Le Magnolia est un des premiers descendants des arbres à fleurs – les angiospermes. Faute de fossiles, ses descendants, à l’heure actuelle, n’ont toujours pas été identifiés. Les seuls fossiles retrouvés des premières plantes à fleurs, datés de 130 millions d’années, sont ceux de plantes aquatiques aujourd’hui disparues : Archaefructus sinensis et Montsechia vidalii.
Le genre Magnolia, de la famille des Magnoliaceae, serait apparu sur terre il y a 90 millions d’années, en compagnie des Ginkgo et des Sequoia. La longévité de ces espèces leur vient probablement du fait qu’on ne leur connaît aucun ennemi et peu de parasites.
Certains considèrent cette famille comme la plus primitive des plantes à fleurs. Ce qui la particularise, c’est le manque de distinction entre les sépales (pièces du calice) et les pétales (pièces de la corolle) et de ce fait un terme a été créé : les tépales, l’ensemble des tépales est le périgone.
Selon les auteurs, il existerait de 100 à plus de 200 espèces, ainsi que de nombreuses variétés et hybrides.
Des sous-genres (comportant des sections) ont été regroupés dans le genre Magnolia. Le nom de ces sous-genres sont souvent employés comme synonymes. Le site : https://www.magnoliasociety.org/Classification, donne une classification détaillée.
Les caractéristiques principales différenciant les sous-genres sont :
∙ Le feuillage caduc ou persistant.
∙ Le nombre de tépales.
∙ Le nombre d’ovules par carpelle (loge).
∙ La forme du fruit.
Les Magnoliaceae seraient originaires du nord de l’Amérique du Nord d’où elles auraient migré.
Amérique – Chine – Japon.
– On trouve la première description des magnolias américains dés 1570 par Francisco Hernandez.
– Dés 1703, aux Antilles, l’Abbé Charles Plumier découvre ce genre et le décrit.
– Carl Peter Thunberg fut un des premiers à décrire les magnolias japonais.
Magnolia L.
En 1703, Charles Plumier créa le genre Magnolia en honneur à Pierre Magnol. Il avait tout d’abord attribué ce nom à un autre arbre que Linné classera dans le genre Talauma – nom d’un sous-genre de magnolias; par la suite, cette espèce des Petites-Antilles fut nommée Magnolia dodecapetala.
Magnolia est le nom confirmé en 1753 par Carl von Linné.
Les glaciations ont détruit les espèces présentes en Europe mais elles ont survécu en Amérique et en Asie; par la suite, elles ont été réintroduites en Europe.
-Introductions des magnolias américains :
∙ En 1678, John Banister est envoyé par l’Évêque Compton de Londres comme père missionnaire en Virginie (USA). Il fait parvenir de nombreux spécimens de plantes dont un des premiers Magnolia au Jardin de la Société des Apothicaires (petit jardin sur les bords de la Tamise, appelé désormais le Chelsea Physic Garden, à voir absolument car il illustre bien le charme et l’intérêt des jardins pour les britanniques). C’était un Magnolia glauca nommé à l’époque Magnolia virginiana.
∙ En 1711, en provenance de Louisiane, le navire le ‘St Michel’ accoste à Paimboeuf, un avant-port de Nantes (à l’époque, Nantes est le port le plus important d’Europe), avec à son bord le premier Magnolia grandiflora d’Europe. L’histoire raconte que le propriétaire du navire et maire de Nantes, René Darquistade essaya de l’acclimater sur sa propriété en le cultivant en serre; sans succès, il finit par s’en débarrasser mais la femme de son jardinier le récupéra et le planta en pleine terre derrière les dépendances du château. Là, il s’épanouit et vécut jusqu’en 1848. Ce n’est qu’en 1764 que le botaniste François Bonamy l’identifia comme étant le Magnolia grandiflora. De nombreuses marcottes aériennes de cet arbre permirent sa propagation. Une de ces marcottes fut installée au Jardin des Plantes de Nantes en 1816 sous le nom de Magnolia grandiflora ‘Maillardiensis‘ (nom de la propriété de Darquistade).
