Le Catalpa est un genre de la famille des Bignoniaceae apparue sur terre au milieu de la période tertiaire (vers – 49 millions d’années). Des fossiles ont été découverts dans les roches du Miocène (- 23 MA à – 5 MA) de la rivière Yellowstone aux USA, d’autres en République dominicaine dans de l’ambre géologique (résine fossile) décrits comme des Catalpa hispaniolae Poinar sp. nov. et considérés comme étant les premières bignoniacées. Des fossiles ont aussi été retrouvés dans les régions de l’Éocène (- 56 à – 33,9 MA) en Chine.
Les différentes classifications de ce genre ont parfois proposé des espèces qui pour certaines n’étaient que des synonymes ou bien des hybrides ou encore des formes et des variétés. C’est le genre de plante qui se révèle être un vrai casse-tête pour les botanistes du fait des similitudes entre espèces mais aussi de leurs différentes découvertes, descriptions et introductions par plusieurs collecteurs botanistes.
Dans les dernières révisions taxonomiques, on peut citer celle de Jiri Paclt en 1952 qui dénombrait 13 espèces et 18 taxons infraspécifiques (taxon inférieur à l’espèce, exemple une variété) mais désormais, des études poussées ont authentifié 8 espèces naturelles et 2 hybrides de la section Catalpa et nous invitons les puristes à découvrir le très complet article de Richard T.Olsen (Directeur de l’US National Arboretum) et Joseph H. Kirkbride Jr (spécialiste en botanique systématique), intitulé ‘Taxonomic revision of the genus Catalpa (Bignoniaceae)’ publié en 2017.
Les Catalpa sont originaires d’Amérique du Nord et Centrale – Caraïbes – Asie de l’Est.
2 sections ont été créées :
∙ Section Catalpa : ce sont des espèces à feuilles caduques de régions tempérées.
2 espèces en Amérique du Nord : Catalpa bignonioides – le catalpa du Sud et particulièrement du Sud-Est des USA dans le Mississipi, en Géorgie et en Caroline du Sud et Catalpa speciosa – le catalpa du Nord et particulièrement en Illinois.
Les espèces nommées autrefois tibetica, syringifolia, umbraculifera, nana, pumila, vulgaris seraient en fait des taxons de Catalpa bignonioides.
2 espèces en Chine : ovata la plus cultivée, originaire du bassin du fleuve Yangtzi et au nord de la Chine et bungei originaire de différentes régions chinoises et particulièrement en Mandchourie d’où son nom commun, extrêmement rare en culture en dehors de la Chine.
Les espèces autrefois dénommées henryi, thunbergii, wallichii et himalayaca seraient en fait des taxons de Catalpa ovata. L’espèce kaempferi longtemps confondue avec une forme naine de bignonioides se révéla être un synonyme du Catalpa ovata. Les espèces nommées autrefois fargesii (considérée par certains comme une espèce à part entière que l’on distingue de bungei par sa pubescence (poils), ayant pour synonyme duclouxii), vestita, sutchuenensis seraient en fait des taxons de Catalpa bungei.
∙ Section Macrocatalpa : ce sont des espèces à feuilles persistantes de la région tropicale des Grandes Antilles (Caraïbes).
4 espèces : brevipes – longissima – macrocarpa – purpurea. Seule l’espèce longissima est cultivée dans les jardins botaniques et en agroforesterie aux Caraïbes.
L’espèce nommée autrefois longisiliqua est en fait un Catalpa longissima. Les espèces nommées autrefois punctata, domingensis et obovata seraient en fait des taxons de Catalpa macrocarpa. Les espèces nommées autrefois ekmaniana et oblongata sont des variétés de brevipes. L’espèce nommée autrefois denticulata serait une forme de purpurea.
∙ Les hybrides eurent aussi leur lot de synonymes.
Catalpa x erubescens – parents ovata x bignonioides – eut comme synonymes aureovittata – japonica – x hybrida – x teasii – x teasiana. Il existe la forme purpurea.
Catalpa x galleana a pour parents speciosa x ovata.
∙ D’autres anciens Catalpa ont été reclassés dans des genres différents tels Chilopsis – Tabebuia – Paranymphea – Shiuyinghua – Byttneriopsis.
