Les mélias font partie d’une famille d’arbres et d’arbustes feuillus constituée particulièrement par des acajous avec les genres américains Swietenia (l’espèce mahagoni possède un des bois les plus précieux) et Cedrela (l’espèce odorata est connue pour la fabrication de boites à cigares), le genre africain Khaya et le genre Toona de Chine ; on trouve aussi quelques rares herbacées.
Cette famille compte 51 genres ; le genre type est le Melia d’où le nom de la famille Meliaceae attribuée en 1789 par le botaniste français Antoine-Laurent de Jussieu.
Dans le genre Melia, l’espèce azedarach est la plus connue et la plus plantée des douze espèces originaires d’Asie, de Chine et d’Australie.
Son centre d’origine se situe au sud de l’Himalaya et particulièrement au Cachemire (Inde – Pakistan – Chine) mais par extension, beaucoup évoquent des origines plus vastes, de l’Irak au Japon et particulièrement en Perse.
Il s’est naturalisé aussi bien en Amérique du Sud, en Australie, en Afrique qu’aux îles Mascareignes.
Il a été introduit d’Inde en France en 1656 puis il s’est naturalisé dans le sud.
– Melia L.
Ce nom a été donné par Linné en 1753. Il est étonnant que le nom d’un genre soit transféré à un autre genre et c’est pourtant le cas pour le frêne – Fraxinus et le Mélia. Auparavant, les grecs attribuaient le nom de Melia au frêne ; Meli vient de miel en référence à la sève sucrée – manna ash – produite par certaines espèces de frênes. Puis, le nom de Melia fut réattribué à ce genre de la famille de l’acajou dont les feuilles sont assez semblables à celles du frêne et ce dernier fut nommé Fraxinus.
– Azedarach vient de ‘azaddirakht’ nom vernaculaire donné par le médecin persan Avicenne pour désigner cet arbre et signifiant ‘arbre noble’ ou ‘arbre qui libère’ en référence à ses propriétés médicinales ; nom repris par Linné en 1753.
On lui attribue de nombreux noms vernaculaires, populaires.
– – Margousier nom vernaculaire venant du portugais ‘margosa’ désignant le bois rouge de certaines espèces pouvant remplacer le bois de l’acajou.
Le nom margousier désigne cet arbre mais aussi un autre arbre de la même famille, Azadirachta indica ; d’ailleurs ils partagent aussi un autre nom vernaculaire : neem et le Melia est alors appelé ‘faux neem’. La confusion persiste dans les noms botaniques puisque Azadirachta a pour synonyme Melia et vice-versa.
Neem vient du hindi ‘nim’ dérivé d’un mot en sanskrit signifiant ‘pour rester en bonne santé’. Ghoda neem en bengali signifie ‘neem des chevaux’ en référence à son utilisation vétérinaire sous forme d’huile.
– Lian 苦楝 est son nom chinois.
En Chine, il est aussi appelé ‘amer’ par son bois et son écorce au goût amer.
– Lilas de Perse ou Grand lilas et en anglais Cape-Lilac sont en référence au parfum similaire des fleurs de lilas – Syringa. Parfois, il est aussi appelé ‘lilas des Indes’ tout comme l’arbuste Lagerstroemia indica.
– Bead tree signifie ‘arbre à perles’ ou ‘arbre à chapelet’, ce nom vernaculaire est aussi utilisé en français en référence à la coque du fruit qui est percé en son centre et dont on fait des chapelets, des colliers.
– White cedar – cèdre blanc est le nom utilisé en Australie dans le commerce du bois et plus particulièrement pour la variété australasica.
Dans ses régions d’origines, il croît dans des forêts pluviales et des clairières de 500 à 2 100 m d’altitude, en plein soleil de préférence ou à l’ombre très partielle, sur tous sols même pauvres, neutres à peu acides, humides mais bien drainés ou secs quand il est bien installé. Peu regardant sur la nature du sol, on le trouve facilement sur des sols perturbés.
Sa tolérance au gel de -5°C peut atteindre jusqu’à -10°C à -15°C sur une courte période pour les arbres âgés. En France, on peut le trouver aussi bien à Strasbourg qu’à Clermont-Ferrand mais il est surtout présent dans le sud.
