Ces deux espèces sont très proches et souvent confondues, pourtant en les observant de plus près, on peut les distinguer, mais il faut rester prudent car, plantées à proximité, elles s’hybrident facilement ; de nombreuses variétés et/ou cultivars sont présentés, tous plus beaux les uns que les autres, mais les appellations sont souvent erronées du fait de la confusion entre forme et variété (naturelles) et les cultivars (cultivés). Ces deux plantes sont aussi très proches de l’Hibiscus taiwaniensis.
Ces deux espèces du genre Hibiscus font partie de la famille des Malvaceae, section Venusti (7 espèces d’Asie de l’Est).
Mutabilis présente des sous-espèces bien distinctes parfois considérées comme des formes, des variétés et même des cultivars : la ‘sous espèce’ mutabilis déploie, comme son nom l’indique, des fleurs variant de couleurs en une même journée, de blanches à roses puis rouge-pourpre en fin de journée ; le ‘Père de la botanique japonaise’, Tomitarō Makino parle de variété ou de forme concernant cette sous-espèce sous le nom de Hibiscus mutabilis var. (f.) versicolor, en japonais appelé Sui fuyo – l’hibiscus ivre parce que plus on boit, plus on devient rouge – une autre sous-espèce au nom inconnu développe des fleurs roses dont la couleur ne se modifie pas.
Les plantes à fleurs doubles sont des cultivars dont les étamines ont été modifiées en pétales et pourtant Shiu-Ying Hu, une botaniste chinoise renommée, les a considérés comme des formes de mutabilis sous le nom de f. plenus, quant au peintre et graveur botanique Henry Andrews, il les a vu comme des variétés, var. flore-pleno. On peut supposer que l’espèce type étant connue et cultivée depuis au moins 2 000 ans, ses cultivars (certains probablement fertiles) se sont implantés de manière durable ?
On retrouve chez les cultivars, les deux variantes, fleurs muables et fleurs immuables : Hibiscus mutabilis cv. Versicolor Makino et Hibiscus mutabilis var. roseoplenus Makino.
Ces mêmes difficultés d’identification apparaissent chez l’espèce makinoi mais à priori l’espèce type à fleur simple aurait un bourgeon à l’apex extérieur rose foncé puis à l’épanouissement des pétales blancs et rose pâle.
Hibiscus mutabilis est originaire du Sud de la Chine et particulièrement du Hunan et de Taiwan ; makinoi est endémique du Japon, il pousse à l’état sauvage sur les îles Sakishima de l’archipel Ryūkyū en mer de Chine orientale.
L’espèce mutabilis, cultivée depuis toujours, s’est naturalisée dans de nombreux pays aux conditions climatiques adéquates.
Hibiscus mutabilis
– Le premier à l’avoir cultivé dès 1632 à Rome serait le frère Giovanni Battista Ferrari de la Compagnie de Jésus, auteur du traité ‘De Culturi Floruin’; il aurait reçu des graines par courrier de moines en évangélisation aux Antilles (à vérifier).
– Introduit dans les jardins anglais par Lord Portland (?) en 1690, puis en 1842 aux Pays-Bas par le botaniste Philip Franz von Siebold, auteur de ‘Flora japonica‘ avec le botaniste allemand Joseph Gerhard Zuccarini.
Hibiscus makinoi
Il a été décrit et nommé très tardivement car souvent confondu avec mutabilis, de ce fait, son introduction en Europe ou ailleurs est impossible à retrouver.
Hibiscus mutabilis L.
– Décrit et nommé par Carl von Linné en 1753.
Mutabilis du latin signifiant mutable en référence au changement de couleur de la fleur en une seule journée pour une de ses sous-espèces.
– 木芙蓉– Mu Fu Rong est son nom chinois signifiant ‘cotton rose hibiscus’.
– フヨウ – Fuyô est son nom japonais, toutefois il n’est pas originaire de ce pays même s’il y est souvent représenté. Cette espèce porte le même nom japonais que le nom de son genre, il se traduit alors par ‘fleur d’hibiscus’.
– Rose confédérée – Dixie rosemallow
Dixie est un surnom américain pour désigner le Sud des USA – ex-états confédérés. Le nom de cet hibiscus est tiré d’une légende venant de la guerre civile américaine au cours de laquelle un soldat fut abattu et s’effondra dans un bosquet d’hibiscus blanc dont les fleurs se teintèrent alors de la couleur du sang.
Une autre version sur le même thème raconte que les femmes durant cette guerre offraient les fleurs de cette plante aux soldats qui rentraient de la guerre.
Rosemallow est souvent utilisé pour nommer certains hibiscus ; mallow signifiant guimauve.
– Ketmie changeante, de l’arabe ‘Khatmi’ ou ‘Khitmi’ désignant la guimauve.
– Elle est parfois appelée ‘Rose merveilleuse’ et ‘Caractère de dames’ ou ‘Caprice de femme’ : sans commentaire !
Hibiscus makinoi Y.Jotani & H.Ohba
– Décrit et nommé par les botanistes Y. Jôtani et Hideaki Ohba en 1984, en honneur au ’Père de la botanique japonaise’ Tomitarō Makino.
– Les noms populaires de ces deux espèces sont souvent communes.
– Makino’s Mallow – guimauve de Maniko.
