L’albizia est une légumineuse de la famille des Fabaceae, autrefois classée dans la famille des Mimosaceae qui, désormais, est une des 5 tribus de la sous-famille des Mimosoideae. Il existe environ 120 à 150 espèces d’Albizia.
L’albizia (tribu Ingeae) est très proche des genres Mimosa (tribu Mimoseae) et Acacia (tribu Acacieae).
Le genre Albizia est surtout très proche du genre Paraserianthes, même sous-famille et tribu, qui comprenait autrefois 3 espèces mais désormais seule l’espèce lophanta en ferait partie ; cette espèce est souvent reconnue comme un albizia surnommé albizie à crête (du grec lophis) du fait de sa floraison en goupillons. Elle est originaire du sud-ouest de l’Australie. À l’inverse de l’Albizia julibrissin, son feuillage est généralement persistant, sa floraison est jaune durant l’hiver austral (juin à septembre) ou l’hiver européen (décembre à mars).
Certains rapprochent l’Albizia du genre Leucaena (tribu Mimoseae) mais aussi du Calliandra (tribu Ingeae).
Des fossiles d’Albizia de l’espèce miokalkora (aujourd’hui éteinte) ont été découverts en Corée et datés du Miocène (-23 MA à – 5 MA) ; l’espèce kalkora fut datée du début et moyen Pléistocène (- 2,588 Ma à – 11 700 ans). En Chine, des gousses de l’Albizia ningmingensis (ressemble à l’espèce existante kalkora) ont été trouvées dans des gisements oligocènes (- 33,9 à – 23,3 MA). En Éthiopie et en Inde, des bois fossilisés ont été datés du Pliocène (- 5,332 à – 2,588 millions d’années), au Cameroun un spécimen fossile a été daté du Miocène. Des pollens d’espèces d’Acacia et d’Albizia ont été découverts au nord-est de l’Espagne dans des sédiments datés de l’Oligocène inférieur.
Les albizias sont présents naturellement en régions tropicales et subtropicales de l’Iran à la Chine Centrale en passant par l’Inde, en Corée et au Japon, en Australie, en Afrique tropicale dans des forêts humides ou sèches, à l’ouest de Madagascar, en Afrique continentale et en Amérique du Nord et du Sud.
Pour les plus connues : l’espèce type julibrissin serait originaire d’Iran, lebbeck et kalkora du sud de l’Asie (particulièrement en Inde), saman d’Amérique du Sud, zygia d’Afrique, gummifera d’Afrique et de Madagascar…
Ce genre de plantes s’est naturalisé facilement dans les régions au climat adapté.
L’espèce julibrissin (la plus répandue dans nos régions) fut découverte par le naturaliste florentin Filippo degli Albizzi lors d’une expédition à Constantinople (autrefois Bysance, actuellement Istambul) ; vers 1749, il rapporta des graines à Florence. Quelques années plus tard, cette espèce fut introduite en France et cultivée en serres, ce n’est qu’en 1804 qu’elle rejoint la pleine terre du Jardin des plantes de Paris.
Plusieurs espèces ont tout d’abord été intégrées dans les genres Mimosa ou Acacia.
– Albizia nom donné en 1772 par le médecin et botaniste italien Antonio Durazzini en honneur à Filippo degli Albizzi.
– Noms vernaculaires
∙ En français, on les trouve sous le nom de albizia, albizie ou albizzie.
∙ Certains genres de la sous-famille des mimosoidées tel l’Albizia ont des feuilles qui se referment la nuit, c’est pourquoi l’Albizia est souvent appelé ‘dormeur de nuit’ ou ‘arbre dormeur’ dans certaines régions du monde.
∙ On peut trouver certaines espèces africaines ou naturalisées sous le nom de ‘fleurs à plumes’ ou ‘plume africaine’ en rapport avec l’aspect des étamines.
∙ Dans certains pays anglophones, on les trouve sous le nom de ‘rain tree’ – arbre à pluie pour leur forme en parasol ou pour la faculté des feuilles à laisser passer l’eau jusqu’au sol quand il pleut.
