du groupe nommé dentelaire soignent les maux de dents, et peuvent faire office de dentifrice.
L’utilisation dans les fleurs de Bach est injustement attribuée au plumbago alors qu’il s’agit d’un Ceratostigma.
– Écologie
Le nectar est une nourriture prisée par les insectes.
Plante-hôte des larves de papillons, tels Leptotes brevidentata et pirithous, qui se nourrissent de feuilles, de fleurs et de graines immatures.
– Tatouage
Chez certaines peuplades, lors de rites initiatiques, la sève permet de tatouer la peau en gris bleu, mais attention certaines espèces sont toxiques.
– Traditions africaines
Paratonnerre : en Afrique, on plaçait un bâton dans les chaumes des huttes afin de conjurer la foudre.
Les enfants profitaient des poils collants du calice pour se faire des boucles d’oreilles.
– Ornementales
En France, le plumbago du Cap est le plus utilisé pour les pergolas, les clôtures, en cascade sur les murs, en haie libre, ou en couvre-sol, et même en pot.
Mise à jour le 11 décembre 2024.
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