Autrefois la famille des Paulowniaceae fut classée dans celle des Scrophulariaceae (tribu des digitales) par Endlicher ou parfois dans un groupe des Bignoniaceae puis fut reconnue comme une famille à part entière par Takenoshin Nakai en 1949 dans le ‘Journal of Japanese Botany’.
Le nom de genre donné par Siebold et Zuccharini fut par extension attribué à la famille par Nakai. The Plant List (liste numérique issue de la collaboration entre les jardins royaux de Kew et le jardin botanique du Missouri) proposait, en 2013, 3 genres dans cette famille : Brandisia – Paulownia – Wightia et en 2017 le genre Shiuyinghua a été rajouté mais la tendance actuelle serait de considérer les Paulowniaceae comme une famille monogénérique avec l’unique genre Paulownia. À suivre…
La première monographie du paulownia serait apparue en 1049 dans le traité T’ung-p’u de Ch’en Chu qui reconnait 2 espèces : fortunei et tomentosa. Par la suite, 6 à 7 espèces ont été dénombrées, d’autres auteurs parlent de 17 espèces comprenant probablement des sous-espèces, des hybrides naturels, des variétés ou tout simplement des synonymes mais la classification des espèces est encore à définir unanimement. Encore une affaire à suivre…
Flora of China distingue 6 espèces et 1 hybride : tomentosa – paulownia violet, elongata – paulownia Lankao, catalpifolia – paulownia à feuilles de catalpa, fortunei – paulownia à fleurs blanches, kawakamii – paulownia de Taïwan, fargesii – paulownia du Sichuan, x taiwaniana – paulownia méridional.
Autrefois présent en Amérique du Nord et en Europe, lors des glaciations ce genre s’est réfugié dans les régions tempérées du sud et de l’est de l’Asie et particulièrement en Chine puis en Corée.
Depuis au moins 1 000 ans, l’espèce tomentosa a été introduite au Japon, probablement par des moines bouddhistes, où elle s’est naturalisée.
– Paulownia tomentosa
∙ Le paulownia fut tout d’abord découvert au Japon. En Europe, on doit la première évocation de l’espèce tomentosa en 1712 à Kaempfer dans son ‘Amoenitatum Exoticarum’ sous son appellation japonaise ‘kiri’ puis il fut à nouveau découvert lors d’un voyage au Japon vers 1770 par le naturaliste suédois Peter Thunberg qui le nomma Bignonia tomentosa en 1784 dans Flora japonica.
Cette espèce a été introduite en Europe en 1830 par la ‘Dutch East India Company’ via Siebold qui participa aussi à l’introduction européenne en offrant différentes graines japonaises à ses amis.
L’illustration de Paulownia a été dessinée par Keiga Kawahara pour Siebold vers 1824-1826 ; elle servit de prototype pour l’image de l’espèce publiée plus tard dans Flora Japonica.
∙ Dans les ‘Annales de flores et de pomone ; Journal des jardins et des champs’ de 1842-1843, Joseph Neumann, chef des serres du Muséum d’Histoire naturelle de Paris nous raconte l’introduction, due au hasard, du paulownia en France ; il précise « l’histoire complète de l’introduction et de la culture de ce bel arbre, que personne ne peut connaître mieux que moi, car je puis sans vanité le considérer comme un enfant…».
Tout commence en 1836 (ou 1834), date à laquelle le Vicomte de Cussy (ancien officier d’infanterie à Saint Mandé) confie à Neumann le contenu de six petits vases japonais remplis de différentes graines qui lui avaient été offerts par un scientifique anglais de la Cie des Indes rencontré à Londres. Une seule de ces graines germa et ainsi naquit le premier paulownia français qui finit par fleurir jusqu’à l’épanouissement en 1842 ; cet arbre vécut jusqu’en 1956 et fut remplacé par un petit jeune toujours présent. Neumann, homme généreux, offrit de nombreuses boutures de racines à des marchands et distribua des spécimens dans toute la France.
∙ Vers 1844 des graines furent envoyées en Amérique du Nord ; il est supposé que les immigrants chinois attirés par la ruée vers l’or ont ramené aussi des graines vers 1849 et l’envoi de porcelaines chinoises protégées par des emballages en graines de paulownia contribuèrent certainement aussi à l’introduction.
– En 1896, le père Farges a découvert l’espèce fargesii en Chine et particulièrement dans le Sichuan.
