Le genre Ostrya appartient à la famille des Betulaceae, famille du bouleau, Betula, du charme, Carpinus, du noisetier, Corylus…
Cette famille distingue 2 sous-familles Betuloideae et Coryloideae, qui se différencient par la morphologie de leurs fleurs et de leurs fruits.
Ostrya est inclus dans la sous-famille Coryloideae et la tribu des Carpineae. Cette sous-famille est parfois considérée comme une famille à part entière, elle comporte 4 genres : Carpinus, Corylus, Ostrya et Ostryopsis.
Certaines espèces asiatiques de charme, cordata, fangiana, japonica et rankanensis, sont très proches du genre Ostrya et certains taxonomistes leur ont même créé une section : Distegocarpus. Elles se rapprochent surtout du genre Ostrya par leur écorce écailleuse et une infrutescence aux bractées membraneuses presque closes.
8 (10) espèces dans le genre : carpinifolia – chinensis – japonica – knowltonii – rehderiana – trichocarpa – virginiana – yunnanensis. Les plus connues sont carpinifolia, virginiana et japonica.
Les ostryers seraient apparus au cours du Tertiaire et particulièrement vers la fin de l’Éocène, vers 41 MA, ce serait les derniers membres apparus de la sous-famille. Les différentes espèces sont très proches et d’après les écrits de 1888 du paléontologiste Paul Fliche cela viendrait de leur origine commune découverte dans des roches du Miocène des régions polaires, c’est de là que l’ostryer aurait migré et les espèces se seraient légèrement diversifiées en conséquence de nouvelles conditions environnementales.
Régions tempérées de l’hémisphère nord et particulièrement Sud de l’Europe – Sud-Ouest et Est de l’Asie – Amérique du Nord et Centrale.
– Europe
Carpinifolia est la seule espèce d’Europe centrale et des régions méditerranéennes. Elle se trouve à l’état spontané en Corse et dans les Alpes maritimes et particulièrement dans le Comté de Nice et en Ligurie. On la trouve en compagnie du pin d’Alep, du pin maritime et du chêne pubescent.
Elle se développe jusqu’au Proche-Orient. On peut découvrir des peuplements jusqu’au sud du Caucase en Russie.
– Amérique
∙ L’espèce knowltonii s’épanouit au sud de l’Amérique tempérée dans des régions arides ; chisosensis est endémique du Texas et particulièrement des monts Chisos dans le parc national de Big Bend, elle est parfois considérée comme une variété ou une sous-espèce de knowltonii.
∙ L’espèce virginiana se développe à l’est de l’Amérique du Nord, elle est indigène du Canada. Elle présente 2 sous-espèces : virginiana et guatemalensis, ainsi que des variétés ; elle est parfois considérée comme une sous-espèce ou une forme de l’espèce méditerranéenne, carpinifolia.
– Japon, Corée et Chine de l’est au nord-ouest : japonica.
– Chine
∙ Chinensis, synonyme multinervis, est endémique du centre et du centre-sud de la Chine.
∙ Rehderiana endémique de la province du Zhejiang.
∙ Yunnanensis nord-ouest du Yunnan.
∙ Trichocarpa sud-ouest du Guangxi.
– Ostrya Scop.
En 1753, Linné avait classé l’espèce type dans les charmes, Carpinus, avec l’épithète ostrya mais en 1756(7) John Hill la différencia des charmes et envisagea un classement dans le nouveau genre Ostrya, genre validé et homologué par le naturaliste italien Giovanni Antonio Scopoli en 1760.
Ostrya est son nom latin issu du grec ‘ostrua’ dont l’étymologie est incertaine. Cela pourrait signifier ‘semblable à l’os’, nom utilisé par Pline l’Ancien pour désigner des arbres à bois dur ou cela pourrait signifier ‘écailles’ en référence aux bractées imbriquées des infrutescences, une autre version évoque le nom grec ‘ostreon’ signifiant coquille en allusion aux infrutescences renflées en coquille.
L’épithète de l’espèce type carpinifolia vient du latin signifiant ‘à feuilles de charme’. Décrite et nommée par Scopoli en 1772.
– Noms populaires
∙ Charme-houblon, ce nom rappelle deux plantes : le charme et le houblon. Les feuilles, les rameaux et le bois très dur ressemblent à ceux du charme de la même famille, et particulièrement de l’espèce Carpinus betulus ; les fruits ressemblent à ceux du houblon – Humulus lupulus de la famille des Cannabaceae.
En italien, l’espèce carpinifolia se nomme ‘carpino nero’ soit charme noir ce qui la différencie du charme blanc, Carpinus alba plus connu sous le nom de Carpinus betulus.
L’espèce virginiana est parfois nommée ‘charme des marais d’Amérique’. En Amérique, son équivalent est aussi un charme mais Carpinus caroliniana, le seul charme existant dans ce grand pays.
∙ Ostryer, l’espèce carpinifolia porte le nom d’ostryer commun.
∙ Hop-hornbeam est le nom anglophone : hop désigne le houblon (hops désigne les épis de la fleur femelle), hornbeam désigne le charme (nom relatif à l’utilisation de son bois ; littéralement ‘poutre en corne’ soit poutre dure).