Il est sensible aux incendies.
Souvent confondu avec Azadirachta indica qui est moins rustique et qui s’en distingue par des feuilles simplement pennées, d’une écorce non fissurée, des fleurs blanches aux stigmates trilobés et des fruits à seulement 1 ou 2 graines.
Toutes les parties de l’arbre sont toxiques – l’azadirachtine, moins de 10 fruits mûrs peuvent entraîner la mort chez certains mammifères.
– Croissance rapide dans les premières années. Une courte longévité d’une vingtaine d’années est souvent annoncée mais d’autres avis spéculent sur une longévité de 200 ans.
– Arbre de 8 à 12 m pouvant atteindre rarement 25/30 m, la variété australasica pourrait atteindre 45 m.
Le tronc droit est généralement court, de 30 à 60 cm de diamètre ; la couronne est souvent arrondie.
– L’écorce gris-marron et lisse devient, avec l’âge, fissurée en bandes longitudinales et irrégulières. Sur l’écorce, il peut se former une gomme.
– Le système racinaire est plutôt superficiel mais étendu.
– Rejets de souche vigoureux et drageons (à partir de tiges souterraines).
– Les branches et les rameaux sont assez cassants.
Les rameaux portent des cicatrices foliaires proéminentes et des lenticelles (pores présents à la surface de l’écorce).
– Les feuilles composées sont caduques, mais sous les régions tropicales humides certaines formes présentent des feuilles persistantes. En position alternée, elles sont longues de 20 à 40 cm au bout d’un long pétiole (axe reliant la tige à la feuille). Imparipennées (nombre de folioles impaires), on compte de 3 à 7 paires de folioles (divisions d’une feuille composée) ovales à lancéolées de 2 à 8 cm, plus ou moins serrulées (munies de dents recourbées), vert brillant au revers plus clair et parfois pubescentes (poilues) sur les nervures ; à l’automne, elles deviennent jaunes. Les feuilles froissées dégagent une odeur forte et amère.
– Cet arbre porte des inflorescences (ensemble de fleurs) sur les rameaux de l’année passée, à l’aisselle des feuilles, en panicules (inflorescences composées d’axes secondaires) de 10 à 20 cm. La maturité sexuelle de l’arbre commence vers 6 à 10 ans.
Les fleurs abondantes sont hermaphrodites (bisexuées) ou andromonoïques (bisexuées + mâles). Elles se développent du printemps (en même temps que le feuillage) au début de l’été pour certaines formes, et dans certains régions parfois toute l’année. Pollinisation par certains oiseaux et des insectes.
Les petites fleurs de 1 à 2 cm sont tubulaires, blanc rose-violacé, parfumées.
∙ Bourgeons floraux rose-violacé.
∙ Petit calice à (4) 5 (6) dents soudées.
∙ Corolle en étoile à (4) 5 (6) pétales oblongs.
∙ 10 étamines aux filets réunis en un tube violet foncé et frangé au sommet en petites dents. Les anthères (extrémité fertile d’une étamine) sont blanc jaunâtre. Le nombre des étamines est généralement du double des pétales. Présence d’un disque nectarifère entre les étamines.
∙ Ovaire supère aux styles (tige reliant l’ovaire au stigmate) violets réunis en un seul style surmonté d’un stigmate (partie réceptrice de pollen) à (4) 5 (6) lobes correspondant au nombre de carpelles (loges).
En savoir plus sur La Fleur et sur la Sexualité.
– Six mois plus tard, les fruits apparaissent sous la forme de drupe sphérique de 1 à 3 cm dont l’enveloppe peu charnue, assez nauséabonde, est mince et verte devenant jaune clair puis blanche et ridée. La coque est côtelée et présente au centre un petit trou ; elle contient de 3 à 5 petites graines elliptiques ressemblant à des grains de riz noir, pouvant être mortellement toxiques pour certains animaux. Ces fruits marcescents peuvent persister sur l’arbre durant tout l’hiver, voire plus longtemps jusqu’à la prochaine fructification, ce qui rend cet arbre très décoratif à cette époque de l’année.
Dissémination zoochore (animaux) et particulièrement certains oiseaux et chauves-souris ; les grives et les ramiers l’apprécient particulièrement.