– Paulownia est le nom donné en 1835 par le collectionneur de plantes japonaises Philip Franz von Siebold et son assistant Joseph Gerhard Zuccarini, en honneur à la noblesse et la beauté de Anna Pavlovna, fille du Tsar Paul Ier de Russie, princesse et épouse de Guillaume (William) II des Pays-Bas. Anna Pavlovna encourageait et protégeait l’horticulture et la botanique.
Siebold explique le choix du nom :
« Nous avons pris la liberté, de nommer Paulownia le nouveau genre, que forme le Kiri, qui jusqu’à présent passoit à tort pour une bignonia, pour rendre hommage au nom de Son Altesse Impériale et Royale, la Princesse héréditaire des Pays-Bas. Ce n’est pas seulement la beauté de la plante, qui nous a engagés à lui donner cette distinction, mais c’est plus encore, parce que la feuille de Kiri ornée de trois tiges de fleurs a servi d’armes au célèbre héros Taikasama et par cette raison est encore aujourd’hui fort en honneur au Japon. »
Taikasama (Taikosama) pourrait être Hideyoshi Toyotomi, un shogun qui prit le paulownia comme armoiries (voir les anecdotes).
– Arbre de Anna Pavlovna ou aussi Arbre impérial – Empress tree ou Princess tree sont ses noms vernaculaires (populaires) français et anglais toujours en référence à l’Impératrice Anna Pavlovna.
– L’espèce tomentosa fut tout d’abord nommée Bignonia tomentosa par Thunberg puis reclassée dans le genre Paulownia avec l’épithète imperialis par Siebold et Zuccarini. Elle fut définitivement nommée Paulownia tomentosa par le médecin et botaniste allemand Ernst Gottlieb von Steudel en 1841. L’épithète tomentosa fait référence au revers soyeux des feuilles.
– Les anciens textes proposent souvent les noms chinois Too, Hak-Too. En pinyin (langue officielle chinoise) on trouve le genre sous le terme de pao tong – 泡桐属, l’espèce type Paulownia tomentosa se dit mao pao tong – 毛泡桐.
Kiri – 桐 est le nom japonais pouvant signifier ‘vie’, il représente particulièrement l’espèce type, Paulownia tomentosa.
Chamodongnamu est le nom coréen.
– Si, en Chine, le paulownia est associé au phénix représentant l’impératrice (voir anecdotes) il est aussi associé au dragon représentant l’empereur, symbole de pouvoir, c’est pourquoi on peut trouver certaines espèces sous cette appellation : kawakamii – dragon saphir, fortunei – arbre du dragon…
D’autres comme l’espèce elongata porte le nom d’arbre émeraude ou l’or vert de Taïwan.
Climats tempérés chauds à tropicaux. En dessous de 1 800 m.
Il se plait en plein soleil car il est intolérant à l’ombre. On peut le trouver sur des sols en friche, il apprécie des sols sablonneux assez légers, humifères, neutres, bien drainés, toutefois il est généralement tolérant à tous types de sols.
Tolérance à des températures pouvant aller jusqu’à -20°C à -27°C et + 40°C pour certaines espèces, d’autres plus frileuses comme elongata et catalpifolia ne supportent pas moins de -12°C à -19°C, catalpifolia est à réserver pour les régions arides et fraîches, quant à kawakamii et x taiwaniana ils gèlent au-delà de -10°C, fortunei à -13°C, tomentosa -21°C. Certains hybrides résistent jusqu’à -33°C. Les degrés de tolérance au gel sont toujours à prendre avec précaution et il ne faut jamais oublier de tenir compte de l’exposition et de la qualité du sol.
Dans les régions à hiver rigoureux, on le rabat et il repart de la souche au détriment de la floraison.
Tolérant à la pollution. Résistant aux incendies grâce à ses racines qui régénèrent vite.
L’espèce type est le Paulownia tomentosa très souvent connu sous le nom de Paulownia imperialis.
Il est souvent confondu avec Catalpa bignonoides, un arbre de la famille des Bignoniaceae. Il s’en distingue particulièrement par des :
∙ Grandes feuilles opposées et pubescentes des deux côtés alors que celles de Catalpa sont généralement verticillées et pubescentes uniquement sur le revers.
∙ Fleurs printanières celles de Catalpa sont estivales.
