Les frênes sont issus de la famille des Oleaceae regroupant 25 à 26 genres tels Olea – olivier, Jasminum – Jasmin, Syringa – Lilas, Ligustrum – troène… Il n’existerait plus que 24 genres reconnus.
Cette famille s’est différenciée à la fin de l’Éocène – 56 à 33,9 millions d’années – et au début de l’Oligocène – 33,9 à 23,3 millions d’années.
Ce genre est divisé en 6 sections composées de 43 à 65 espèces selon les auteurs, dont 3 en Europe : excelsior – angustifolia – ornus. En 2001, la botaniste suédoise Eva Wallander en dénombre 48 espèces.
Hémisphère Nord : Nord-Est de l’Amérique – Europe – Asie orientale.
Toutefois, au commencement, ce genre est surtout d’origine nord-américaine ; d’ailleurs, les plus anciens fossiles, datés de 11,6 à 5,3 millions d’années, ont été retrouvés dans le sud-est de l’Amérique du Nord.
En Europe, l’espèce excelsior s’étend de la Grande-Bretagne à la Russie, du nord de l’Espagne à la Turquie. Lors des dernières glaciations, cette espèce se serait réfugiée dans les Alpes du Sud et les Carpates et se serait réimplantée plus au nord il y a 10 000 ans. En France, elle est bien représentée, surtout dans les Alpes du Nord.
Dans le Sud, l’espèce excelsior est remplacée par l’espèce angustifolia qui est l’espèce la plus répandue en Europe occidentale, principalement au Sud de l’Europe et particulièrement au Portugal et en Espagne. Certains auteurs lui attribuent 2 sous-espèces : angustifolia dans le Sud-Ouest de la France et à l’ouest en région méditerranéenne – oxycarpa en région méditerranéenne orientale.
On trouve l’espèce ornus dans le sud de l’Europe et particulièrement dans les régions centrales et orientales de la méditerranée.
– Fraxinus L.
On trouve la première description des frênes dans l’ouvrage de Johann Bauhin publié en 1650. Le nom Fraxinus sera confirmé par Carl von Linné en 1753.
Il est rare que le nom d’un genre soit transféré à un autre genre et c’est pourtant le cas pour le frêne – Fraxinus et le lilas de Perse – Melia. En effet, auparavant, les Grecs attribuaient le nom de Melia au frêne ; Meli vient de miel en référence à la sève sucrée – la manne, manna – produite par plusieurs espèces de frênes ; puis, le nom de Melia fut réattribué à un genre de la famille de l’acajou dont les feuilles sont assez semblables à certaines espèces de frênes – voir Melia azedarach. Plusieurs genres de la famille des Meliaceae sont très proches des frênes par l’aspect des feuilles et des fruits au point de porter le même nom populaire, c’est le cas de Ekebergia capensis, un arbre africain connu sous le nom de ‘frêne du Cap’.
Pour la signification du nom Fraxinus, on trouve plusieurs versions qui se complètent peut-être :
∙ Nom de l’ancien latin fraxinus désignant cet arbre. Le poète latin Virgile l’aurait ainsi nommé et l’assimilait au Melia des Grecs, l’actuel Fraxinus excelsior. Virgile l’a t’il appelé ainsi d’après le nom grec ‘fragor’ ? En effet, certains pensent que fraxinus est une altération de fargsinus qui viendrait de ‘fragere’ et donc de ‘fragor’ signifiant ‘fracture – fracas évoquant le tonnerre’, en référence à sa réputation d’attirer la foudre.
∙ Une autre version évoque un nom issu du grec ‘phraxis’ signifiant ‘clôture – haie – fermé’ en référence à sa plantation en haies bocagères et probablement aussi à l’utilisation de son bois en piquets de clôtures.
– Frêne dérive du latin Fraxinus.
– Ash est le nom anglophone d’un ancien terme anglais ‘aesc’ signifiant cendre. La raison de cette appellation n’est jamais vraiment expliquée si ce n’est que son bois est un excellent combustible qui fournit une cendre riche ?
Une autre version parle des temps anciens où les ‘ashs’ désignaient les arbres dont on utilisait le bois pour faire des lances et des manches d’outils pour la guerre.