∙ 合欢 – He huan nom chinois qui désigne un arbre caduc, cela peut signifier aussi ‘se réunir’ dans le sens aimer, d’ailleurs 合欢树 – gokan, gojoki sont les noms en caractères chinois de l’espèce julibrissin qui symbolisent l’harmonie conjugale.
∙ ネムノキ属 est le nom de genre japonais.
∙ Siris – शिरीष – est le nom en hindi pour le désigner ; en népalais l’espèce julibrissin est nommée rato siris ; l’espèce lebbeck est considérée comme l’Indian siris, procera est le siris blanc.
– Noms de l’espèce type
. Julibrissin vient du mot d’origine persane ‘djul-i Abrisham’ – گل ابریشم – signifiant fleur à soie en référence à l’aspect des fleurs. Nom donné par Antonio Durazzini en 1772.
On peut aussi la trouver sous le nom d’Albizia japonica étant nettement représentée au Japon.
– Son nom anglais – Persian silk tree – fait référence à une de ses origines ainsi qu’à l’aspect soyeux de l’inflorescence.
L’arbre à soie est un des noms vernaculaires (populaires) français de l’espèce julibrissin même si cette appellation nous rappelle plutôt le mûrier – Morus alba.
. Acacia de Constantinople rappelle le lieu où cette espèce a été découverte.
. En Iran, son nom est Shab Khasb ; Khasb signifie nuit qui rappelle ses feuilles dormeuses mais on le trouve aussi sous le nom d’arbre à soie iranien à ne pas confondre avec l’arbre à soie égyptien, nom du Caesalpinia gilliesii. Au Moyen-Orient, le nom d’arbre à soie n’est pas seulement réservé à l’espèce julibrissin.
. 合歓木 – nem est son nom japonais, nebu, nebutagi, nemunoki sont des dialectes ; ces noms peuvent être traduits par ‘arbre endormi’ faisant référence à ses folioles refermées la nuit mais une autre version évoque le pouvoir des feuilles qui pourraient éliminer la somnolence.
Au Japon, Calliandra haematocephala, espèce proche, est appelée Scarlet Nem.
. En Chine, il est aussi nommé ‘arbre fantôme’ (voir à Anecdotes) ou ‘arbre velours’ pour ses fleurs soyeuses.
. Aux USA, on le trouve sous le nom de pink mimosa – mimosa rose.
Présent particulièrement sous les tropiques. Ce sont des arbres pionniers.
Tous sols bien drainés, frais, même pauvres. Réagit bien en bord de mer et à la pollution mais redoute l’excès d’eau, le vent et les sols lourds.
Plein soleil même s’il accepte l’ombre mais au détriment de la floraison.
Tolérance au gel de -10°C jusqu’à -15°C pour certaines espèces et -25°C pour certains cultivars.
Julibrissin est l’espèce la plus rustique, on la trouve sur des collines en lisières lumineuses de forêts ou près de rivières.
L’espèce type est Albizia julibrissin.
– Longévité de 25 à 30 ans jusqu’à 45 ans pour certaines espèces dans leur pays d’origine (par ex julibrissin) mais certaines rares espèces pourraient atteindre les 100 à 200 ans telle l’Albizia saman qui détient un record avec l’arbre découvert et tout d’abord nommé Samanea saman par Alexandre von Humbold lors de ses voyages au Venezuela entre 1799 à 1804, un spécimen géant qui existait déjà au XVIe siècle d’après les écrits d’explorateurs espagnols de l’époque mais parlaient-ils du même arbre ? À l’heure actuelle, cet arbre existerait toujours aux alentours de la ville de Maracay et atteindrait donc 500 ans ! Mystère ou légende ! Il serait intéressant d’y aller faire un petit tour pour vérifier…
– Croissance rapide voire très rapide pour certaines espèces, par exemple, dans des conditions optimales, l’espèce indonésienne Albizia falcata (désormais classée dans le genre Falcataria) peut pousser de 7 à 10 m par an ce qui fait dire à certains que c’est l’arbre le plus rapide du monde (ah, les records ont la peau dure ! Cet arbre serait même mentionné dans le Guinness des records).