– Amérique
∙ Catalpa bignonioides fut introduit en Angleterre en 1726 par Marc Catesby avec un grand succès auprès des pépiniéristes, succès qui déclina au XXe siècle. Il fut introduit en France en 1754.
∙ Catalpa speciosa aurait été introduit en Europe vers 1880.
– Chine
∙ Catalpa ovata fut introduit de Chine au Japon par les moines bouddhistes afin de les planter autour de leurs temples.
C’est au Japon que Kaempfer le découvrit mais il ne fut introduit en Europe que 150 ans plus tard. Il ne fut découvert en Chine, à l’état sauvage, qu’en 1912 par Augustine Henry et Ernest Henry Wilson. En 1848, des graines furent envoyées à Paris que Decaisne définit selon les descriptions de Augustin Pyrame de Candolle mais il reçut aussi des graines de l’espèce bungei, il y eut alors une confusion d’identification, confusion qui perdura chez les horticulteurs. On retrouve cette même confusion lors de l’introduction aux USA à l’Arboretum Arnold. C’est pourquoi on attribue la première introduction d’ovata à Siebold en Belgique en 1849 par des graines envoyées par son collecteur C.J.Textor.
∙ Catalpa bungei fut découvert par Alexander von Bunge en 1833 près de Pékin où il était comme dans le nord de la Chine très largement planté autour des temples mais il fit une erreur d’identification et le nomma syringifolia ce qui entraîna une double confusion puisque syringifolia est synonyme d’ovata.
Les arbres répertoriés sous le nom de bungei se révèlent la plupart du temps être des Catalpa ovata ou bien le cultivar ‘Nana’ de bignonioides. La première vraie introduction de bungei viendrait de graines données en 1904 par un diplomate américain à l’Arboretum Arnold aux USA.
– Catalpa Scop.
Dans les années 1730, Mark Catesby nomma ce genre d’arbre Catalpa mais en 1753 Linné baptisa l’espèce type ‘Bignonia catalpa’ et c’est en 1777 que Giovanni Scopoli créa officiellement le genre Catalpa.
Mark Catesby utilisait les noms locaux pour ses descriptions de végétaux et d’animaux, Catalpa est donc issu du nom local anglophone catawba issu du nom commun ‘katuhlpa’ des Indiens Muscogee, signifiant ‘tête ailée’ en référence aux fruits en haricot dont les graines sont ailées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser le nom ne vient donc pas du nom amérindien catawba attribué à une tribu, à un comté et à une ville de Caroline du Nord même si l’espèce bignonioides a été découverte dans cette région.
– Zi Mu – 梓木 est le nom vernaculaire (populaire) chinois du Catalpa ; Mu définit un arbre et Zi qualifie les arbres caducs.
– Arbre aux haricots, Haricot indien et Arbre à cigares sont les noms vernaculaires français et anglophones faisant référence aux gousses, le mot ‘indien’ identifiant les indiens d’Amérique.
– À La Réunion, en Martinique et en Guadeloupe on peut trouver un joli petit arbre asiatique de la famille des Malvaceae le Thespesia populnea connu (entre autres) sous le nom vernaculaire de catalpa. Pourquoi ? peut être pour la ressemblance de leurs feuilles. Ah ! la torture des noms communs…
– Épithètes latines des catalpas les plus connus
∙ L’épithète bignonioides a été donné en 1788 par le planteur américain et botaniste Thomas Walter en référence aux panicules de fleurs et aux gousses semblables aux bignones dont le nom a été dédié à Jean-Paul Bignon en hommage à son mérite botanique. Son nom vernaculaire est catalpa commun, on le trouve aussi sous le nom de catalpa du Sud ou catalpa de Caroline.
∙ L’épithète speciosa rappelle son élégance, il est d’ailleurs appelé catalpa élégant mais on le trouve aussi sous le nom de catalpa à feuilles cordées ou encore catalpa de l’ouest ou catalpa du Nord. Tout d’abord nommé speciosa par John Aston Warder puis considéré comme une variété de bignonioides par Barney, il retrouva son épithète speciosa officiellement en 1880 par George Engelmann.