∙ Fruits en capsules ovoïdes ceux de Catalpa sont en gousses.
– Croissance rapide à très rapide, certaines espèces telles tomentosa et elongata poussent de 3 à 5 m en un an ; en 2011, l’espèce tomentosa a remporté le Guinness World Record de la croissance la plus rapide d’un arbre. À contrario, l’espèce catalpifolia a une croissance plus lente avec l’âge. Longévité de 70 à 100 ans avec des exceptions de 200 ans.
– Arbres de 10 à 20 m qui selon l’espèce peuvent atteindre jusqu’à 25 à 30 m. Le port est étalé avec une cime arrondie pour l’espèce type ou bien le port est plus étroit et pyramidal par exemple pour fortunei. L’espèce tomentosa a un tronc tortueux et elongata un tronc particulièrement droit, kawakamii un tronc court. Malgré son allure qui laisserait supposer une croissance monopodiale, le paulownia est sympodial.
– L’écorce gris-marron est lisse mais finit par se fissurer avec le temps ; elle porte des lenticelles.
– Le système racinaire est très développé horizontalement, les racines sont épaisses. Des études ont déterminé que 80% des racines se développaient entre 40 cm et 100 cm de profondeur.
Développement de drageons et de nombreux rejets à partir de la souche si accident.
– Les rameaux sont recouverts de lenticelles et sont pubescents dans leur jeunesse.
De nombreuses branches latérales se développent et celles portant les inflorescences sont nettement plus courtes.
– En climat tempéré le débourrement et la défeuillaison sont tardifs mais dans les régions tropicales les feuilles sont persistantes.
Ce sont des grandes feuilles de 15 à 30/40 cm, les jeunes feuilles issues de rejets peuvent atteindre jusqu’à 60 cm, 75 cm pour elongata.
Elles ressemblent à celles du Catalpa mais on peut les distinguer du fait que sur un même nœud se développent généralement 3 feuilles comme les 3 A du Catalpa et 2 feuilles comme les 2 A du Paulownia (mais ceci n’est pas une science exacte). Ces paires généralement opposées sont suspendues au bout d’un long pétiole pubescent parfois collant. Cordiformes, celles de fortunei et catalpifolia sont deux fois plus longues que larges. Entières, elles présentent parfois 2 à 3 lobes peu marqués, le bord du limbe est entier ou parfois denté, l’apex est aigu parfois nettement acuminé. Pubescentes des deux côtés et particulièrement sur le revers, elles sont plus ou moins poilues selon l’espèce ou la variété ; les feuilles de l’espèce kawakamii sont recouvertes de poils collants les protégeant des insectes.
Vertes, elles virent au jaune à l’automne.
– Maturité sexuelle vers l’âge de 8 à 10 ans.
Les bourgeons floraux à l’extrémité des rameaux de 2 ans se forment à l’automne et se développent au printemps avant les feuilles (avril/mai et plus tard pour fargesii).
Petit aparté sur la taille des plantes : celles qui fleurissent au printemps sont à tailler après la fructification, un peu plus tard on ne fait que tailler les futures fleurs; les plantes fleurissant en été se taillent après la fructification durant l’hiver ou le plus souvent au tout début du printemps mais pas plus tard sinon même sanction, pas de fleurs.
Les inflorescences sont en panicules dressées (thyrses) de 20 à 30 cm, pyramidales ou coniques, les cymes sont composées de 3 à 7 fleurs retombantes, reliées au pédoncule par un petit pédicelle.
La longue floraison propose des fleurs violet très clair presque blanc, violet plus marqué ou bleues, très parfumées et sentant la violette. Pollinisation par les insectes, elles sont nectarifères et mellifères.
Elles ressemblent aux fleurs de la digitale – Digitalis.
Fleurs hermaphrodites (bisexuée) tubulaires à symétrie bilatérale, de 4 à 11 cm.
∙ Calice campanulé (en forme de cloche) à 5 sépales soudés pubescents dont les dents sont ovales ; il est marron clair à maturité. Coriace, il reste persistant sur le fruit.
∙ 5 pétales connés (qualifie 2 organes soudés entre eux à leur base) aux lèvres recourbées (réfléchies), presque bilabiées, en forme de cloche, avec quelques poils sur l’extérieur, plus ou moins striés ventralement.
∙ 4 étamines.
