Ce genre fait partie de la famille ancienne des Juglandaceae qui, selon la classification, est scindée en différentes sous-familles ou en sections, composées d’une cinquantaine d’espèces réparties dans une dizaine de genres.
La première monographie (étude complète et détaillée d’un sujet précis) de cette famille fut publiée en 1862 par Casimir de Candolle, puis au fil du temps d’autres classifications furent proposées (par exemple celle de Louis-Albert Dode). Un des grands spécialistes de cette famille fut le botaniste américain Wayne Eyer Manning qui publia de nombreux ouvrages s’y rapportant, il a décrit et nommé plusieurs espèces. En 2001, d’autres spécialistes de cette famille, Paul Manos et Donald Stone, ont considéré deux sous-familles – Engelhardioideae et Juglandoideae, cette dernière comportant deux tribus : Platycaryeae et Juglandeae avec (entre autres) ses 3 genres principaux : Juglans – Carya – Pterocarya.
On dénombre au minimum 19 espèces dans le genre Juglans mais, selon les auteurs, le nombre varie grandement avec des espèces souvent endémiques qui peuvent, parfois, n’être que des formes ou des variétés ou encore des synonymes.
Le caryer – Carya – est le genre le plus proche des noyers, à tel point que jusqu’au XVIIIe siècle ils ne formaient qu’un même genre ; les espèces les plus connues de caryer sont le pacanier, noyer de pécan – Carya illinoinensis et la noix d’hickory – Carya ovata ; les espèces de Carya sont originaires d’Asie orientale et d’Amérique du Nord.
On retrouve les traces des Juglandaceae dès le Crétacé supérieur (100,5 à 66 MA), et ce jusqu’au Groenland.
Les espèces sont originaires principalement de l’hémisphère Nord : Amérique du Nord (jusqu’au sud de l’Argentine pour certaines espèces) – Eurasie – Asie du Sud-Est. Elles sont absentes d’Afrique et d’Australie.
Le long du Rhin et dans le Sud-Ouest de la France ont été retrouvés des fossiles de noix estimés à 5 millions d’années d’une espèce aujourd’hui disparue – Juglans bergomensis.
Origines des Juglans :
– Eurasie
∙ Des pollens fossilisés indiqueraient que l’espèce commune regia existait en France mais aurait disparu lors de la dernière grande glaciation pour aller se réfugier vers l’est de l’Europe (Balkans et/ou Perse – Iran actuel) et l’Asie.
Ses qualités médicinales impressionnèrent Alexandre le Grand qui l’aurait introduit en Grèce, de là, elle aurait été ensuite réintroduite par les romains dans les régions méditerranéennes. Ses différentes qualités faillirent la faire disparaître par surexploitation, et à l’heure actuelle on ne trouverait de peuplements sauvages qu’en Asie centrale ; en France, cette espèce se développe toutefois spontanément.
∙ Chine : sigillata (statut incertain) – cathayensis parfois considérée comme synonyme de mandshurica.
∙ Japon : ailanthifolia (sieboldiana).
∙ Mandchourie : mandshurica – stenocarpa souvent considérée comme une forme de mandshurica.
– Amérique du Nord
∙ Juglans nigra est un des feuillus forestiers les plus précieux des USA qui, autrefois, était très répandu de la côte Est de l’Amérique du Nord au Sud-Est du Canada jusqu’au golfe du Mexique, ainsi que de l’Atlantique jusqu’aux contreforts des Montagnes Rocheuses à l’ouest.
Il aurait été introduit en Europe en 1629 probablement par John Tradescant le Jeune, mais ceci est parfois contesté en faveur d’une introduction en Grande-Bretagne dès 1588 par Thomas Hariot de retour d’une expédition en Virginie.
Dès la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, cette espèce fut introduite dans le monde entier ; les pays européens ayant actuellement la plus grande superficie de peuplements de noyers noirs sont la Hongrie et la Roumanie.
∙ cinerea (à l’Est) – major (Arizona) – microcarpa (Texas) – hindsii (Californie du nord) est une espèce controversée, et certains la considèrent comme une variété du noyer de Californie du sud – californica.
– Amérique centrale
∙ Mexique : hirsuta – mexicana – mollis.
∙ Guatemala : olanchana – steyermarkii.
∙ Jamaïque : jamaicensis.
– Amérique du Sud : australis (Argentine) – boliviana (Pérou) – honorei (Andes) – neotropica (Colombie) – venezuelensis (Venezuela).
– Juglans L.
Juglans nom latin qui est une contraction de Jovis glans – gland de Jupiter, ce nom viendrait du nom grec ‘Dios balanos’ ; les anciens (tels Theophraste, Pline l’Ancien, ou un peu plus tard le philosophe Macrobius vers l’an 400), appréciant la saveur du fruit et ses différentes qualités, ont considéré que l’arbre le produisant devait être consacré à un dieu, et pour le cas à Jupiter, mais ce nom était aussi donné au châtaignier – Castanea, alors Linné l’attribua officiellement au noyer en 1753.
