Les Ceratonia sont de la classe des angiospermes – les plantes à fleurs.
Ce genre fait partie de la famille des légumineuses – les Fabaceae, de la sous-famille des Caesalpinioideae et de la tribu des Caesalpinieae.
Les Caesalpinioideae ont la particularité de développer une fleur pseudo-papilionacée, zygomorphe (irrégulière), à 5 pétales et, selon la tribu, des étamines visibles ou pas de l’extérieur. Il peut paraître étonnant que le caroubier soit classé dans cette sous-famille au vu de ses fleurs sans corolle ! Si ce n’est son fruit caractéristique des Fabaceae.
Genre à 2 espèces seulement : siliqua sur le pourtour méditerranéen et oreothauma en Oman et en Somalie.
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Régions méditerranéennes de l’Est ; il s’est naturalisé à l’Ouest.
De l’est à l’ouest, les Arabes l’auraient introduit en Afrique du Nord et en Espagne ; quant aux Espagnols, ils l’auraient répandu en Amérique vers 1856.
– Ceratonia siliqua L.
Décrit et nommé par Carl von Linné en 1753.
∙ Ceratonia du grec ‘keratia’ signifiant petite corne en référence à la forme de ses gousses matures.
∙ Siliqua du latin désignant une gousse, une cosse, et tout particulièrement la gousse du caroubier.
– Caroubier du latin carubia de l’arabe ‘alkharoub’ désignant cet arbre. Le fruit est nommé caroube.
– Carob bean est le nom anglophone.
– Carouge en français désigne un passereau mais aussi le bois rouge et dur ainsi que le fruit du caroubier.
– Fève de Pythagore : selon les écrits, Pythagore avait une aversion ou une vénération (le doute persiste) pour les fèves et avait interdit leur utilisation dans sa secte. Ironie du sort, fuyant ses assassins, il se trouva face à un champ de fèves qui bloquait sa retraite, il préféra affronter les hommes que le champ ! Cela lui fut fatal.
– Figuier d’Égypte : nommé ainsi par Théophraste ; dans divers écrits, il est noté le ‘caractère impropre’ utilisé par Théophraste pour nommer le caroubier. En fait, il fut nommé ainsi à tort car la fleur donc le fruit peut se développer directement sur la tige tout comme le fruit du figuier.
– Pain de Saint Jean-Baptiste : selon la légende, lors de sa traversée du désert, Jean-Baptiste se serait nourri d’Akris, nom du grec ancien désignant les gousses de caroube, mais ce nom désigne aussi les sauterelles, ces ‘criquets plaie de l’humanité’, alors le doute persiste sur cette nourriture providentielle.
On le trouve sur les zones rocheuses, les pentes arides ou en lisières de bois, de 0 à 500 m d’altitude, rarement à 900 m, sur toutes sortes de sols même pauvres et très calcaires mais surtout bien drainés, toutefois il n’apprécie guère l’excès d’acidité.
En plein soleil ou à mi-ombre, hors des vents froids, cet arbre thermophile ne tolère pas de gelées en-dessous de -5°C.
– Le caroubier peut vivre jusqu’à 200 ans avec des records de 500 ans mais il a une croissance assez lente, toutefois, d’après mes observations sur de nouvelles plantations, la croissance semble assez rapide à l’état juvénile.
– C’est un arbre de 5 à 7 m qui atteint exceptionnellement 15 m. Le tronc est épais, parfois à multi-troncs, tortueux et sinusoïdal, le port étalé.
L’écorce lisse, du gris au marron foncé, devient rugueuse à l’âge adulte.
– La racine est pivotante. En tant que légumineuse, les racines vivent en symbiose avec des bactéries pour fixer l’azote dans des nodules.
– Les nouvelles branches poussent dans n’importe quel sens ce qui lui donne souvent un aspect enchevêtré. Les nouvelles tiges prennent une couleur rosâtre.
– Les grandes feuilles persistantes sont renouvelées environ tous les 2 ans. Elles sont alternes, généralement paripennées, composées de 2 à 5 paires de folioles (divisions d’une feuille composée) ovales, portées par de petits pétiolules (axe reliant la feuille à la tige) ; elles sont coriaces, leur bord est ondulé ; de couleur cuivre à l’émergence, elles deviennent vert clair brillant puis sombre, le revers est plus clair.
