Le genre Platanus est un des plus anciens genres de plantes à fleurs – les angiospermes, et les différentes espèces seraient le résultat évolutif dû a la séparation des continents.
Ce genre est l’unique représentant de la famille des Platanaceae.
Selon les auteurs, on dénombre de 6 à 8 (10) espèces.
Linné avait défini deux espèces : le Platanus orientalis aux feuilles ‘palmées’ et le Platanus occidentalis aux feuilles ‘lobées’. D’autres botanistes validèrent ces deux espèces avec des caractéristiques parfois un peu différentes de celles de Linné mais concernant surtout les feuilles. En 1841, au vu de la grande polymorphie des feuilles, Édouard Spach considéra que toutes les espèces n’étaient en fait que des variétés (ou des sous-espèces) d’une espèce qu’il appela Platanus vulgaris ; cette proposition ne fit toutefois pas l’unanimité.
En France, la majorité des platanes actuels sont des ‘platanes communs’- Platanus x hispanica qui est un hybride entre le Platanus orientalis – platane des Balkans et le Platanus occidentalis – platane américain ; l’espèce orientalis serait le parent femelle. Certains ont supposé qu’il pourrait être un ancien cultivar de l’espèce orientalis mais des études de génétique moléculaire ont attesté de son caractère hybride.
On trouve aussi cet hybride sous le nom de Platanus x acerifolia rappelant ainsi ses feuilles semblables à certains érables.
Ce genre serait apparu au début du Crétacé (Platanocarpus : 113 à 98 M.A.) et on trouve sa présence sur les deux hémisphères dès le milieu du Crétacé (100 à 65 M.A) ; les derniers dinosaures ont donc partagé le même habitat. En Europe, il s’est particulièrement étendu lors du Miocène. Certains considèrent les platanes actuels comme des reliques, des fossiles vivants.
Les différentes espèces se développent dans certaines régions tropicales et dans les régions tempérées d’Amérique du Nord, du Sud-Est de l’Europe et de l’Extrême-Orient.
∙ orientalis : Sud-Est de l’Europe.
∙ occidentalis : Est et Centre de l’Amérique du Nord.
∙ mexicana, wrightii, gentryi et racemosa : Amérique subtropicale et tempérée.
∙ kerrii : Asie du Sud-Est et particulièrement en Indochine.
– Le Platanus occidentalis fut ramené de Virginie en Angleterre vers 1636 par le botaniste et collectionneur britannique John Tradescant le jeune.
En Europe, au début du XIXe siècle, cette espèce a été décimée par l’anthracnose et hormis des plantations dans les arboretums, on ne la trouve plus naturellement.
– Quant au Platanus orientalis, il a disparu à l’ère glaciaire d’Europe occidentale et du Nord pour se réfugier dans les Balkans. Des fossiles découverts en Hongrie attestent de sa présence à l’époque tertiaire (- 65 à – 2,6 millions d’années).
∙ D’après Pline, le Platanus orientalis a d’abord été réintroduit de l’Asie dans l’île de Diomède pour orner le tombeau du Roi, et de-là les romains vers 360 – 300 av. J.-C. l’introduiront en Sicile puis dans toute l’Italie. Ce serait vers -100 av. J.-C. qu’il aurait été introduit en France, à priori sans grand succès.
Il ne faut pas confondre les îles de Diomède dont parle Pline qui se situe dans l’Adriatique (appelées aussi les îles Tremiti) avec les îles Diomède en Sibérie où aucun arbre ne pousse !
Le tombeau de Diomède – un des héros grecs de la guerre de Troie, compagnon d’Ulysse – se trouverait sur l’île de Diomède. Théophraste dans ‘Histoire des plantes’ écrit : « le platane est plus fréquent autour de son sanctuaire (il parle de Diomède) que partout ailleurs en Italie« .
∙ Le naturaliste français Pierre Belon, envoyé en Grèce par François Ier, fut le premier à ramener des graines de Platanus orientalis en France. Le platane, considéré à l’époque comme ‘arbre rare’, qui aurait été planté vers 1558 au ‘Jardin des Pins’ à Fontainebleau provenait-il de ces graines ?
∙ En Angleterre, au XVIe siècle, l’homme politique Nicholas Bacon, père du fameux Chancelier Francis Bacon, fit planter les premiers platanes d’Orient dans les jardins de son château en 1561(62). Ces platanes viendraient de Turquie.
∙ En 1576, Charles de l’Écluse introduisit à Vienne des spécimens en provenance de Constantinople.