∙ Ovaire supère surmonté d’un style plus court que les étamines, à 1 ou parfois 2 (kawakamii) stigmates.
Afin d’éviter l’autofécondation, les ovules et les étamines ne sont pas matures en même temps.
En savoir plus sur leur Sexualité.
– Fruits matures de l’été à la fin de l’été, en capsule ovale de 4 à 10 cm, lignifiée, mucronée (pointe dure et raide à l’extrémité d’un organe végétal). Ils sont persistants en hiver, déhiscents (s’ouvrant spontanément).
Les petites graines ailées de 2,5 à 7 mm présentent un aspect cotonneux. Chaque capsule peut contenir de 1 200 jusqu’à 2 000 graines, ce qui revient à dire qu’un arbre peut produire 20 millions de graines par an mais les graines ont toutefois besoin de conditions particulières (lumière – sol frais mais bien drainé…) pour lever ; le passage du feu a un effet très positif. Généralement, elles ne sont viables que 3 ans mais elles ont un fort pouvoir de germination (ce qui rend cet arbre invasif).
Dissémination anémophile sur de longues distances.
– Les espèces ont tendance à s’hybrider entre elles.
L’hybride ‘Shantong’ issu de fortunei x tomentosa allie les qualités rustiques de tomentosa et la croissance rapide de fortunei. Au Japon, le paulownia Pao Tong Z07 est particulièrement apprécié pour ses qualités, c’est un superhybride issu de 3 espèces : tomentosa – fortunei – kawakamii ; il est considéré comme un leader dans le secteur industriel.
On favorise l’hybride tomentosa x elongata pour la production de bois.
L’hybride x taiwaniana est issu de kawakamii et de fortunei.
– Multiplication
Depuis toujours la Chine utilise la propagation de cet arbre par des boutures de racines. Il se multiplie aussi par semis.
– Ennemis : particulièrement l’oïdium sinon il est généralement résistant aux ravageurs et aux maladies.
Les cigales adultes pondent leurs œufs sur les branches et leurs nymphes dévorent les racines.
Les balais de sorcière (maladie provoquée par des champignons, des bactéries ou des virus mais aussi des insectes qui stimulent excessivement le développement des bourgeons à un point donné d’une plante ligneuse, formant ainsi une sorte de bonsaï ressemblant à un balai ou à un nid d’oiseau. Cette structure se développe lentement pendant des décennies (pins) ou annuellement (chèvrefeuille). Ce balai génétiquement modifié peut être utilisé à la création de cultivar nain.) sont extrêmement fréquents et uniquement traités en ennemi par les sylviculteurs.
Les tanins fortement présents dans le bois lui permettent de résister aux termites, aux fourmis…
La culture du paulownia en Asie remonterait au moins à 2 500 ans. Dès le IIIe siècle avant J.-C. on retrouve dans un récit du livre Erh-ya (probablement écrit par un disciple de Confucius) la description de ses utilisations forestières, ornementales et médicinales.
En Chine, l’espèce tomentosa est économiquement importante, elle a été massivement plantée dans les années 1970 principalement sous forme de clones (issus d’une reproduction végétative ou asexuée donc identique au pied mère) par multiplication de boutures de racines.
En Chine, il est considéré comme ‘l’arbre à tout faire’ et les cultivateurs avaient pour habitude de planter particulièrement des paulownias en période de mauvaises récoltes dues aux intempéries.
– C’est une véritable plante pionnière qui lutte contre l’érosion des sols par son système racinaire important et ses qualités dépolluantes. Pour sa croissance rapide, elongata est souvent privilégiée pour les reboisements.
Paulownia est considéré comme ‘un poumon de ville’ grâce à ses nombreuses grandes feuilles qui purifient l’air en absorbant de très grandes quantités de dioxyde de carbone, de plus il offre de l’ombrage.
– En Chine, il a souvent été planté en agroforesterie comme culture intercalaire associé au blé, au colza, au coton… Ce type de plantation offre un microclimat, une amélioration du sol permettant une bonne rentabilité de chaque culture y compris celle du paulownia arrivé à maturité d’exploitation.
Les feuilles facilement décomposables servent de paillage et d’engrais, un arbre de 10 ans produit 80 kg de feuilles sèches par an.
