La classification phylogénétique a englobé la famille des Taxodiaceae, dont ce genre faisait partie, dans la famille des Cupressaceae (hormis le genre Sciadopitys classé dans les Sciadopityaceae) ; 7 sous-familles ont été créées : les représentants les plus connus des ex Taxiodiaceae classés désormais dans la sous-famille des Sequoioideae sont le séquoia, le séquoiadendron et le métaséquoia, et dans la sous-famille des Taxodioideae, le cyprès chauve, le cryptoméria et le Glyptostrobus pensilis.
D’après certaines études, le Metasequoia serait le genre le plus proche des Taxodium, mais le premier se distingue du Taxodium et des autres genres par des feuilles opposées.
3 espèces :
∙ distichum – cyprès chauve, cyprès des marais, cyprès de Louisiane.
∙ ascendens – cyprès des étangs.
∙ mucronatum – cyprès de marais mexicain, cyprès de Montezuma, Ahuehuete est son nom en nahuatl, langue amérindienne d’Amérique du Nord et d’Amérique Centrale, langue la plus parlée au Mexique. Ce nom signifie ‘tambour debout dans l’eau’ ou ‘vieil homme de l’eau’.
Selon les auteurs, les espèces ascendens et mucronatum sont considérées comme des variétés de l’espèce distichum.
D’autres considèrent que les deux variétés de l’espèce distichum sont le cyprès des marais – var. distichum et le cyprès des étangs – var. imbricatum (ou imbricarium qui correspond à ascendens).
En raison de ces avis partagés, chaque espèce possède plusieurs synonymes corrects.
Côte Sud-Est de l’Amérique du Nord et Mexique. On trouve l’espèce mucronatum plus particulièrement au Mexique mais aussi au Guatemala et au Texas.
Avant la dernière glaciation, ils étaient présents aussi en Europe durant le Pliocène, il y a 2,5 millions d’années.
À Villejuste dans l’Essonne, en France, a été trouvé en 1986 un tronc fossilisé daté de 33 MA d’une espèce apparentée au cyprès chauve, aujourd’hui éteinte.
L’espèce distichum a été introduite en Europe en 1638 par John Tradescant le Jeune.
L’espèce mucronatum aurait été introduite vers 1640.
L’espèce ascendens aurait été introduite en Europe, en Angleterre à Kew Gardens en 1789.
– Taxodium Richard
Linné a tout d’abord décrit ce genre en 1753 en tant que Cupressus – cyprès puis ce genre fut reclassé dans le genre Taxodium en 1810 par Louis Claude Richard
Taxodium vient du latin taxus et du grec ‘eidos’ signifiant ‘aspect semblable’.
Deux versions pour Taxus :
∙ issu de l’ancien nom latin venant du grec ‘taxos’ de ‘taxis’ signifiant ‘mise en rang’. Nom employé par Virgile pour désigner l’if – Taxus baccata, en référence à l’agencement des feuilles.
∙ issu de l’ancien nom latin dérivé des noms grecs ‘toxon’ signifiant arc et ‘toxicus’ signifiant poison. Nom donné par Dioscoride pour désigner l’if – Taxus baccata – arbre toxique utilisé pour faire des arcs.
– Les noms vernaculaires (populaires) sont source d’erreurs et les Taxodium illustrent bien ce problème puisque populairement on les nomme cyprès (nom des Cupressus) alors que ‘faux-cyprès’ serait plus adapté.
En situation ensoleillée, ces arbres préfèrent les sols humides, frais et profonds, acides et sableux, limoneux mais ils tolèrent aussi les sols argileux.
∙ L’espèce distichum se développe aussi dans des zones plus sèches en compagnie du chêne des marais – Quercus palustris. Dans les marais, il peut être un arbre dominant en compagnie du tupelo de l’eau – Nyssa aquatica.
∙ L’espèce ascendens se tient aux bords des étangs.
∙ Contrairement à son nom vernaculaire de ‘cyprès de marais mexicain’, l’espèce mucronatum se développe surtout le long des berges des ruisseaux mais ni dans les marais ni dans les étangs. Toutefois, il se développe très bien dans les anciens marais. Il a une grande tolérance à la sécheresse puisqu’on peut le trouver, par exemple, dans le désert de Sonora au Mexique ; en fait une inondation saisonnière lui suffit.
Si l’espèce distichum tolère un gel jusqu’à -18°C à -23°C, les espèces mucronatum et ascendens sont légèrement moins rustiques.
Ils sont vulnérables aux incendies.
Avec le mélèze – Larix (famille Pinaceae), le Metasequoia et les Taxodium font partie des rares conifères à perdre leurs feuilles durant l’hiver.
– La croissance est lente au départ. La longévité de 300 à 500 ans peut atteindre jusqu’à 1 200 ans d’après des spécimens en Caroline du Nord et du Sud ainsi qu’en Floride.
