Autrefois classé dans la famille des Hamamelidaceae, ce genre se trouve désormais dans la famille des Altingiaceae. Cette petite famille de plantes à fleurs – angiospermes – regroupe des plantes ornementales au bois précieux qui utilisent le vent pour la pollinisation et produisent de nombreuses graines à partir de fleurs unisexuées.
Les liquidambars se sont développés dans les forêts tempérées du Néogène (vers 23 millions d’années jusqu’à 2,58 millions d’années). On les retrouve en Amérique du Nord, au Mexique, en Extrême-Orient et en Turquie.
4 espèces :
∙ Acalycina originaire de Chine.
∙ Formosana originaire de Formose (ancien nom de l’île de Taïwan).
∙ Orientalis originaire d’Asie mineure.
∙ Styraciflua originaire d’Amérique du Nord.
– L’espèce styraciflua a été découverte en 1528 au Mexique par les conquérants espagnols et introduite de Virginie en Angleterre, en 1681, par le botaniste britannique John Banister chargé par l’Évêque de Londres Henry Compton d’envoyer de nouvelles plantes de Virginie au Jardin de la Société des Apothicaires à Londres désormais appelé le Chelsea physic garden (à visiter).
– L’espèce orientalis a été introduite en France en 1750 par des graines envoyées par le Consul français de Smyrne (ancien nom d’Izmir en Turquie) Charles de Peyssonnel au jardinier Claude Richard à qui le roi Louis XV avait confié les jardins du Petit Trianon.
– Liquidambar L.
Nommé par Carl von Linné en 1753.
Liquidambar est un nom espagnol du latin liquidus – liquide et de l’arabe ‘ambar’ – ambre, en référence à la résine odorante visqueuse ou semi-solide qu’il produit après incision.
– Tous les liquidambars produisent une résine ambrée semi-solide ou visqueuse, le styrax ou storax appelé aussi copalme d’où leurs noms communs.
∙ Le baume tiré de la résine du liquidambar est parfois appelé à tort benjoin ou jaoui, le benjoin étant le baume de la résine des arbres du genre Styrax de la famille des Styracaceae; Styrax vient du grec ‘sturax’ désignant le baume de l’arbre aliboufier – Styrax officinalis originaire de Syrie.
∙ Copalme du nom ‘copalli’ terme nahuatl (ancienne langue mexicaine) signifiant ‘à l’aide de cette voie’ en rapport avec l’encens utilisé lors de cérémonies religieuses en Amérique Centrale et au Mexique.
Le copalme est un baume obtenu particulièrement à partir de l’espèce styraciflua, appelé aussi ambre liquide ou copalline. Semi-liquide, il a tendance à cristalliser.
En Amérique, l’huile extraite du copalme est appelée à tort ‘baume du Pérou’; cette appellation est à réserver à la résine du Myroxylon balsamum – arbre d’Amérique Centrale de la famille des Fabaceae.
Ce sont généralement des espèces pionnières.
Le liquidambar aime se faire une petite place au soleil dans les forêts tempérées et les plaines, sur des sols profonds, riches, neutres à légèrement acides et bien drainés; certains supportent mieux un peu d’humidité telle l’espèce orientalis que l’on trouve près des rivières ou dans les plaines inondées; en général, il se développe beaucoup moins bien dans un sol calcaire. La tolérance au gel est de -15°C en général jusqu’à – 20°C pour styraciflua qui tolère bien aussi la pollution atmosphérique, par contre l’espèce formosana ne tolère pas de gel en dessous de – 5°C.
– En général, la croissance est assez lente. La longévité atteint de 70 à 200 ans selon l’espèce.
– Cet arbre de 10 à 20 m peut atteindre 45 m pour l’espèce styraciflua, avec un port élancé souvent pyramidal, une cime étroite s’arrondissant avec l’âge.
– L’écorce grise et lisse devient crevassée et parfois subéreuse (liégeuse) avec l’âge. Elle exsude par incision une résine à l’odeur balsamique. Cette résine est aussi présente dans les canaux de l’écorce interne.
– Cet arbre rejette de la souche et développe des drageons (tige souterraine pouvant développer des bourgeons aériens) racinaires.
– Ses rameaux deviennent parfois subéreux avec l’âge.
– Les feuilles caduques sont palmées de 3 à 7 lobes ciselés, longuement pétiolées (axe reliant la feuille à la tige), du vert au cuivre elles virent à l’automne du jaune au pourpre. Elles possèdent des stipules – petits appendices au point d’insertion de la feuille sur la tige. Le revers du limbe (tissu végétal) ou les veines peuvent être pubescents (poilus).
Ressemblant aux feuilles de l’érable – Acer, elles en différent par leur position alternée alors que l’érable a des feuilles opposées. Elles ressemblent aussi à celles du platane – Platanus dont l’espèce styraciflua est très proche.
Quand on les froisse, elles dégagent plus ou moins une odeur balsamique selon l’espèce.
– C’est un arbre monoïque, fleurs unisexuées sur la même plante.
Les fleurs se développent au début du printemps. Elles sont apétales, en général vert-jaune. La maturité sexuelle n’apparaît souvent que vers l’âge de 25 ans.
∙ Les fleurs mâles en grappes de chatons (fleurs amentifères) dressés de 5 à 7,5 cm, sont composés de nombreuses étamines fertiles, jaunes, protégées par un involucre (collerette d’écailles ou de bractées à la base d’une inflorescence) commun à 4 folioles (divisions d’une feuille composée) caduques.