– Noyer autrefois noier vient du latin nucarius issu de nucalis issu de nux pour désigner la noix. Nux s’est transformé en nucis, puis vers 1155 en noiz, et enfin en noix au XIIIe siècle ; nux, la noix définit aussi les noisettes, les amandes, les pistaches, les châtaignes…
– Walnut est le nom du vieil anglais ‘wealhhnutu’ aux racines teutoniques signifiant ‘noix étrangère’ car les noyers ont été réintroduits de Gaule et d’Italie c’est pourquoi le nom de ‘noyer anglais’ attribué souvent à l’espèce regia est étonnant ! ?
– Autrefois, les Carya du grec ancien ‘kapua’, genre très proche des Juglans, étaient aussi appelés noyers. Ce nom fut donné par Thomas Nuttall.
D’après les Anciens, le nom de ‘caryon’ « dérive de la pesanteur de la tête que cause le noyer par son odeur forte ».
– Noms des deux espèces principales et de quelques autres
∙ Regia du latin signifiant royal probablement en référence aux qualités gustatives et médicinales de son fruit et aux performances de son bois.
Son nom vernaculaire (populaire) est principalement noyer de Perse car il est considéré que les premières cultures de ce noyer se firent en Iran, il y a quelques millénaires, toutefois dans le langage courant il est appelé noyer commun.
Autrefois, il était appelé gauguier, nom en moyen-français. Calottier, goguier, gojeutier, écalonnier sont ses noms provinciaux.
∙ Nigra du latin signifiant noir en référence à son écorce foncée.
∙ La coque extrêmement dure de l’espèce sigillata lui a conféré le nom populaire de ‘noyer de fer’. Les noix de l’espèce cinerea ont un goût de beurre d’où son nom ‘noyer à beurre’. L’espèce hindsii est appelée noyer claro par l’industrie du bois.
– Noms de noyers qui n’en sont pas
Encore un nom populaire qui peut induire une erreur : le noyer des Andes ou noyer maya ou noyer pain ou guaimaro n’a rien à voir avec un noyer mais est un arbre issu de la famille des moracées appelé Brosimum alicastrum.
Le noyer du Caucase est bien intégré dans la famille des juglandacées mais ne fait pas partie du genre Juglans mais de son cousin Pterocarya.
Présent dans les haies bocagères et forestières, le noyer fait progresser la forêt sur le terrain des graminées et des petits arbustes. Il se développe en arbre isolé ou en petits groupes. Il ne supporte pas la concurrence d’autres plantes, et nécessite une exposition plein soleil. Il craint les gelées tardives et les vents froids.
Un sol riche, profond, humide mais bien drainé, généralement neutre, lui convient. La présence d’un noyer indique une terre arable de bonne qualité.
∙ On trouve l’espèce regia dans des zones tempérées jusqu’à 1 000 m d’altitude mais plutôt en dessous de 500 m. Sa tolérance au gel atteint de -15°C jusqu’à -20°C, mais il n’apprécie guère les grands froids qui durent, ni les étés trop chauds, même s’il tolère mieux la sécheresse que nigra ; toutefois certains cultivars greffés résistent à -30°C.
∙ L’espèce nigra est un arbre de forêts à climat tempéré, il vit le long des cours d’eau (rivages bien drainés) jusqu’à 1 000 m d’altitude. Héliophile (ami du soleil), il est intolérant à l’ombre et très sensible à la sécheresse. Sa tolérance au gel atteint jusqu’à -35°C.
Les espèces présentent une grande variabilité dans leurs descendances, cela est dû à différentes importations, à leur fécondation croisée et à leur facilité à s’hybrider.
C’est une plante allélopathique (interactions biochimiques positives ou négatives d’une plante sur une autre) dont les rameaux et les feuilles tombés au sol dégagent une substance toxique, la juglone, bloquant la germination et la respiration de certaines plantes, elle est aussi nuisible à certains animaux. L’espèce nigra contient la concentration de juglone la plus toxique. Toutefois, il a été remarqué qu’un noyer dans un habitat non hostile produit beaucoup moins de juglone.
Le pommier et les tomates sont particulièrement affectés, mais certaines plantes sont tolérantes à la juglone : cornouiller sanguin, aubépine monogyne, lierre, clématite, troène, noisetier, frêne, prunellier, orme, chèvrefeuille, sureau, amélanchier, framboisier…
– La croissance est moyennement rapide à rapide et la longévité s’étend de 100 à 400 ans.
Regia : croissance moyennement rapide, lentement en terrain sec – longévité de 300 à 400 ans.
Nigra : croissance plus rapide que l’espèce regia, surtout dans sa jeunesse ; dans des conditions favorables de 90 à 120 cm par an – longévité de 200 ans et plus.
L’hybride x intermedia a une croissance très rapide (parents : nigra x regia).
Certaines espèces se développant très rapidement vivent moins longtemps c’est le cas par exemple de l’espèce cinerea qui ne dépasse que très rarement les 60 à 70 ans.
– Arbres de 10 à 50 m à la cime large et touffue ; rarement des arbustes (californica et microcarpa).
Regia : de 20 à 30 m, au tronc droit et large, au port érigé et étalé, à la cime touffue.
Nigra : 30 m pouvant atteindre 50 m, élancé, dénudé à la base, à la cime étalée, touffue mais irrégulière.
– Écorce lisse devenant sillonnée, gris clair ou foncé, ou gris-brun.
