L’ancienne famille des Amaryllidaceae fut définie par Jean Henri Jaume de Saint Hilaire en 1805 ; elle regroupe des plantes à fleurs – des angiospermes – de la classe des monocotylédones.
Petit détour sur les plantes monocotylédones :
Ce sont des plantes vivaces ou arborescentes mais sans ramifications, rarement annuelles (certaines graminées).
Cette branche de plantes regroupe les graminées, les liliacées, les iridacées, les orchidées, les joncs, les bananiers, les palmiers… On y rencontre beaucoup de plantes à bulbes et à rhizomes. Les plus anciennes monocotylédones sont des plantes aquatiques de la famille des Alismataceae et des palmiers de la famille Arecaceae.
Ce sont les Jussieu en 1789 qui ont distingué officiellement les monocotylédones (20% des angiospermes) des dicotylédones (80% des angiospermes) même si le groupe des monocotylédones était déjà défini depuis le XVIe siècle par Lobelius, groupe dont la description de la graine fut établie par John Ray au XVIIe siècle, le nom de cotylédon (feuille embryonnaire) fut proposé par Marcello Malpighi.
Les monocotylédones présentent donc des caractéristiques bien différentes :
∙ La graine ne contient qu’un seul cotylédon, c’est la mamelle de l’embryon naissant, riche en réserves de nourriture (ou moyen d’y accéder) ; les dicotylédones (les autres plantes à fleurs) ont deux cotylédons, les gymnospermes (plantes à ovules nus tels les conifères) en ont de deux jusqu’à une vingtaine.
Toutefois, le cotylédon des monocotylédones présentent des différences car seule une de ses parties constituantes se prolongerait à l’extérieur du sol formant une feuille primordiale.
∙ Les racines non ramifiées – on les dit fasciculées (regroupées en faisceaux) – sont exclusivement adventives (position atypique) car la racinaire primaire principale disparaît rapidement.
∙ L’absence de tronc ligneux est remarquée pour 90% d’entre elles. Elles ne se ramifient (généralement) pas, et ne fabriquent pas de bois.
∙ Les feuilles sont généralement entières, linéaires, aux nervures parallèles.
∙ Les fleurs sont trimères (3 éléments semblables) : chaque pièce florale (tépale ou parfois calice et pétale, étamine…) constitue un verticille (organe inséré autour d’un axe), donc un groupe de 3 ou multiple de 3 ; les dicotylédones développent 4 ou 5 pièces. Les plantes sont très mathématiques !
∙ Le grain de pollen n’a qu’une seule zone hyper sensible, une aperture qui permet au tube pollinique (tube développé par un grain de pollen) de franchir l’obstacle, tout comme les dicotylédones primitives (Magnoliideae) alors que les dicotylédones plus évoluées offrent 3 zones sensibles (parfois plus).
L’apparence des espèces du genre Amaryllis rappelle les lys, genre dont elles sont si proches qu’elles partagent souvent le même nom populaire ; d’ailleurs la famille des Amaryllidaceae fut autrefois classée par Adanson (en 1763) dans la famille des Liliaceae : lys, jacinthe, tulipe, narcisse, muguet, agapanthe…
Mais elle fut aussi classée dans celle des Alliaceae dont elle est très proche, ne serait-ce que par ses bulbes ; le genre type des Alliaceae est l’Allium : oignon, poireau, ail, ciboulette…
Selon la dernière classification, la majorité des genres de ces différentes familles est désormais regroupée dans la famille élargie des Amaryllidaceae, elle-même sous-divisée en trois sous-familles : Amaryllidoideae, Allioideae et Agapanthoideae. Les Liliaceae sont restés une famille réduite comprenant surtout les genres de la tribu Tulipeae, les autres genres ont été regroupés dans les Amaryllidaceae.
Les Amaryllidaceae regroupent 60 à 80 genres (selon la classification) dont certains (spontanés ou importés) se développent en France (souvent exclusivement en pleine terre dans le sud) : Amaryllis belladonna – Clivia – Crinum – Haemanthus – Galanthus – Leucojum – Narcissus – Scadoxus…
Voici quelques spécimens aperçus en pleine terre sur la Côte d’Azur.
Les plantes nommées populairement amaryllis sont regroupées dans deux genres : les Hippeastrum et les Amaryllis.