∙ En 1754 en France, Louis XV fit venir d’Angleterre des Platanus orientalis pour orner les environs du Trianon mais d’autres sources évoquent une provenance du ‘Jardin des Pins’ de Fontainebleau où aurait été acclimaté un des premiers spécimens.
∙ C’est surtout Buffon qui fit connaître le Platanus orientalis en l’implantant en 1785 à Paris dans le Jardin des Plantes du 5ème arrondissement. En 2001, un des trois arbres plantés initialement a reçu le label d’Arbre Remarquable’.
∙ Cette espèce fut introduite aux USA au début du XIXe siècle.
– Les espèces orientalis et occidentalis se seraient hybrider naturellement un peu partout en Europe mais certains situent les premières hybridations en Espagne vers 1650 d’où le nom latin de l’hybride Platanus x hispanica ; d’autres situent l’hybridation en 1670 dans le jardin de Chelsea à Londres avec le nom synonyme de Platanus x acerifolia et le nom vernaculaire anglophone de ‘London plane’.
– Platanus L.
Ce nom sera validé officiellement par Linné en 1753 mais c’est le botaniste français Joseph Pitton de Tournefort qui a décrit cet arbre en premier et l’a classé dans les plantes à ‘chatons’ et nommé Platanus. Bernard de Jussieu le classa donc dans les ‘dicotylédones apétales aux étamines séparées du pistil’ dans l’ordre des Amentaceae (les plantes à chatons), tout comme le saule, le peuplier, le liquidambar, le bouleau, le charme, le hêtre, le chêne, le noisetier, l’orme et le micocoulier.
Nom issu du grec ‘platanos’ de ‘platus’ signifiant large et plat, pour certains en référence à ses larges feuilles pour d’autres à la largeur de son houppier.
– Du nom grec est issu le nom anglophone de ‘Plane tree’.
– En langue anglophone, Platanus occidentalis porte le nom de American sycamore, nom qui aurait été donné par les colons européens en référence à la ressemblance de ses feuilles avec celles du sycomore – Acer pseudoplatanus.
Sycomore (ou sycamore en langue anglophone) vient du grec désignant le Ficus sycomorus, de ‘sukon’ en grec désignant la figue et pourtant Acer pseudoplatanus n’a rien à voir avec le figuier, on peut alors supposer que le nom vient de la dérivation du nom ‘sycomore’ qui désignait autrefois certaines espèces sauvages d’arbres.
Adaptables, ils préfèrent toutefois un sol humide mais bien drainé et riche; c’est pourquoi on les trouve souvent près des rivières, ce sont des arbres de ripisylves. L’espèce orientalis supporte mieux un habitat sec que l’espèce occidentalis et leur hybride est intermédiaire. Rarement en peuplements purs, l’espèce occidentalis côtoie le copalme, le peuplier, l’érable, le saule, le frêne, l’orme… bref les espèces appréciant l’humidité.
Ils nécessitent la pleine lumière. Ils tolèrent la pollution.
Ils proposent une bonne tolérance au gel : de -10°C jusqu’à -15°C pour orientalis qui se révèle sensible aux gelées tardives ; quant à occidentalis, il tolère un gel jusqu’à -26°C tout en y étant beaucoup plus sensible à l’état juvénile.
La caractéristique distinctive de ce genre est son écorce très reconnaissable, une véritable tenue de camouflage…
– C’est une plante dicotylédone à la croissance rapide et à la longévité de 100 ans jusqu’à 1 000 ans. En Azerbaïdjan, il existerait des platanes d’Orient âgés de 2 000 ans.
– Ce sont de grands arbres de 25 à 30 m pour orientalis et parfois (mais rarement) jusqu’à 50 m pour occidentalis ce qui en fait un des plus hauts arbres feuillus d’Amérique du Nord avec le tulipier – Liriodendron. L’hybride hispanica atteint 30 m et parfois jusqu’à 45 m.
Le tronc droit est imposant, il se divise souvent assez bas en plusieurs troncs; les vieux troncs sont alors souvent creux du fait de la concurrence des multi-troncs. L’espèce occidentalis peut développer un tronc jusqu’à 3,50 m de diamètre ; il est raconté que l’ours noir peut venir mettre bas au cœur du tronc.
– L’écorce mouchetée forme des écailles appelées rhytidomes qui s’exfolient en larges plaques ; la base du tronc de l’espèce orientalis s’exfolie en petits fragments ; l’hybride Platanus occidentalis var. densicoma a une écorce persistante.