Regia : écorce du brun au gris clair, se fissurant longitudinalement.
Nigra : écorce brun foncé à gris, devenant très tôt profondément sillonnée au creux brun rougeâtre.
– Racine pivotante et imposante ainsi que racines latérales.
– Les branches massives sont très ramifiées. Les rameaux glabres ou pubescents (poilus) conservent les cicatrices foliaires, ils sont constitués d’un tissu spongieux, la moelle, étonnamment cloisonnée, formant des chambres creuses. La moelle des rameaux des ptérocaryers est aussi cloisonnée alors qu’elle est homogène chez les caryers.
– Le bourgeon est plus ou moins arrondi et protégé d’écailles.
– Les feuilles caduques à feuillaison printanière tardive sont en position alterne, chez l’espèce nigra la phyllotaxie (disposition des feuilles sur la tige) est alternée spiralée. Les juvéniles de couleur bronze deviennent vert brillant au revers plus clair puis jaune lumineux assez tôt en automne avant de tomber.
Les feuilles sont composées, imparipennées (feuilles composées de folioles impaires) de 5 à 31 folioles (divisions d’une feuille composée) de 2 à 10 cm, ovales ou lancéolées. Elles sont pétiolées (axe reliant la feuille à la tige), mais les folioles sont sessiles (directement sur un axe) ou subsessiles (presque). Le bord du limbe (tissu végétal) est lisse (regia) ou finement denté (nigra – intermedia) ; le limbe est parfois recouvert de poils étoilés et/ou de glandes aromatiques dégageant une odeur forte, âcre qui n’est pas du goût de tout le monde, et c’est le but afin d’écarter les insectes nuisibles.
∙ Regia : feuille de 30 à 50 cm composée de 5/7 à 9/11 folioles de 15 cm, ovales à lancéolées, la foliole terminale de cette espèce est souvent un peu plus grande (plus petite chez les caryers). Le cultivar ‘Laciniata’, comme son nom l’indique présente des feuilles très laciniées, échancrées.
∙ Nigra : feuille de 30 cm jusqu’à 60 cm composée de 13 à 23 folioles lancéolées, acuminées (la pointe s’amenuise fortement) et dentées, vert terne, au toucher rugueux ; à la différence de l’espèce regia, la foliole terminale est souvent plus petite ou manquante chez les sujets âgés.
– Les noyers produisent des fleurs en général vers l’âge de 15 à 25 ans, et ce de manière efficace pendant 50 à 70 ans, parfois jusqu’à 120 ans ; c’est pourquoi on cultive principalement des espèces greffées qui produiront dès l’âge de 4 à 5 ans.
Ce sont des arbres aux petites fleurs unisexuées sur le même pied – monoïques, printanières apparaissant avant ou au début du débourrement des bourgeons de feuilles. Les fleurs sont apétales.
∙ Fleurs mâles
Comme la plupart des membres de l’ordre des Fagales, les inflorescences (grappes de fleurs) mâles sont en chatons – plante amentifère – qui ressemblent fort bien à celles d’autres membres de cet ordre tels les bouleaux, les noisetiers, les châtaigniers, les chênes…
Les chatons de 10 cm sont solitaires ou par 2, cylindriques, généralement pendants à maturité, sessiles sur les rameaux de l’année passée ou âgés de deux ans ; ils portent une dizaine de fleurs élémentaires.
1 bractée (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale), 2 bractéoles (petites bractées).
4 sépales très petits.
6 à 40 étamines (pièces florales mâles) aux filets courts, noirâtres.
Pollinisation généralement anémophile (vent) mais parfois entomophile (insectes) mais rarement. Le pollen peut provoquer le rhume des foins ; l’espèce hindsii produit un pollen particulièrement allergène.
∙ Fleurs femelles
Les inflorescences femelles sont en petites grappes assez discrètes de 1 à 3 (5) fleurs, souvent par paires, sessiles, à l’extrémité des rameaux feuillus de l’année. Elles ont la forme d’une petite outre surmontée de deux larges stigmates (partie femelle réceptrice de pollen).
Les femelles sont généralement matures une dizaine de jours plus tard que les mâles (dichogamie) afin d’éviter l’autofécondation, cela nécessite donc deux plantes relativement proches pour une bonne pollinisation. Il a été remarqué que l’on pouvait trouver deux catégories chez certaines espèces ou certains cultivars : les étamines matures 15 jours avant les pistils (organes femelles), c’est la protandrie et l’inverse dans la seconde catégorie, la protogynie.
1 bractée, 2 bractéoles.
4 sépales libres minuscules, soudés à l’ovaire.
Ovaire infère (pièces florales insérées au-dessus) à 2 carpelles (loges), surmonté d’un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) allongé aux 2 stigmates divariqués (fourchus), larges et plumeux.
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Les Pterocarya se distinguent des deux autres genres de la tribu par leurs grappes en chatons portant des fleurs femelles très décoratives et leurs fruits non charnus et ailés, d’où leur nom : en grec ‘pteron’ signifie aile et ‘karyon’ – noix. Ce sont des arbres très décoratifs.
– Le fruit est une pseudodrupe portée par un court et épais pédoncule (axe portant une fleur ou une inflorescence) ; il est mature à l’automne.