En anglais comme en langue germanique, les deux versions, cendre et lance, apparaissent. Ash est un nom proche de aska et de esche (noms germains du frêne) dont l’origine pourrait provenir de Askafoa, un esprit malveillant en Allemagne à qui l’on offrait, pour le calmer, un sacrifice le mercredi des cendres. Dans la mythologie nordique, Ask serait le premier homme formé à partir et au creux d’un frêne.
– Le philosophe, naturaliste grec Théophraste avait nommé l’espèce excelsior ‘boumelia’ soit littéralement ‘Melia des bœufs’ en référence au fourrage donné aux bœufs – ‘bou’ . Ce nom est aussi attribué à certaines autres espèces de frênes.
– Noms des espèces européennes
∙ Fraxinus excelsior L.
Dans les temps anciens, il y eut beaucoup de confusions sur son nom d’épithète. Les latins le classaient dans le genre Ornus mais cela n’avait rien à voir avec l’actuel Fraxinus ornus ; on peut supposer que c’est la raison pour laquelle Linné, au départ, lui attribua l’épithète ornus mais par la suite il rectifia son erreur et le nomma excelsior qui vient du latin signifiant supérieur en référence à sa taille élevée parmi les frênes.
∙ Fraxinus angustifolia Vahl
Cette espèce a été décrite en 1804 par le botaniste norvégien Martin Vahl qui l’a distinguée de l’espèce ornus avec laquelle elle était parfois confondue. L’épithète angustifolia vient du latin signifiant ‘feuilles étroites’ tout comme son nom vernaculaire anglophone ‘Narrow leaved Ash’. En français, on le trouve sous le nom de frêne oxyphylle du grec signifiant ‘feuille à bout pointu’ du fait de ses folioles longuement acuminées.
∙ Fraxinus ornus L.
Ornus vient du latin ancien ornus désignant cet arbre, d’ailleurs un de ces noms populaires français est orne d’Europe. On le trouve aussi sous le nom de frêne à fleurs car c’est la seule espèce européenne qui développe ce que l’on considère comme des vraies fleurs c’est-à-dire avec des pétales. Son autre nom vernaculaire fait référence à sa production de manne – frêne à manne, manna ash.
Dans les forêts tempérées et subtropicales, on les trouve dans divers habitats : du fond des vallées au sommet des montagnes, sur des sols légers et frais. Rustiques, ils sont souvent très tolérants au gel.
∙ Fraxinus excelsior est une espèce des forêts tempérées, le long des rivières, dans les plaines et jusqu’à 1 500 m d’altitude. Espèce pionnière, il s’est installé dans les mêmes régions que le chêne pédonculé – Quercus robur. Il partage souvent le même habitat que l’aulne et a les mêmes besoins écologiques que le sycomore – Acer pseudoplatanus et le hêtre – Fagus sylvatica, en revanche, il est rare dans le Sud de la France où il est remplacé par l’espèce angustifolia. Il se développe de la pleine lumière à l’ombre partielle, sur des sols riches de préférence légers et limoneux, humides car il est sensible à la sécheresse mais bien drainés ; toutefois, c’est le frêne le plus tolérant au sol lourd. Il tolère le sel et résiste à la pollution atmosphérique. Sa résistance au gel atteint quand même les -30°C mais un gel tardif peut endommager la floraison ce qui entraîne un développement de rameaux en fourches.
∙ Fraxinus angustifolia se développe au sud de la France de 0 à 300 m d’altitude parfois jusqu’à 800 m. On le trouve souvent près des cours d’eau ou sur des sols proches des nappes phréatiques dans des régions aux hivers pluvieux et aux étés secs. Il est héliophile. Sa tolérance au gel va jusqu’à -16°C. Il partage le même habitat que le chêne pubescent – Quercus pubescens. En boisements, il occupe le stade transitoire avant les chênaies.
∙ Fraxinus ornus se développe à son maximum en situation chaude et ensoleillée, jusqu’à 1 200 m sur toutes sortes de sols. Sa tolérance au gel va jusqu’à -18°C voire un peu plus. Il a une bonne résistance au vent et à la sécheresse.
Une des caractéristiques principales de la famille des Oleaceae est d’avoir des rameaux et surtout des feuilles en position opposée.
Les espèces de frênes ne sont pas toujours très faciles à distinguer car elles ont de nombreuses caractéristiques communes et de plus elles ont tendance à s’hybrider.
L’espèce type est Fraxinus excelsior – le frêne commun. Outre sa grande taille, il se distingue des autres frênes européens par ses bourgeons noirs veloutés et épais et ses larges samares.
