Ce genre porte le nom de la famille des Cupressaceae dont il fait partie et de la sous-famille des Cupressoideae. Il compte une vingtaine d’espèces, mais certains auteurs en dénombrent une trentaine.
∙ Des fossiles de cette famille ont été datés du Jurassique, vers 190 millions d’années, avec le genre Austrohamia aujourd’hui éteint.
∙ Selon la nouvelle classification phylogénétique, la plus proche famille, celle des Taxiodaceae, est intégrée désormais dans la famille des Cupressaceae (hormis le genre Sciadopitys classé dans les Sciadopityaceae), mais dans des sous-familles différentes : les représentants les plus connus classés désormais dans la sous-famille des Sequoioideae sont le séquoia, le séquoiadenderon et le métaséquoia, et dans la sous-famille des Taxodioideae, le cyprès chauve et le cryptoméria.
∙ Les genres les plus connus de cette grande famille sont : Cupressus – Juniperus – Thuja – Chamaecyparis – Calocedrus…
∙ Dans cette famille, les arbres sont généralement de grandes tailles et comptent parmi les arbres les plus robustes et souvent très âgés.
Ce sont des plantes dont les graines sont élaborées à partir d’ovules nus portés par des sortes de feuilles – des écailles regroupées en cône ou en galbule (cône à écailles élargies au sommet, libres ou soudées) : ce sont des gymnospermes (ovules nus).
Régions tempérées chaudes de l’hémisphère nord.
– Cupressus L.
Décrit et nommé par Linné en 1753.
Cupressus est la forme latinisée du grec ancien ‘Kyparissos’ désignant la forme du cône des cyprès, et donc le cyprès.
Certains pensent que Cupressus viendrait de cyprus – cyprum qui indique une origine chypriote. En effet, l’étymologie de Chypre pourrait venir du grec ‘kyparissos’ – le cyprès – le Cupressus sempervirens très présent sur cet île, ou de kypros qui en grec signifie cuivre du fait des nombreuses mines présentes sur cette île natale de Vénus (Aphrodite) à qui est associé le cuivre.
En parlant de Chypre, Pline disait : « Si l’on y laboure la terre, il y naîtra des cyprès »
– Certaines espèces originaires de l’Amérique du Nord et de certaines îles avoisinantes sont désormais classées et nommées dans le genre Hesperocyparis (Neocupressus synonyme) par Jim Bartel depuis 2009. Du grec pour nommer Hesperia – le pays de l’ouest. Pour exemples les espèces : forbesii – goveniana – guadalupensis – lusitanica – macrocarpa…
– Cyprès dérive de Cupressus ; ce fut tout d’abord un nom provençal.
Certaines espèces de conifères portent le nom populaire de cyprès mais n’en sont pas, même s’ils appartiennent à la même famille :
. Le cyprès de Lawson appartient au genre Chamaecyparis (faux-cyprès), il est nommé Chamaecyparis lawsoniana.
. Le cyprès chauve appartient au genre Taxodium, il est nommé Taxodium distichum.
On les trouve sur tous types de sols ; en général, ils tolèrent mal les grands froids.
L’espèce type est le Cupressus sempervirens.
– Ce sont des conifères bénéficiant généralement d’une bonne longévité. Le plus âgé serait un Cupressus sempervirens en Iran, le cyprès d’Abarqu appelé Zoroastrian Sarv qui atteindrait minimum l’âge vénérable de 4 000 ans.
– Généralement d’assez grandes tailles de 10 à 50 m (Cupressus torulosa var. gigantea) avec parfois des diamètres de tronc impressionnants tels les 2 à 4 m du Cupressus macrocarpa (Hesperocyparis macrocarpa).
Le plus haut répertorié est le cyprès du Tibet dont l’espèce n’est pas certaine, soit torulosa, soit gigantea. Cet arbre fut découvert en 2023 dans la réserve du canyon Yarlung Tsangpo au Tibet, le canyon le plus long et le plus profond du monde ; mesuré à l’aide d’un drone, il atteint 102,3 m avec un diamètre de presque 3 m, ce qui fait de lui le plus grand arbre d’Asie, et, actuellement, le deuxième arbre le plus haut du monde (voir l’article Pour en finir avec les records).