L’aspect très particulier de l’écorce s’explique par le manque d’élasticité du tissu de l’écorce qui s’étire difficilement avec la croissance du bois.
La vieille écorce tombée régulièrement au sol enrichit la terre d’humus : ainsi la boucle est bouclée…
Sur les vieux arbres, les plaques deviennent dures et forment des excroissances.
– Le système racinaire est puissant, pivotant et traçant.
– Durant l’hiver, les bourgeons pointus restent dissimulés à l’intérieur du rameau ce qui est une mesure de protection étonnante car généralement les arbres produisent leurs bourgeons à l’extérieur des tiges. Exception dans le genre Platanus, le bourgeon de l’espèce kerrii est libre à l’extérieur de la tige.
Le site de UFR des Sciences de la Vie – Sorbonne Université nous propose cette photo d’un bourgeon à l’abri à l’intérieur de la base du pétiole qui pour l’exemple a été découpée.
Une tige démarre les trois premières années de sa vie par une croissance monopodiale puis elle opte pour une croissance sympodiale en favorisant le développement des bourgeons latéraux, le bourgeon apical ne se développe pas et avorte à l’automne. Ce type de croissance donne à l’arbre un port très étalé, c’est aussi pour cette raison que cet arbre supporte si bien de fortes tailles.
Des bourgeons dormants peuvent se développer à tous moments ; en s’agglomérant, ils peuvent former de nombreux broussins.
– Les branches sont largement étalées ; les charpentières sont imposantes ; les branches basses sont assez flexibles et peuvent parfois toucher le sol au point de se marcotter. Les jeunes branches sont pubescentes, les plus âgées sont glabres.
L’espèce orientalis présente un port encore plus étalé que l’occidentalis.
– Les tiges se développent en zigzag car chaque section ne développe qu’un seul bourgeon en position alternée avec le précédent.
– Les feuilles juvéniles sont recouvertes d’un duvet extrêmement irritant. La présence de stipule engainante à la base du pétiole est remarquée mais elle est très rapidement caduque.
Les feuilles sont généralement caduques mais celles de certains rares platanes sont persistantes : on peut citer Platanus orientalis var. cretica ou encore Platanus kerrii. Elles débourrent assez tardivement et perdent leurs feuilles assez tôt vers la fin de l’automne. Les feuilles une fois tombées au sol mettent pas mal de temps à se décomposer.
Elles sont simples, à formes variables selon leur position et selon l’espèce, de 10 à 25 cm, longuement pétiolées, généralement à bords dentés ou rarement entiers (Platanus racemosa – sycomore de Californie) ; il a été remarqué que le développement de feuilles à bord entier est plus probant en habitat tropical.
Elles ressemblent aux feuilles de certains érables à la différence que celles des érables ne sont pas en position alternée mais opposée. Le nom de ces érables rappellent leurs similitudes avec les platanes : Acer pseudoplatanus et Acer platanoides.
Les feuilles ont une nervation palmée dite ‘pédalée’ qui se distingue par 3 nervures principales reliées à la base du limbe et du pétiole ; de ces nervures se ramifient des nervures secondaires de moindre importance.
∙ orientalis se distingue par (3) 5 (7) lobes profondément échancrés et plus ou moins dentés. Les feuilles sont un peu plus petites qu’occidentalis et hispanica. À l’automne, les feuilles se colorent du roux au rouge vif ce qui a donné à cette espèce le nom persan de Chenar ou Chinar signifiant ‘quel feu !’
∙ occidentalis a des feuilles plus larges que longues, palmées en 3 rarement 5 lobes très peu échancrés et grossièrement dentés ; à l’automne elles deviennent jaune-brun.
∙ hispanica a de grandes feuilles composées de (3 à 7) le plus souvent 5 lobes peu dentés et moins échancrés que l’espèce orientalis.
– Cet arbre monoïque est mature sexuellement vers l’âge de 6 à 7 ans ; sa production optimale de fleurs est atteinte vers 25 ans et peut durer jusqu’à ses 200 ans.
Les inflorescences sont unisexuées sur le même pied, elles apparaissent en même temps que les feuilles au printemps. Les petites fleurs en chatons sont très rapprochées et insérées sur un réceptacle (capitule) sphérique suspendu par un long pédoncule portant de 1 à 5 glomérules en position alternée ; l’espèce occidentalis ne développe qu’un seul glomérule par pédoncule, rarement 2.