∙ Le brou (paroi charnue du fruit)
Mais quand on dit le fruit, de quoi parle-t-on ?
Pour rappel, un fruit est issu de la fécondation d’une fleur donc provient de l’ovaire contenant l’ovule transformé en graine. Dans un fruit, on mange soit la partie charnue (ovaire transformé : pomme, orange, avocat, cerise…) soit la graine, le noyau (ovule transformé : noix, noisette, amande…).
Concernant la noix du noyer, cela devient un peu plus complexe. La partie extérieure de la noix entourant le noyau est constituée d’une peau – exocarpe – entourant une partie charnue nommée brou – mésocarpe ; cette partie est issue de la fusion des bractées, des bractéoles, des sépales et d’une partie de l’ovaire, contrairement à une drupe issue uniquement de la modification de l’ovaire, c’est pourquoi l’on parle de pseudodrupe aussi appelée parfois tryma.
L’apparence du fruit de l’espèce nigra ressemble à une pomme. Le brou est particulièrement épais, il adhère fortement à la coque très dure, irrégulièrement sillonnée, qui ne présente pas de cote suturale, elle enserre étroitement l’amande rendant l’ouverture plus difficile que celle de l’espèce regia.
Cette couche externe riche en tanin finit par se dessécher et devenir noire à maturité.
Le genre Carya se distingue en fusionnant uniquement les bractées et les bractéoles, le brou est peu épais ; quant à Pterocarya, il ne fusionne que les bractées formant ainsi des ailes pour la graine.
∙ La noix
À proprement parler, la noix correspond uniquement au noyau, généralement de (1) 2,5 à 5 (8) cm ; sa partie extérieure est issue de la couche interne de la paroi de l’ovaire – endocarpe, sa partie intérieure est l’amande, ovule transformé en graine. L’endocarpe de la coquille s’est sclérifié (ayant subi un durcissement) formant deux valves plus ou moins ridées présentant à leur sommet commun un mucron (pointe dure et raide à l’extrémité d’un organe). Il est souvent dit que cette coquille s’est lignifiée mais c’est en partie une erreur puisqu’elle n’est pas constituée de xylème (tissu formé de vaisseaux et de cellules) comme le bois mais de sclérenchyme (tissu de soutien constitué de cellules mortes aux parois épaissies par un dépôt de lignine) ce qui ne l’empêche nullement d’être très dure, ce qui donna lieu à un proverbe géorgien : « Quand tu donnes une noix à quelqu’un, donne-lui aussi de quoi la casser».
Le noyer du Texas – Juglans microcarpa – développe la noix la plus petite : 1 cm seulement !
Le cultivar Juglans ailantifolia ‘Cordiformis’ produit une noix en forme de cœur.
∙ Le cerneau
On distingue surtout les noyers des caryers par leurs coques : à maturité, celle des noyers est sculptée et indéhiscente (ne s’ouvre pas tout seule) et celle des caryas est lisse et déhiscente par 4 (6) valves.
L’intérieur de la coquille du noyer présente 2 chambres, les cuisses, issues de la soudure des deux carpelles et divisées chacune en 2 lobes plus ou moins séparés par une membrane appelée zeste. Les chambres contiennent l’amande quatrilobée nommée cerneau, la partie comestible, constituée de l’embryon et de deux cotylédons (feuilles embryonnaires) lobés. Si on laisse germer une noix, on peut constater que les deux cotylédons restent dans la coque apportant les éléments nutritifs à l’embryon et ne sont donc pas photosynthétisés, c’est une germination hypogée (les cotylédons se développent sous le sol) apportant plus de sécurité au développement de l’embryon.
Dissémination zoochore (animaux) chez les noyers et les caryers, quant aux pterocaryers ils utilisent le vent grâce aux ailes de leur fruit.
Les graines sont viables un peu plus d’un an, germination printanière.
– Hybrides et cultivars
Les espèces ont tendance à s’hybrider et particulièrement l’espèce regia, certains botanistes pensent même qu’elle pourrait être, elle-même, issue d’une hybridation ancestrale entre nigra et un membre de la lignée de mandshurica.
Nigra s’hybride facilement avec l’espèce regia donnant Juglans x intermedia, il existe aussi une hybridation de regia sur nigra mais cet hybride est peu utilisé.
Juglans x intermedia était présent aussi en Amérique, mais il fut découvert botaniquement en France vers 1830 dans les pépinières du jardin du Trianon, il a été décrit officiellement par Élie-Abel Carrière en 1865 sous le nom de Juglans intermedia pyriformis, et pourtant il existait déjà sous le nom de Juglans vilmoriana dont un des premiers plans avait été cultivé dès 1815 par la famille de Vilmorin dans le parc de Verrières-le-Buisson en France. C’est un mixte des deux espèces même si son allure rappelle regia, le fruit ressemble plus à celui de nigra, les feuilles sont légèrement dentées serrulées (dents recourbées vers le sommet comme une scie), en revanche il produit peu de fruits voire pas du tout.
Depuis, cet hybride a été largement cultivé ; les cultivars présentent de bonnes qualités en tant que porte-greffe ou en essence forestière, ainsi que des qualités supérieures de production de bois, et de meilleures résistances aux maladies et à la sécheresse.