Si Hippeastrum s’enorgueillit de 80 espèces, Amaryllis belladona est considéré comme monotypique, une seule espèce.
– Amaryllis L.
C’est en 1753 que Carl von Linné décrit ce genre sur la base de la plante tropicale africaine, l’Amaryllis belladona (Lilium bella-donna). En 1759, il décrit et nomme une plante d’Amérique du Sud qu’il considère comme l’espèce type du genre, l’Amaryllis reginae qui sera reclassée plus tard dans le genre Hippeastrum.
Ce nom issu du grec ‘amarysso – amaryssein’ signifie ‘briller, lancer des éclairs’ en référence à la beauté de la fleur. Selon la mythologie grecque, Amaryllis était une nymphe amoureuse d’Alteo, un berger et une divinité champêtre, qui ne voyait que par la nature et ses fleurs. Amaryllis prit alors son arc et tira une flèche, ce tir vibrant perça son propre cœur dont les cristaux de sang se transformèrent en une très belle fleur rouge dont Alteo tomba amoureux ; le cœur d’Amaryllis put alors guérir. La mythologie grecque fit d’Amaryllis l’archétype de la jolie femme, mais quel est l’écrit poétique qui influença Linné : la bergère insensible du poète latin Théocrite dans ‘Idylle du chevrier’, ou encore la femme si belle évoquée par Virgile dans les Bucoliques, sans oublier la nymphe Amarilli de la tragédie pastorale ‘Il pastor fido’ de Giovanni Guarini publiée en 1589 qui donna naissance à un opéra de Haendel ?
Ce prénom devint d’ailleurs très à la mode dans les hautes sphères françaises du XVIIe au XVIIIe siècle.
À l’heure actuelle, les plantes nommées amaryllis qui nous sont proposées dans le commerce sont majoritairement des cultivars d’Hippeastrum, les ‘amaryllis des fleuristes’. Et pour info, c’est un nom féminin : une amaryllis.
– Amarillys belladonna L.
∙ L’épithète belladonna est issue de l’italien signifiant ‘belle dame’. Rien à voir avec la belladonne – Atropa belladonna, si ce n’est une certaine toxicité beaucoup plus virulente chez Atropa. Cette épithète est plus à rapprocher de son apparence lors de son déploiement, car seule la tige florale apparaît, les feuilles se développant après ; d’ailleurs on peut aussi la trouver sous le nom de ‘Dame nue’.
∙ Elle porte aussi les noms vernaculaires de lys belladonne, de Jersey lily en anglais ou de lis de mars en Afrique du Sud où elle fleurit à cette époque, ou encore, au Portugal, de ‘Meninas para escola’ – ‘Filles qui vont à l’école’ en raison de sa période de floraison durant la rentrée scolaire… Toutefois les noms de Jersey lily et Lis de mars sont aussi attribués à d’autres bulbeuses de la famille des Amaryllidaceae.
– Hippeastrum Herb.
∙ En 1821, le spécialiste des Amaryllidaceae, William Herbert crée ce genre afin de le différencier de l’Amaryllis belladonna de Carl von Linné.
Le nom hippeastrum est issu du grec ‘hippo’ – cheval et ‘astrum’ – étoile, traduit par ‘étoile de chevalier’. L’origine de ce nom est assez floue, mais ce rapport avec les chevaux avait déjà été mentionné par Linné le Jeune, fils de Linné, en nommant une plante antillaise Equestris amaryllis, le lys de la Barbade, renommée par William Aiton Amaryllis equestris. Cette référence pourrait venir de la ressemblance des bourgeons floraux avec des oreilles de chevaux et de l’inflorescence se développant en étoile, ou bien comme il est suggéré sur la fiche de l’Amaryllis equestris dans le ‘Botanical magazine’ de Curtis (volume IX – 1795) en rapport à l’apparence des bractées des bourgeons floraux ressemblant aux oreilles de chevaux.