On peut trouver des variétés et des cultivars ne dépassant pas les 5 à 8 m de hauteur.
– Ils présentent une écorce généralement grise devenant fibreuse, mais elle peut être lisse en s’écaillant avec l’âge telles les espèces guadalupensis, forbesii…
– La racine principale est pivotante, les latérales souvent superficielles. Les racines vivent en symbiose avec des champignons – la mycorhize ; le champignon apporte l’eau et les sels minéraux, la plante lui fournit des hydrates de carbone – des sucres, mais cette relation permet aussi la communication entre les arbres : on peut comparer ce réseau à nos réseaux sociaux bien connus !
– Les branches parfois très massives se développent de manières différentes selon l’espèce. Contrairement au genre Thuja, les rameaux sont cylindriques et souvent brun-pourpre, parfois pleureurs.
– Les feuilles persistantes de 2 à 4 ans sont pourvues de glandes à résine ; ce sont des petites écailles triangulaires par paires opposées, décussées (insérées par paires et se trouvant à angle droit sur l’axe avec les écailles suivantes), généralement plates, recouvrant les rameaux ; elles sont généralement non piquantes. Les jeunes sujets présentent des feuilles en forme d’aiguilles semblables à celles du Juniperus – le genévrier.
– La floraison est monoïque – inflorescences (grappes de fleurs) mâles et femelles sur le même pied se développant de la fin de l’hiver au début du printemps.
∙ Les organes reproducteurs appelés sporophylles se développent en feuilles modifiées et regroupées – des écailles protégées par une bractée (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) pour les femelles.
∙ Les chatons mâles sont beaucoup plus nombreux que les femelles ; ils sont jaunes ou orangés et solitaires, disposés à l’extrémité des rameaux. Les chatons déhiscents (ouverture spontanée) sont constitués de 3 à 8 petites paires d’écailles portant chacune de 2 à 6 sacs polliniques. Le pollen sans ballonnets est très allergisant, il est donc conseillé de tailler les haies avant la pollinisation anémophile (vent) ; les grains sont petits de 20 à 35 micromètres.
∙ Les femelles de 0,8 à 4 cm sont vert-jaunâtre, globuleuses, par paires opposées, décussées, sur des rameaux épais et très courts à l’aisselle des tiges ou parfois directement sur les rameaux. Elles sont formées de 3 à 7 paires d’écailles/bractées portant chacune de 2 à 20 ovules nus – caractéristique des conifères qui ne protègent pas leur ovule dans un ovaire.
∙ Il est à noter ce fait rarissime exprimé par le Cupressus dupreziana (considéré aussi comme variété du sempervirens) : pour se développer, il a mis en place l’apomixie paternelle ! C’est un type particulier de parthénogenèse. Multiplication asexuée, sans fécondation mais avec une modification de la division des cellules (méiose) reproduisant des graines génétiquement identiques (des clones). La pollinisation permet seulement de stimuler le développement de cellule de l’ovule. L’apomixie est en général maternelle, toutefois on a constaté une forme paternelle avec le Cupressus dupreziana où les graines sont dérivées uniquement du pollen et l’apport femelle à des substances nutritives (mère porteuse).
En savoir plus sur la Sexualité des spermatophytes.
– Les petits cônes ligneux, souvent ovoïdes, sont matures en 18 à 24 mois après la pollinisation. Les écailles sont plus ou moins mucronées (pointe dure et raide à l’extrémité), elles sont vertes ou gris-bleuté et parfois odorantes.
À maturité, sous des conditions climatiques favorables, elles peuvent s’écarter (déhiscence) pour laisser les graines s’échapper mais les cônes souvent sérotineux (ne s’ouvrent que sous l’action du feu) peuvent parfois rester très longtemps sur l’arbre avant de s’ouvrir.
Chez les Hesperocyparis, la régénération se fait souvent sous l’action du feu.
– Les petites graines possèdent 2 ailes de chaque côté, dérivées du tégument, facilitant leur dissémination anémophile.
