La grande famille des Rutaceae est constituée d’arbres, d’arbustes et de quelques plantes herbacées. Les agrumes font partie de la sous-famille Aurantioideae : espèces aux fruits à grosse baie pulpeuse.
Les premiers spécialistes des agrumes furent les botanistes Giovanni Battista Ferrari, Johann Christoph Volkamer, Carl von Linné, Giorgio Gallesio et Antoine Risso. Au XXe siècle, Walter Swingle, Tyōzaburō Tanaka et David John Mabberley préciseront les recherches scientifiques ; il en résultera des classifications comprenant des sous-genres et des sections.
Ici, nous verrons 3 genres principaux : Citrus – Fortunella – Poncirus.
Citronniers, orangers et pamplemoussiers font partie de sections différentes dans le genre Citrus. Si le botaniste japonais Tyōzaburō Tanaka considérait environ 160 espèces, en 1997/98 le botaniste britannique David John Mabberley ne compta que 6 espèces dont les autres seraient issues. Un vrai casse-tête !
Toutefois, on distingue 3 espèces ancestrales : Citrus maxima – pamplemoussier, Citrus reticulata – mandarinier et Citrus medica – cédratier qui serait l’ancêtre des citronniers. Une autre section très ancienne aussi, les ‘papeda’, regroupe différentes autres espèces et particulièrement l’espèce Citrus micrantha – biasong (nom au sud des Philippines).
Il est supposé que la primo origine serait l’Asie du Sud-Est dans les plaines au pied de la chaîne de l’Himalaya. En effet, leurs origines sont difficiles à déterminer car les agrumes sont les champions de l’hybridation, voire d’une double hybridation et n’ont d’origine certaine que de l’endroit où ils ont été cultivés et découverts.
– Citrus L.
∙ En latin classique Citrus,-i désignait le bois du cèdre – Cedrus ou bien le fruit du cédratier – Citrus medica. Le nom Citrus donné par Carl von Linné, en 1753, vient du latin citreum dérivé du grec ‘kitron’ désignant le fruit du cédratier. On peut s’étonner du lien entre cèdre et cédratier mais il faut remonter loin dans le temps où, lors de leurs rituels, les Juifs ont remplacé le cône du cèdre par le fruit du cédratier qu’ils ont alors appelé ‘pomme de cèdre’ – kedromêlon alors que le cèdre se nommait kedros.
∙ Agrume est un nom italien issu du latin acrumen signifiant ‘substance à saveur aigre’. Au XXe siècle, ce nom donné en 1811 par le pomologiste italien Giorgio Gallesio, a remplacé le nom vernaculaire citrus.
∙ Citrus est aussi parfois le nom vernaculaire (populaire) anglophone.
– Autrefois dans le genre Citrus, certaines espèces ont été reclassées depuis 1915 dans le genre Fortunella par Walter Tennyson Swingle, en hommage à Robert Fortune, mais en 1998, les recherches de David John Mabberley ont mis en doute cette classification et un retour dans le genre Citrus n’est pas exclu…
Les espèces de ce genre portent le nom vernaculaire de kumquat – nom qui viendrait de l’origine phonétique d’un nom cantonnais signifiant orange d’or et désignant leurs fruits.
– Poncirus est un genre créé par Constantine Samuel Rafinesque ; il ne comprend que 2 espèces ; il est souvent considéré comme un Citrus. Le nom Poncirus vient du vieux français en pays d’oc qui serait issu d’une contraction du nom ‘Pomme de cire’ nom donné au cédratier – Citrus medica – pomum cereum.
Les agrumes aiment les expositions ensoleillées; ils se développent sur toutes sortes de sols bien drainés mais toutefois préfèrent un sol frais, limono-sableux et non calcaire. Gros consommateurs d’azote, sans apport d’engrais, les agrumes végètent et produisent peu de fruits. Tolérance au gel de -4°C à -10°C selon l’espèce et l’environnement.
– Caractéristique principale : toute la plante sécrète des essences aromatiques. D’après une étude réalisée sur le Citrus x jambhiri – citron brut, des scientifiques japonais ont déterminé que, sur le rôle biologique, les substances volatiles – les monoterpènes, auraient un rôle de défense contre les microbes et les agents pathogènes des insectes.