– C’est une plante dioïque (fleurs mâles et femelles séparées sur 2 plantes différentes), il existe toutefois des pieds aux fleurs hermaphrodites (bisexuées) mais rarement, et encore plus rarement des pieds polygames-trioïques (fleurs femelles, mâles et hermaphrodites), c’est la trimonécie.
Les inflorescences (fleurs groupées) de 32 à 40 fleurs se développent à la fin de l’été, en grappes ou en solitaires ; elles forment des épis cylindriques, de 5 à 12 cm, presque sessiles, directement sur les rameaux de 3 à 5 ans minimum et plus rarement sur le tronc – on les dit alors cauliflores, elles sont parfois axillaires.
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Les fleurs nectarifères et mellifères ont un parfum peu agréable. La pollinisation est entomophile (insectes).
∙ La fleur mâle est dépourvue de corolle (apétale), les 5 étamines aux longs filaments sont insérées entre le minuscule calice à 5 sépales et le petit disque charnu nectarifère, et portent selon les variétés des anthères (extrémité fertile d’une étamine) jaune-orangé ou rouges, le pistil (organe femelle) n’est pas développé. Les variétés à anthères rouges produisent plus de pollen, mais sont plus sensibles au froid.
∙ La fleur femelle apétale est insérée sur un minuscule calice à 5 sépales, soudé à un petit disque nectarifère, charnu et pourpre d’où se développe un long ovaire arqué vert pâle surmonté d’un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) très court et épais, terminé par un très épais stigmate (extrémité supérieure du style, partie femelle réceptrice de pollen) orbiculaire et échancré. Photo de droite : après la nouaison (stade de transformation du pistil (de l’ovaire) en fruit).
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– Les fruits appelés caroubes forment de longues gousses (caractéristique des fabacées), plates et arquées, de 10 à 20 cm, pendantes, coriaces, épaisses, indéhiscentes (le fruit ne s’ouvre pas tout seul), vertes devenant brun foncé, parfumées. La maturité se fait onze mois après la nouaison.
Un arbre ne produit de fruits que vers sa quinzième année avec une moyenne de 300 à 500 kg de caroubes par an.
– Les graines brunes, nombreuses de 5 à 16, sont séparées par des cloisons pulpeuses, farineuses et sucrées. Les graines au goût de chocolat/châtaigne sont matures l’année suivante et sont comestibles. Dissémination zoochore, animaux.
Les graines ont toutes le même poids soit un peu moins de 0,2 gramme, et sont nommées carats (voir à utilisations).
– Multiplication par graines.
Dans le jardin particulier de la famille Mari sur la colline de la Lanterne à Nice 06, il semblerait que l’on puisse découvrir deux caroubiers dont l’âge est estimé à 500 ans ; en 2007 ils atteignaient environ 12 m.
– Unités de monnaie
∙ Carat viendrait du mot arabe ‘qirat’ signifiant ‘graine de caroube, petit poids’, lui-même dérivé du mot grec ‘keration’ désignant le fruit de la caroube dont les graines ont toutes sensiblement le même poids soit un peu moins de 200 mg.
Les marchands de l’Antiquité (entre préhistoire et Moyen-Âge) utilisaient le carat, la graine, comme unité pour mesurer les pierres précieuses.
Cette mesure de poids s’est étendue à d’autres pays, et c’est ainsi que sera défini en 1907 le carat métrique avec un poids de 200 mg exactement.
Désormais, une masse d’or pur est définie à 24 carats. Un alliage contenant 50% d’or est considéré à 12 carats. Un bijou en or doit contenir au moins 18 carats.
Une parure de carats est un bijou composé de petits diamants ne dépassant pas le poids d’un carat chacun.
∙ Silique : au IVe siècle, l’Empereur romain Constantin Ier instaura une monnaie stable – le solidus, une pièce d’or pesant 24 graines de caroubes soit environ 4,5 g ; cette pièce d’or est l’ancêtre du sou. Il instaura aussi une pièce de monnaie en argent – la silique, du latin siliqua, d’un poids de 2,24 g (qui sera ramené plus tard à 2 g) soit la moitié d’un solidus d’or.