Regia s’hybride aussi avec hindsii produisant des cultivars sous le nom de Paradox, ils sont particulièrement utilisés en tant que porte-greffe de regia.
Le cultivar Juglans regia ‘Laciniata’ est très ancien ; cet arbre intéressant pour son aspect ornemental ne produit que peu de noix, mais sa faible hauteur de 10 à 15 m pour un étalement de 5 à 8 m permet de l’installer dans un jardin qui ne saurait accueillir l’espèce type de 20 à 30 m. Il existe aussi un cultivar lacinié de l’espèce nigra.
– Multiplication par semis.
L’espèce nigra est souvent utilisée comme porte-greffe de l’espèce regia afin d’obtenir des fruits plus rapidement, mais la contrepartie serait une réduction de la longévité de l’arbre qui ne dépasserait pas les 40 ans ; l’espèce hindsii est aussi utilisée à cet effet et, à priori, il règne une confusion entre ces deux espèces dans leur dénomination lors de l’utilisation.
– Ennemis
Une galle des feuilles est provoquée par l’acarien Aceria erinea. Des taches brunes apparaissent sur les feuilles, dues à une maladie cryptogamique, l’anthracnose. Certains champignons provoquent des chancres, l’espèce cinerea y est particulièrement sensible lui donnant le statut de plantes en voie de disparition auquel le Canada répond par un programme de rétablissement ; les champignons Armillaria et Phytophthora pénètrent les racines provoquant un dessèchement des feuilles ou un pourrissement du tronc au collet. Les pucerons Callaphis juglandis résistent à la juglone. Le papillon Zeuzera creuse des galeries dans les branches. Les mouches du genre Rhagoletis pondent dans le brou faisant apparaître des taches, le cerneau peut être aussi touché.
Un verger de noyers est une noyeraie ; le cultivateur est un nuciculteur.
Avec le figuier et l’olivier, c’est un des arbres les plus anciennement cultivés et ce depuis l’Antiquité, mais les hommes primitifs tel l’homme de Cro-Magnon, il y a ≈ 28 000 ans, consommaient déjà des noix sauvages ; beaucoup plus tard, son exploitation massive a failli le faire disparaitre.
Cette famille d’arbres est commercialement intéressante, surtout en alimentaire et en bois ; au début du XIXe siècle, l’extraction de sève de noyer permit la production de sucre, mais ce procédé ne se généralisa pas.
En France, l’espèce regia fut cultivée particulièrement dans le Dauphiné et le Périgord, d’ailleurs la Dordogne était appelée ‘fleuve de la noix’ pour sa contribution à l’acheminement dans diverses régions, à l’heure actuelle, la Dordogne est intégrée dans des parcours à la découverte de ‘la route de la noix’.
– Alimentaire
∙ Production
La Chine produirait 50% du marché mondial de noix fraîches ; les Etats Unis et l’Iran arrivent après et en quantité nettement moindre, quant à la France, elle occuperait la sixième position mondiale. La production chilienne se fait une bonne place avec une production précoce.
En Europe, la production de noix vient prioritairement de France où sa culture connut un premier essor vers le haut Moyen-Âge, la production française d’huile d’olives ne fournissant que 20% des besoins en huiles ; beaucoup plus tard vers le XIXe siècle, sa culture explosa afin de stabiliser l’économie des régions suite au déclin de la culture des mûriers et de l’attaque du phylloxéra sur les vignobles.
Il a été remarqué qu’une plantation intercalaire avec des espèces d’Eleagnus ou d’Alnus – aulne, plantes fixatrices d’azote, augmentait de 30% le développement d’un noyer. Le manque d’eau influence considérablement la taille et la production des noix. Dans les régions à hivers rudes, le noyer ne produit qu’une année sur deux.
Traditionnellement, les noix étaient récoltées en France à la Saint Michel, le 29 septembre.
On récupère les noix en secouant l’arbre afin de les faire tomber. La noix fraîche ne se conserve pas longtemps, et encore faut-il qu’elle soit propre à la consommation, il existe un moyen pour reconnaître une ‘bonne’ noix, il suffit de secouer la coquille, si on entend un bruit, il faut la jeter car l’amande s’est desséchée, d’où le bruit.
Un arbre peut produire environ 55 kg de noix sèches par an ; 4 kg de noix sèches fournissent 1 kg de cerneaux dont on extrait ½ l d’huile. Les noix sont très caloriques : 650 kcal pour 100 g, mais contrairement aux idées reçues, elles ne font pas grossir si la consommation n’est pas excessive, soit 3 à 6 noix ou 30 g par jour.
L’extraction des cerneaux s’appelle la mondée. Autrefois, les femmes (toujours elles, les petites mains !) chargées de casser, décortiquer et trier les noix, étaient nommées énoiseuses ; actuellement l’énoisage est plutôt pratiqué avec famille et amis.
La structure de l’intérieur de la coque rend parfois difficile l’exploitation en fruits frais, toutefois aux USA des techniques d’extraction de l’amande sur des arbres greffés sont exploitées. En France, à priori, on continue la mondée manuelle, gage de qualité.
