Depuis 1789, Antoine-Laurent de Jussieu avait classé le genre Asclepias créé par Carl von Linné dans la famille des Apocynaceae qu’il avait définie mais en 1797, Moritz Balthasar Borkhausen créa la famille des Asclepiadaceae comprenant des genres comme les Asclepias – Hoya – Stephanotis – Ceropegia – Stapelia… Robert Brown, en 1810, valida cette famille dans laquelle il classifia 250 genres pour 2 000 espèces, mais la nouvelle et dernière classification phylogénétique a validé la classification de Jussieu et la famille des Asclepiadaceae est désormais regroupée dans la famille des Apocynaceae en tant que sous-famille Asclepiadoideae.
– Asclepiadaceae est issu du grec ‘Aesculapius’ – Asclepios, le Dieu de la médecine. Asclepios (Esculape en français) était le fils d’Apollon et l’élève du centaure Chiron qui lui apprit l’art de guérir ; il mourut foudroyé par Zeus pour avoir ressuscité les morts. Il est représenté tenant un bâton entouré d’un serpent : symbole de la médecine.
Le nom Asclepias fut tout d’abord évoqué par Herman Boerhaave dans un ouvrage paru en 1727, ce nom fut repris et donné au genre en 1753 par Carl von Linné en raison des nombreuses vertus utilisées en phytothérapie de ce type de plantes.
– Apocynaceae est issu du latin Apocynum du grec ‘Apokun’ qui signifie ‘contre les chiens’ – ‘Kuon’ : chien.
Apocynum fut le nom donné par le médecin botaniste grec Dioscoride pour désigner le Cionura oreophila (de la famille des Asclepiadaceae) mais ce nom fut redéfini par Carl von Linné pour l’Apocynum venetum considéré comme un poison violent pour les chiens.
Le nom anglais des Apocynaceae est d’ailleurs Dog’s bane qui signifie fléau du chien en référence au caractère extrêmement toxique de cette famille.
La famille des Apocynaceae regroupe de très belles plantes comme le laurier-rose, le frangipanier ou tout simplement la pervenche…
Intolérance au gel pour la grande majorité des genres de cette sous-famille ; dans nos régions, ces plantes sont surtout cultivées en serre ou en appartement. En France, on peut trouver en pleine terre l’Herbe aux perruches – Asclepias syriaca originaire d’Amérique du Nord, et dans le Sud de la France l’Asclepias curassavica originaire d’Amérique du Sud.
Les plantes de cette sous-famille produisent un latex laiteux toxique (le nom anglophone des Asclepias est milkweed). Toute la plante et particulièrement les graines et le latex peuvent être toxiques.
En 1898, Philippe Van Tieghem disait : « Leur grand point commun est de produire un latex qui peut être sucré et alimentaire, vomitif ou carrément vénéneux« .
– Ce sont généralement des vivaces, des herbacées ou des lianes, rarement des arbustes.
– Les feuilles entières sont souvent opposées ou verticillées (organes insérés autour d’un axe) ; elles peuvent être succulentes (plantes qui emmagasinent du liquide organique dans les tissus pour faire face aux milieux secs ou arides).
– Les fleurs sont bisexuées – hermaphrodites, régulières, actinomorphes (en forme de rayon comme une étoile) et hypogynes (fleurs dont les pièces florales sont insérées en dessous de l’ovaire). Elles sont souvent regroupées en ombelles (inflorescence dont tous les pédoncules de tailles différentes sont reliés à un même point de l’axe).
∙ Calice à 5 sépales partiellement soudés, souvent collés aux pétales.
∙ Corolle à 5 pétales. Chez les Asclepias, les pétales sont nettement réfléchis.
∙ Les filets des 5 étamines (pièces florales mâles) et une partie du pistil (organe femelle) se soudent formant une sorte de couronne appelée corona. À la base se trouvent des appendices nectarifères.
Les anthères (extrémités fertiles) des étamines et les stigmates (parties femelles réceptrices de pollen) se soudent aussi formant une colonne (appelée gynostème) au centre de la couronne.
Les grains de pollen sont regroupés en petit amas appelé pollinies.
La pollinisation est complexe et se rapproche de celle des orchidées avec une production de pollinies et une spécialisation pour un insecte.