Les fleurs possèdent un calice de 3 à 7 sépales et une corolle de 3 à 7 pétales mais ce périanthe se limite à des écailles linéaires-spatulées très réduites et peu apparentes, chez les fleurs femelles la corolle est souvent absente.
∙ Les fleurs mâles jaunâtres se développent sur du vieux bois. Elles sont regroupées en boule et ne font apparaître que le sommet des étamines dont les anthères aplaties forment comme un bouclier ; chaque fleur possède 4 (3 à 7) étamines. Le pollen peut être sérieusement allergénique pour certaines personnes.
∙ Les femelles se développent à l’extrémité de jeunes pousses mais sur de vieux rameaux. Elles sont serrées en une boule rougeâtre ; elles ont un ovaire supère composé de 5 à 9 carpelles surmontés d’un style rougeâtre, persistant et se terminant par un stigmate recourbé à l’extrémité ; chaque carpelle ne contient qu’1 seul ovule ou rarement 2 ; présence de staminodes.
Pollinisation anémophile (vent).
En savoir plus sur leur Sexualité.
– Les fruits forment une infrutescence en boule très serrée d’environ 2 cm dont le réceptacle plumeux est constitué de longs poils très irritants provoquant le rhume des foins. Ces fruits en akènes sont secs, indéhiscents ; ils sont matures à l’automne. Les fruits persistent longtemps sur l’arbre après la chute des feuilles et finissent par se désagréger sous l’effet du vent ; la dissémination est particulièrement anémophile, toutefois les oiseaux et les fourmis y contribuent et l’eau est aussi un bon moyen de transport.
– Petites graines oblongues. Comme souvent chez les arbres, la production de graines est à son maximum un an sur deux.
– Ennemis
∙ Le chancre coloré : c’est une grave maladie cryptogamique dûe à un champignon microscopique – Cerastocystis platani ou fimbriata. Ce champignon est apparu en 1929 aux USA et a probablement été introduit dans le sud de la France lors du débarquement de Provence en 1944.
Des chercheurs de l’INRA ont croisé différents platanes d’Orient et d’Amérique qui se révèlent plus résistants à ce chancre coloré. Le cultivar Platanus platanor ‘Vallis Clausa’ résiste aussi à l’anthracnose.
∙ Anthracnose – oïdium.
∙ Les larves du papillon Phyllonorycter platani se nourrissent des feuilles en provoquant des dégâts.
∙ Le tigre du platane est un insecte piqueur-suceur ressemblant à une petite punaise qui s’attaque aux feuilles.
– Multiplication par graines, boutures et marcottes. Le platane fait partie de ces arbres qui ne supportent pas la greffe en revanche il est réputé pour sa multiplication par marcottage.
– Variétés et nombreux cultivars.
∙ Platanus orientalis var. cretica est un arbre rare, il est endémique de Crète d’où son nom de variété. La légende veut que ce platane soit devenu à feuillage persistant depuis les amours nuptiales de Zeus et d’Europa à l’ombre du feuillage d’un platane de Gortyne – ancienne cité-état de Crète.
∙ Platanus orientalis var. insularis (autrefois nommé digitata) possède des feuilles aux lobes très étroits qui ressemblent aux doigts d’une main ; à l’automne elles deviennent rouge-orangé. Cette variété a été introduite en Europe en 1842.
∙ Le cultivar Platanus orientalis ‘Minaret’ a des feuilles très échancrées.
– Aux Clayes-sous-Bois dans les Yvelines se trouve le platane du parc de Diane qui, en 2000, a reçu le label ‘Arbre remarquable’. Ce platane fut planté en 1556 à la demande de Diane de Poitiers (favorite de Henri II) ; cet arbre est particulièrement spectaculaire par le marcottage de ses grosses branches qui lui confère une allure de géant.
– En 1599, à la demande d’Henri IV a été planté à Santenay, en Côte d’or (21), deux platanes d’Orient (origine supposée). Ils feraient partie des plus vieux de France ; l’un des deux a été foudroyé mais il a quand même survécu et l’autre bénéficie du label ‘Arbres remarquables’.
– Le platane à ‘Tête de Méduse’ est un spécimen hybride que l’on peut voir au Château des Bruyères à Pont St Esprit dans le Gard (30) ; en 2018 il mesurait 42 m avec 10 m de circonférence.
– À Lamanon près de Salon de Provence (13), le ‘géant de Provence’, un platane d’Orient atteint plus de 20 m pour une circonférence de 7,20 m. La légende dit qu’il aurait été planté par Catherine de Médicis lors de sa visite à Nostradamus mais en réalité il a probablement été planté lors d’une naissance comme le voulait la coutume.