∙ Catalpa ovata – Ts’i ou zi – 梓樹 signifiant fils ou progéniture du fait de sa production abondante de fruits et de graines contrairement à l’espèce bungei. Son épithète ovata attribuée par George Don en 1837 rappelle son allure ovoïde, en forme d’œuf ou bien la forme des feuilles. Son nom vernaculaire est catalpa jaune du fait de sa floraison ou catalpa chinois. Kaempfer lors de sa découverte lui attribua le nom vernaculaire de Ki-sasage, nom utilisé au Japon et signifiant haricot.
∙ Catalpa bungei est le catalpa de Mandchourie – Qui ou Quishu 楸 ou 楸樹 signifiant ‘feuilles tombant à la fin de l’été ou au début de l’automne’ d’ailleurs il est raconté que sous la dynastie Tang « …les feuilles de Catalpa étaient portées cérémonieusement au moment de l’équinoxe d’automne… ». Son nom latin d’épithète attribué en 1905 par Carl Anton von Meyer honore Alexander von Bunge qui l’a découvert et collecté des spécimens.
Les espèces américaines évoluent dans des forêts de feuillus le long des cours d’eau, les chinoises préfèrent souvent un sol un peu plus sec.
Même s’ ils s’adaptent à toutes sortes de sols, ils les préfèrent riches et limoneux, légers, frais et bien drainés. Plein soleil à ombre très légère, ils tolèrent mal une situation ventée du fait de leurs grandes feuilles. Ils résistent à la pollution et tolèrent un gel de -20°C jusqu’à -30°C.
L’espèce ovata est la plus rustique et chez les espèces américaines c’est speciosa.
L’espèce type, holotype, est Catalpa bignonioides.
– Similitudes entre genres et espèces
∙ Le catalpa est souvent confondu avec le Paulownia, un arbre de la famille des Paulowniaceae. Il s’en distingue particulièrement par : des feuilles généralement verticillées (les organes sont insérés autour d’un axe) et surtout pubescentes sur le revers, celles de Paulownia sont toujours opposées et pubescentes des deux côtés – des fleurs généralement estivales celles de Paulownia sont printanières – des fruits en silique (fruit déhiscent dont les deux parties sont séparées par une cloison) membraneuse, ceux de Paulownia sont en capsule ovoïde.
∙ Le catalpa et le paulownia peuvent être confondus avec le Vernicia fordii – l’arbre de Tung de la famille des Euphorbaceae, par leurs silhouettes et leurs feuilles.
∙ Le genre Catalpa est très proche du genre monospécifique Chilopsis linearis – le catalpa du désert – arbuste originaire du Sud-Ouest des USA et du Mexique. Chilopsis présente quand même des différences principales : feuilles alternes – 4 étamines et 1 staminode.
De ces deux genres a été créé l’hybride x Chitalpa tashkentensis en 1960/64 par Nikolai Rusanov. Cet hybride a été introduit en 1977 aux USA et c’est Walter Wisura qui l’a nommé en 1991 : x sans nom devant signifie que l’hybridation a été faite entre 2 genres et le nom est un mélange de ces 2 noms, quant à l’épithète elle rappelle le lieu où l’hybridation a eu lieu soit Tachkent la capitale de l’Ouzbékistan. On le distingue facilement de ses parents par ses feuilles alternes de forme intermédiaire, ni aussi larges que Catalpa ni aussi étroites que Chilopsis.
∙ Les deux espèces américaines sont assez proches mais on peut parfois les distinguer : l’espèce bignonioides est plus petite que speciosa – ses feuilles froissées dégagent une odeur peu agréable contrairement à celles de speciosa – sa floraison démarre 15 jours à 3 semaines après speciosa – ses fleurs sont plus tachetées, un peu plus petites mais plus nombreuses – ses fruits sont un peu plus petits et moins larges que ceux de speciosa – ses graines ont des extrémités aiguës alors que celles de speciosa sont émoussées. Toutefois, ces caractéristiques parfois se chevauchent…
– Croissance très rapide. La longévité atteint de 100 à 150 ans, le plus vieil arbre recensé de l’espèce bignonioides aurait 160 ans et se trouve dans le Berkshire à Reading en Angleterre.