L’insecte qui visite la fleur en se rapprochant du nectar introduit une patte au sein de la couronne, se colle alors une pollinie. Parfois la patte de l’insecte reste coincée et s’il veut partir il doit la briser ou mourir ! C’est cruel mais les plantes n’ont pas d’états d’âme ! La famille des asclépiades et celle des aracées sont considérées comme les plus ‘cruelles’ du monde végétal et les plus égoïstes n’offrant rien en retour à leur pollinisateur, si ce n’est souvent la mort ; les espèces les plus sadiques seraient du genre Stapelia.
En savoir plus sur La Fleur.
– Le fruit est une gousse, un follicule (fruit sec s’ouvrant d’un seul côté) étroit et long ou renflé.
Cette gousse est remplie de graines portant en général un toupet de poils longs et soyeux – des aigrettes qui assureront la dissémination anémophile (vent).
*****
Ce genre compte environ 140 espèces d’herbacées vivaces originaires principalement d’Amérique du Sud dans la forêt amazonienne.
Les espèces se développent sur des terrains en friche, dans des fossés ou dans des champs, sur des sols bien drainés, hormis Asclepias incarnata, l’asclépiade des marais, considérée comme une des rares à apprécier l’humidité stagnante.
La présence de rhizomes (tiges souterraines permettant une multiplication végétative) contribue à leur adaptation sur des terrains difficiles.
Les Amérindiens utilisaient toutes les parties de la plante que ce soit en alimentaire, en pharmacopée ou en textiles, cordes, filets…
– Écologie
Feuilles et nectar sont une nourriture pour de nombreux insectes, pour les abeilles, pour les colibris…
Plusieurs espèces, particulièrement syriaca – curassavica – tuberosa – speciosa, sont des plantes hôtes et fournissent la nourriture exclusive des larves des papillons monarques – Danaus plexippus et des papillons reines – Danaus gilippus.
Selon ses besoins de défense, l’espèce syriaca développe sa toxicité de manière plus prononcée dans sa partie souterraine ou aérienne. Elle s’associe à certains insectes qu’elle nourrit et qui la défendent. Elle les attire par cette modulation de toxicité, et pour exemples :
∙ Étant la nourriture principale de la chenille du papillon monarque (ce dernier devient lui aussi toxique évitant ainsi certains prédateurs) si l’invasion du monarque est trop importante, la plante dégage encore plus de toxicité dans le suc de ses feuilles ce qui réduit le développement des œufs.
∙ Lorsque ses racines et ses longs rhizomes sont attaqués par un insecte comme le longicorne, la plante sécrète des composés volatiles qui attirent des vers (nématodes) qui mangeront l’insecte.
– Alimentaire (après précautions)
Les jeunes pousses d’Asclepias syriaca – l’herbe aux perruches sont consommées comme des asperges ; les feuilles et les fruits sont aussi comestibles mais après avoir été bouillis dans les règles de l’art, attention plante toxique. Les boutons de fleurs se mangent en beignets.
– Médicinales
On utilise surtout les rhizomes et particulièrement ceux des espèces tuberosa et incarnata.
Les rhizomes ont des propriétés multiples et entre autres purgatives, contre les douleurs intestinales, les fièvres et l’orchite…
Au sud des USA, Asclepias verticillata est utilisé comme anti-morsures de serpents et anti-venins de certains insectes.
– Ornementales
Les fleurs de curassavica sont particulièrement décoratives, mais attention cette espèce est particulièrement invasive et des précautions sont à prendre.
Les gousses de l’espèce syriaca sont utilisées dans des compositions florales.
– Textile
∙ Les soies des graines forment un duvet de qualité inférieure utilisé pour les oreillers et les couettes.
∙ Les fibres des tiges permettent de fabriquer des textiles ou du papier.
– Certaines espèces sont très toxiques telle Asclepias curassavica. Le latex est irritant pour la peau.
Elles peuvent être mortelles surtout pour les bovins. L’asclépiade de Curaçao – Asclepias curassavica est tellement toxique que les bovins ont appris à le délaisser, et de ce fait, cette plante devient vite une plante envahissante. Les chevaux n’ont pas l’air d’y être très sensibles.
