Ce genre fait partie de la famille des Nyctaginaceae dérivée du genre Nyctagines – Nyctago créé par Antoine Laurent de Jussieu en 1789.
Le nom de cette famille illustre une de ses caractéristiques principales : nycta – nyx signifie nuit et gynaneae du grec ‘gunaikeion de ‘gunê’ signifiant femme concernant les organes sexuels, les fleurs qui s’épanouissent la nuit supportant mal la lumière du jour; en anglais ‘the four o’clock family’ soit la famille de quatre heures.
Cette famille comprend 33 genres et pour les plus connus : Mirabilis – Belle de nuit et Pisonia (plante verte d’intérieur en Europe).
14 à 18 espèces selon les auteurs.
Amérique du Sud et particulièrement le Brésil.
Les espèces spectabilis et glabra sont les premières à avoir été introduites en Europe.
Les jardiniers de Kew Garden en les multipliant participèrent grandement à la diffusion de cette plante dans toute l’Europe.
– Bougainvillea Comm. ex Juss.
Buginvillaea est le nom de genre donné lors de la découverte de l’espèce spectabilis par Philibert Commerson dans les environs de Rio de Janeiro, en hommage au Comte de Bougainville, explorateur et commandant de l’expédition autour du monde de 1766 à 1769.
Un échantillon récolté par Commerson est toujours visible dans l’herbier du laboratoire de phanérogamie du Muséum de Paris.
Les documents de Commerson ayant été égarés, cette plante fut renommé en 1774 Eudendride hybroïde tubulaire par Bernard de Jussieu. Son neveu Antoine Laurent de Jussieu rectifiera par le nom Buginvillaea en 1789 dans son ouvrage de référence Genera plantarum. En 1806, cet arbuste ligneux sera définitivement nommé Bougainvillea.
Ce genre fut décrit plus précisément sur la base de l’espèce type spectabilis par Willdenow en 1799.
– En général, le nom vernaculaire bougainvillée (féminin) est usité pour désigner les fleurs et bougainvillier (masculin) pour désigner la plante.
– Paper flower est le nom anglophone en référence à l’aspect de ses fleurs.
– Nom des espèces les plus courantes
∙ Spectabilis vient du latin signifiant ‘ ce qui est visible’ et par extension admirable, spectaculaire en référence à sa floraison; Pline employait ce terme pour qualifier ‘ce qui mérite d’être vu’ et Carl Ludwig von Willdenow l’attribua à cette espèce en 1799.
Santa Rita est le nom donné dans certains pays d’Amérique du Sud (aucune référence trouvée).
∙ Glabra du latin signifiant lisse, nom donné par Jacques Denys Choisy en 1849 en référence à ses feuilles qui ne sont pas velues ou peu.
Cette liane vit dans les forêts tropicales humides en pleine lumière sur des sols bien drainés.
Sa tolérance au gel atteint les -8°C pour le cultivar le plus rustique, le Violet de Mèze.
La promesse d’une belle floraison est fonction de l’ensoleillement dont le bougainvillier est très gourmand.
En France, cette plante ne se développe en pleine terre que dans le sud de la France.
L’espèce type est le spectabilis de couleur pourpre.
– La croissance est assez rapide.
– C’est un arbuste sarmenteux ou une liane jusqu’à 12 m, vigoureux et particulièrement l’espèce spectabilis. Généralement épineux, il grimpe grâce à des petites dents à l’aisselle des feuilles sur des rameaux alternes.
Certaines des petites dents avec lesquelles la liane s’accroche sont en fait des pédoncules (axe portant une fleur ou une inflorescence) d’où se développent les inflorescences ; une fois les fleurs fanées, elles finissent par tomber et les petites dents persistent en durcissant et jouent alors leur rôle d’accroche.
– Les feuilles sont persistantes ou semi-persistantes selon l’habitat, alternes, entières, ovoïdes, pétiolées (axe à la base de la feuille qui la relie à la tige), recouvertes parfois de poils feutrés, vert foncé.
– Les inflorescences généralement aux extrémités des tiges se développent du printemps à l’automne, parfois toute l’année ; elles sont composées de 1 à 3 cymes, une première fleur terminale se développe puis d’autres soit d’un seul côté de l’axe soit symétriquement ; les fleurs sont nectarifères.