– Bois clair de grandes qualités très appréciées. De faible densité tel le liège, il est léger mais toutefois assez solide par sa masse, durable, isolant, de plus il ne se fend pas à l’usage ; on peut le trouver sous le nom de ‘bois d’aluminium’. Riche en tanin, il résiste aux attaques d’insectes.
Ce sont souvent les hybrides de tomentosa et de fortunei qui sont les plus prisés mais dans l’industrie du bois l’espèce elongata ( et ses hybrides) tire son épingle du jeu grâce à son tronc bien droit et à sa rapidité de croissance.
Pour certaines utilisations, le bois peut être utilisé dès l’âge de 8 à 10 ans, certains préconisent même l’utilisation des bois de 3 à 4 ans mais avec un moindre rendement. Certains aficionados affirment même qu’un contreplaqué d’un paulownia de 7 ans est similaire à celui d’un peuplier de 50 ans.
Il est dit que chaque maison chinoise compte au moins un meuble en bois de paulownia.
Armatures – petits meubles – contreplaqué (catalpifolia) – boîtes – cercueils – sabots – instruments de musique telle la cithare chinoise, guzheng ou la harpe japonaise, koto …
Le bois est comparé au balsa, l’Ochroma de la famille des Bombacaceae ; à l’heure actuelle, il prouve sa suprématie dans la fabrication de bancs pour saunas, de planches de surf, de skis, de skateboards et de snowboards mais aussi dans l’intérieur de maison, lambris, parquets et dans la fabrication de guitares d’ailleurs son bois est de plus en plus utilisé pour fabriquer des guitares électriques à faible coût recouvertes d’une couche de bois d’acajou…
Pour les meubles nécessitant une bonne solidité, il peut être associé au noyer, offrant la légèreté combinée à la force.
Au Japon, avec l’espèce tomentosa, on fabrique des sandales, des ‘geta’ chaussures traditionnelles japonaises, des caisses, des malles…
– Si le bas du tronc est le plus recherché pour le bois, le reste important de la biomasse, branches et brindilles, permet de fabriquer des granulés de chauffage et de l’engrais.
Il est particulièrement cultivé comme biocarburant aussi bien pour alimenter des chaudières (difficile à brûler par sa faible teneur en résine, ce sont les branches qui sont utilisées) ou pour produire du biogaz, de l’éthanol qui lui donne l’appellation de ‘puits de pétrole’.
Le charbon de bois est utilisé pour le dessin et pour les feux d’artifice.
En Corée on produit une teinture à partir de l’écorce de tomentosa.
– Au XIXe siècle, les graines étaient utilisées pour emballer et transporter la porcelaine fine et vu leur viabilité, cela a contribué à leur implantation aux USA.
– Médicinales
Déjà à son époque, le naturaliste Li Shizhen évoquait ses qualités médicinales.
Traitement de : foie – reins – vésicule biliaire – poumons…
De l’extrait d’écorce, il a été montré une activité antivirale contre le poliovirus.
– Cosmétologie
Crèmes avec les feuilles. C’est la présence d’héliotropine qui donne aux fleurs un arôme vanillé recherché en parfumerie.
– Alimentaire
Fourrage équivalent à la luzerne.
Miel de haute qualité que certains comparent au miel d’acacia (robinier). De plus, les ruches fabriquées avec son bois sont légères et particulièrement isolantes, ces qualités favoriseraient le rendement en miel.
Les feuilles et fleurs rentrent dans certains plats ou dans des salades.
Huile avec les graines.
– Ornementales
C’est particulièrement l’espèce tomentosa, ses hybrides (souvent avec fortunei) et ses cultivars qui sont utilisés.
Bord de route – isolé. Il supporte bien la taille et peut être recépé en arbuste qui développera de longues tiges et surtout de très grandes feuilles mais adieu les fleurs.
Considéré comme une plante envahissante dans certains pays, il est toutefois apprécié par les forestiers comme plante économiquement lucrative, par contre les parcs nationaux d’Amérique du Nord le considèrent comme une menace écologique.
Si certaines espèces sont considérées comme menacées à l’état naturel ou disparues à l’état sauvage (kawakamii) d’autres sont parfois vues comme envahissantes et font le malheur de leurs propriétaires qui en tentant de l’éradiquer ne font que le multiplier ; à priori le seul arrachage de souche valable est celui effectué par des chevaux qui sentent la résistance et apportent des à-coups mesurés permettant un arrachage plus globale.