– Leur croissance est rapide et leur longévité de 100 à 200 ans atteint plus de 250 à 300 ans pour certaines espèces telle excelsior.
– Ce sont des arbustes et plus généralement des arbres caducs, au tronc droit et élancé, au houppier (partie aérienne d’un arbre) large, souvent arrondi et aéré.
∙ Fraxinus excelsior est un grand arbre de 30 à 40 m, au tronc bien droit, au port érigé, avec une cime arrondie et aérée ; il est constitué de rameaux peu étendus ce qui lui donne un aspect lâche ; ses branches sont souples.
En Suisse : un spécimen a été répertorié à 45 m pour 80 cm de diamètre (source Inventaire Forestier National).
∙ L’espèce angustifolia est le sosie méditerranéen du frêne commun mais il est plus petit ; c’est un arbre de 15 à 20 m ne dépassant pas 25 m, au tronc souvent assez court, au port moins rectiligne qu’excelsior. Avec le temps, il a tendance à développer de nombreuses branches et des fourches.
∙ L’espèce ornus est un arbre de 7 à 10 m pouvant atteindre 15 à 20 m, au tronc court, à la cime arrondie et ample, beaucoup plus garnie que l’espèce excelsior.
– L’écorce est gris clair à gris foncé et lisse, elle devient rugueuse avec l’âge, parfois même tardivement vers 40 ans, elle est sillonnée de plaques plus ou moins longues et profondes. Angustifolia a l’écorce grise profondément craquelée. Quant à l’écorce d’ornus, elle est lisse et grise et devient gerçurée avec l’âge ; en situation chaude, elle exsude une matière très claire, jaunâtre, sucrée, s’épaississant en grumeaux à l’air libre, la manne.
– Les racines profondes et superficielles sont envahissantes mais elles les protègent des tempêtes.
Des rejets de souche peuvent se développer.
– Les rameaux sont opposés, cylindriques ou quadrangulaires plus ou moins aplatis. Ils présentent des cicatrices foliaires.
La tige se termine par un bourgeon terminal et des bourgeons axillaires plus petits. Les bourgeons très caractéristiques sont plus ou moins gros, ovoïdes ou pointus, du marron clair au gris jusqu’au noir profond ; ils sont recouverts d’écailles épaisses les protégeant l’hiver.
L’espèce angustifolia a des bourgeons brun clair ou ferrugineux, petits et étroits ce qui la différencie des bourgeons noirs et épais de l’espèce excelsior. Ceux de l’espèce ornus sont gros, bruns ou gris cendré.
– Les feuilles sont caduques, opposées, généralement composées, imparipennées (nombre de folioles impaires) en 7 à 15 folioles (division d’une feuille composée) disposées par paires, la foliole terminale souvent plus grande ; la marge du limbe (tissu végétal) est plus ou moins ou pas dentelée. Souvent, les feuilles chutent assez tôt à l’automne et parfois même quand elles sont encore vertes.
Le pétiole (axe reliant la feuille à la tige) est souvent canaliculé (en forme de gouttière) ; le pétiolule des folioles est plus ou moins long ou absent.
∙ Le frêne commun débourre à la fin du printemps, vers le mois de mai. Ses feuilles sont composées de 9 à 15 folioles sessiles (directement sur un axe) ou subsessiles (presque sessiles), lancéolées, à la marge finement dentée en scie, acuminées (la pointe s’amenuise fortement). De vert à vert-brun, au revers plus pâle, elles deviennent jaunes à l’automne.
∙ Fraxinus angustifolia a de 5 à 11 folioles plus étroites et moins nombreuses qu’excelsior. Sessiles, les folioles sont lancéolées, souvent dentelées irrégulièrement, à l’apex (sommet) longuement acuminé. À l’automne, les feuilles peuvent tomber encore vertes ou en devenant jaune brunâtre.
∙ Fraxinus ornus a un débourrement assez tardif. Les feuilles sont composées de 5 à 9 folioles opposées, ovales, plus larges et moins nombreuses que l’espèce excelsior, souvent nettement pétiolées pour les folioles de la base, à la marge finement et irrégulièrement dentelée, d’un beau vert foncé virant au jaune à l’automne.
