Cette plante à fleurs – angiospermes – fut autrefois classée dans l’ancienne famille des Bombacaceae mais ce genre fait désormais partie de la famille des Malvaceae, sous-famille des Bombacoideae. La classification au sein de la famille des Malvaceae n’est pas une mince affaire et elle est d’ailleurs encore en remaniement.
– Dans la famille des Malvaceae, le genre Lagunaria est le plus proche du genre monotypique Howittia trilocularis qui comme lui est endémique de l’Australie.
Les fleurs de Lagunaria sont très proches de celles de l’Hibiscus.
– Quatre espèces furent tout d’abord reconnues puis ce genre fut longtemps considéré comme une espèce mono spécifique mais la sous-espèce Lagunaria patersonia subsp. bracteatus ayant des morphologies et un habitat bien différents a été élevée en 2006 au rang d’espèce sous l’appellation Lagunaria queenslandica par le botaniste australien Lindley Alan Craven et de son nom vernaculaire (populaire) ‘la pyramide du Queensland’.
Lagunaria lilacina et cuneiformis autrefois décrits et nommés par George Don ont été reclassés dans le genre Alyogyne par le botaniste américain Paul Arnold Fryxell.
Le genre Lagunaria comporte donc 2 espèces : patersonia et queenslandica.
Endémique des îles de Norfolk et de Lord Howe. Naturalisé dans le sud de l’Australie.
Lagunaria queenslandica comme son nom l’indique est originaire d’Australie continentale et particulièrement du Queensland.
Introduit en Angleterre dés 1792 par des graines envoyées à Sir Joseph Banks par le Colonel William Paterson à qui l’on a dédié cette plante.
Cette espèce arrivera en France quelques années plus tard.
– Lagunaria patersonia (Andrews) G.Don
Dès le départ de nombreux botanistes ont cherché la meilleure appellation pour ce qui allait devenir le genre Lagunaria.
Les noms attribués à différentes époques l’ont été sur la base de l’espèce patersonia, le Laguna squamosa d’Étienne Ventenat, originaire de l’île de Norfolk.
∙ Certains écrits font état d’un genre nommé Lagunaea créé en 1791 par le botaniste allemand Johann von Schreber à partir du genre Laguna créé par Antonio José Cavanilles pour décrire des herbes de la famille des Malvacées, mais ce genre ne fut jamais reconnu officiellement même s’il fut utilisé sous la forme de Laguna dans le ‘Curtis’s Botanical Magazine’ par John Sims avec une illustration de Sydenham Teast Edwards en 1804.
∙ Il fut aussi nommé Hibiscus patersonius en 1803 par le botaniste anglais Henry Charles Andrews.
∙ Il fut renommé en 1812 Hibiscus patersonii par le botaniste écossais Robert Brown.
∙ En 1824, le botaniste suisse Augustin Pyrame de Candolle le classe dans le genre Hibiscus section Lagunaria.
∙ Puis en 1828, en référence aux travaux d’Augustin Pyrame de Candolle, le botaniste et zoologiste allemand Heinrich Reichenbach crée le genre Lagunaria. Nom en honneur du médecin, philosophe et botaniste espagnol Andrés Laguna de Segovia.
∙ Et enfin, le nom fut officialisé en 1831 Lagunaria patersonia par le botaniste écossais George Don.
Chez les horticulteurs et autres spécialistes (ainsi que dans certains jardins botaniques), on le trouve en général sous le nom de Lagunaria patersonii, nom qui selon le latin botanique se justifie. Toutefois, il est de rigueur d’utiliser le nom proposé par le botaniste même s’il provient d’une erreur orthographique ; erreur que George Don a probablement faite volontairement (ou pas) en attribuant ce nom via les travaux de John Sims qui l’avait décrit et nommé Laguna patersonia.
La confusion règne toujours sur le nom à utiliser mais l’ANPSA (Australian Native Plants Society – Australia) dans un article signale que le recensement australien des plantes a validé le nom de Lagunaria patersonia.