– À Saint Guilhem le Désert dans l’Hérault (34), le ‘Roi Platane’ avec 6 m de circonférence se trouve sur la place du village, la place de la liberté. Il aurait été planté en 1848 pour célébrer la naissance de la République mais un peu plus tard Louis XVIII fit déraciner les ‘arbres de la liberté’. À Saint Guilhem on résista mais en 1852 Napoléon III décréta à nouveau de les faire couper. En 1855 sur la place du village, le platane fut replanté ! Non mais…
– En Grande-Bretagne, dans le comté de Dorset, un hybride a été planté en 1749 pour commémorer la mort de Charles Ier. En 1990, il mesurerait 51 m pour une circonférence de 6,95 m. Il est dans le Guiness des records. Situé dans le parc d’une école privée, il est entouré de deux autres platanes de 44 et 45 m.
– Le grand platane oriental de Kew garden aurait été planté en 1762.
Dans la Grèce antique, on nommait ‘plataniste’ un lieu planté de platanes où les spartiates s’entraînaient à la gymnastique.
Une plantation de platanes s’appellent une platanaie.
– Le bois est considéré comme équivalent à celui du hêtre. C’est un bois dur et lourd, blanchâtre à brun rosé, qui a tendance à se fendre et à subir des attaques d’insectes. Ce bois est réputé pour être difficile à travailler. Il est utilisé en menuiserie pour fabriquer des petits objets et particulièrement des caisses et des tiroirs ; autrefois il était prisé pour le charronnage.
Aux USA, on utilisait le bois de l’espèce occidentalis comme bloc de boucher et aussi pour fabriquer des boutons d’ailleurs on peut le trouver sous le nom de ‘buttonwood’.
C’est un excellent bois de chauffage. Pour cet usage, autrefois en France, il était cultivé en ‘arbre têtard’, en trogne : taillé à 2 ou 3 m tous les 3 ou 6 ans.
– Plante tinctoriale avec les branches et les racines.
– Médicinales
Les Amérindiens l’utilisaient comme remède pour différentes maladies.
En Perse, on pensait que la transpiration du platane offrait non seulement une odeur douce et agréable mais aussi d’excellentes qualités d’air à respirer qui protégeaient de la peste et autres infections.
Les Romains et les Grecs pensaient que ses fleurs additionnées à du vin servaient d’antidote aux venins de serpent et de scorpion et que cet arbre vénéré éloignait les chauve-souris.
Dans le ‘Livre des médicaments simples’ de Sérapion le jeune au XIIe siècle, il est question de l’utilisation des feuilles comme pansement contre les tumeurs.
∙ L’écorce bouillie traite les diarrhées, la dysenterie, les hernies et les maux de dents.
∙ Utilisé en homéopathie contre la cataracte et en phytothérapie contre l’acné.
∙ Les bourgeons frais et macérés sont utilisés en gemmothérapie contre les problèmes épidermiques et la dépigmentation.
– Écologie
De nombreux insectes se nourrissent du feuillage ou du bois. Certains oiseaux apprécient ses petites graines.
Au fils du temps, les cavités formées par son tronc offrent des habitats de nidification pour les oiseaux ou des tanières pour les écureuils, les chauve-souris….
– Ornementales
Caractéristique des villages méditerranéens, il est aussi très présent en Angleterre et particulièrement à Londres ainsi qu’en Belgique.
∙ Arbre d’ombrage par excellence, Homère lui attribua l’épithète de ombrageux car les anciens venaient dîner sous son ombre.
Quant à Pline, il nous dit : « Mais qui s’étonnera à juste titre qu’on fasse venir d’un monde étranger un arbre, uniquement pour son ombrage ? »
Il est raconté qu’à l’ombre d’un spécimen de l’espèce orientalis, Licinius Mucianus, gouverneur de Lycie (actuel Turquie) au Ier siècle, aurait festoyé en compagnie de 18 convives ! Même anecdote avec l’Empereur Caligula et ses 15 convives, il intitula d’ailleurs ce repas ‘le Festin du nid’.
∙ Résistant à la taille et à la pollution, il a largement été planté comme arbre d’alignement le long des routes et des rues des villes. Mais attention, il est très allergisant par les poils des feuilles et des fruits ainsi que par son pollen, il est donc préférable de l’élaguer à l’automne ou au début de l’hiver car au printemps les feuilles juvéniles recouvertes de poils sont très irritantes.