– Ce sont des arbustes ou des arbres de 2 à 10 m, au tronc court, souvent à multi-troncs, à la cime souvent arrondie.
– L’écorce est souvent gris-brun foncé, parfois légèrement striée.
– Sur les jeunes rameaux, on trouve souvent la présence d’épines axillaires.
– Les feuilles persistantes sont simples, sauf pour le genre Poncirus dont les feuilles sont caduques et trifoliées (3 folioles (divisions) d’une feuille composée). Elles sont en position alterne, ovales ou oblongues, à l’apex (sommet) acuminé (la pointe s’amenuise fortement) ou arrondi, vertes, souvent très odorantes; le bord est très finement ou très nettement crénelé (cranté, découpé) ; le pétiole (axe reliant la feuille à la tige) des feuilles est parfois ailé ; généralement glabres, seule l’espèce maxima – le pamplemoussier – présente des feuilles au revers pubescent (poilu).
– Les fleurs hermaphrodites (bisexuées) sont parfois solitaires ou en grappes à l’aisselle des feuilles ; mellifères, elles sont très parfumées. Les boutons floraux blancs à blanc-rosé sont parfois pourpres.
Il existe plusieurs époques de développement, la plus importante étant au printemps. Certains cultivars de citronnier fleurissent tout au long de l’année. Pour une floraison printanière, la maturité du fruit se fait à l’automne.
∙ Calice à 5 sépales soudés.
∙ Corolle à 5 pétales rarement 4, blancs avec l’intérieur ou l’extérieur parfois légèrement rosé.
∙ Environ une vingtaine d’étamines (pièces florales mâles), en général 4 fois plus que les pétales, plus ou moins soudées en faisceaux.
∙ L’ovaire porté par un disque nectarifère est supère (pièces florales insérées au-dessous) et multicarpellé (multiloges), surmonté d’un large style (tige reliant l’ovaire au stigmate) cylindrique portant 1 stigmate (partie réceptrice de pollen) épais.
Pollinisation par les insectes – entomogamie – et le vent – anémogamie ; les espèces sont généralement allogames (pollinisation croisée avec deux plants différents).
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– Tout comme d’autres plantes angiospermes (plantes à fleurs), la majorité des agrumes possède cette caractéristique étrange : la polyembryonie (plusieurs embryons). Des études ont révélé qu’il existerait pour les Citrus (au moins) deux formes de polyembryonie : le principe des jumeaux, triplés… et la polyembryonie ‘agamospermique’ incomplète, forme la plus utilisée par les agrumes. En fait, dans la même graine se développent un embryon issu de la fécondation et un embryon dit ‘nucellaire’ issu des tissus maternels sans fécondation. Bien souvent, les embryons nucellaires se développent au détriment des embryons sexuels, et ceci fait dire aux botanistes que dans ce cas l’évolution est en faveur d’une dégradation de la sexualité. On obtient donc des clones (issus d’une reproduction végétative) du pied mère. Cette caractéristique ne se développe pas chez les cédratiers et les pamplemoussiers.
– Les fruits sont de grosses baies à glandes aromatiques de formes et de couleurs différentes selon l’espèce.
∙ La peau – l’épicarpe (paroi extérieure du fruit) nommé flavedo est plus ou moins coriace ou fin ; on y trouve des glandes oléifères.
∙ La partie intermédiaire – le mésocarpe nommé albédo, est blanc et spongieux, plus ou moins épais; il est peu développé chez les oranges, les citrons, les mandarines et les clémentines, par contre il peut être très épais chez les cédrats et les pamplemousses.
∙ La partie intérieure – l’endocarpe développe des poils formant une pulpe juteuse; cette chair est divisée en quartiers séparés par une fine cloison, les anciens carpelles.
Les agrumes développent souvent des fruits présentant un mamelon plus ou moins pointu ou arrondi et plus ou moins gros, au bout duquel on peut parfois distinguer l’ancien style.
– Les graines plus ou moins nombreuses sont disséminées dans les poils de l’endocarpe. Le feuillet entourant la graine n’est pas sclérifié, durci, c’est pourquoi l’on parle de pépin.
– La multiplication par greffe, marcotte ou bouture est retenue afin d’obtenir des individus conformes aux attentes.