– Arbuste ou arbre au port étalé de 6 à 16 m pour 5 à 8 m de large (julibrissin), l’espèce lebbeck peut atteindre les 20 à 25 m, odorata, procera jusqu’à 30 m… Certains albizias peuvent culminer à 40 m, c’est le cas des espèces ferruginea, saman, lebbekoide ainsi que d’autres arbres désormais classés dans d’autres genres (ex : Falcataria).
– L’écorce est fine, brun grisâtre (couleur taupe) et lisse présentant de nombreuses lenticelles (pores à la surface de l’écorce) blanchâtres bien présentes aussi sur les tiges ; avec l’âge, l’écorce forme des stries longitudinales ; l’écorce de l’espèce lebbeck est rugueuse, celle de tanganyicensis est papyracée (une exception).
L’écorce libère une gomme et particulièrement l’espèce gummifera, d’où son nom.
– Comme la majorité des plantes de cette famille, les racines vivent en symbiose avec des bactéries (particulièrement du genre Bradyrhizobium) et développent des nodosités, véritables capteurs d’azote ; certaines espèces s’associent avec des champignons – mycorhize. Ces particularités permettent à ces espèces de s’installer sur des terres pauvres c’est pourquoi ce sont des plantes pionnières qui finissent par enrichir le sol, laissant place à l’arrivée d’autres plantes.
La racine principale pivotante (il n’apprécie pas la transplantation) permet d’atteindre les couches profondes du sol riches en eau et en minéraux. Le système racinaire secondaire est bien étalé.
À partir des racines, des drageons (tige souterraine pouvant développer des bourgeons aériens) peuvent, si besoin, se développer, l’espèce adianthifolia est particulièrement invasive par ses nombreux drageons.
– Les bourgeons d’hiver sont cachés sous les cicatrices foliaires, donc invisibles.
– Les branches ont tendance à pousser horizontalement ce qui donne à l’arbre un aspect étalé parfois accentué chez certains cultivars en forme parasol. Les tiges portant les feuilles et les fleurs se développent souvent en zigzag.
Le spécimen découvert par Humbold défie encore la norme, en effet du haut de ses 19 m, il présentait une circonférence de houppier (partie aérienne) de 180 m avec un diamètre d’environ 60 m ! Normalement, le diamètre du houppier d’un saman ne fait que 40 m !
– Dans la sous-famille des Mimosoideae, de nombreuses espèces présentent des feuilles composées de plusieurs folioles (divisions d’une feuille composée), on les dit pennées en ressemblance avec les plumes des oiseaux et particulièrement paripennées, composées par paires de folioles, c’est le cas aussi de nombreuses espèces de la sous-famille des Caesalpinoideae alors que dans la sous famille des Faboideae les feuilles sont imparipennées, par paires de folioles et un foliole terminal. Bien souvent, les Mimosoideae ont des feuilles bipennées, c’est-à-dire que les folioles sont elles-mêmes composées de foliolules.
∙ Feuilles paripennées :
∙ Feuilles paripennées et bipennées :
∙ Feuilles imparipennées :
Les longues feuilles d’albizia sont généralement caduques (celles de julibrissin tombent assez tôt en automne), courtement pétiolées (tige de la feuille). Présence de petites stipules (appendices foliacés ou épineux) caduques.
Les feuilles sont alternes, composées de foliolules sessiles (directement sur les rameaux) ou subsessiles (presque sessile), paripennées et bipennées, plus ou moins longues et fournies selon l’espèce ; à priori, plus les foliolules sont petites plus les paires de pennes sont nombreuses et plus elles sont grandes moins elles le sont.
Les feuilles de l’espèce julibrissin sont composées de 4 à 12 paires de pennes (voire plus pour les cultivars) divisées en 10 à 30 paires de foliolules souvent très fines, vert clair à l’émergence ; pour cette espèce, la nervure principale est proche du bord inférieur ce qui donne à la foliolule un aspect arrondi puis tronqué, la nervure se termine par un mucron (pointe dure et raide).
Les feuilles se referment la nuit – nyctinastie – ou bien encore quand la température est excessive ou le climat venteux ou pluvieux – seismonastie – mais n’ont pas de réaction au toucher – thigmonastie – contrairement au Mimosa pudica.