La grosse noix à coquille mince de l’espèce regia en fait la principale espèce utilisée en alimentaire (particulièrement en produit sec), mais il fut créé différents cultivars qui produisent de meilleurs noix s’il y a une pollinisation croisée avec un autre cultivar, y compris pour les cultivars dits auto-fertiles.
En France, deux origines se distinguent : la noix de Grenoble et la noix du Périgord.
⁎ La noix de Grenoble fut en 1938 le premier fruit AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) qui fut remplacée en 1996 par une AOP (Appellation d’Origine Protégée) ; elle est produite dans trois départements : Isère, Drôme et Savoie. À l’heure actuelle, cette noix fournirait 30% de la production française avec trois cultivars :
La ‘Franquette’ fut créée par un agriculteur isérois, Nicoud-Franquet, vers 1784 ; c’est la plus ancienne cultivée et la plus produite (70 à 90% du marché selon la région) du fait de son excellent rendement en huile et du goût de sa noix. Elle a une forme allongée et un cerneau blond au délicieux goût de noisette.
La ‘Mayette’ fut introduite de Sicile par un habitant isérois, M. Mayet. C’est une noix ronde dont un bout est plat, elle est facile à casser ; le cerneau est jaune clair, il a un goût raffiné.
La ‘Parisienne’ est une grosse noix arrondie, au cerneau clair, elle est très bonne et facile à casser. Elle fut créée par un greffeur, M. Croizet de Vinay en Isère.
⁎ La noix du Périgord reçut une AOC en 2002, puis deux ans plus tard une AOP :
‘Marbot’ est la plus précoce dès la mi-septembre ; le cerneau est blanc et veiné, surtout consommé frais. Son nom évoquerait un colonel de Napoléon, le baron de Marbot originaire d’une des régions terroirs de cette noix.
‘Corne’ est la plus rustique ; son cerneau est sucré et raffiné mais difficile à extraire.
‘Grandjean’ a un cerneau charnu facile à extraire, son goût est très parfumé avec une pointe d’amertume.
La ‘Franquette’ est aussi cultivée dans cette région et c’est d’ailleurs la première production.
∙ Consommation
Les noix se consomment fraiches, sèches ou transformées en huile.
⁎ Le goût des noix ressemble à celui des faines, fruits du hêtre, mais attention la consommation de noix peut provoquer des allergies, aphtes et caries chez certaines personnes.
Les noix de certaines espèces peuvent être marinées dans du vinaigre ou transformées en confiserie ; celles conservées dans du vinaigre sont vendues sous l’appellation ‘noix marinées’ ; celles conservées dans du sirop de sucre sont comestibles entièrement.
⁎ La meilleure huile est obtenue par pression à froid à partir des cerneaux. L’huile de noix est chère et généralement utilisée en vinaigrette. Elle ne tolère aucune cuisson.
⁎ Le tourteau est le résidu solide issu de l’extraction d’huile, fournissant une farine utilisée dans l’alimentation animale ou humaine.
⁎ Boissons : liqueur, eau de vie, vin. Le vin de noix se fait avec les amandes, les feuilles et les jeunes pousses. La liqueur des Pères Chartreux est réputée.
– Bois
Bois à l’aubier (bois jeune en périphérie parcouru par la sève brute) clair et au duramen (bois de cœur mort) brun foncé plus ou moins violacé devenant légèrement plus pâle avec l’âge, lourd, homogène, à grain fin, résistant à l’humidité, mais non conseillé en usage externe.
Le noyer est très prisé pour son bois précieux (un des plus chers au monde), il a toutefois été supplanté par le chêne (à cause du gel), puis par d’autres essences du fait que son bois finit par foncer ce qui n’était pas du goût de tout le monde. Il reste très utilisé en ébénisterie après l’acajou.
Autrefois, le bois était utilisé dans certains éléments de la construction navale et pour les hélices d’avions, les meilleurs sabots étaient fabriqués en bois de noyer. Dès la Renaissance, il fut plébiscité pour la fabrication de meubles : lit à baldaquin, fauteuil, mobilier d’église…
Actuellement : ébénisterie de luxe – aménagements intérieurs – parquets – armes à feu – cercueils…
Les loupes (sorte de tumeurs végétales) sont utilisées en tournerie pour fabriquer des bols ou autres. Les protubérances de la souche et les racines sont appréciées en ébénisterie, on les appelle alors ‘ronces’, terme employé pour désigner un bois à la veinure contrastée, à l’aspect tourmenté et enchevêtré. Utilisées en placage de façade et en marqueterie, les loupes et les racines sont aussi prisées en coutellerie, et comme tableau de bord de véhicules de prestige.
Le bois permet de fabriquer des armes à feu comme les crosses des fusils ; durant les deux guerres mondiales, son bois fut très utilisé à cet effet, et ceci contribua fortement à sa disparition dans nos jardins ; il est d’ailleurs encore très prisé car considéré comme le bois de la meilleure qualité pour cet usage ; aux USA ‘assumer noyer’ signifie ‘entrer en guerre’ !
Il est utilisé en lutherie et pour le corps des orgues.
Le bois de regia présente de très bonnes qualités, mais la culture de cette espèce est surtout vouée à l’alimentaire contrairement à l’espèce américaine nigra qui est une essence commerciale très précieuse dans l’utilisation de son bois, d’ailleurs il est parfois considéré comme ‘l’aristocrate des beaux bois durs’. L’hybride Juglans x intermedia est le plus prisé pour sa rapidité de croissance.