– Les tailles varient selon les espèces et les différents taxons. Cela peut être des arbustes, des petits ou des grands arbres de 1 à 32 m, au tronc droit plus ou moins court, au port arrondi ou étalé.
Quelques exemples : bungei de 8 à 12 m avec un port boule – bignonioides, ovata et fargesii culminent de 15 à 25 m pour 10 m d’envergure – speciosa se distingue par un port volumineux, souvent conique et haut parfois jusqu’à 32 m.
– L’écorce est brun clair ou grise, celle des rameaux peut être brun rouge. Tout d’abord lisse, elle devient écaillée, sillonnée.
– Les racines sont profondes et superficielles.
– Rejets de souche et vigoureux gourmands si élagage.
– Les branches peuvent être cassantes et se détacher de l’arbre. Les rameaux sont souvent assez épais et présentent des lenticelles (pores à la surface de l’écorce) et des cicatrices foliaires circulaires.
Les branches et les feuilles sont généralement lépidotées, couvertes d’une sorte d’écailles.
– Les bourgeons sont petits et ronds ; seuls les axillaires se développent, les terminaux disparaissent durant l’été, c’est donc une croissance sympodiale ; Francis Hallé inclut dans le modèle de Koriba l’espèce bignonioides mais est-ce valable aussi pour les autres espèces ? (pour faire simple, le modèle de Kobira est un modèle architectural dont tous les modules de la plante sont initialement identiques et pour en savoir plus nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage ‘Mais d’où viennent les plantes ?’).
– Selon la section, les grandes feuilles sont caduques ou persistantes.
L’espèce bignonioides débourre tardivement vers la fin du printemps et les feuilles chutent précocement à l’automne.
Les feuilles peuvent être opposées pour bungei, ou généralement verticillées par 3 insérées sur le même nœud pour bignonioides, ou parfois opposées et verticillées c’est le cas de speciosa et d’ovata.
De 10 à 25 cm elles peuvent aussi atteindre de 20 à 40 cm sur 20 cm de large pour speciosa. Généralement simples elles peuvent être occasionnellement bi ou trilobées, les lobes sont alors peu aigus. De forme ovale elles sont plus ou moins cordées à la base, elles sont longuement pétiolées (axe reliant la feuille à la tige), l’apex ( sommet) est aigu ou acuminé (la pointe s’amenuise fortement), il estlonguement acuminé pour bungei, lisses sur le dessus et pubescentes sur le revers, le limbe (tissu végétal) est généralement lisse ou grossièrement denté telles les feuilles de bungei.
De couleur verte celles de bignonioides noircissent souvent avant de tomber, celles de speciosa deviennent jaune verdâtre.
On peut remarquer la présence de petites glandes nectarifères à l’aisselle des nervures primaires des feuilles, ce qui n’est pas très courant ; les nectaires extrafloraux de l’espèce ovata sont particulièrement proéminents. Il a été remarqué que les nectaires extrafloraux produisent plus de nectar lorsque les feuilles sont endommagées ce qui attirent des insectes prédateurs tels les fourmis, les coccinelles… prêts à en découdre avec les insectes responsables des dégâts : le nectar fait donc office de rétribution pour l’armée sollicitée !
– Leur maturité sexuelle est précoce et commence vers 3 ans avec une fructification vers les 5 ans, l’espèce longissima ne perd pas de temps et fleurit dés ses 6 mois avec une fructification vers 18 mois. Comme chez de nombreux arbres, la floraison est plus prolifique certaines années et pour Catalpa ce serait tous les 2 ou 3 ans.
La courte floraison débute parfois vers la fin du printemps ou généralement au tout début de l’été jusqu’à juillet selon les espèces. Cette floraison est en inflorescences terminales, pyramidales et dressées de 15 à 25 cm, en panicules (inflorescences composées) thyrsoides (grappes de cymes), rarement en racèmes (grappes de fleurs s’échelonnant par alternance le long d’un axe) et en corymbes (fleurs sur un même plan) pour bungei.