Nyctinastie : à la base des courts pétioles se trouvent des cellules motrices qui, selon les conditions, vont se dilater ou se contracter régulant ainsi l’apport d’eau, les foliolules réagissent en s’ouvrant ou en se fermant ; la nuit, elles obéissent ainsi à l’horloge biologique de la plante car ce contrôle de l’évaporation de l’eau permet à la plante de ‘dormir’. Une expérience aurait été menée empêchant les feuilles de se fermer, les arbres seraient morts par flétrissement dû à un manque d’eau.
Seismonastie : les feuilles se referment limitant l’évaporation quand il fait trop chaud ou par vent fort ; lorsqu’il pleut, elles se referment probablement par instinct (mécanique) de protection mais la base du tronc bénéficie alors d’un bon arrosage.
– Les fleurs des légumineuses présentent des différences importantes selon la sous-famille.
Nous allons, ici, évoquer uniquement la description (en général) des trois sous-familles historiques.
∙ Mimosoideae
Fleurs régulières (actinomorphes) en épis, en pompons ou en capitules (petite tête), avec un périanthe (ensemble des pièces protectrices de la fleur) très discret mais des étamines spectaculaires.
∙ Caesalpinoideae
Fleurs zygomorphes (irrégulières), pseudo-papilionacées avec un pétale étendard dressé de la même taille que les ailes qui l’entourent, seule la carène est à l’horizontal, les deux pétales de la carène ne sont pas forcément réunis en forme de carène, selon la tribu, les étamines sont visibles ou pas de l’extérieur.
∙ Faboideae (ou Papilionoideae)
Fleurs zygomorphes (irrégulières), en forme de papillon avec un pétale étendard dressé beaucoup plus grand que les ailes qui entourent la carène horizontale, les étamines peuvent être invisibles de l’extérieur selon la tribu.
Albizia serait mature sexuellement vers l’âge de 10 à 15 ans ; les cultivars, bien sûr, fleurissent plus tôt, vers l’âge de 5 ans.
Les fleurs apparaissent généralement juste après le développement du feuillage ou parfois en même temps, de la fin du printemps au milieu de l’été, parfois julibrissin (souvent ses cultivars) fleurit en juin et offre une deuxième floraison en août.
Les fleurs sont hermaphrodites (bisexuées), entomophiles (abeilles – papillons) ou ornithophiles (oiseaux-mouches), elles sont parfumées et offrent du nectar.
Les inflorescences regroupées, axillaires (lebbeck) ou terminales (julibrissin) sont en racèmes (grappes) en forme de capitule ; elles sont portées généralement par un long pédoncule (pied). Précédemment protégées par une petite bractée, une bractéole (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) caduque, les fleurs de 2 à 4 cm sont portées par un très petit pédicelle (petit pédoncule) ou pas ; chaque racème porte de 10 à 20 fleurs aux couleurs et à l’aspect différents selon l’espèce.
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Les fleurs commencent souvent à s’épanouir à la tombée de la nuit et ne durent qu’une journée mais la floraison se prolonge au moins 30 jours.
∙ Calice glabre ou pubescent, poilu, (julibrissin), tubulaire (julibrissin) ou campanulé, à 5 petits sépales (pièces du calice) soudés, jaune verdâtre.
∙ Petite corolle en entonnoir se terminant par 5 petits dents correspondant aux pétales de couleur insignifiante jaune verdâtre.
∙ Longues et nombreuses étamines filiformes et proéminentes, 2,5 cm pour julibrissin jusqu’à 5 cm pour ferruginea, duveteuses, soudées à leur base en tube (julibrissin) ou sur leur plus grande partie du filet (zygia, gummifera). L’anthère (extrémité fertile d’une étamine) est très petite.
Les filets des étamines de julibrissin et de saman ont la base blanche puis la suite du filament est rose et enfin pour julibrissin la pointe est rose soutenu lui donnant un ton très éclatant, ceux de lebbeck ont la base blanche mais le reste est jaune, ceux de procera sont blancs, ceux de zygia et gummifera sont rouges…
∙ Le long style (tige reliant l’ovaire au stigmate) filamenteux de l’élément femelle n’apparaît qu’après le développement fertile des étamines (pas d’autofécondation) mais il est très discret, il n’est pas coloré (généralement blanc) et son stigmate (partie réceptrice de pollen) est petit. Le pistil est à un seul carpelle dont l’ovaire supère et aplati abrite plusieurs ovules.