– Nombreux noms vernaculaires anglais dont quelques exemples :
Le nom anglais ‘itch tree’ signifie l’arbre qui démange; cela fait référence aux fibres irritantes à l’intérieur de la capsule du fruit.
Par contre ‘cow itch tree’ n’a rien à voir avec les vaches, traduction de cow; c’est en fait la corruption de ‘cowage’ nom local utilisé en Inde pour désigner une plante grimpante du genre Mucuna dont les gousses sont recouvertes de poils irritants.
On peut s’étonner des appellations anglaises de ‘chêne blanc’ et de ‘primevère en arbre’ ?
Il croît dans des forêts pluvieuses tropicales, subtropicales et tempérées, en plein soleil, sur un sol bien drainé de préférence plutôt acide, il tolère des sols salins. Il s’adapte fort bien au Sahara et aux zones arides. Il tolère le vent mais adopte alors un port tortueux. Tolérance au gel jusqu’à -5°C.
On le trouve en pleine terre dans les régions méditerranéennes : cet arbre se plait au Maroc; à Casablanca une allée porte son nom; à El Jadida on peut découvrir deux grandes avenues bordées de ces magnifiques arbres : attention aux démangeaisons lors de la fructification !
En Tunisie et en Lybie, il est planté comme arbre d’alignement près des côtes car il supporte bien les sols salés.
L’espèce queenslandica est moins robuste que l’espèce patersonia. On la trouve dans des zones non forestières, le long des rivières et des ruisseaux.
Les rameaux, les calices, les pétioles et le dessous de feuilles sont légèrement pubescents (poilus).
– Cet arbre de 12 à 20 m a un port pyramidal dans des situations abritées des vents.
– L’écorce est gris-beige et légèrement rugueuse.
– Les feuilles sont persistantes, alternes, pétiolées (axe reliant la feuille à la tige), simples, coriaces et épaisses, ovales à oblongues de 5 à 10 cm, légèrement pubescentes à l’état juvénile, vert olive au revers vert grisâtre.
– Les fleurs hermaphrodites (bisexuées) ont toutes les caractéristiques de celles des Malvaceae.
Solitaires, elles se développent du printemps à l’été à l’aisselle des feuilles, au bout d’un court et épais pédoncule (axe portant une fleur ou une inflorescence). De 4 à 8 cm, elles présentent une texture cireuse et nacrée, du rose au mauve. Elles sont nectarifères mais inodores. Les fleurs en fanant deviennent parfois presque blanches. Pollinisation croisée généralement entomophile (insectes) mais aussi par d’autres animaux – zoophilie.
∙ Présence d’un calicule (ensemble de bractées vertes comparables aux sépales) soudé enveloppant le bouton floral mais qui devient souvent rapidement caduc.
∙ Calice à 5 sépales soudés.
∙ Corolle à 5 pétales libres se chevauchant.
∙ Les nombreuses (polyandrie) étamines (pièces florales mâles) le long de la colonne staminale sont toutes soudées par leurs filets – monadelphie, ce sont des caractéristiques de Malvaceae). Elles ont des anthères (extrémités fertiles d’une étamine) jaune d’or à orange.
∙ Le style (tige reliant l’ovaire au stigmate) est blanc ou crème se terminant en étoile par 5 larges stigmates (partie réceptrice de pollen) révélant la présence d’un ovaire supère (pièces florales insérées au-dessous) à 5 carpelles (loges). Les glandes nectarifères se trouvent à la base de l’ovaire.
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– Les fruits secs et déhiscents (ouverture spontanée) sont en capsule marron à 5 cellules contenant des fibres blanches très irritantes qui entourent les graines brun orangé, réniformes, matures à l’automne. Les capsules sèches restent quelque temps sur l’arbre.
– Plusieurs cultivars.
– Multiplication par graines ou par marcottes.
Ornementales et environnementales
En isolé et en haies ou en arbre de rues.
– Considéré comme une mauvaise herbe envahissante dans certaines régions d’Australie.
– Sur l’île de Norfolk, le nectar des fleurs est très apprécié des geckos.
Mise à jour le 20 octobre 2022.