∙ En 1726, le Roi Louis XV ordonne à tous les capitaines de navire d’aider les botanistes explorateurs à ramener de nouvelles plantes de leurs voyages. Cette décision réjouit la famille de marins, les Barrin. En 1737, le Comte Roland-Michel Barrin de la Galissonnière, rentrant d’une mission au Canada avec son navire le ‘Héros’, introduit et acclimate dans sa propriété bretonne une sorte de Magnolia grandiflora que lui avait offert un chef indien. Ce cultivar nommé ‘Galissoniensis’ est un des plus commercialisé à l’heure actuelle car plus vigoureux que ‘Maillardiensis’.
– En 1780, le premier magnolia asiatique introduit en Europe est le Magnolia denudata.
Les Magnolia préfèrent un sol frais, léger et bien drainé. En général, ils vivent dans des sols légèrement acides voir neutres mais certaines espèces tolèrent un léger calcaire. La plupart ne supportent pas les excès en humidité ou en sécheresse. Une situation plein soleil ou mi-ombre leur convient mais surtout abritée des vents froids pour les espèces caduques à floraison précoce car même si elles sont tolérantes au gel jusqu’à -17°C (-25°C au maximum pour certaines), les boutons floraux sont abîmés si le gel est mordant.
En général, ils vivent de 150 à 200 ans.
Deux types de Magnolia :
∙ Les espèces à feuillage persistant sont originaires d’Amérique, hormis l’espèce delavayi, originaire de Chine. Elles supportent un sol plus lourd et un peu calcaire et possèdent une bonne tolérance au gel si abritées des vents froids, jusqu’à – 17°C et jusqu’à -25°C pour les espèces cultivées. Elles produisent de grandes feuilles de 15 cm, parfois vernissées et coriaces. Les grandes fleurs d’une vingtaine de centimètres s’épanouissent vers la fin du printemps et en été, de façon étalée.
∙ La majorité des espèces à feuillage caduc proviennent d’Asie. Elles préfèrent un sol léger et un peu acide. Tolérantes au gel jusqu’à -17°C, certaines espèces jusqu’à -25°C, elles y sont sensibles surtout à l’état juvénile et à la période de floraison. Les feuilles, assez semblables à celles des magnolias persistants, sont toutefois plus lisses et souples. Elles fleurissent au printemps généralement avant le débourrement des feuilles; certaines espèces avant de débourrer, développent une petite feuille unique juste sous les fleurs.
Généralités :
– Les tailles sont variées : de l’arbuste de 2 m jusqu’à l’arbre de 30 m. Ils sont souvent de forme pyramidale dans leur jeunesse puis ovoïde.
– L’écorce gris-brun peut être lisse ou légèrement à très rugueuse.
– Les feuilles de 10 à 30 cm – record de 60 à 80 cm pour Magnolia macrophylla – ont un aspect différent si elles sont caduques ou persistantes. Elles sont pétiolées (axe reliant la feuille à la tige), obovales et acuminées (la pointe s’amenuise fortement) en général. Les stipules (appendices membraneux) sont rapidement caduques.
– Les boutons floraux sont protégés par une spathe (bractée : organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) parfois pubescentes (poilues).
– En général, les magnolias commencent à fleurir vers l’âge de 20 à 25 ans hormis Magnolia stellata et dealbata (par exemples) qui fleurissent sur des sujets assez jeunes. La fleur perdure 3 à 4 jours.
∙ Les fleurs sont actinomorphes, tépales en étoile. Les organes floraux sont portés par un thalamus androgynophore : pédoncule formant un réceptacle qui se prolonge intrafloral. La fleur est dite hémicyclique : il se développe un premier verticille de tépales verticillés et un ou deux autres spiralés très étroitement puis des étamines et des carpelles spiralés ; la disposition spiralée dénote le caractère archaïque de ce genre.
∙ Les fleurs sont hermaphrodites (bisexuées), solitaires, blanches, jaunes ou bien du rose au pourpre, selon l’espèce. Elles sont souvent très parfumées.