– Au printemps, les inflorescences (grappes de fleurs) se développent souvent à partir des bourgeons latéraux, avant ou en même temps que le débourrement du feuillage du bourgeon terminal, mais certaines espèces les développent aussi du bourgeon terminal en même temps ou après le débourrement.
Les inflorescences sont en panicules (inflorescences composées d’axes secondaires), généralement, de racèmes (fleurs s’échelonnant par alternance le long d’un axe) dressés puis pendants.
∙ Les fleurs d’excelsior se développent à partir des bourgeons latéraux bien avant les feuilles, en panicules portant plus de 100 fleurs. Sa maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de 30 ans.
∙ La floraison d’angustifolia très précoce peut débuter au milieu de l’hiver ou au début du printemps avant les feuilles ; l’inflorescence en racèmes développe de 10 à 30 fleurs à partir des bourgeons latéraux. Les gelées tardives entraînent des dégâts et provoquent des fourches.
∙ Pour ornus la floraison printanière, d’avril à mai, se fait en même temps ou légèrement après la feuillaison. Les fleurs abondantes se développent en général, tout comme les feuilles, du bourgeon terminal contrairement aux autres frênes européens dont les fleurs se développent toujours à partir des bourgeons latéraux. Cette floraison terminale provoque des fourches.
Ce sont des plantes allogames (pollinisation croisée avec deux plants différents). Certaines espèces sont dites polygames – fleurs hermaphrodites et unisexuées (les unisexuées sur la même plante ou séparées) mais des études ont été faites sur l’espèce excelsior et ont révélé que malgré la polygamie, les pieds ont tendance à se comporter en plante dioïque, fleurs mâles et femelles séparées sur 2 plantes différentes ; un pied polygame ne développera alors jusqu’à son terme que des inflorescences mâles ou femelles ; un pied à tendance mâle ou femelle le sera, en général, toute sa vie. D’autres espèces semblent être simplement dioïques. Les fleurs peuvent se développer aussi en triécie – mâles, femelles et hermaphrodites (bisexuées) sur des pieds différents. Les frênes ont une sexualité très complexe qui fait couler beaucoup d’encres et induit encore de nombreuses études (sur le net on peut signaler une thèse dans HAL archives ouvertes).
Les fleurs présentent une grande diversité morphologique et ces différences sont souvent liées à une évolution due aux facteurs écologiques tel, par exemple, le système de pollinisation soit anémophile (vent) soit entomophile (insectes) soit les deux.
∙ Certaines espèces développent des fleurs sans calice et sans corolle. Dans ce cas la pollinisation est assurée par le vent.
Les fleurs mâles sont globuleuses, pourpre très foncé virant au jaune, elles sont réduites à 2 étamines ; le pollen peut-être allergénique.
Les femelles de forme plus allongée sont violettes virant au vert pâle; elles sont réduites à 1 pistil.
Les fleurs hermaphrodites ont une forme intermédiaire.
Les fleurs hermaphrodites et les fleurs femelles possèdent un ovaire supère à 2 loges et un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) droit plus ou moins long au stigmate (partie réceptrice de pollen) bifide (fendu en deux).
Fraxinus excelsior est une plante polygame – fleurs hermaphrodites et unisexuées – mais les pieds ont tendance à se comporter en plante dioïque. La fleur hermaphrodite sans calice et sans corolle est composée d’un pistil et de deux étamines pourpres.
Les fleurs d’angustifolia sont généralement androdioïques – hermaphrodites et mâles. Sans calice et sans corolle, les hermaphrodites sont composées d’un pistil et de 2 étamines pourpres, les mâles réduites à 2 étamines.
∙ Certains frênes américains développent des fleurs sans corolle mais avec un calice remarquable ; certains frênes asiatiques sans corolle développent un minuscule calice tel Fraxinus chinensis.
∙ Certains frênes ont des fleurs plus ou moins parfumées, à calice ou sans et surtout à corolle telles les espèces ornus en Europe ou mariesii en Chine. Ils développent en général des fleurs hermaphrodites et des fleurs uniquement mâles – on les dit androdioïques.
Le petit calice est à 4 sépales pointus ou il peut être très atrophié – la corolle présente de 2 à 4 pétales linéaires et étroits, un peu pointus – les 2 étamines aux anthères (extrémité fertile d’une étamine) ovales sont plus courtes ou égales à la longueur des pétales.