– Les plantules disposent de 2 à 5 cotylédons (feuilles embryonnaires).
– Généralement, la meilleure méthode de multiplication est par graines.
– Hybride : le plus connu sous le nom de cyprès de Leyland (très utilisé en haies) dénommé Cupressocyparis x leylandii est un hybride entre deux genres différents : Cupressus macrocarpa et Chamaecyparis nootkatensis (ex Cupressus nootkatenis).
– Ennemis : champignons, et particulièrement Seridium cardinale ainsi que des pucerons.
– Chez de nombreux conifères, on peut découvrir des balais de sorcière, il en est de même pour les cyprès. Le balai de sorcière est une maladie non mortelle provoquée par des champignons, des bactéries ou des virus, mais aussi des insectes qui stimulent excessivement le développement des bourgeons à un point donné d’une plante ligneuse, formant ainsi une sorte de bonsaï ressemblant à un balai ou à un nid d’oiseau. Cette structure se développe lentement pendant des décennies (pins) ou annuellement (chèvrefeuille). Ce balai génétiquement modifié peut être utilisé à la création de cultivar nain.
– Bois dur pratiquement imputrescible : utilisé pour les constructions, les navires, les temples, les cercueils…
Le bois apprécié des ébénistes est aussi utilisé pour la fabrication d’instruments à cordes.
Pâte à papier avec certaines espèces : papier kraft – papier journal – papier d’écriture.
Le bois des cyprès est un bois de chauffage acceptable, mais à n’utiliser qu’en foyer fermé car il produit beaucoup d’étincelles.
– Médicinales
L’huile essentielle tirée des rameaux est antivirale, antibactérienne, antitussive…
En phytothérapie, l’huile essentielle a des propriétés tonifiantes et stimulantes, elle agit entre autres sur la circulation sanguine et particulièrement sur les jambes lourdes.
– Cosmétologie
L’huile essentielle rentre dans la composition de crème après le soleil et dans la composition de parfums.
– Écologie
Les rongeurs et les cervidés apprécient généralement les semis.
Le fourrage n’est pas conseillé pour le bétail.
– Ornementales
La famille des Cupressaceae est la plus utilisée dans le domaine horticole.
Haie – isolé – brise-vent.
L’espèce sempervirens est prisée en art topiaire, ‘art du paysage’. Au Jardin du Val Rahmeh à Menton, on peut en découvrir une belle illustration avec cette haie plantée en 1930.
– Selon la mythologie grecque Cyparissos – Cyparisse était un jeune homme aimé d’Apollon. Après avoir tué par mégarde son cerf favori, il fut inconsolable, et malgré le soutien d’Apollon, il demanda à ce dernier de lui ôter la vie. Apollon, ne pouvant se résoudre à perdre Cyparisse, le transforma alors en cyprès afin qu’il reste éternel par ses renaissances.
– Dans les textes bibliques, il est dit que Dieu demanda à Noé de construire une arche en bois de résineux ; la plupart des auteurs relatant ce sujet pense qu’il s’agit du bois de cyprès, d’autres du bois de cèdre.
– Pluton (en latin Pluto, en grec Hadès) est le dieu romain du monde des morts, du monde souterrain, dont un des attributs les plus représentés est une variété de cyprès à cause de son feuillage sombre ‘qui exprime la tristesse et la douleur’.
– Les arts :
∙ François Cheng, écrivain, poète chinois naturalisé français, a fait l’éloge du cyprès dans des poèmes tel ‘Parfois un cyprès pousse en toi’ ou en parlant de l’Italie ‘Ligne de crêtes hérissée de cyprès…’
∙ Les peintres ont souvent représenté le cyprès commun dans leurs toiles.
– Arbre sacré des bouddhistes, certaines espèces sont particulièrement plantées près des temples et des monastères ce qui a contribué à leur propagation.
– Le cyprès commun – Cupressus sempervirens est représentatif de la flore méditerranéenne et il symbolise le deuil, c’est l’arbre des cimetières et des monuments aux morts.
En Provence, c’est aussi l’arbre qui accueille les visiteurs devant le seuil de la maison.
Mise à jour octobre 2024.