– Emblèmes
En Chine et au Japon, il est considéré comme un arbre porte-bonheur et de prospérité.
Au Japon, au XIVe siècle, les feuilles faisaient partie des emblèmes représentés pour honorer les personnes méritantes.
Sur les embouts des tuiles rondes des temples bouddhistes du Rokuonji sont représentées des feuilles stylisées de Paulownia.
Le paulownia fut très rapidement considéré par les Japonais comme l’arbre sacré qui abrite le Phénix, cet oiseau légendaire qui renaît de ses cendres. D’ailleurs, en Chine, il est aussi associé au phénix représentant l’impératrice, oiseau symbole de résurrection et de noblesse ; Maître Zhuang, Tchouang-Tseu (probable auteur du texte essentiel du taoïsme) aurait écrit dans un de ses recueils de légendes que le phœnix ne peut se poser que sur un paulownia. Ce rapport avec le phénix viendrait du fait que la souche d’un arbre coupé se régénère très facilement à partir des racines.
Au Japon, la fleur de paulownia est la deuxième fleur la plus importante après le chrysanthème. Autrefois, les Japonais avaient coutume de planter un Paulownia pour la naissance d’une fille. À son mariage, l’arbre était abattu et offert en dot souvent sous la forme d’un coffre nuptial (tansa) ou d’une coiffeuse. Cette tradition perdura jusqu’à l’attaque de ravageurs qui décimèrent ces arbres.
Le symbole végétal royal puis gouvernemental est le chrysanthème suivi du paulownia. L’Empereur Go-Daigo (1288-1339) honorait les personnes méritantes en leur offrant des emblèmes au motif de paulownia. En 1574, Toyotomi Hideyoshi (un des trois unificateurs du Japon que l’Empereur anoblira) adopte comme armoiries une illustration de 3 feuilles et 3 inflorescences de 5-7-5 fleurs de Paulownia imperialis (Wuqitong). À l’heure actuelle, cette armoirie est toujours associée au pouvoir politique, c’est d’ailleurs le sceau (kirimon) du Premier ministre en fonction.
Ce sceau est aussi celui de la police du Palais impérial et du ministère de la Justice mais il est alors représenté avec 3 feuilles et 3 inflorescences de 3-5-3 fleurs de paulownia (Wusantong).
Au XIXe, l’Ordre du Soleil Levant fut fondé et représenté par un soleil surmonté du motif du paulownia ; selon la classe de la décoration le nombre de fleurs varie.
On retrouve cette représentation florale sur une pièce de 500 yens.
On retrouve aussi ces motifs sur les vêtements impériaux en Chine dès le début du XIe siècle mais aussi au Japon.
La couleur violette, murasaki, de la fleur de la glycine et aussi du paulownia correspond à l’échelon le plus élevé dans la hiérarchie de l’administration japonaise et les costumes de cour des fonctionnaires étaient de la couleur murasaki.
– Dans le jeux de cartes traditionnel japonais qui s’inspire de la nature, le hanafuda, le ‘jeu des fleurs’, la carte du mois de décembre (novembre en Corée) est représentée par un Paulownia, kiri. On peut s’étonner du choix du mois de décembre, période durant laquelle l’arbre est dénudé mais il est supposé que les Japonais aient voulu finir l’année en beauté avec un arbre hautement représentatif ; pourtant on sait que la nouvelle année chinoise ou japonaise ne se situe pas en janvier mais durant la seconde nouvelle lune du solstice d’hiver soit vers février dans le signe du verseau mais il ne faut pas oublier que depuis 1873 les Japonais ont adopté le calendrier grégorien, calendrier européen depuis le XVIe siècle.
Pour la petite histoire, Nintendo, l’entreprise bien connue pour ses jeux vidéo, est née en 1889 dans le but de commercialiser les cartes de hanafuda. L’origine de ce jeu japonais remonte au XVIe siècle, ce fut une copie écologique du jeu de cartes guerrières apporté par les portugais.
– Le paulownia est souvent évoqué dans des écrits et des poèmes (tels les waka).
« Le phœnix réside
au sommet du paulownia,
au palais impérial,
sans que change jamais la couleur des bambous
mille ans durant. »
ou encore
« À traverser
le vieux pont en rondins de paulownia
de la barrière de Suzuka
on croirait entendre
résonner une cithare. »
Mise à jour le 14 août 2021.