– De nombreux hybrides et cultivars.
– Ennemis : pucerons – aleurodes – cochenilles – larves de certains papillons – divers insectes… La cochenille australienne – Icerya purchasi s’attaque aux agrumes ainsi qu’à d’autres arbres ; on peut la contrer en introduisant une coccinelle australienne – Rodolia cardinalis.
Ce serait des piqûres d’acariens qui infligeraient aux fruits des déformations.
– En culture, on utilise souvent un porte-greffe assurant une meilleure rusticité et particulièrement avec Poncirus trifoliata.
– Alimentaire : les fruits sont riches en vitamine C; consommation immédiate des fruits – zestes – confitures – conserves – jus de fruits – vins – arômes concentrés – tisanes…
∙ Les agrumes étaient largement cultivés en Chine au moins 1000 ans avant J.-C., voire beaucoup plus pour certaines espèces.
∙ Dès le XVI° siècle en Europe, afin de les cultiver, on construisit les premières orangeries pour les protéger.
∙ La production mondiale des agrumes arrive juste après la production des raisins et des bananes.
∙ L’Inde, pays d’origine à priori, serait le 6ème producteur mondial de mandarines, d’oranges et de citrons verts.
– Fourrage avec les pelures.
– Textile : en Italie, la société Orange Fiber a breveté et produit des tissus durables à base de sous-produits de l’industrie agroalimentaire, par exemple avec la pulpe des oranges utilisées pour les jus de fruits. Salvatore Ferragamo, un maroquinier et couturier italien réputé, soucieux de la planète, a optimisé les produits de Orange Fiber lors de sa collection printemps/été 2017 : chemises – robes – pantalons – foulards…
– Médicinales
∙ Le citronnier fut largement répandu dans le monde par les marins qui l’utilisaient pour sa vertu antiscorbutique. Pour la même raison, ils consommaient aussi des pamplemousses.
∙ L’extrait de pépin de pamplemousse – Citrus maxima est un puissant antibiotique naturel mais la médecine classique n’a pas encore validé cet aspect même s’il est déjà commercialisé à cet usage en produit naturel.
∙ Le fruit de Citrus x paradisi aurait un effet contre le cancer de la prostate toutefois la médecine classique est prudente car il pourrait provoquer aussi des interactions médicamenteuses indésirables.
– Parfumerie et cosmétologie.
∙ L’huile de citron resserre la peau et a un effet tonifiant, purifiant.
∙ Constituants des eaux de Cologne et de parfums masculins.
∙ Essences et huiles essentielles.
L’essence est obtenue par scarification des particules de zestes; après distillation à la vapeur d’eau, on obtient l’huile essentielle.
– Ornementales.
– Le ‘Jardin des Hespérides‘, dans la mythologie grecque, était le verger des Dieux où pousse le fruit de l’immortalité. Parfois, le fruit des agrumes est désigné sous le nom d’hespéridé. Le nom hesperides vient d’un mot utilisé en péninsule ibérique signifiant ‘venant loin de l’ouest’, et en effet ce nom est issu du grec ancien désignant la fille d’Hesperus, l’Occident, le Couchant.
– L’écrivain philosophe français Michel De Montaigne (1533-1592) a écrit : « L’homme est bien insensé : il ne saurait forger un citron, et il forge des dieux par douzaines ! »
– L’encre sympathique ou encre invisible paraît tellement mystérieuse qu’elle fascine les enfants mais aussi les grands puisqu’elle fut utilisée dans l’espionnage. Il suffit d’écrire avec du jus de citron à la place de l’encre, après séchage l’écriture disparaît et pour la faire réapparaître il suffit de passer le papier au-dessus d’une source de chaleur.
– En 1929, à Menton naît un événement qui sera plus tard appelé la ‘Fête du citron‘; à cette époque, Menton est le premier producteur de citron du continent. Cette fête est associée au défilé carnavalesque créé en 1896 afin de rivaliser avec le carnaval de Nice. A partir de 1936, en plus du carnaval, les jardins Biovès de Menton présentent des œuvres, parfois de plusieurs mètres, réalisées en citrons et en oranges; cela nécessite 120 tonnes d’agrumes souvent importés d’Espagne.
Mise à jour avril 2024.