Mais ces versions ne tiennent pas vraiment compte de l’appellation qui ne mentionne aucune oreille, c’est pourquoi John Sims déclare en 1803 que Curtis a fait une erreur et qu’il s’agit d’une référence à la Croix de l’Ordre de l’Empire britannique (Ordre de chevalerie), version exprimée par Jacquin dans son Hortus Schoenbrunnensis. On retrouve cette référence de croix de chevalier concernant l’ancien Amaryllis formosissima (reclassé dans les Sprekelia) et nommé lys de Saint-Jacques dont la fleur rappellerait la Croix des chevaliers de Saint Jacques, Ordre espagnol cela va de soi pour une plante originaire du Mexique et du Guatemala. Il est bien naturel de retrouver des versions faisant référence à la Croix des Templiers, un des Ordres de Chevalerie.
∙ Si on les trouve souvent sous le nom d’amaryllis, ces différentes espèces sont aussi appelées hippéastres.
Amaryllis provient de la province du Cap en Afrique du Sud alors que les Hippeastrum sont originaires d’Amérique du Sud et Centrale.
Il est supposé que l’Amaryllis belladonna a été introduit en Europe vers la fin du XVe siècle par les Portugais lors d’escales pour leur commerce d’épices.
Quant à Hippeastrum, il aurait aussi été introduit par les Portugais en 1693 en provenance du Mexique, et en 1712 du Brésil, mais faute de documentations réelles, ceci reste des hypothèses. Une des rares sources fiables d’introductions se trouve dans le ‘Hortus Kewensis’ de William Aiton concernant les espèces reginae en 1725, vittata en 1769, reticulatum en 1777….
C’est l’influence décisive des Néerlandais, les Rois des Bulbes, qui permit en Europe l’introduction à grande échelle de ces deux genres vers le début du XVIIIe siècle.
Ces bulbes ont besoin de beaucoup de lumière pour assurer les réserves du bulbe, gage d’une belle floraison. Un mélange de terreau, de terre de jardin ou de bruyère et de sable leur convient parfaitement.
∙ Amaryllis belladona est beaucoup moins frileux que l’hippéastre et résiste à des gels de -5°C, certains parlent même de -12°C ; il est donc possible de l’installer en pleine terre. En Afrique du Sud, une meilleure floraison a été remarquée après le passage du feu.
∙ Hippeastrum supporte tout au plus 5°C, et il est préférable de le cultiver en pot avec un bon terreau bien drainé, mais dans leur milieu naturel, certaines espèces se développent facilement sur des rochers avec les racines à l’air. L’hybride Hippeastrum x johnsonii (reginae x vittatum) est toutefois rustique et tolère 0°C voire moins, certains avancent la même tolérance qu’Amaryllis belladonna.
Le bulbe se comporte bien s’il n’est pas complètement enterré dans le sol.
Ce sont des plantes vivaces, herbacées et bulbeuses. Certaines espèces d’Hippeastrum sont des épiphytes (plantes se développant sur un autre végétal ou sur de la roche) bulbeuses telles aulicum, calyptratum, papilio…
– Dans le monde des plantes, un individu est formé fondamentalement de 3 éléments : racine-tige-feuille et il en va de même pour les plantes à bulbes dont la tige souterraine se résume à un plateau d’où se développent les racines, les feuilles et à l’aisselle des feuilles les bourgeons ; deux types de feuilles sont présentes : les souterraines en écailles charnues qui changent de rôle et deviennent des réserves de nourriture, et les aériennes qui assurent la photosynthèse. Certains bourgeons se développent en feuilles d’autres en tiges florales ; plus le bulbe est gros, et donc riche en nourriture, plus il développera de hampes (axe portant une inflorescence) florales, mais aussi il facilitera la formation de caïeu – bourgeon qui se développe afin de former un nouvel individu, véritable clone ; ce nouveau bulbe se décale du bulbe initial et une fois bien établi, il peut être séparé.
Après la floraison, le bulbe reconstitue ses réserves grâce à la photosynthèse des feuilles durant la belle saison, après cela, il se met au repos quelques mois au régime sec : pas d’eau, pas de lumière.
Si les amaryllis produisent un gros bulbe de 10 à 15 cm, que dire des Boophone, un genre d’Afrique du Sud de la famille des Amarydillaceae dont le bulbe peut atteindre jusqu’à 35 cm. Ci-dessous le bulbe de l’espèce disticha qui ne fait que 25 cm…
Certaines Amaryllidaceae développent un rhizome plus ou moins bulbeux, tels les genres Clivia, Scadoxus… Et là, il est temps de savoir différencier un bulbe d’un rhizome et d’un tubercule :
Bulbe, rhizome et tubercule ont les mêmes fonctions : emmagasiner des réserves de croissance et assurer une multiplication végétative.