Les fleurs d’ornus présentent un petit calice à 4 dents et une corolle à 4 pétales libres, blanc-crème. Les 2 étamines sont parfois presqu’aussi longues que les pétales.
Ses fleurs parfumées (peu agréable) attirent les insectes, elles sont mellifères, toutefois la pollinisation se fait aussi par le vent.
En savoir plus sur La Fleur et sur la Sexualité.
– Les fruits sont en grappes de 20 à 150 capsules indéhiscentes (ne s’ouvrent pas toutes seules), en samares (fruits ailés) oblongues ou lancéolées, de 2 à 5 cm plus ou moins larges selon l’espèce, vertes devenant brunes à rouge violacé, persistantes souvent sur l’arbre durant l’hiver avant d’être emportées par le vent.
∙ Les fruits du frêne commun sont regroupés en grappe de samares de 3 à 5 cm de long, souvent marcescentes (demeurent sur la plante pendant l’hiver) jusqu’au printemps prochain. La fructification est irrégulière et il n’est pas rare en régions montagneuses qu’il soit stérile plusieurs années.
∙ Les samares d’angustifolia sont réunies par groupe d’une vingtaine ; elles sont plus étroites que chez excelsior et matures plus tôt ; de 2 à 4 cm de long, elles sont échancrées à l’extrémité. Les samares de la sous-espèce angustifolia ont la base arrondie et celles d’oxycarpa ont la base en coin rétréci graduellement vers le pédicelle d’où son nom du grec signifiant ‘fruit ayant une forme pointue’.
∙ Les samares d’ornus sont lancéolées de 2 à 4 cm, un peu plus étroites que l’espèce excelsior, échancrées à l’extrémité.
– En général une seule graine par samare se développe. Le pouvoir de germination est élevé.
Cette graine unique, sur la partie supérieure de l’aile, est plus ou moins grande, oblongue et un peu aplatie.
La graine ailée d’excelsior était autrefois appelée ‘langue d’oiseau’ chez les apothicaires.
– Multiplication par graine, greffe ou marcotte.
– Hybrides – variétés – cultivars
∙ Fraxinus excelsior présente plusieurs variétés et cultivars. Il s’hybride naturellement avec l’espèce angustifolia.
Fraxinus Excelsior ‘Diversifolia’ a été découvert en Angleterre en 1789 ; c’est un bel arbre de 18 à 20 m, développant des feuilles avec 1 à 4 folioles seulement.
Fraxinus excelsior ‘Pendula’ au port pleureur aurait été découvert au XVIIIe siècle à Gamlingay dans le Cambridgeshire en Angleterre.
Fraxinus excelsior ‘Aurea’ est un arbre moyen, au feuillage jaune clair qui vire au vert pâle l’été et devient jaune lumineux très décoratif à l’automne ; durant l’hiver ce sont ses jeunes branches jaunes munies de bourgeons noirs qui se révèlent très attractives.
Fraxinus excelsior ‘Jaspidea’ est un arbre moyen, aux feuilles jaune d’or à l’automne ; durant l’hiver ses branches mordorés portant des bourgeons noirs sont spectaculaires.
∙ Fraxinus angustifolia s’hybride facilement avec le frêne commun.
Le cultivar ‘Raywood’ a une forme compacte et est apprécié pour sa couleur d’automne pourpre et cuivrée.
Le cultivar ‘Variegata’ de taille modeste développe un feuillage panaché de blanc, devenant pourpre à l’automne.
∙ La variété Fraxinus ornus ‘rotundifolia‘ a été souvent confondue avec l’espèce ornus ; parfois considérée comme une espèce à part entière, parfois comme une sous-espèce. Comme son nom de variété l’indique ses feuilles sont plus rondes.
– Ennemis
∙ Le coléoptère asiatique Agrilus planipennis – l’agrile du frêne, en dehors de son aire d’origine, Asie et Russie, provoque de sacrés ravages sur les frênes.
∙ Il a été constaté en Amérique du Nord, la prochaine disparition de certains peuplements de frênes noirs – Fraxinus nigra. Cette disparition peut être due aussi à un champignon – Chalara fraxinea qui, en Europe, touche particulièrement les espèces excelsior et angustifolia. Cette maladie est appelée la chalarose.
∙ Sur les vieux frênes, on trouve parfois le champignon polypore hérissé – Inonotus hispidus qui souvent condamne l’arbre tôt ou tard.