– Okinawan hibiscus rappelant une de ses origines.
– サキシマフヨウ – 先島芙蓉 nom japonais signifiant Sakishima Fuyou, rappelant ses origines.
Naturellement, on les trouve dans des endroits perturbés, le long des routes, champs abandonnés, dans des régions aux climats à hiver doux, au soleil de préférence.
Leur tolérance au gel ne dépasse pas les -2°C pour les parties aériennes qui peuvent repartir à la belle saison et jusqu’à -8°C pour la souche.
Rustiques, ils s’adaptent à tous les sols, même pauvres et secs, toutefois ils préfèrent un sol riche, un peu humide.
L’espèce makinoi tolère le sel marin.
Dans cet article, les différences évidentes entre ces deux espèces sont signalées par ֍.
– La croissance est rapide.
– Arbuste ou petit arbre à multi-troncs de 2 à 4 m au port touffu ; l’espèce makinoi pourrait atteindre jusqu’à 5 m ֍.
La croissance est sympodiale, développement à partir des bourgeons axillaires.
– Les grandes feuilles caduques ou persistantes, de 7 à 20 cm, aux stipules lancéolés rapidement caducs, aux nervures palmées, sont alternes, palmatiformes et composées de (3 minoritaires) 5 à 7 lobes au bord finement crénelé (dents arrondies) ; celles de makinoi sont plus petites.
֍ Les lobes de mutabilis sont nettement triangulaires et longuement acuminés (pointus) ; les lobes de makinoi sont moins échancrés, plus arrondis et l’apex (sommet) plus obtus.
֍ Les tiges, les feuilles, l’épicalice et le calice sont nettement pubescents, veloutés, chez mutabilis, beaucoup moins pour makinoi, voire même rugueuses pour les feuilles.
– Maturité sexuelle 3 ans après un semis.
Inflorescences axillaires en corymbe vers l’extrémité des branches.
֍ Les grandes fleurs, de 8 à 15 cm, se développent de l’été jusqu’à l’automne (octobre) pour mutabilis, quant à l’espèce makinoi, sa floraison annonce le début de l’automne de fin septembre jusqu’à décembre/janvier dans les régions favorisées, au Japon, il est considéré comme une des 7 herbes d’automne.
. Les fleurs ne vivent que 24 h. Elles sont simples en forme de coupe, portées par un long pédicelle (pied) ; contrairement à de nombreux autres hibiscus, le tube staminal est assez court.
֍ Le calicule (ensemble de bractées) porte 8 à 10 petites bractées (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) de taille moyenne ; chez mutabilis, le calicule est fin et linaire, chez makinoi, il est plus lancéolé.
֍ Le calice de 2,5 à 3 cm est campanulé à 5 lobes acuminés. Le calice de mutabilis semble plus acuminé que celui de makinoi ; d’autre part, au vu des observations faites au jardin botanique de Nice et de Hanbury, le calice de mutabilis est vert alors qu’il est pourpre marron ainsi que le calicule pour makinoi mais ce critère reste à vérifier.
La corolle déploie 5 pétales qui se chevauchent légèrement ou pas. Le cœur peut être de couleur différente, soit jaune ou rouge ou les deux, véritable panneau de signalisation de nectar pour pollinisateurs.
À l’émergence, le sommet extérieur des pétales du bouton floral de makinoi arbore une couleur rosâtre nettement plus prononcée que l’intérieur des pétales épanouis.
La pollinisation est assurée principalement par les papillons et certains oiseaux ; l’espèce mutabilis est aussi visitée par des insectes encore présents lors de sa floraison.
– Hybrides et cultivars
L’espèce mutabilis s’hybride spontanément avec makinoi mais aussi avec d’autres espèces de section différente telle l’espèce moscheutos de la section Muenchhusia (mauves d’Amérique du Nord).
Le cultivar ‘Alba’ de l’espèce mutabilis est très lumineux.
Certaines fleurs des cultivars de rose trémière – Alcea rosea – ressemblent aux fleurs de ces deux espèces, et particulièrement à makinoi, mais la rose trémière est une herbacée souvent bisannuelle qui a l’avantage de s’épanouir un peu partout en France.
– Les fruits sont en capsule sèche de même taille que le calice, sphérique légèrement aplatie, à 5 valves correspondant aux 5 carpelles (loges ovariennes), contenant des petites graines réniformes, noires et poilues.
– Médicinales
Les feuilles sont très utilisées en pharmacopée traditionnelle chinoise : en cataplasmes soulageant divers problèmes cutanés et des allergies – pour des problèmes pulmonaires – il favoriserait les accouchements.
– Cosmétiques : crèmes anti-âge.
– Alimentaire : les fleurs sont comestibles.
– Autrefois, les fibres de l’écorce étaient utilisées pour fabriquer du papier ou étaient tissées pour confectionner des filets de pêche ou des vêtements.
– Ornementaux car spectaculaires.
– La fleur d’hibiscus a bien sûr inspiré des artistes comme Katsushika Hokusai, voir une de ses représentations (probable de mutabilis) ‘Hibiscus et moineau’.
– Au Japon, dans le langage des fleurs, il signifie ‘beauté délicate’.
– En Chine, c’est un symbole de bonne chance et de santé.
En Asie, c’est aussi un symbole d’inconstance.
Mise à jour octobre 2024.
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