– Alimentaire
La culture du caroubier daterait au moins de 2 000 ans avant notre ère. Culture florissante en Égypte et au Proche-Orient à cette époque, désormais le premier producteur mondial serait l’Espagne suivi du Maroc. Après l’avoir délaissé, la Grèce, qui fut un des premiers pays à le cultiver, renoue avec son passé et le produit à nouveau. En Espagne, on confectionne des gâteaux traditionnels.
On fabrique de la farine avec la pulpe qui entoure les graines. Cette farine sans gluten sert d’additif alimentaire dans l’alimentation infantile et diététique, dans les glaces et les pâtisseries.
La pulpe pauvre en matières grasses est riche en sucres naturels, en vitamine B et en minéraux.
La gomme, membrane fine qui entoure la graine, sert d’épaississant alimentaire (le E410 des étiquettes), et est utilisée aussi dans des fabrications industrielles.
Torréfiées, les graines peuvent remplacer le café ou le cacao.
Les graines peuvent faire office de bonbons à sucer.
Utilisé en boisson gazeuse et en eau de vie ainsi qu’en boisson au goût chocolaté.
Alimentation pour chevaux et bétail. La farine de caroube serait particulièrement adaptée à l’alimentation des porcelets.
– Bois rougeâtre recherché en ébénisterie et en marqueterie. Bois de charbon.
– Tannerie : écorce et racines.
– Médicinales
Antimicrobiens – diarrhées – tuberculose – bronches – anti-cholestérol – insuffisance rénale…
La caroube peut être utilisée par les diabétiques.
Le miel de caroube est indiqué dans les traitements digestifs et intestinaux.
– Ornementales
De plus, son bois brûlant mal présente un bon rempart aux incendies.
– Les Égyptiens auraient utilisé la farine pour rigidifier les bandelettes des momies.
– Arbre national de Monaco, il apparaît sur de nombreux timbres monégasques.
– Au Portugal, des recherches laissent envisager l’utilisation de la caroube comme source de biocarburant.
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Les grains de pollen de l’espèce siliqua sont plus évolués que ceux de l’espèce oreothauma, il est donc supposé que ce dernier serait l’ancêtre sauvage de l’espèce cultivée siliqua et le descendant d’anciennes légumineuses tropicales, aujourd’hui éteintes, de l’époque tertiaire (- 65 millions à – 2,6 millions d’années).
Oman et Somalie.
Authentifiée en 1980, cette espèce a été décrite et nommée par les botanistes Hillcoat, Lewis et Verdcourt.
Oreothauma du grec signifiant ‘merveille des montagnes’ en référence à son habitat.
Gorges et pentes montagneuses de 650 m jusqu’à 2 000 m d’altitude, sur des sols calcaires. C’est une plante xérophile (tolère la sécheresse).
Elle est morphologiquement différente de l’espèce siliqua.
– C’est un arbre dioïque de 4 à 8 m, à l’écorce grise à gris-brun, ridée.
– Les feuilles sont persistantes, alternes, paripennées, composées de 5 à 12 paires de folioles plutôt oblongues à elliptiques, pubescentes (poilues) ou glabres selon la sous-espèce, gris-vert. Les folioles sont plus nombreuses et plus rapprochées les unes des autres que l’espèce siliqua.
– Les inflorescences sessiles de 2,5 à 6 cm de long, sont composées de fleurs unisexuées, apétales. Les fleurs mâles présentent des étamines au petit filament, de 3 à 6 mm, les femelles ont un pistil cylindrique et un stigmate en forme de U.
– Les fruits sont des gousses de 10 cm sur 1,5 cm, brun-rougeâtre, plates et resserrées entre les graines (de 1 jusqu’à 13) oblongues à ovales.
– 2 sous-espèces
∙ oreothauma originaire d’Oman, aux folioles étroites, oblongues à elliptiques, pubérulentes, poilues sur les 2 faces.
∙ somalensis originaire de Somalie, aux folioles plus larges, oblongues à elliptiques, glabres.
Alimentaire
Consommé par les hommes.
Fourrage pour les chèvres.
Espèce rare.
Mise à jour septembre 2024.