Les fleurs sont hermaphrodites, bisexuées. Pendant que les étamines libèrent leurs grains de pollen, les stigmates (partie femelle réceptrice de pollen) restent fermés et ne s’ouvrent qu’au flétrissement des anthères des étamines afin d’éviter une auto-fécondation, c’est pourquoi on les dit protandres.
Certaines fleurs exhalent un léger parfum assez agréable c’est le cas de bignonioides, speciosa… quant à celles d’ovata elles dégagent une très légère odeur de fraise mélangée à du savon ( ?), celles de bungei ont une odeur désagréable.
Certains comparent les fleurs à celles des orchidées mais elles sont pourtant typiques des fleurs de la famille à laquelle cet arbre appartient : un tube campanulé de 2 à 4 cm se terminant par des lobes évasés.
Les pédoncules (axe portant l’inflorescence) et les pédicelles (axe portant la fleur) sont courts ; une petite bractée (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) est présente à la base du pédoncule et 2 à 3 petites à la base ou au centre des pédicelles.
∙ Calice campanulé, bilabié (deux lèvres) ou irrégulier.
∙ Corolle campanulée en tube plus court que celles des bignones, aux lobes ourlés, inégaux les 3 inférieurs étant plus longs que les 2 supérieurs.
Deux bandes jaune orangé sur les lèvres inférieures servent de flèches indicatrices (GPS actuel !) afin de diriger les insectes vers le petit disque nectarifère ; elles sont entourées jusque dans la gorge de griffures souvent pourpres/violettes ; les différentes couleurs de la corolle sont une adaptation aux pollinisateurs.
bignonioides et speciosa : fleurs blanches griffées de pourpre/violet.
ovata : blanc crème à jaune pâle griffé de pourpre ; les panicules moins fleuries sont 3 fois plus petites que bignonioides.
bungei : fleurs blanc rosé pâle plus soutenu sur l’extérieur du tube, griffées de violet foncé.
∙ Contrairement à la majorité des autres bignoniacées qui proposent 4 ou 5 étamines, les catalpas ne développent que 2 étamines fertiles (très rarement 4) et 3 staminodes (étamine atypique et surtout stérile) plus courtes que les étamines.
∙ L’ovaire supère est à 2 carpelles portant de nombreux ovules ; le long style (organe reliant l’ovaire au stigmate) porte 1 stigmate à 2 lèvres.
Pollinisation par différents insectes. Une étude effectuée sur l’espèce speciosa a révélé que la pollinisation était assurée aussi bien le jour par les abeilles et les bourdons que la nuit par les papillons ; la plante adopte alors des stratégies différentes : le jour elle produit moins de nectar et la nuit plus de nectar.
La nouaison, stade de transformation du pistil (de l’ovaire) en fruit après pollinisation et fécondation, est suivie de très près par la plante et dés que 4 fleurs de l’inflorescence sont pollinisées, la plante inhibe les prochaines pollinisations et ne développent plus que des fleurs fonctionnellement mâles ! Les plantes m’étonneront toujours dans leur gestion de l’économie la plus rentable possible, ce qui nous différencie d’elles d’ailleurs car leurs mesures économiques ne se font jamais au détriment de la qualité !
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– Fruits de la fin de l’été au début de l’automne en longues capsules étroites et cylindriques de 20 cm à 40 cm sur 1 cm et jusqu’à 55 à 80 cm pour l’espèce fargesei. Ce sont des siliques pendantes, déhiscentes (s’ouvrant spontanément), présentant une membrane centrale. Les siliques sont marcescentes, demeurent sur la plante pendant l’hiver .
– Les graines plates et noires sont longuement soyeuses à chaque extrémité formant ainsi des ailes qui assurent la dissémination par le vent.
– De nombreux hybrides, variétés et cultivars.
Malgré une période de floraison légèrement décalée, différentes conditions permettent parfois un chevauchement de floraisons et donc des hybridations possibles ente bignonioides, speciosa et ovata.
∙ Catalpa x erubescens est un hybride entre bignonioides (parent mâle) et ovata (parent femelle) décrit en 1869 par Élie-Abel Carrière. Il n’est connu qu’en horticulture. Son cultivar ‘Purpurea’ est prisé pour la couleur pourpre du feuillage à émergence.