Selon l’espèce, il est rajouté l’origine géographique : European hop-hornbeam pour carpinifolia – Eastern hop-hornbeam pour virginiana – Big Bend hop-hornbeam pour chisosensis – East Asian hop-hornbeam pour japonica…
∙ Bois de fer – iron tree. Voir à Utilisations, toutefois d’autres genres d’arbres portent ce nom vernaculaire.
∙ Tiě mù shǔ (tianmu) – 铁木属 est le nom chinois du genre qui signifie ‘bois de fer’.
∙ En Russie, le genre porte le nom de khmélégrab, l’espèce carpinifolia khmélégrab obyknovenny, on ne la trouve que dans les forêts latifoliées du sud du Caucase.
En altitude de 300 à 1 000 m pour l’espèce type, en général sur le versant nord, l’ubac ; sur le versant sud, l’adret, il a besoin d’une bonne humidité atmosphérique. En Asie, on les trouve dans les forêts à flanc de colline à des altitudes assez élevées, jusqu’à 2 600 à 2 800 m.
Même si la majorité préfère des sols chauds mais assez frais, ils offrent, selon l’espèce, une tolérance relative à la sécheresse.
Tolérance au gel de -15° à -20°C ; l’espèce virginiana pourrait résister jusqu’à – 35°C. Les gelées tardives à la fin de l’hiver peuvent compromettre la floraison.
Sol léger, préférence pour un peu de calcaire pour la majorité des espèces mais d’autres se contentent d’un sol neutre à légèrement acide ; ils prospèrent mieux sur des sols riches et frais. Intolérants au sel mais tolérants à la pollution (excepté virginiana).
Selon les conditions proposées, ils acceptent le soleil, la mi-ombre ou l’ombre.
Carpinifolia est l’espèce type de Ostrya, elle est très proche du charme commun, Carpinus betulus. L’espèce virginiana, très connue et réputée, se distingue de l’espèce type par ses feuilles et ses fruits plus grands, on peut la confondre avec le bouleau jaune, Betula alleghaniensis. En Chine, l’espèce type serait japonica.
Les espèces présentent des caractéristiques très proches et leurs différences sont souvent effacées par des conditions de culture différentes.
Ostryer se distingue particulièrement du charme par une écorce qui s’écaille, des bourgeons de fleurs mâles apparaissant dès l’automne, des bractées femelles non lobées, renflées, scellées, enserrant une graine ovoïde.
– Si de bonnes conditions lui sont offertes, la croissance à priori lente, voire très lente au départ peut devenir assez rapide. Longévité d’environ 150 ans.
– Arbre pionnier de sous-étage, de 10 à 15 m, rarement 20 à 25 m pour certaines espèces chinoises, les plus grandes de leur genre. En Europe, le plus grand enregistré de l’espèce carpinifolia avec 24 m (en 2013) est situé à Killerton au Royaume-Uni.
Port conique devenant arrondi avec l’âge. Une fois le tronc droit bien établi, l’arbre a tendance à favoriser la croissance des bourgeons latéraux donnant ainsi naissance à de belles branches charpentières. Les branches finissent par retomber horizontalement ; celles de virginiana sont souvent porteuses de balais de sorcière. Contrairement au charme, le tronc de l’ostryer ne forme pas de cannelures.
On peut aussi trouver des spécimens à multi-troncs.
– Écorce gris-brun au-dessous brun rougeâtre, très fine, lisse à l’état juvénile, portant des lenticelles puis s’écaillant avec l’âge en languettes étroites souvent retournées aux extrémités.
– Rameaux pubescents fins et sinueux, des longs et des courts.
– Bourgeons ovoïdes à oblongs, pubescents, protégés par de nombreuses écailles imbriquées.
– Système racinaire pivotant et profond qui rend la transplantation difficile ; celui de l’espèce japonica serait plus étalé.
– Feuilles caduques au pétiole court, souvent poilu à l’état juvénile, simples, ovales à elliptiques, de 4 à 12 cm, alternes, base arrondie ou effilée, plus ou moins acuminées, irrégulièrement et doublement dentées. Distiques, les nervures latérales sont par paires de 12 à 20 (l’espèce chinensis peut en présenter jusqu’à 25 paires), saillantes et au revers parfois pubescent, elles peuvent former des fourches en leur milieu. Vert brillant, plus pâle sur le revers, virant au jaune à l’automne, certaines espèces asiatiques virent plutôt au brun-orangé.
– Cette plante est monoïque. Elle serait mature sexuellement vers l’âge de 20 à 25 ans.
Généralement les fleurs sont printanières (avril-mai) ou 1 ou 2 mois plus tard, les espèces japonica et yuannensis seraient plutôt estivales. Les bourgeons des fleurs mâles apparaissent à l’automne à l’apex des rameaux longs de l’année et s’épanouissent dès la fin de l’hiver et au tout début du printemps avant ou avec les feuilles alors que les femelles se développent au début du printemps avec les feuilles sur les rameaux courts de l’année. Les embryons des chatons mâles des noisetiers et des aulnes apparaissent aussi à l’automne.