Certaines fleurs (souvent 1 ou 2) au centre du capitule ont un calice plus large et un tube formé par les filaments des étamines plus long ; ces fleurs ne donnent pas de fruits car elles se révèlent fonctionnellement mâles.
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– Les fruits apparaissent de la fin de l’été jusqu’en début d’automne en longues gousses de 10 à 20 cm (9 à 15 cm sur 1,5 à 2,5 cm pour julibrissin), vertes devenant brunes ; elles peuvent être marcescentes (restent sur la plante) une partie de l’hiver (lebbeck) ; elles sont déhiscentes (s’ouvrant spontanément) ou pas.
De forme aplatie, les gousses épousent la forme des 5 à 15 graines de 1 à 1,5 cm chacune ; certaines espèces ont des gousses non cloisonnées ; les graines de l’espèce saman sont entourées d’une pulpe sucrée.
Les graines d’albizia ont un grand pouvoir de germination ce qui peut rendre cet arbre très invasif, d’ailleurs il est considéré comme tel aux USA et au Japon.
– Les espèces peuvent s’hybrider entre elles.
L’hybride julibrissin x kalkora possède des caractères intermédiaires entre ces deux espèces.
– Cultivars
Certains cultivars sont parfois considérés comme des formes de l’espèce type : alba – rosea…
Alba aux pompons blancs.
Rosea aux pompons rose soutenu, il est plus rustique et plus petit que l’espèce type. Il est très utilisé en bonsaï au Japon.
Ombrella est le cultivar le plus courant avec son port très étalé et ses jolies fleurs rose soutenu.
Summer chocolate au feuillage vert devenant rapidement cuivré et aux pompons moitié blanc moitié rose violet est surprenant.
Chocolate fountain au feuillage cuivré et pleureur.
Cyrano aux fleurs rose carmin.
Fan silk flame aux pompons rouges.
Albizia nain, au Japon appelé issainem.
– Multiplication par semis et par boutures de racines pour les espèces drageonnantes.
– Ennemis
Fusariose – maladie du corail – chancre – pucerons – araignées rouges.
Autres insectes :
L’attaque de certaines cochenilles est contrebalancée par la production de gomme utilisée dans l’industrie comme colorant ou en gomme laque (particulièrement l’espèce saman).
Les psylles attaquent très souvent les feuilles, elles sécrètent du miellat qui coule sous l’arbre, et permettent souvent à la fumagine (champignon) de s’installer.
Les cicadelles pruineuses fragilisent le bois des jeunes rameaux entraînant la formation de fumagine.
Ces deux derniers insectes peuvent ravager l’arbre et il faudra donc agir (ou plutôt réagir) mais le seul point positif de la présence de psylles et de cicadelles est que leurs excréments collants fertilisent le sol si les abeilles ne recueillent pas ce miellat avant.
– Écologie
Nectar pour les insectes, les oiseaux – nourriture des larves de papillons (Endoclita) – graines pour les écureuils – feuillage pour les herbivores (ex : chinensis – lebbeck…) – les escargots seraient capables de faire une razzia sur les feuilles.
En Afrique, les abeilles aiment construire leurs essaims dans le tronc.
D’après une étude indonésienne sur l’espèce saman, les albizias sont réputés pour capter plus de CO2 que n’importe quel autre arbre mais les chiffres annoncés semblent peu réalistes et on se limitera à penser que ce sont de bons concurrents qui, malgré tout, ne rivalisent pas avec le véritable ‘poumon’ des paulownias.
– Agroécologie
Arbres d’ombrage pour les plantations de piments, d’ananas, de bananes, de caféiers, de théiers, de vanilliers et d’arbres fruitiers…
Arbres pionniers, ils améliorent le sol en azote grâce aux nodules de leurs racines, permettent des reboisements sur des sols secs et alcalins (ex : lebbeck), ils contrôlent l’érosion grâce à leurs longues racines. Une litière de feuilles améliore aussi le sol.