La cyme est constituée de 3 petites fleurs hermaphrodites, bisexuées, entourées d’un involucre (collerette d’écailles ou de bractées) de 3 bractées (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) pétaloïdes, adnées (adhérant) à leur pédicelle (petit axe portant la fleur).
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Les fleurs actinomorphes (en forme de rayon comme une étoile) et tubulaires sont petites. Elles ont chacune 5 sépales (pièces du calice) jaune pâle mat formant un tube qui s’évase en lobes soudés alternativement aux 5 pétales plus clairs. Le tube entoure de 5 à 10 étamines libres aux anthères (extrémité fertile d’une étamine) arrondies. L’ovaire supère porte un style (tige reliant l’ovaire au stigmate) plus court que les étamines.
La pollinisation est assurée par le vent ou les insectes et parfois même par des oiseaux.
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– Les bractées à l’aspect de papier de soie en se desséchant servent de parachute au fruit qui est un akène à 5 lobes ; l’akène est un fruit sec indéhiscent (ne s’ouvre pas spontanément) dont la graine unique n’est pas soudée à son enveloppe.
– De nombreuses variétés, hybrides et cultivars.
∙ Les premières hybridations eurent lieu aux jardins de Kew à Londres.
D’autre part Bougainvillea x buttiana est un hybride qui aurait été découvert par un certain R.Butt dans les années 1900 dans un jardin sur l’île de Trinidad aux Caraïbes ; d’autres sources parlent d’une découverte à Cartagène, d’autres encore de la création de cet hybride par Mr Butt en hommage à sa femme.
C’est un hybride naturel (ou pas) des espèces glabra et peruviana, aux grandes feuilles et dont les fleurs arborent des bractées du rouge écarlate au rouge magenta.
∙ Nombreux cultivars du blanc à l’orange, du lilas au rouge avec des fleurs parfois doubles. Des cultivars résistant mieux au froid furent aussi créés tel Bougainvillea spectabilis x glabra ‘Violet de Mèze’ qui orne les façades des maisons de Mèze dans l’Hérault.
– Médicinales
∙ Inflammatoire : voies respiratoires – acidité de l’estomac.
∙ Antibactérien.
∙ Un principe actif le pinitol a été découvert dans les feuilles de Bougainvillea. Ce principe agit sur le diabète.
∙ Mais attention, la sève peut occasionner des éruptions cutanées et des études ont révélées que ses feuilles pourraient générer de l’infertilité.
– Le bougainvillier serait un très bon capteur de métaux lourds et particulièrement du plomb.
– Les hawaïens utilisent parfois les bractées pour confectionner des guirlandes de fleurs.
– Ornementales
Haie – palissade – bonsaï.
Ils peuvent parfois se révéler très envahissants.
– La vie de Philibert Commerson, découvreur du bougainvillier, est digne d’un roman ! D’ailleurs, on retrouve ses aventures dans la BD ‘Le passage de Vénus’ de Dethorey et Autheman et dans le livre ‘La Bougainvillée’ de Fanny Deschamps et dans bien d’autres ouvrages tellement l’histoire est rocambolesque pour l’époque.
Pour faire bref : en 1767, le botaniste P. Commerson embarque sur l’Étoile, un des bateaux commandés par Bougainville afin d’explorer le monde. De santé fragile, il demande à être accompagné de son valet Jean Baret qui est, en fait, son ancienne gouvernante devenue sa femme. Travestie, Jeanne Baret remplit grandement son rôle ‘d’assistant’ à tel point que Bougainville reconnut ses grandes qualités de botanistes. C’est à Tahiti que la supercherie est découverte. L’expédition traverse le Pacifique et afin d’éviter le scandale, une femme étant interdite sur les bateaux, Commerson et son ‘valet’ (en accord avec Bougainville) débarquent à Port Royal sur l’Île Maurice où vivait et commerçait le botaniste Pierre Poivre. Commerson et sa femme continuèrent alors d’herboriser dans la région jusqu’à la mort de Philibert. Jeanne resta un temps à Port Royal et finit par revenir en France.
– En France, on trouve la plus importante production ainsi que la collection nationale de bougainvilliers à Mauguio dans l’Hérault (34) dans les ‘Établissements Horticoles du Cannebeth’.
Mise à jour juillet 2024.