Les mâles et les femelles d’un même arbre ne se rencontrent généralement pas, c’est le principe d’une pollinisation croisée qui est en plus confiée au vent, anémophile.
∙ Fleurs mâles réunies en inflorescences sur 1 seul pédoncule portant de 2 à 3 (5) chatons sessiles, cylindriques et pendants, de 3,5 à 6 cm selon l’espèce. Chaque bractée protège 3 fleurs sans périanthe. En moyenne, les espèces développent de 3 à 6 étamines, d’autres jusqu’à 14 ; les étamines sont libres, filamenteuses, aux anthères biloculaires.
∙ Fleurs femelles en inflorescence solitaire en racème axillaire constitué de bractées formant un cône de 3 à 5 cm, d’abord dressé puis pendant. Chaque bractée non lobée protège 2 fleurs (mais 1 seul fruit se développera) ; la fleur est apétale, le calice est adné à l’ovaire infère à 2 (3) carpelles, au pistil à 2 styles. Les nombreuses bractées sont plus ou moins imbriquées, de blanc-jaunâtre à verdâtre elles deviennent orangé puis brun clair à maturité du fruit.
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– Selon l’espèce, les fruits sont matures en été ou en automne. Ils sont constitués d’akènes pendants, aux bractées elliptiques formant des membranes gonflées et scellées enfermant les nucules, les graines dans un petit sac ressemblant aux fruits du houblon ; la base des bractées est recouverte de poils irritants (à mettre à l’écart des doigts des enfants et même des adultes).
Graines minuscules ovoïdes. Le taux de germination des graines de carpinifolia serait assez faible dans les régions trop au nord de sa zone de prédilection, manque de chaleur.
– Ennemis : on ne lui en connait pas de sérieux.
– Ornementales
Arbre d’alignement – haie (charmille), néanmoins il n’apprécie pas les tailles trop courtes.
– Bois du blanc jaunâtre au brun clair selon l’espèce, parfois avec une teinte rougeâtre, très dur et durable, résistant au feu et à l’eau. D’après certains, leur préférence pour des sols calcaires leur ferait absorber les minéraux calcaires responsables de la dureté du bois, d’après d’autres sources, la dureté viendrait des sécrétions des cellules épidermiques qui contiendraient du chrome, du cuivre, du cobalt et du nickel et, qui, à l’air libre durciraient en une colle translucide imperméable à l’eau.
Ce bois réputé infendable est comparé à l’acier, il est difficile d’y percer un clou et même une balle d’arme à feu ne peut y pénétrer.
Sur un site chinois, il est raconté que Pierre le Grand aurait gagné une bataille navale contre les Turcs grâce à ses navires en bois de Vologezh ( ?), du bois d’Ostrya, ce qui est étonnant pour un arbre dont le bois a la réputation de couler.
Il est utilisé pour fabriquer des meubles, des petits ustensiles (prisé en planche à découper en Chine), des manches d’outils et de leviers, des planchers dans la construction navale chinoise (auparavant 80% de l’utilisation de ce bois), des patins de traîneau, des semelles d’avion, des longs arcs et des poteaux en Amérique…
Ils furent considérés comme les bois les plus durs des arbres du Canada, de Chine et du Japon mais leurs tailles moyennes et leur dissémination en petits peuplements ont fortement réduit leur utilisation devenue onéreuse, en revanche l’espèce japonica ne poserait pas de problèmes et son bois serait largement utilisé localement en Chine et au Japon.
Attention, certaines personnes sont allergiques à la poussière de son bois.
Bois de chauffage intéressant mais étant très difficile à fendre on préfère l’utiliser en charbon de bois très calorifique.
– Écologie
Plante alimentaire des larves de certains lépidoptères (papillons). Les oiseaux et certains mammifères apprécient ses bourgeons et ses petites graines.
– Médicinales
L’espèce virginiana était utilisée dans les pharmacopées indiennes pour soigner la toux, les problèmes dentaires et rénaux.
– Cosmétique
Les feuilles de l’espèce japonica rentre dans la composition de produits traitant la peau.
– Alimentaire
Les racines de carpinifolia peuvent vivre spontanément en symbiose avec la truffe blanche ce qui a donné l’idée aux producteurs de les mycorhizées avec de la truffe noire, Tuber melanosporum ou la truffe grise, Tuber uncinatum, c’est ainsi que sont nés les ‘charmes truffiers’ du Périgord et de la Bourgogne. Il est à noter que l’on retrouve aussi ce procédé avec les ‘vrais’ charmes.
Les feuilles peuvent être consommées en soupes ou pour confectionner des sauces.
– L’espèce rehderiana est sous protection nationale, une réserve naturelle a été créée afin de permettre sa régénérescence et deux jardins botaniques chinois la cultivent. yunnanensis est en danger et chinensis est devenue rare et en voie de disparition.
– En Chine, l’espèce japonica est considérée comme un arbre de vie et un arbre sacré par les qualités exceptionnelles de son bois. Cet arbre serait même évoqué dans le Shenyijing.
Publié le 12 septembre 2023.