∙ La mouche cantharide – Lytta vesicatoria, qui n’a de mouche que le nom, se régale, hélas, du feuillage d’excelsior et le dépouille ; de plus Lytta pue !
Une forêt de frênes est une frênaie.
– Sylviculture
En France, c’est la cinquième essence forestière de feuillus cultivés. Elle est plantée contre l’érosion et pour stabiliser les sols.
La plantation de Fraxinus americana assainit les sols : il s’installe sans problème sur les sols à concentration élevée de métaux lourds tels les anciens sites miniers.
– Bois
Le bois clair est de grande qualité, au grain très fin, dur, résistant et souple, élastique, amortissant les chocs.
Les frênes américains appelés les frênes blancs ont un cœur de bois qui ne devient jamais noir même avec l’âge (sauf anomalie) d’où leur nom.
∙ Diverses utilisations : manches d’outils – arcs et lances – – piquets de clôture – articles de sport tels les battes de base-ball (l’espèce americana fournit une des meilleures marques déposée en 1894 pour cet usage : Louisville Slugger), les skis, les rames, les raquettes, les queues de billard… – l’ameublement – les revêtement de sols – les poutres – les jouets …
Les Amérindiens faisaient des canoës avec l’espèce americana et fabriquaient des paniers avec l’espèce nigra que l’on peut trouver d’ailleurs sous le nom de ‘Basket Ash’. Ils utilisaient l’espèce pennsylvanica pour leurs piquets de tipis, pour fabriquer des arcs et des flèches.
En musique, le bois servait et sert à fabriquer des corps de guitare, des hautbois, des tambours, des sifflets, des cithares… Le son du frêne est clair et claquant, le bois est apprécié aussi pour son côté brillant et sa durabilité. L’espèce nigra est réputée pour sa résonnance, son bois est apprécié pour fabriquer des guitares et des basses électriques, l’espèce pennsylvanica pour les corps de certaines guitares de fabricants illustres tels Gibson et Fender et l’espèce chinensis pour les guitares classiques et espagnols.
Fraxinus americana et surtout Fraxinus excelsior ont une qualité de bois particulièrement prisée. Fraxinus excelsior est le frêne européen ayant le plus de valeur commerciale. Autrefois on le trouvait souvent près des villages car les anciens l’utilisaient pour fabriquer leurs manches d’outils et nourrir leur bétail ; il était aussi très apprécié en tonnellerie, en cerclage. Les Norvégiens l’utilisaient pour tout ce qui était nécessaire à la guerre. Le bois d’angustifolia est de bonne qualité, plus dense et plus dur que le bois des autres espèces de frêne mais moins utilisé que l’espèce excelsior du fait de ses nombreuses fourches ; il est recherché en ébénisterie et en menuiserie. Auparavant, il était utilisé pour faire des manches d’outils ; il aurait même servi, en Égypte, à fabriquer des embarcations.
∙ Bois de chauffage de qualité ne nécessitant pas une longue période de séchage contrairement au chêne et au hêtre ; il s’allume facilement et possède un pouvoir calorifique élevé. Les cendres sont un excellent engrais.
– Colorant jaune brun avec les feuilles.
– Écologie : la plante entière est un apport important pour les animaux de toutes sortes.
∙ Les grands mammifères tels les cerfs, les bisons, les moutons… broutent son feuillage.
∙ Les graines sont appréciées par les oiseaux granivores, les écureuils et les petits mammifères.
∙ L’écorce est grignotée par les lièvres.
∙ Excellent humus fourni par la litière de feuilles.
∙ Moins drôle, il peut parfois servir de nid aux frelons qui apprécient sa sève.
– Alimentaire
∙ Autrefois, les graines une fois décapées étaient consommées en salade ainsi que les feuilles.
∙ En Angleterre, on récolte les jeunes samares de l’espèce excelsior que l’on conserve dans du vinaigre ou du sel. On prépare aussi un thé avec les jeunes feuilles.
∙ La manne séchée (voir à utilisations médicinales) aromatise les gâteaux.
∙ L’espèce excelsior abrite à son pied la morille – Morchella qui l’apprécie particulièrement parmi les essences d’arbres dites ‘sucrées’.