C’est pourquoi, ces arbres sont nommés ‘arbres fertilitaires’. En 1993, les agronomes Dupriez et de Leener donnaient la définition d’une plante fertilitaire :
« Un arbre fertilitaire est un arbre dont l’activité enrichit la couche arable d’une terre, en améliore la texture et en favorise la structuration. Pour exercer efficacement sa fonction dans les champs, il doit être convivial, c’est-à-dire qu’il ne peut entrer en concurrence forte avec les autres espèces cultivées pour leurs productions domestiques ou marchandes. »
Cet apport incontestable des arbres fertilitaires sur le bien-vivre de certaines populations a été nettement divulgué et mis en place en Afrique par des techniques de cultures appropriées.
– Bois (tendance à fissurer) est utilisé en marqueterie, fabrication de meubles et de divers outils ; au Japon, il est particulièrement utilisé pour les toitures et en Afrique et en Inde pour les charpentes.
Le bois de l’espèce ferruginea est connu commercialement sous le nom de iatandza et est particulièrement utilisé en menuiserie intérieure et extérieure.
Les qualités du bois de racines de l’espèce saman ont fait voyager cet arbre qui a été répandu dans toutes les régions tropicales afin de confectionner des meubles.
À la coupe, le bois de l’espèce julibrissin dégagerait une odeur d’ail !
Charbon de bois et pâte à papier avec certaines espèces africaines. À l’heure actuelle, plusieurs pays tropicaux étudient la possibilité de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles en les remplaçant par exemple par des granulés de bois d’albizia qui semblent performants.
Artisanat : masques africains, pieds de lampe…
Dans certaines régions d’Asie, le bois de l’espèce saman (appelée aussi bois noir) a remplacé en sculpture le teck devenu coûteux.
Lameck Tayengwa est un artiste africain originaire du Zimbabwe qui sculpte depuis l’âge de 9 ans. Il utilise le bois d’albizia pour confectionner des représentations animales. Ci-dessous hérisson en racine d’albizia.
– Médicinales
Écorce, racines et feuilles sont utilisées en médecines chinoise, ayurvédique et africaine pour traiter diverses pathologies (des recherches sont faites aussi contre l’obésité).En médecine chinoise, l’écorce de l’albizia – he huan pi ou gokanhi au Japon – est réputée pour ‘nourrir le cœur et calmer l’esprit’ et la fleur – he huan hua – pour réguler l’énergie de l’estomac et du foie.
Kaibara Ekken, botaniste et philosophe néoconfucianiste japonais, a écrit à ce sujet : « …planter cet arbre enlève la colère humaine, et manger de jeunes feuilles calme les cinq organes et soulage l’esprit. »
L’albizia se révèle efficace aussi contre les fractures et les entorses ainsi que les douleurs lombaires.
En Afrique, certaines espèces sont recommandées dans les traitements des yeux, les maladies vénériennes, la purification de l’estomac, la guérison des plaies…
En Indonésie, l’écorce de l’espèce procera permet de se protéger des sangsues.
– Cosmétologie
L’écorce produit des gommes exsudatives utilisées en cosmétologie comme raffermissant de la peau ; les feuilles aux propriétés antioxydantes sont efficaces pour restaurer les mains rugueuses.
Des parfums sont créés. Le parfumeur Pierre Guillaume de la maison Phaedon décrit un de ses parfums : « Une bouffée d’ambregris, dans laquelle la mousse de chêne aurait emprisonné le parfum délicat des fleurs d’un Albizia battues au vent d’été. »
– Encens japonais sous le nom de McKonobi obtenu à partir de la poudre des feuilles.
– Teinture jaune avec les feuilles de certaines espèces telle schimperiana.
– Alimentaire
En Asie et en Afrique, les jeunes pousses bouillies sont consommées. La gomme exsudée par l’écorce est parfois utilisée en confiserie. Les fleurs peuvent offrir la perspective d’un bon miel mais, à priori, cela reste très local.