∙ Catalpa x galleana serait (encore à l’étude) un hybride entre ovata et speciosa décrit en 1907 par Louis-Albert Dode. Il existe des cultivars au feuillage doré ou pourpre ou panaché.
Principaux cultivars de l’espèce bignonioides.
∙ ‘Nana’ est compact et a un port en boule; il est très prisé pour les petits jardins. Il ne fleurit pas et de ce fait l’espèce bungei avec laquelle il a souvent été confondu est parfois considérée, à tort, comme une espèce non fertile.
∙ ‘Aurea’ a des feuilles jaunes.
– Multiplication par semis de préférence mais aussi boutures et greffes.
– Ennemis
La maladie de l’oïdium – Erysiphe elevata est assez courante surtout pour les espèces américaines mais en général elle se limite à un dégât de feuilles.
Une galle peut se développer suite à la ponte du petit moucheron Cecidomyia catalpae.
La verticilliose (attaque sur la circulation de la sève) est due au champignon Verticillium albo-atrum.
La chlorose provoque une défoliation, elle est due aux chenilles des papillons sphinx – Ceratomia catalpae dont c’est la nourriture exclusive ; cela peut provoquer la mort de l’arbre si les défoliations se succèdent. Pour la petite histoire, aux USA la première pulvérisation aérienne de pesticides en 1921 aurait été pratiquée pour contrôler les larves du papillon sphinx.
– Ornementales
Arbre d’ombrage, de rues et d’alignements, il peut être aussi taillé en haie, en buisson ou en têtard, arbre étêté afin de favoriser la repousse de branches plus fines et plus nombreuses.
À l’heure actuelle, c’est la principale utilisation. L’horticulture propose particulièrement les espèces bignonioides et speciosa. Si bignonioides rencontre le succès, l’espèce speciosa est aussi appréciée pour sont tronc bien droit, sa grande rusticité et à sa résistance aux maladies.
À noter que la litière des catalpas peut se révéler un problème car salissante.
Ce type d’arbre peut être utilisé comme porte-greffe pour les Campsis – bignones de la même famille : étonnant une liane greffée sur un arbre !
– Écologie
Si cet arbre offre un habitat intéressant pour les oiseaux, il ne leur propose aucune nourriture valable, seuls quelques petits mammifères grignotent l’écorce en cas de famine.
– Insecticides
L’odeur du bois de ces arbres éloignent les moustiques, les mouches, les insectes en général. En Chine, les feuilles et l’écorce sont utilisées comme insecticides dans la culture du riz.
– Bois
Selon l’espèce, la qualité du bois passe de médiocre à excellente mais cela dépend surtout de son utilisation. En sylviculture le catalpa est intéressant financièrement car peu exigeant en culture.
∙ Aux USA, Barney était convaincu des qualités du bois de l’espèce speciosa et a œuvré pour son implantation à grandes échelles ; de nombreuses clôtures faites avec ces piquets de bois ont envahi le pays à l’époque grâce à sa grande qualité d’être longuement imputrescible mais l’engouement ne dura pas car c’est un bois cassant et dur. Il fut largement utilisé en poteaux, en traverses de chemin de fer, pour fabriquer des wagons ou encore comme carburant.
Le bois de l’espèce bignonioides est apprécié par les tourneurs, les sculpteurs et les ébénistes.
∙ Cultivé depuis plus de 2 000 ans en Chine, l’espèce ovata était particulièrement appréciée pour son beau bois dur, élastique et imputrescible en terrain humide.
Le bois des catalpas chinois était utilisé comme carburant mais surtout pour fabriquer les cercueils des Empereurs et des Reines chinoises et aussi des meubles, des planchers, des bateaux, des rames, des armes, des gravures sur bois …
Guqin ou Qin -古琴 est un instrument de musique traditionnelle chinoise à cordes pincées de la famille des cithares, sa plaque inférieure est confectionnée avec du vieux bois de catalpa et ses panneaux en bois de paulownia.