∙ Fourrage utilisé en Europe surtout depuis la maladie de la graphiose de l’orme – Ulmus minor. On le trouve alors taillé en forme têtard (Fraxinus excelsior) ; c’est une culture et une pratique ancestrale en Suisse. Les feuilles fraîches sont réservées aux bœufs, aux chèvres et aux moutons et ne conviennent pas aux vaches laitières qui fourniraient alors un lait de mauvaise qualité. C’est pourquoi le fourrage est récolté et séché pour l’hiver.
– Médicinales
∙ Leurs propriétés pharmacothérapeutiques ont été largement étudiées : anticancéreux – anti-inflammatoire – antioxydant – antimicrobien – neuroprotecteur…
∙ L’écorce appelée qinpi, les feuilles et les fleurs de Fraxinus chinensis sont utilisées dans la pharmacopée chinoise depuis au moins 2 000 ans.
L’écorce d’excelsior est employée comme fébrifuge, elle est appelée ‘quinquina d’Europe’. Dès l’Antiquité, elle était utilisée contre ‘la fièvre des marais’, forme de paludisme ; à ne pas confondre avec le quinquina – Cinchona officinalis dont on extrait la quinine aux qualités supérieures mais au coût plus élevé.
∙ De la même manière que le bois a la propriété d’être élastique, les bourgeons sont utilisés en médecine pour l’inflammation des ligaments (entre autres).
∙ Les feuilles étaient utilisées comme purgatif. L’utilisation actuelle la plus connue est un laxatif pour enfants issu de la manne.
Manna est un terme ancien utilisé pour désigner la saccharine qu’exsudent certaines espèces d’arbres – Fraxinus – Quercus – Alhagi – Tamarix – Larix...
La manne des écritures bibliques provient du Tamarix gallica ‘Mannifera’. Cette sécrétion sucrée comestible est due à la piqûre de l’insecte Coccus manniparus ainsi qu’à la déjection de l’abdomen de l’insecte lui-même.
La manne du frêne provient de l’incision faite sur l’écorce : c’est de la sève élaborée séchée. En Europe, elle est récupérée sur Fraxinus ornus, particulièrement dans le nord de la Sicile. Son utilisation est connue depuis l’Antiquité ; sa production fut importée de Calabre en France dès le XVe siècle.
∙ La cire produite sur l’espèce chinensis est due à une cochenille – Ceroplastes (Coccus) ceriferus fixée sur les branches ou les rameaux. Elle peut être produite aussi par des insectes parasites qui infestent l’arbre ; ils sont de la taille d’un moustique, du genre Ericerus pela, appelés insecte cire ou ver à cire. Cette cire blanche appelée ‘cire chinoise’ est sécrétée par les larves de ces vers et par les mâles adultes sur différents genres de plantes et particulièrement Ligustrum lucidum – un troène et Fraxinus chinensis ; le troène est alors utilisé pour stocker les insectes et le frêne pour la production de cire. Cette particularité a donné son nom vernaculaire à cette espèce : frêne blanc à cire ou arbre de cire blanc ainsi qu’à l’espèce mariesii nommée ‘petite cire de la montagne de Lu Shan’.
En médecine, elle est utile dans la cicatrisation des plaies et les contusions mais elle est présente aussi dans diverses applications médicales.
∙ Les frênes sont considérés comme des élixirs de vie par l’infusion des feuilles. Ils sont appelés ‘Arbres des centenaires’ pour leurs propriétés médicinales contre la goutte et les rhumatismes.
Dans les Alpes, on infuse les feuilles dans du vin blanc ou par fermentation, c’est ‘la frênette’ ou ‘cidre de frêne’ ou ‘champagne de forêt’. Les feuilles des trois espèces de frênes européens servent à préparer cette boisson fermentée. Le sucre provient de l’exsudat de la sève des feuilles et des déjections sucrées du puceron – Gossyparia ulmi qui les piquent ; quand les pucerons ne sont pas au rendez-vous, le miellat est remplacé par de la chicorée torréfiée.
– La cire de Fraxinus chinensis est aussi extrêmement polyvalente dans l’industrie.
Fabrication de bougies – pilulier – fermeture de récipients – cirages…
– Cosmétologie
La manne rentre dans la composition d’agent d’entretien de la peau.
– Ornementales : attrayants en toutes saisons y compris l’hiver par leurs bourgeons dormants repérables.
En Europe, ils sont largement présents dans nos paysages agricoles et urbains en arbre d’alignement ou en isolé. Avec le platane, Fraxinus excelsior fut un des arbres d’alignements les plus plantés en France.