Le feuillage de certaines espèces est comestible pour les troupeaux (chinensis…), au Japon les feuilles appelées ushinomochi sont données au bétail.
Attention, les gousses et les graines de certaines espèces peuvent se révéler toxiques (tanganyicensis) d’ailleurs certaines graines sont utilisées comme insecticide (schimperiana).
– Ornementales
Isolé – arbre d’alignement – brise-vents sur le littoral pour sa résistance au sel – arbre d’ombrage grâce à sa forme en parapluie – bonsaïs (particulièrement Albizia julibrissin f. rosea).
La gomme exsudée par l’écorce, le nectar qui peut parfois s’écouler des pétioles et les déjections d’insectes ont tendance à rendre le sol collant, il faut donc en tenir compte pour l’endroit de plantation, par exemple il faut éviter les parkings ou trop près de la maison.
– Les Chinois voient dans les fleurs en capitule la forme d’un éventail ; au Japon, on assimile la fleur à un pinceau par l’aspect de ses étamines.
– Au Japon, l’albizia symbolise l’été et particulièrement le 17 août (parfois le 10), c’est d’ailleurs la ‘fleur de naissance’ du 15, du 21 juillet et du 17 août.
Dans les haïkus (courts poèmes japonais), l’évocation de la ‘fleur d’albizia’ représente la saison estivale. Dans le ‘Recueil de dix mille feuilles’ (première anthologie de poésie japonaise) on peut lire à propos de l’albizia un poème de la princesse Ki no Iratsume (710-794) : « Est-ce que c’est moi seule qui peut voir les fleurs endormies qui fleurissent le jour et dormir avec un sentiment d’amour la nuit ? Maintenant, regarde toi aussi. »
L’écrivain japonais Kōda Rohan (1867-1947) aurait écrit dans son ‘Commentary Monkey’ de 1937 : « L’arbre de la joie est fait pour s’épanouir au bord de l’eau, et les belles fleurs paradisiaques autour de juin au bord de la rivière d’Ayase, à Tokyo. »
Dans le langage des fleurs, l’albizia symbolise le ‘délice’ dans le sens de réjouissance, de joie et d’allégresse.
L’écorce ayant des effets calmants, il est considéré que planter un albizia dans son jardin permet à la famille de ne pas se fâcher.
C’est aussi un calendrier naturel car lorsque l’albizia fleurit, il est temps de semer les haricots azuki et le millet, si l’albizia fleurit abondamment, il devrait y avoir une bonne récolte de haricots.
L’actrice japonaise Mariko Miyagi (1927-2020) a fondé un établissement pour handicapés physiques qu’elle nomma ‘Nemunoki Gakuen’, d’ailleurs l’uniforme du personnel est de couleur rose pâle afin de rappeler la couleur de l’arbre à soie (Nemunoki).
– En Chine, c’est le symbole de l’harmonie conjugale par ses folioles par paires qui se replient l’une contre l’autre pour s’endormir durant la nuit d’où le caractère chinois ‘Gokan’ le désignant. C’est une fleur de bonne augure de joie familiale.
Il est parfois appelé ‘arbre fantôme’, ce nom viendrait d’une légende :
« Autrefois vivait une famille heureuse mais malheureusement une longue maladie s’abattit sur la maman appelée He huan. Quand elle fut morte, elle refusa la réincarnation et préféra mettre son âme dans l’arbre devant sa maison afin de pouvoir rendre visite la nuit à son mari et ses deux enfants. Ainsi elle devint un arbre fantôme. »
Un dicton assure que l’on peut voir un défunt durant les sept jours après sa mort à condition de tenir une fleur d’albizia.
– Autrefois, en Inde du Sud, les fleurs de l’Albizia lebbeck étaient tressées en couronnes et offertes aux guerriers victorieux de retour.
– L’Albizia saman est un des symboles de la Colombie. Un vieux spécimen planté en 1914, l’arbre de Guacari, fut particulièrement respecté et lorsqu’une maladie l’atteint en 1989, cela suscita une véritable mobilisation pour le sauver, en vain. Afin d’honorer cette relation avec les habitants, une pièce de monnaie fut frappée à son effigie en 1993.
Mise à jour février 2024.