∙ Le bulbe est une tige souterraine définie.
∙ Le rhizome est une tige souterraine indéfinie. Les bourgeons du rhizome se développent soit en un autre rhizome soit en une tige aérienne. Certains rhizomes développent une partie renflée appelée tubercule.
∙ Le tubercule est une excroissance qui se développe à partir d’une racine – carotte, betterave… ou d’un rhizome – pomme de terre, iris…
– Les deux genres se distinguent particulièrement par l’apparition des feuilles :
∙ Les feuilles d’Amaryllis n’apparaissent qu’après la floraison de fin d’été, on les dit hystéranthes, elles restent vertes durant l’hiver puis disparaissent.
∙ Hippeastrum développe ses feuilles en même temps que les fleurs au début du printemps (ou très légèrement en décalé pour les horticoles), feuilles qui disparaissent généralement l’hiver.
La longueur des feuilles peut atteindre de 30 à 90 cm. Elles sont basales, rubanées (ressemble à un ruban), parallelinervées, linéaires à lancéolées, à l’apex (sommet) plus ou moins arrondi, glabres. Elles sont généralement caduques mais, par exemple, Hippeastrum papilio a des feuilles persistantes jusqu’à l’arrivée des prochaines l’année suivante ; dans la famille, le genre Clivia est un des rares à être persistant.
Les feuilles en écailles du bulbe forment une tunique engainante (couches des oignons) devenant sèche et marron. Avec le temps, les plus extérieures finissent par s’effriter au sol apportant ainsi un petit supplément de nourriture aux racines. Les plantes sont les reines du recyclage : zéro déchet !
– La maturité sexuelle d’un bulbe apparaît vers l’âge de 3 à 5 ans après le semis ; il aurait une durée de vie d’une bonne dizaine d’années.
L’Amaryllis fleurit vers la fin de l’été, et l’Hippeastrum généralement au début du printemps et à l’automne pour certaines rares espèces. Bien souvent les horticulteurs forcent les hippéastres et en font des plantes à floraison hivernale ; cela pourrait venir d’une légende de Noël selon laquelle les Anges annoncèrent la naissance de Jésus Christ à l’aide de leurs trompettes, et afin de rendre vivante cette bonne nouvelle, on orne nos intérieurs de fleurs d’amaryllis qui sont connues pour arborer les plus belles trompettes du règne végétal ! L’origine de cette légende viendrait peut-être d’Argentine où les amaryllis sauvages fleurissent naturellement à Noël ; il est raconté qu’un archange excité par la bonne nouvelle de cette naissance fit tomber sa trompette qui se transforma alors en amaryllis…
Mais cette floraison hivernale n’est pas leur cycle normal, hormis pour les espèces reticulatum et calyptratum qui fleurissent à l’automne après une période de repos estivale. L’espèce striatum peut fleurir plusieurs fois dans l’année.
L’inflorescence est protégée par une spathe (grande bractée) à deux bractées (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) coriaces et persistantes. Chaque fleur possède elle aussi une bractée mais de taille très réduite étant déjà protégée par la spathe primordiale.
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Un bulbe peut développer plusieurs hampes florales creuses portant à leur sommet des inflorescences ombelliformes en cyme hélicoïde de (2) 4 à 6 (10) fleurs.
Chaque fleur est portée par un solide pédicelle (petit pied). Tout comme la hampe, le pédicelle est creux ce qui allège d’autant toute l’énergie du bulbe à procréer.
Les hippéastres nous offrent un spectacle de longue durée : chaque fleur s’expose durant au moins 7 jours, soit une longue floraison de 3 à 4 semaines pour un bulbe en pleine force de l’âge.
Si le genre Amaryllis est parfumé, l’Hippeastrum est généralement inodore ou très légèrement parfumé, mais il y a toujours des exceptions et on peut signaler l’odeur assez désagréable de plastique brûlé des fleurs vertes de l’espèce calyptratum.
Généralement, ces plantes développent dans les cloisons de l’ovaire des nectaires floraux. On peut parfois remarquer du nectar coulant sur les tépales.