Les cultivars de Fraxinus americana sont appréciés pour leurs couleurs automnales au ton pourpre ou jaune criard.
L’espèce Fraxinus chinensis est particulièrement prisée en bonsaï.
– Des communes où ils sont très présents (particulièrement excelsior) portent des noms dérivés du nom latin Fraxinus : Fresnes – Fresnoy et bien d’autres… Des familles portent le nom dérivé du frêne : Dufresne – Esche – Aschmann…
– Plusieurs écrits font état de la prévision météorologique de l’été en rapport avec la floraison printanière du frêne et du chêne. Un dicton danois parle de leurs floraisons :
– Le frêne (particulièrement l’espèce excelsior) est présent dans de nombreuses légendes, celtiques entre autres, et dans la mythologie.
∙ C’est l’arbre emblématique des populations slaves. Arbre fondateur et Charpente de l’Univers pour les Germains et les Scandinaves.
Dans la mythologie nordique, Yggdrasil est un frêne immense qui relie terre, ciel et aussi enfer, ses branches soutiennent les neuf mondes. La race humaine serait sortie d’Yggdrasil.
Il abrite un écureuil nommé Ratatosk qui, afin d’être tranquille, entretient la haine entre le serpent Nidhögg qui dévore la racine d’Yggdrasil et l’aigle sans nom qui le survole, en rapportant les paroles haineuses de l’un à l’autre. Ratatosk est devenu un héros de jeux vidéos.
∙ Dans les tarots, l’arbre du pendu est un frêne : c’est Yggdrasil, l’arbre du Dieu Odin, dieu des morts, du savoir, de la magie et de la prophétie.
∙ Dans le fameux film ‘Avatar’, Eywa, l’Arbre de la planète Pandora auquel tous les autres arbres sont connectés, est l’équivalent d’Yggdrasil.
∙ Dans la mythologie grecque, les Méliades sont les nymphes des frênes protégeant les enfants et les troupeaux qui s’abritent sous leur ombrage. Mélia est une nymphe du sud de la Grèce.
∙ Dans l’Iliade d’Homère, la lance d’Achille est en frêne. Le nom anglais ‘ash’ est d’ailleurs en référence avec la fabrication de lances.
∙ L’espèce angustifolia est l’arbre de la déesse Némésis, Déesse de la Loi implacable des dieux réprouvant les excès, qui était représentée avec un bâton de frêne, symbole de sa dureté et de son inflexibilité dans ses châtiments.
∙ Arbre de Poséidon, dieu grec de la mer et des séismes.
Cet arbre est souvent associé à l’eau dont il est gourmand. Une légende veut qu’il protège de la noyade. Dans certaines traditions, on munissait le voyageur marin d’une petite croix en bois de frêne. Les navires des vikings auraient été faits avec son bois.
∙ L’écrivain naturaliste Pline l’Ancien considérait qu’il repoussait les serpents. Cette légende fut perpétuée mais elle viendrait du fait que de nombreux oiseaux prédateurs de serpents nichent sur ses branches.
Une croyance populaire attribuait à sa sève le pouvoir de protéger des morsures de serpents. Saint Patrick, le saint patron de l’Irlande aurait chasser tous les serpents du pays avec un bâton de frêne.
∙ Des légendes le signalent comme étant le manche du balai des sorcières, les franges étant faites en brindilles de saule ou de bouleau. Dans certaines traditions, les sorcières vivaient au creux des frênes.
∙ Les druides l’utilisaient comme baguette attestant de son pouvoir magique lié à la guérison et à la volonté du destin.
∙ Autrefois, il était le symbole de bonheur conjugal pour les Romains et les Écossais.
∙ Certains le considèrent comme le pendant féminin à l’Arbre-Père, le chêne – Quercus, d’autres comme un symbole de virilité, d’ailleurs certains dictons français affirment :
– Alors que le frêne commun n’apprécie guère le climat méditerranéen et que sa longévité maximum est de 300 ans, on peut toutefois admirer un spécimen probablement âgé de 500 ans dans le village de Vence dans les Alpes-Maritimes. Une légende locale raconte qu’il aurait été planté en 1538 par François Ier lors de son passage dans la région pour signer la trêve de Nice avec l’empereur Charles Quint.
Mise à jour le 19 novembre 2023.