– Ces grands arbres atteignent de 30 à 40 m et rarement 45 à 50 m pour l’espèce distichum, avec un diamètre de 2 à 3 m. Le tronc massif et droit développe une base souvent gonflée ou cannelée. La forme est conique ou pyramidale, les arbres âgés ont la cime qui s’aplatit.
– L’écorce du brun grisâtre au brun-rougeâtre se fissure avec l’âge laissant pendre des bandeaux parfois filandreux. l’écorce est plus épaisse chez ascendens.
– Contrairement à la plupart des conifères, les canaux ne sont pas résinifères.
– En zones très inondées, vers l’âge de 30 ans, il développe des sortes de racines aériennes appelées pneumatophores. Elles sont aussi appelées ‘genoux de cyprès’.
Ces excroissances issues des racines sortent du sol ou de l’eau entourant le tronc pour distichum, elles sont dressées comme des stalagmites jusqu’à parfois 1 m de hauteur.
Concernant l’espèce ascendens, les pneumatophores se développent plutôt au bord des étangs et non pas dans l’eau. Quant à mucronatum, cette espèce ne développe en général des pneumatophores que dans des habitats immergés.
– Les branches latérales sont à l’horizontal pour distichum, un peu plus à la verticale pour ascendens, quant à mucronatum si ses branches sont plutôt horizontales, ses rameaux sont pleureurs.
Au sud des USA, il n’est pas rare de voir les branches portant de la mousse espagnole – Tillandsia usneoides de la famille des Bromeliaceae.
– Deux sortes de rameaux : des longs à croissance indéterminée et de nombreux rameaux plus ou moins courts à croissance déterminée, ce type de rameaux/brindilles sont généralement caducs.
Chez ascendens, les rameaux/brindilles sont très fins et longs.
– Les feuilles caduques sont parfois semi-persistantes à persistantes dans des conditions climatiques très favorables.
Ce sont des aiguilles de 1 à 2 cm sur 1 à 2 mm, aciculaires (linéaires, rigides et pointues), insérées individuellement sur la brindille comme une plume donnant l’impression d’une feuille composée – pennée. Généralement disposées en spirales sur des pousses de 8 à 10 cm, soit le pétiole (axe reliant la feuille à la tige) se tord ce qui les fait apparaître sur un même plant en deux rangées pour les espèces mucronatum et distichum d’ailleurs le nom de ce dernier signifie ‘en 2 rangs sur tiges alternées’, soit elles se chevauchent comme des écailles sur les rameaux pour l’espèce imbricatum (ascendens).
Présence de stomates (petits orifices) sur les feuilles ; contrairement à distichum, les stomates de mucronatum sont également réparties sur les faces des feuilles.
À l’automne, les feuilles prennent une belle coloration rousse à rougeâtre et peuvent parfois persister sur l’arbre assez longtemps dans l’hiver, on les dit marcescentes.
– Cet arbre monoïque (fleurs mâles et femelles séparées sur la même plante) porte des inflorescences (grappes de fleurs) printanières insignifiantes. Pollinisation par le vent – anémophile.
∙ Les petits strobiles (inflorescences dont les organes reproducteurs se développent à partir d’une écaille) mâles sont regroupés en longs racèmes (les fleurs s’échelonnent par alternance le long d’un axe) ou en grappes de racèmes (panicules) ; ce sont des chatons pendants sur les rameaux courts ; ils sont composés de sporophylles (feuilles modifiées) portant de 4 à 9 sacs de pollen.
∙ Les strobiles femelles peuvent être solitaires ou en petits groupes. Ils sont un peu plus grands que les mâles, de 3 à 3,5 cm ; ils ont une forme globuleuse, ridée et sont composés de bractées (organes intermédiaires entre la feuille et le pétale) protégeant 10 à 15 écailles en forme de bouclier portant chacune de 1 à 2 ovules.
En savoir plus sur leur Sexualité.
– Les fruits en cône sont matures la même année à l’automne. Les écailles se désarticulent en tombant au sol ou dans l’eau et libèrent de grandes graines de 5 à 10 mm qui peuvent flotter.
Les cônes de mucronatum sont plus petits et moins nombreux que l’espèce distichum et surtout leurs écailles possèdent un mucron (pointe dure et raide à l’extrémité) comme une petite aiguille ce qui explique le nom savant qui lui a été attribué en 1853 par Michel Tenore.
– Multiplication
Il semblerait que la reproduction par graines soit très largement favorisée dans un milieu fortement détrempé voir aquatique alors qu’en général pour de nombreux conifères c’est plutôt le passage du feu qui favorise la germination.
– On ne leur connaît pas d’ennemis.