La fleur est bisexuée, généralement en étoile, actinomorphe, rarement et légèrement zygomorphe (organes disposés bilatéralement), ex : l’espèce cybister. Les fleurs sont grandes de 10 à 20 cm, elles sont en forme de trompette, légèrement inclinée vers le bas pour les hippéastres ; le tube de la trompe est plus ou moins long et évasé selon l’espèce. Les tépales (sépales et pétales se ressemblent), l’apex est arrondi ou aigu.
∙ Le périanthe (ensemble des pièces protectrices de la fleur) est composé de 2 verticilles alternés, composés chacun de 3 tépales libres pour Hippeastrum, et de tépales soudés à leur base pour Amaryllis. Le premier verticille extérieur correspond au calice et le verticille intérieur à la corolle.
Amaryllis belladonna propose des tépales rose pâle au cœur de corolle jaune et des formes blanches et rose foncé. Comme rien n’est simple dans la vie, et particulièrement en botanique, cette espèce ressemble comme deux gouttes d’eau à une autre Amaryllidaceae : le Lycoris squamigera, le lis de la Résurrection, originaire de Chine qui se distingue par des pétales plus écartés les uns des autres et disposés de manière inégale.
L’espèce type reginae du genre Hippeastrum propose des tépales rouge orangé avec un cœur blanc, mais il existe d’autres formes et d’autres espèces avec des pétales roses, blancs, jaunes, orange, verts. Certaines espèces comme reticulatum présentent une nervation différemment colorée, ou d’autres comme bukasovii ont blanchi la pointe de leurs pétales. Le cœur de la corolle ou/et la nervure centrale du tépale offrent parfois une couleur différente.
L’espèce type a des tépales larges, l’espèce papilio, comme son nom l’indique, prend une allure de papillon, d’autres comme cybister ou angustifolium développent des tépales longs et très étroits.
Certaines Amaryllidaceae/Liliaceae comme les narcisses développent une petite couronne au point d’insertion intérieur des tépales ; chez Hippeastrum ne se développent que de petits poils. En fait, cette couronne pétaloïde est une paracorolle ou coronule, c’est un verticille intérieur d’appendices surnuméraires de la corolle. Les fleurs sans couronne font partie de genres primitifs.
∙ Les 6 étamines libres en 2 verticilles de 3 sont soudées à la base du périanthe, on les dit épipétales. Elles se terminent par des anthères médifixes, à déhiscence (s’ouvrant spontanément) longitudinale. La fleur est protandre, étamines matures avant les stigmates), et dès son ouverture, les anthères se préparent.
De la même manière que l’on retourne un vêtement sur l’envers, les anthères se retournent sur elles-mêmes afin d’exposer les grains de pollen blanc crème à jaunes.
∙ Afin d’éviter toute consanguinité, la plante est allogame, l’organe femelle, récepteur de pollen reste timide, tête baissée et attend que le pollen ne soit plus fertile, soit 2 à 3 jours plus tard ; à ce moment-là, le long style (organe reliant l’ovaire au stigmate) se redresse et se courbe afin de ne pas laisser échapper les éventuels grains de pollen d’autres fleurs qu’il capte par son stigmate (partie réceptrice de pollen) trifide (3 pièces).
L’ovaire infère est à 3 loges, carpelles soudés portant de nombreux ovules. Les Liliaceae et les Alliaceae contrairement à l’ancienne famille des Amaryllidaceae ont un ovaire supère. Un ovaire infère est surmonté du périanthe et des organes sexués, un supère se trouve au-dessus.
La pollinisation est souvent entomophile (insectes) et particulièrement par les abeilles, elle peut être assurée par les oiseaux comme les colibris, ou par les chauve-souris pour ce qui concerne les espèces calyptratum et equestris.
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– L’ovaire une fois fécondé va se gonfler assez rapidement et former un fruit mature environ 6 semaines plus tard.
Toutes les Amaryllidaceae ne développent pas de fruits en capsules comme les Amaryllis mais des baies, c’est le cas par exemple du Clivia.
Les fleurs non fécondées se dessèchent, leur pédicelle stoppant toutefois sa dégradation à 1 ou 2 cms au-dessus du réceptacle de l’inflorescence afin de ne pas abîmer les fleurs fécondées qui continuent leur maturation. Tout est prévu !