Ce bois permet aussi de fabriquer les fonds de pianos, les plaques arrières de guitares…
Le bois de bungei fut réputé pour les plateaux d’échiquiers et ses pièces ainsi que pour les plateaux du jeu de Go.
– Médicinales
Les Amérindiens l’utilisaient comme cataplasme et comme purgatif ainsi que pour soigner les maladies de peau. Les chinois conseillaient ses feuilles en cas de démangeaisons, son bois comme vomitif, ses fruits pour les problèmes diurétiques.
Ces espèces ont aussi des propriétés fongiques et anti-inflammatoires, elles pouvaient être utiles dans les traitements de la goutte, des entorses et des foulures ; les racines et l’écorce d’ovata réglaient la circulation sanguine, l’espèce bungei traitait les calculs, les infections des voies urinaires et les boutons de fièvre.
À l’heure actuelle, le catalpa serait surtout utilisé en compléments alimentaires pour soulager l’asthme et soigner la coqueluche et les hémorroïdes.
– Alimentaire
En Chine, les jeunes feuilles sont considérées comme comestibles mais généralement réservées aux animaux de la ferme comme le porc ; les fleurs séchées ou plus souvent frites et les gousses au goût amer ne sont consommées qu’en cas de famine.
– Dans les états du Sud-Est de l’Amérique, les pêcheurs visitent cet arbre à la fin du printemps afin de récupérer les larves du papillon sphinx qui leur servent d’appâts très appréciés des poissons, ce sont les ‘vers catawba’.
– Dans le livre ‘Arbres aimés’, Hubert Reeves témoigne de son amour pour les arbres et bien sûr le catalpa en fait partie.
– L’arbre catwaba était un arbre totem en Amérique.
– Autrefois en Chine, le mûrier et le catalpa étaient nommés ‘sangzi’ signifiant ‘ville natale’, ils étaient plantés dans les cours et les jardins familiaux comme héritage aux descendants, ce qui indique la haute estime vouée à ces genres d’arbres : le mûrier pour la nourriture des vers à soie et le catalpa pour son bois et particulièrement pour confectionner des cercueils.
– Au Japon, l’arc azusa yumi est sacré. Outre l’art de la guerre il fut utilisé dans certains rituels shinto ou en arc musical, le bruit de la corde était censé éloigner les mauvais esprits ; les ‘miko’ – femmes en lien direct avec les dieux, assistantes des prêtres, chamanes ou encore sorcières pour certains – étaient supposées appeler les esprits en faisant vibrer la corde de cet arc très court. Autrefois, ce type d’arc était fait d’un seul morceau de bois de Catalpa (azusa) ou de Zelkova – l’orme du Japon ou de Betula grossa – un bouleau japonais mais à partir du Moyen-Âge (au Japon il s’étend du XIIe à la fin du XVIe siècle) ce fut plutôt en lamelles de bambous collés ; ce sont désormais les grands arcs que l’on retrouve dans un art martial japonais, le Kyudo.
– Symboles chinois
En Chine, le catalpa est considéré comme un ‘Arbre Roi’ du fait de son allure et de ses fruits qui durant l’hiver pendent comme suspendus à sa couronne.
Des poésies et des chansons l’honorent.
Dans les jardins chinois et japonais conçus sur les points cardinaux, ovata représenterait le ‘tigre blanc de l’Ouest’ c’est à dire l’automne mais ceci reste à vérifier.
L’espèce bungei est bien représentée lors des festivals d’automne.
Dans le langage des fleurs chinois, le catalpa représenterait l’espoir.
Et en parlant d’espoir, voici la photo d’un catalpa vieux d’une centaine d’années que les jardiniers du Chelsea Physic Garden (charmant jardin de Londres appelé autrefois le jardin des apothicaires) chouchoutent afin de le conserver le plus longtemps possible. En 2016, tout le bois mort a été enlevé, un support côté sud lui a été fourni, les ardeurs de Rosa brunonii – un rosier musqué de l’Himalaya qui vit conjointement avec lui depuis 30 ans – ont été calmées. Bref, ils s’occupent de cet arbre comme on s’occupe d’une personne âgée et ça fait du bien !
Mise à jour le 16 août 2023.