∙ Les fleurs femelles en glomérules (regroupement de fleurs sans tiges très rapprochées) de 1 à 1,5 cm, pendent au bout d’un long pédoncule (axe portant une fleur ou une inflorescence), solitaires ou par paires ; elles sont constituées d’un involucre de petites écailles persistantes faisant office de calice et d’un pistil constitué d’un ovaire à 2 carpelles (loges) se terminant par 2 styles (tige reliant l’ovaire au stigmate) portant chacun 2 stigmates (extrémité supérieure du style) recourbés ; les carpelles et l’involucre sont soudés et offrent ainsi une bonne protection. Pollinisation par le vent – anémophile.
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– Les fleurs se soudent pour former des fruits en capsules de 1,5 cm à 3 cm, ressemblant à celles du platane – Platanus, hérissées d’épines molles issues des anciens styles. Ils sont matures à l’automne mais marcescents (restent sur la plante) tout l’hiver et devenant marrons.
– Déhiscent (ouverture spontanée), chaque fruit de la capsule s’ouvre en séparant ses 2 styles, les graines peuvent alors s’échapper.
Les minuscules graines ailées au grand pouvoir germinatif sont très utilisées pour la reproduction.
La dissémination est anémophile mais les graines sont aussi consommées par les oiseaux et autres petits animaux.
Ci-dessous une capsule encore verte en automne mise à l’abri et à la chaleur : le lendemain elle s’ouvre et disperse les graines.
– Multiplication par graine et par bouture.
– Ennemis : les chenilles apprécient le feuillage.
– Des variétés et de nombreux cultivars
Il existe des variantes morphologiques entre les spécimens de styraciflua du Mexique – Liquidambar Mexicana et ceux de l’Est de l’Amérique du Nord – Liquidambar macrophylla, parfois considérés comme des espèces à part entière. Ceux du Mexique présenteraient des feuilles plus grandes et des fruits plus gros.
– Arbre remarquable
41 m de haut et 2,25 m de diamètre sont les dimensions enregistrées en 1994 d’un spécimen de styraciflua dans le Comté de Craven en Caroline du Nord USA.
La résine de l’espèce orientalis aurait été utilisée 3 000 ans avant J.C en Égypte pour embaumer les corps ; certaines découvertes font état d’une datation de 1 800 avant J.C. Cet arbre ne poussant pas dans cette région du globe, on peut supposer que les égyptiens se la procuraient probablement en Turquie.
À l’heure actuelle, en dehors de certaines régions aux traditions ancestrales, on extrait beaucoup moins l’essence de cette résine et on lui préfère la résine synthétique.
– Parfumerie
∙ Cette résine à l’odeur balsamique parfumait les savons. Au XIXe siècle, on en fabriquait un lait de beauté.
∙ Elle est utilisée comme fixateur de parfums.
∙ En tannerie, la résine parfumait les cuirs.
– Médicinales : la résine est antiseptique et antiparasite. Elle soigne aussi les problèmes respiratoires et la peau.
– De la résine, les Amérindiens, les indiens cherokees ont inventé les premières gommes à mâcher mais en 1872 le scientifique et inventeur américain Thomas Adams produira commercialement le chewing-gum avec la sève, le ‘chiclé’ du sapotillier – Manilkara zapota.
– Encens : les résidus d’extraction de résine étaient utilisés en fumigation dans les espaces religieux.
– Sylviculture : l’espèce styraciflua est utilisée en reboisement.
– Bois : meubles – tonneaux – placages – instruments de musique – pâte à papier…
∙ L’espèce styraciflua a un bois brun rouge et on le trouve souvent sous l’appellation ‘noyer satiné’; il dégage une odeur de cannelle ; il est apprécié des ébénistes.
∙ Fabrication de caisses pour transporter le thé ou pour cultiver des champignons avec l’espèce formosana.
∙ Il n’est pas utilisé comme bois de chauffage car il dégage une odeur trop forte.
– Polystyrène
∙ En 1786, un savant anglais distille la résine et en extrait une huile nommée styrax.
∙ En 1827, le chimiste français, Mr Bonastre distille la résine de Liquidambar styraciflua et obtient de l’acide benzoïque.
∙ En 1835, le chimiste allemand Éduard Simon distille de la résine de Liquidambar orientalis associée à du parfum et obtient du styrène pur, liquide qu’il nomme le styrol.
∙ Suite aux divers travaux, vers 1866, du chimiste français Marcellin Berthelot, le chimiste allemand Hermann Staudinger assemble plusieurs molécules et invente ainsi le polystyrène en 1925.
– Ornementales par leurs magnifiques couleurs automnales.
En isolé, en groupes. En bonsaï : les espèces américaines s’y prêtent mieux que les espèces orientales.
L’espèce acalycina a une taille raisonnable, une couleur de feuilles attrayante en toutes saisons, ses fruits sont moins salissants et surtout moins dangereux au sol et sa grande tolérance au gel en font un arbre très prisé qui remplace parfois l’espèce styraciflua. Malgré tout on ne le trouve à disposition que chez les pépiniéristes collectionneurs.
– Le botaniste biogéographe français Henri Gaussen dans son ouvrage ‘Géographie des plantes’ cite les études du géologue et naturaliste suisse Oswald Heer qui révèle qu’autrefois au Groenland, avant la période glacière, on pouvait y trouver des noisetiers, des magnolias, des vignes, des platanes, des conifères et des liquidambars !
– Le groupe ethnique Miao en chine arbore des vêtements dont les broderies évoquent des feuilles stylisées du Liquidambar acalycina – un des arbres sacrés.
Dans une légende Miao, ce liquidambar est accusé d’avoir dérobé des poissons et condamné à être abattu mais sa mort déclencha des métamorphoses…
Cette légende est évoquée dans des chants :
Mise à jour décembre 2023.