Le périanthe des amaryllis reste attaché en haut du fruit jusqu’à ce que ce dernier soit mûr ; quand les carpelles commencent à s’ouvrir, sous la pression le périanthe tombe enfin.
Les 3 carpelles de la capsule déhiscente sont tapissés de nombreuses graines plates dont l’amande est entourée de membranes noires papyracées (dissémination par le vent) ; le noir n’est pas très joyeux pour un berceau, mais cela ne dérange pas les embryons. Les graines sont imbriquées les unes sur les autres.
Il est préférable de couper la hampe florale à la fin de la floraison ce qui évite une dépense d’énergie et permet ainsi au bulbe de produire de nouvelles feuilles, gage d’un avenir fleuri l’année suivante.
– Des hybrides et de nombreux cultivars
∙ Amaryllis belladonna s’hybride facilement avec d’autres genres : Crinum ou Nerine ou encore brunsvigia.
∙ Les hybridations interspécifiques d’Hippeastrum sont courantes par contre les hybridations entre genres de la même famille sont rares, on peut toutefois noter l’hybride x Hippeastrelia, hybride avec le genre Sprekelia.
∙ Il existe de nombreux cultivars à fleurs simples et à fleurs doubles chez Amaryllis et Hippeastrum.
– Multiplication sexuée par graines (viabilité courte) et asexuée (végétative) par les cayeux, ainsi la plante assure sa pérennité de deux façons (ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier).
– Maladies
Des araignées rouges et des champignons peuvent envahir la plante, les limaces l’apprécient. La mouche du narcisse – Merodon equestris peut attaquer le bulbe. Les feuilles peuvent être endommagées par un virus, la virose qui les rend jaunes.
Amaryllis belladonna est souvent attaquée par la chenille du pyrale amaryllis – Brithys crini.
Une infection fongique, le ‘rougeot parasitaire’ du champignon Stagonospora curtisii, provoque des taches rouges à brunes sur les feuilles ou le bulbe et ses racines, mieux vaut retirer les parties touchées. Les hyppéastres y seraient particulièrement sensibles dans des mauvaises conditions de ventilation, ou d’arrosages trop fréquents.
– Ornementales
Cette famille présente sans aucun doute un grand intérêt ornemental. Ce sont les Hollandais, les rois du bulbe avec la tulipe, qui au début du XVIIIe siècle se sont particulièrement intéressés à leur culture en développant hybrides et cultivars. À l’heure actuelle, la production vient surtout de Hollande et d’Afrique du Sud. Les Japonais produisent des fleurs doubles particulièrement appréciées.
– Médicinales
C’est une plante toxique dont le bulbe, les feuilles et les fleurs contiennent des alcaloïdes, et particulièrement de la lycorine. Rien que le contact avec un bulbe pourrait provoquer des dermatites chez certaines personnes. Cette toxicité est présente chez les autres genres de la famille : narcisse, perce-neige, lis… Si elle n’est pas mortelle, elle est dangereuse pour les enfants et les animaux de compagnie ; elle provoque des vomissements.
Un mal pour un bien, cette toxicité en fait des plantes médicinales, mais peu utilisées. L’infusion des fleurs est anti-spasmodique et antidépresseur. L’Hippeastrum serait aussi un anti-parasitaire.
– Écologie
Si certaines espèces sont envahissantes d’autres sont menacées par la destruction de leur habitat.
– Symbole de coquetterie, de détermination, de beauté arrogante, de fierté.
– Dans son ouvrage Botanic garden, Erasmus Darwin (Charles Darwin est son petit-fils) fait l’éloge de l’inventivité du règne végétal, et considère l’amaryllis comme un charmant exemple de l’ingéniosité de l’organisme végétal, mais parlait-il vraiment de l’amaryllis ou d’un autre genre très proche ? Quoiqu’il en soit, toutes les Amaryllidaceae méritent cet éloge. Il a d’ailleurs écrit un poème en 1791, illustré par le peintre William Blake, sur une amaryllis qui se révélera être du genre Sprekelia formosissima, le lys de Saint Jacques.
– Amaryllis est aussi le nom populaire d’un papillon – Pyronia tithonus.
– Le 5 octobre fête le prénom fleur et tous les prénoms qui évoquent une fleur telles amaryllis, anémone, capucine… en honneur à une religieuse française appelée Sainte Fleur.
Mise à jour octobre 2024.