Le bois de l’espèce ailanthifolia est particulièrement adapté pour appliquer des dorures.
Le ‘noyer Claro’ est un bois issu de l’espèce californienne hindsii, il est apprécié pour son grain coloré, tacheté, ressemblant au marbre, il trouve son utilisation dans la fabrication haut de gamme de dessus de table, de crosses de fusils ainsi que de guitares dont les caractéristiques tonales se situent entre le palissandre et l’acajou.
– Coquilles
Les coquilles peuvent être concassées pour faire du charbon de bois, ou transformées en farine pour l’industrie des plastiques.
Les coquilles et le brou fournissent un colorant brun-jaune à noir utilisé sur la peau, les cheveux et les textiles.
Les coquilles de noix sont utilisées dans le nettoyage et le polissage de divers matériaux (sablage), ainsi que comme épaississant pour les peintures murales ; l’espèce nigra a la coquille la plus dure, broyée elle est utilisée comme papier de verre, papier sablé.
Les coques peuvent servir de couverture de sols.
Avec les coquilles, on confectionne de petits bijoux servant de piluliers ou de petits coffrets ; une charnière articule les deux parties de la coque. En France, on utilise principalement le cultivar ancien ‘Bijou’ cultivé de manière marginale, il ne bénéficie pas de l’AOC, et son seul réel intérêt est la taille imposante de ses noix.
Les coquilles moulues rentrent dans la composition d’insecticides et de poison pour poissons (actuellement illégal).
– Brou
Le brou offre des teintures du vert au brun-noir. La partie extérieure et charnue de la noix est macérée dans de l’eau légèrement chaude pendant plusieurs jours selon la couleur espérée, puis l’eau est filtrée. Certains confectionnent le ‘brou de noix’ sans brou mais en faisant macérer seulement les coquilles concassées, il est en effet plus facile de se procurer des noix sèches (coquille et amande) que des noix entières (avec leur brou).
L’appellation ‘brou de noix’ évoque parfois uniquement la couleur rendue et peut ne contenir aucun brou mais provenir de pigments issus d’une terre humide du genre tourbe appelée ‘Terre de Cassel’, cette terre traitée avec une solution de carbonate de sodium fournit ‘l’extrait de Cassel’ particulièrement utilisé dans les encres et les teintures.
L’utilisation du brou permet de donner un aspect vieilli sur des bois neufs ; il permet la fabrication d’une encre brune. Associé au henné, il peut être utilisé comme colorant capillaire.
Le brou était autrefois utilisé pour le tannage des cuirs.
Au Japon, le brou collant de l’espèce ailanthifolia était utilisé pour capturer les poissons.
– Les feuilles fraîches peuvent faire office d’insecticide et particulièrement contre les punaises et les mites, une infusion peut détruire les fourmis.
– Huile
Autrefois dans le Midi, l’huile pouvait servir de produit d’éclairage.
Elle peut rentrer dans la composition de peintures.
– Écologie
Lieu de nidification. Hôte nourricier de larves de lépidoptères (papillons). Nourriture de nombreux insectes.
Les rongeurs et les écureuils ayant les dents suffisamment fortes pour casser la coque sont friands de noix. Les corbeaux, eux aussi, l’apprécient, et n’hésitent pas à lâcher la noix au cours d’un vol afin qu’elle s’ouvre au sol. Les brindilles sont appréciées des cerfs.
– Médicinales
Depuis bien longtemps, les Anciens recommandent sa consommation et son utilisation.
L’utilisation des ‘Fleurs de Bach’ correspond à la libération des liens du passé, à la protection et à l’adaptation au changement.
∙ Les feuilles étaient très utilisées autrefois en tisanes ou en cataplasmes. Les Amérindiens fabriquaient un remède facilitant la digestion, ainsi que pour soulager différentes maladies, et particulièrement les maladies cutanées et les maladies psychologiques. Une tisane de feuilles soigne la constipation, le diabète, la jaunisse…
Les feuilles sont utilisées comme astringent et draineur hépatique en phytothérapie.
∙ Le brou était considéré par Hippocrate et Dioscoride comme un bon vermifuge, c’est toujours d’actualité. L’huile a aussi des vertus vermifuges.
∙ L’eau de vie de noix est un excellent dépuratif pour l’estomac, le foie, le sang.
∙ La noix : dernièrement, des études auraient prouvé la corrélation entre la consommation de noix et l’amélioration des performances cognitives.
Riches en omega-3 et -6 ainsi qu’en vitamine E, les noix sont aussi considérées comme des anti-inflammatoires et des antioxydants. Elles traitent la constipation et d’autres maladies. C’est, bien sûr, un aliment énergétique qui peut servir de coupe-faim.
Les utilisations médicinales sont tellement diverses que je vous conseille d’en savoir plus via ce lien.
– Cosmétologie
L’huile est réputée pour ses propriétés hydratantes de la peau, elle renforce les cheveux et a des propriétés antipelliculaires.
– Ornementales en isolé. Arbre d’ombrage.
En Amérique, une tradition veut qu’un noyer soit battu : cela élimine le bois mort et est censé stimuler les nouvelles pousses.