– En Nouvelle-Calédonie, on trouve parfois l’espèce curassavica sous le nom d’Herbe à gendarme’. Cela vient d’une histoire selon laquelle un gendarme venant de Tahiti aurait ramené un coussin ou un oreiller bourré avec les duvets des graines d’asclépiade. Les aigrettes se seraient échappées du coussin et se seraient installées dans les jardins.
Une autre histoire circule aussi et toujours avec un gendarme qui aurait introduit de Martinique des bottes de fourrage où se trouvaient des tiges d’asclépiade portant des larves de papillon.
Rien ne prouve que ces histoires soient véridiques, quoiqu’il en soit cette plante s’est naturalisée avec succès dans les régions australiennes et est devenue envahissante.
– Asclepias acida est la plante du dieu hindou Soma, dieu associé à la lune et équivalent védique de Bacchus. Ce dieu donne vie aux plantes ainsi que l’immortalité aux dieux grâce à soma (en sanskrit soma signifie jus) son élixir de vie. Autrefois, la préparation de cette boisson faisait partie d’un rite religieux. Le jus de l’Asclepias acida est enivrant et d’après la légende, le roi des dieux, Indra, après l’avoir bu aurait créé l’univers.
*****
Les Hoya sont originaires d’Asie et certains pensent qu’elles viendraient particulièrement de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
On compte de 200 à 300 espèces avec de nombreux cultivars.
– Hoya R.Br.
Tout d’abord, Carl von Linné les rattacha au genre Asclepias qu’il avait créé pour l’espèce carnosa (c’est l’espèce type) qu’il identifia en premier.
En 1810, le botaniste écossais Robert Brown donna le nom latin Hoya en honneur à l’horticulteur britannique Thomas Hoy responsable des jardins du Château de Syon au sud-est de Londres.
– Parfois surnommée ‘orchidée du monde succulent’ en référence aux caractères similaires, entre autres le pollen en amas (pollinies), le caractère parfois épiphyte (plante qui se développe sur un autre végétal), l’habitat.
Intolérance au gel, jusqu’à 8 à 10°C selon l’espèce ; il faut leur réserver un emplacement lumineux sur un substrat riche et bien drainé.
Ce sont des lianes aux feuilles succulentes, rarement des buissons, parfois des épiphytes.
Les fleurs sont estivales ou à plusieurs moments de l’année. Certaines sont parfumées, surtout le soir car pollinisées par des insectes nocturnes. Toutefois ce parfum ne se développe que sous certaines conditions, la chaleur influe sur sa puissance. Selon l’espèce, le parfum peut avoir une odeur d’amande, de cacao, de vanille, de camphre, de muguet, mais aussi d’odeurs peu agréables selon le pollinisateur choisi. Hoya bella sous forte chaleur exhale un parfum de vanille.
En général, le pédoncule (axe portant une fleur ou une inflorescence) qui porte l’ombelle ne doit pas être enlevé car de là l’Hoya refleurira, mais ce n’est pas le cas de toutes les espèces.
Les fruits sont de petits follicules étroits, lisses ou rugueux. Les graines plates et allongées ont un toupet de poils qui leur sert de parachute à l’ouverture de la gousse.
Certaines Hoya vivent en symbiose avec les fourmis – la myrmécophilie, qui les débarrassent d’autres insectes nuisibles.
La multiplication par boutures est très facile.
– Ornementales
En France, elles sont prisées comme plantes d’intérieur ou de serre. Les espèce bella et carnosa sont appréciées pour leurs lianes retombantes et leurs fleurs de ‘porcelaine’.
– Alimentaire
Certaines Hoya produisent un nectar comestible avec lequel on peut faire des sirops au goût caramélisé.
– Médicinales
Hoya carnosa, en pharmacopée chinoise, est utilisée pour soigner l’encéphalite, la pneumonie et l’orchite.
– Considérée comme ‘la plante pour paresseux’ car elle n’apprécie pas d’être bougée, touchée, et trop de soins. Elle ne demande à priori qu’à être arrosée.
– Hoya kerrii nommé Cœur heureux ou Valentin hoya est souvent offerte à la Saint Valentin mais cette sorte de bouture a peu de chance de reprise.
Mise à jour octobre 2024.