– Arbres remarquables
∙ Dans la ville de Newton en Géorgie, un spécimen de l’espèce ascendens a été mesuré à 41 m de haut pour un diamètre de 2,30 m en 1996.
∙ Les plus grands arbres répertoriés de l’espèce mucronatum se développent dans des anciens marais ce qui indique leur gros besoin d’eau pour se développer de manière optimum.
∙ Au Mexique dans l’état d’Oaxaca se trouve un spécimen de mucronatum nommé Arbol del Tule – Arbre de Tule qui mesurait 36 m de haut en 2005 pour un diamètre de 9,38 m à 11,4 m selon les mesures utilisées. Il serait estimé au minimum à 1 000 ans. Contrairement à toutes les idées reçues, il détient donc le record de l’arbre au diamètre le plus large et le baobab arrive en second ! Toutefois cela dépend des mesures utilisées et cet arbre étant très étayé (racines adventives (à partir d’une position atypique) ou rejets) si on mesure vraiment la partie centrale du tronc, il ne mesure que 9,38 m ce qui est déjà remarquable.
∙ Au Parc de Chapultepec au Sud-ouest de Mexico, un spécimen appelé ‘le sergent’ ou ‘la sentinelle’ a été mesuré à 37,8 m en 2005, on a estimé son âge à 700 ans.
Les Français de Louisiane appellent les peuplements de Taxodium des ciprières.
– En sylviculture, ils sont utilisés en reboisement de zones engorgées.
Autrefois, les Aztèques les plantaient pour assécher les lacs afin de les transformer en terres agricoles, tel est le cas du lac de Texcoco dans la vallée de Mexico.
– Ornementales
Très décoratifs dans de grands parcs.
L’espèce ascendens est la mieux adaptée en bonsaï.
– Leur bois est tendre, durable et imputrescible, il résiste aux insectes et est particulièrement adapté à la construction de charpente.
Barils – traverses – planchers – construction de bateaux et de maisons – meubles…
Les pneumatophores sont aussi utilisés dans la construction de bateau.
– Écologie
Dans les zones marécageuses, ces arbres participent grandement aux écosystèmes car particulièrement utilisés par la faune.
Habitat de nidification pour plusieurs espèces d’oiseaux qui de plus apprécient les graines.
– Médicinales
Les Aztèques utilisaient la résine pour soigner la goutte, les ulcères, les maladies de peau, les maux de dents… Les feuilles ont des propriétés relaxantes.
– Participation historique
Le cyprès de Montezuma – Taxodium mucronatum tient son nom vernaculaire des jardins légendaires, à quelques kilomètres de Mexico, créés il y a 500 ans uniquement avec ce genre d’arbre à la demande de l’Empereur Aztèque Moctezuma.
Tenochtitlan, ancienne capitale aztèque, fut largement construite en bois de mucronatum. En 1521, elle fut détruite par les conquérants espagnols qui rebâtirent ce qui allait devenir la ville de Mexico et toujours avec le bois de mucronatum.
– Symboles, légendes et emblèmes
∙ L’espèce distichum est l’emblème de l’état de Louisiane aux USA depuis 1963. C’est le symbole des marais, des bayous du sud du pays.
L’espèce mucronatum est l’arbre national du Mexique depuis 1910.
∙ Pour les Aztèques, Ahuehuete – Taxodium mucronatum et Põchõtl – Ceiba pentandra représentaient l’autorité d’un souverain. Pour certaines civilisations mexicaines, mucronatum était un arbre sacré.
∙ Dans la mythologie aztèque, la déesse Chalchiuhtlicue, déesse des océans et des rivières a provoqué un déluge universel. Coxcox et son épouse Xochiquietzal furent les seuls survivants sauvés des eaux sur un radeau en cyprès !
∙ Tout comme les ‘vrais’ cyprès, le cyprès chauve est assimilé à la mort. Louis-Narcisse Baudry des Lozières dans son livre ‘Voyage à la Louisiane’ en 1794/1798 raconte que les autochtones ‘ont beaucoup de vénération pour leurs morts, mais ils ne les enterrent point. Ils leur font une espèce de bière avec de l’écorce de cyprès, et ils les exposent sur quatre fourches de quinze pieds de haut, au milieu d’une plaine’.
– John Yoshio Naka (1914-2004), Maître du bonsaï, un mois avant sa mort, offrit son premier bonsaï, un Taxodium mucronatum au Musée national du bonsaï et du penjing (terme chinois signifiant ‘pot et paysage’ pour désigner un ancien art chinois) se trouvant dans l’Arboretum national de Washington aux USA. En 1984, Naka avait offert au musée une forêt de onze genévriers – Juniperus chinensis représentant ses petits-enfants, il avait appelé cette forêt ‘Goshin’ – protecteur de l’esprit.
Mise à jour octobre 2024.