Généralement, on ne taille pas un noyer, on se contente d’enlever le bois mort et de couper les tiges d’un diamètre inférieur à 3 cm.
– ‘Arbre maudit, fruit béni’
Pline signalait déjà le caractère dévastateur du noyer dû à la juglone présente dans pratiquement toutes les parties de la plante :
« Son ombre s’appesantit et offense le cerveau des hommes et porte nuisance à tout ce qui est planté autour ».
D’ailleurs, il était déconseillé de dormir sous un noyer car la juglone était supposée donner des maux de tête. L’amande du noyer est d’ailleurs en forme de cerveau.
Olivier de Serres contribua aussi à cette mauvaise réputation en rapprochant l’origine latine du nom du noyer – nux – du verbe latin nocere signifiant nuire.
– Mythologie et symboles
∙ Dans la mythologie grecque, Karya, la plus jeune des filles du roi Dion, roi de Laconie (Péloponnèse en Grèce), fut aimée et métamorphosée en noyer par le Dieu Dyonisos ; les causes semblent obscures.
Caryae ou Karyai est une ancienne ville de Laconie qui possédait un sanctuaire d’Artémis Karyatis (Diane), la Maîtresse (déesse) du noyer et des arbres sauvages portant des fruits ; les jeunes filles venaient danser, autour de sa statue, des figures sexuelles sur des rythmes saccadés.
Les caryatides sont des statues de femme vêtue de longue tunique, elles remplacent les colonnes ou les piliers d’un monument dont le plus connu est l’ancien temple Érechthéion sur l’acropole d’Athènes où elles rappellent les prêtresses d’Artémis, cet endroit est nommé la ‘fraternité des noix’. La danseuse mythique, Isadora Duncan, dansa à leurs pieds. Peut-on y voir la malédiction des ‘noix’ puisque la vie d’Isadora fut digne des tragédies grecques, elle perdit ses trois enfants et mourut tout aussi tragiquement à cause de son foulard qui s’enroula dans les roues d’une voiture !
∙ En Inde, la noix est une offrande faite à la déesse Mère. C’est un symbole de longévité.
∙ Symbole phallique dédié par les Romains à Jupiter, dieu de tous les dieux ; la consommation de noix était vue comme un atout de fertilité.
∙ Symbole du mariage : dans certaines régions françaises, on lançait des noix sur les nouveaux époux. Aïe, aïe, aïe !
∙ Symbole de l’intelligence par son cerneau ressemblant au cerveau.
∙ Symbole de richesse et d’abondance par sa production.
– Dictons et superstitions
∙ En Alsace, il est dit : ‘Une femme qui veut garder son mari se doit de garder en son soulier senestre feuille de gauguier cueillie la nuit de la Saint Jean‘.
∙ Toujours à la Saint Jean, si on suspend des branches de noyer dans la maison, elle sera protégée de la folie et de la foudre.
∙ Un dicton paysan affirme qu’une année de forte production de noix amène un hiver rude et une très bonne récolte de blé l’année suivante, on retrouve ce dicton chez les Amérindiens.
∙ En Gascogne, autrefois, si un prétendant à la main d’une jeune femme se voyait offrir des noix à la fin du repas, il comprenait que la famille refusait cette alliance.
∙ Dans certaines régions, comme en Italie, le noyer était relié à la sorcellerie, au diable, à l’enfer. Les Gaulois le considéraient comme un arbre de mauvais voisinage à cause de la juglone développée.
– Aux USA, la journée nationale (non officielle) de la noix est célébrée le 22 octobre ; la France fête aussi ses noix durant cette même période.
– Blasons
Par exemple, celui de la ville de Noyers dans le Loiret.
– Monnaie d’échange
Autrefois, en France, vers le Xe siècle, on pouvait payer en setiers (ancienne mesure pour les grains) de noix, plus tard, l’huile de noix aussi précieuse que l’or pouvait le remplacer pour certains paiements.
– Autrefois au Moyen-Âge, le noyer était associé à la menthe pour l’embaumement.
– À découvrir
À Vinay, sur la route de Grenoble en France, a été créé le Parc du Grand Séchoir – Maison du Pays de la Noix ; on peut y découvrir aussi un arboretum regroupant des espèces venues du monde entier.
À découvrir aussi l’Ecomusée de la Noix au château de Castelnaud dans le Périgord.
– Musique
Il y a bien longtemps, Charles Trenet composa une chanson sur la noix dont le dernier couplet se terminait ainsi :
« …Une noix
Qu’y a-t-il à l’intérieur d’une noix ?
Qu’est-ce qu’on y voit ?
Quand elle est ouverte
On n’a pas le temps d’y voir
On la croque et puis bonsoir
On n’a pas le temps d’y voir
On la croque et puis bonsoir
Les découvertes. »
– Peinture
Pierre Soulages (1919-2022), spécialiste de la peinture en noir et blanc a souvent utilisé le brou de noix, il aurait créé plusieurs œuvres avec ce produit. Il a expliqué son choix :
« … en 1947 j’ai choisi le brou de noix. J’aimais sa puissance de couleur sombre et chaude et j’aimais aussi que ce soit une matière banale et bon marché. »
Mise à jour novembre 2024.