∙ Remarquables par leurs tépales pétaloïdes épais disposés en 2 ou 3 verticilles. Ils présentent différentes formes selon l’espèce : en coupe, en tulipe, en étoile, en soucoupe. La taille des fleurs est grande de 10 à 15 cm, avec un record de 30 cm pour l’espèce macrophylla.
∙ Les fleurs sont dites hypogynes, c’est à dire que les pièces florales (tépales et étamines) s’insèrent en-dessous de l’ovaire qui de ce fait est un ovaire supère.
∙ Les étamines aux longues (caractère primitif) anthères (extrémité fertile d’une étamine) sont nombreuses; elles sont disposées en spirale en dessous des carpelles ; elles peuvent être de couleurs différentes selon l’espèce et développent un filet plus ou moins large. Les anthères s’ouvrent vers l’intérieur laissant ainsi tomber le pollen au cœur des tépales : la table est servie !
∙ Les fleurs sont protogynes (archaïque) : les pièces femelles – les stigmates (partie réceptrice de pollen) sont matures avant les étamines ce qui exclut toute autofécondation – pas de consanguinité. L’organe femelle est constitué de plusieurs pistils à un seul carpelle. Les carpelles sont donc libres ; ils s’insèrent en spirale sur un réceptacle en formant une sorte de cône (caractère primitif) et finissent par former un follicule (fruit sec déhiscent s’ouvrant d’un seul côté). Chaque pistil est formé de feuilles modifiées ressemblant à des écailles abritant un ovaire à 2 ovules surmonté d’un stigmate sessile (pas de style).
En savoir plus sur La Fleur.
Lors de l’apparition sur terre des premiers magnolias, les coléoptères étaient présents contrairement aux abeilles et assurèrent la pollinisation, d’où la robustesse des parties florales afin de faire face aux dégradations possibles de ces insectes qui viennent ‘brouter’ les tépales et le pollen. Les coléoptères n’étant pas attirés par le nectar, le magnolia n’en produit pas mais cela ne pose aucun problème aux autres insectes pollinisateurs apparus plus tard qui sont attirés par l’odeur parfumée et le pollen – les insectes voient bien le jaune.
Les tépales et les étamines, après être tombés, laissent des empreintes sur l’axe central.
– Les fruits sont en follicule formant une sorte de cône beige, vert, rose ou pourpre, contenant les graines. La forme du cône varie selon l’espèce : d’épais à allongé, d’homogène à globuleux. Ils sont matures de la fin de l’été à l’automne. La ligne de suture du carpelle s’ouvre alors, c’est la déhiscence (ouverture spontanée), exposant ainsi les graines.
– Les graines rouge vif ou rouge orangé sont suspendues par le funicule (lien très fin reliant l’ovule à la paroi de l’ovaire) jusqu’à échéance. Les graines germent mieux après avoir subi des températures froides si tant est que les oiseaux ou les rongeurs ne les aient pas mangées avant.
– Médicinales : principalement avec l’écorce mais les boutons floraux sont aussi utilisés. Les chinois l’utilisent depuis plus de 1000 ans pour soigner de nombreuses maladies : troubles menstruels, maux d’estomac, nausées, diarrhées… A l’heure actuelle, certaines espèces sont utilisées comme anti-cancérigène.
Huiles essentielles – élixirs.
– Le bois est précieux, solide et résistant pour certaines espèces : meubles, parquets, placages. Les amérindiens confectionnaient des canots et des bateaux avec l’espèce acuminata.
– Alimentaire : en Chine, on consomme les tépales frits de l’espèce denudata.
– Parfumerie.
– Ornementales : et d’autant plus que la plupart des espèces supporte la pollution des villes.
– À l’heure actuelle en France, Nantes est considérée comme la ville des Magnolia. Le Parc de la Beaujoire est une référence nationale dans la collection de magnolias.
– Symboles floraux
∙ Magnolia grandiflora pour l’état du Mississipi et de Louisiane depuis 1900.
∙ Magnolia denudata pour Shanghai.
Mise à jour le 11 novembre 2023.