– De nombreuses variétés. Les cultivars proviendraient surtout de Chine.
– Multiplication par graines (pouvoir germinatif élevé) ou rejets ou boutures.
– Ennemis
La chenille Leptoceneria reducta dévore les feuilles – des champignons peuvent causer le pourrissement du pied – il peut subir des attaques d’insectes foreurs de bois de la famille des bostryches tel l’Apate.
– Actuellement utilisé en arbre de reboisement dans plusieurs pays.
Au Kenya, de nombreux cultivateurs l’entretiennent pour combattre la sécheresse et la pauvreté des sols.
Au Vietnam et en Inde, il est planté dans les potagers, dans d’autres régions on l’installe au milieu des cultures céréalières.
Arbre d’ombrage notamment pour les plantations de caféier et de bananier. Taillé, c’est un bon brise-vents.
– Médicinales
Largement utilisé en médecine ayurvédique et en pharmacopée traditionnelle, il était parfois appelé ‘l’arbre pharmacie du village’ : anti-inflammatoire – antibactérien – immunostimulant – astringent – fébrifuge – vermifuge – antifongique… Racines, feuilles, graines (composées de 40 à 48 % d’huile), et écorce sont utilisées.
Ses propriétés sont aussi utiles pour le bétail.
Autrefois les graines étaient utilisées comme stupéfiant et d’ailleurs certains parlent de l’ivresse des oiseaux qui les consomment… à vérifier !
– Insecticide par ses feuilles et ses graines contre les pucerons, les aleurodes, les araignées rouges, les chenilles, les mouches mineuses… les criquets ne seraient pas ses amis ! On les utilise comme tapis de feuilles répulsives ou en purin.
Il est aussi utile dans la lutte contre les insectes parasites de l’homme et des volailles mais aussi pour protéger les livres et les vêtements.
Ses utilisations se confondent parfois avec celles de l’Azadirachta indica dont il est très proche. En Inde, un insecticide puissant et naturel à base d’ Azadirachta a toujours été utilisé pour le traitement des plantes. Une société américaine d’industrie chimique décida de breveter certains procédés d’exploitation de l’Azadirachta ce qui suscita une forte indignation en Inde et dans le monde entier considérant ces procédés de ‘biopiraterie’ et de ‘biocolonialisme’ face à une utilisation millénaire. La justice trancha et donna raison à l’Inde en cassant le brevet, une grande première !
– En Australie, les pêcheurs s’en servaient comme poison.
– Bois brun à rouge foncé à l’aubier jaune clair, souvent confondu avec le teck – Tectona grandis. Les fleurs et la poussière de bois peuvent être irritantes pour les voies respiratoires.
C’est un bois de grandes qualités résistant aux insectes xylophages, utilisé en ébénisterie et pour fabriquer des instruments de musique.
Étrangement, malgré ses grandes qualités similaires au bois des acajous, il reste sous-exploité.
Bois de chauffage.
Fibres de l’écorce pour fabriquer des cordes.
Les brindilles sont utilisées comme brosse à dents en Afrique et en Inde.
– Colorant rouge avec l’écorce.
– Fabrication de savons, de cires, de lubrifiants. L’huile de la graine est un bon combustible pour l’éclairage.
– Artisanat : colliers, perles de chapelets avec les coques déjà percées initialement d’où un de ses noms vernaculaires ‘Pater-noster’.
– Alimentaire
Miel. Les feuilles cuites sont utilisées comme condiment.
Fourrage pour les chèvres et les moutons qui ne sont pas sensibles à sa toxicité.
– Ornementales
Arbre de rues malgré les feuilles et les fruits assez salissants.
– Les rameaux coupés avec leurs fruits sont vendus chez les fleuristes.
– Arbre de temple en Asie – en Inde considéré comme un ‘arbre béni’.
– Dans la mythologie grecque, les Méliades sont les nymphes des frênes et ne concernent donc pas le Melia (voir les noms).
– En Asie, il inspire les poètes. Il annonce l’arrivée du printemps.
– Dans certaines régions, il s’est révélé envahissant, c’est une plante transformatrice (qui modifie l’écosystème).
Mise à jour septembre 2024.