Certains attribuent à Napoléon Ier la plantation de platanes en arbres d’alignement mais rien ne le prouve et il faut plutôt se tourner vers Napoléon III qui encouragea ce type de plantations avec l’hybride hispanica qui était encore resté un arbre peu répandu.
– Il est étonnant que le platane d’Orient réintroduit dans nos régions depuis seulement 400 ans fasse partie intégrante de notre patrimoine culturel. En fait, partout où il s’est développé, il a été célébré, vénéré, source d’inspiration ; les Romains le vénéraient même au point de l’arroser en versant du vin sur ses racines.
Les anciens savants philosophes ( qui nous ont tant inspirés) aimaient palabrer sous son ombre :
∙ L’Arbre d’Hippocrate’ est un platane d’Orient sur l’île grecque de Kos. La légende nous raconte que 420 avant J.-C., sous l’ombre d’un platane près d’un temple voué à Asclepios (dieu grec de la médecine), Hippocrate enseignait la médecine à ses élèves. Il est supposé que l’arbre actuel de Kos, âgé de 500 ans, pourrait être un descendant de l’arbre originel si la légende n’en était pas une.
De cette légende, beaucoup voient la baguette du caducée d’Asclepios comme étant du bois de platane mais d’autres rapprochent le caducée de Zeus dont le bâton serait en bois d’olivier ou de laurier.
∙ Socrate s’exprimait souvent sous un platane dont un fameux discours sur l’immortalité de l’âme.
∙ Aristote enseignait dans un jardin orné de platanes.
∙ L’École du Jardin, école philosophique créée par Épicure en 306 av. J.-C. était ombragée de platanes.
– Non seulement, cet arbre a inspiré les savants de l’Antiquité mais aussi les historiens, les naturalistes, les voyageurs. Dans de nombreux ouvrages sont relatés diverses anecdotes et ainsi on découvre que lors de son introduction en France, la plantation d’un platane était considérée comme un luxe soumis à un impôt. On peut lire dans un ouvrage de 1800 écrit par Pierre-Joseph Busc’hoz : « Lorsque cet arbre fut apporté en France, les plus grands seigneurs aimoient tant son ombre, qu’ils exigeoient un tribut de ceux qui vouloient s’y reposer. »
– Mythologie
∙ Dans la mythologie grecque, c’est l’arbre de la Déesse-mère Gaïa qui tend toujours sa main. La feuille du Platanus orientalis présente 5 lobes comme les 5 doigts de la main. Dans l’Antiquité, on nommait les platanes ‘les fils de Gaïa’.
∙ Tanit, la déesse de la fertilité à Carthage est aussi associée au platane.
∙ Dans la mythologie sikh (religion monothéiste du Nord de l’Inde), il est raconté qu’un sage après avoir planté un tison en terre, il en sortit un platane, il dit alors : « Si d’un tison peut naître un arbre, alors d’un homme ordinaire pourra jaillir du divin ».
– Son bois aurait été utilisé pour construire le cheval de Troie.
– Sur une île du lac Dal à Srinagar au Cachemire, il est dit que l’on pouvait découvrir deux magnifiques Platanus orientalis réputés pour être les ‘plus beaux platanes du monde’. Dans cette vallée presque chaque village a son platane.
– Aux USA en Virginie, l’histoire raconte qu’en 1744 un colon aurait vécu avec ses deux fils dans le creux d’un platane. On retrouve aussi ce genre d’histoires en Grèce.
– Autrefois les collégiens s’amusaient à souffler sur les poils entourant le fruit : véritable poil à gratter !
– Au vu du nombre important d’accidents de voitures contre des platanes, la sécurité routière proposa en 1970 de les couper ; Georges Pompidou alors président s’y opposa et le 17 juillet 1970 il écrit une lettre : « La France n’est pas faite uniquement pour permettre aux français de circuler en voiture, et quelle que soit l’importance des problèmes de sécurité routière, cela ne doit pas aboutir à défigurer son paysage. La route, elle, doit redevenir ce qu’était le chemin pour le piéton ou le cavalier : un itinéraire que l’on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France. »
Dès 1984, le ministère de l’équipement français imposa des plantations éloignées de 4,75 m par rapport à la chaussée ; pour les plantations déjà existantes, la distance est de 2,50 m avec une glissière de sécurité obligatoire mais apparemment ce n’est pas souvent le cas sur les départementales !
– Symboles
∙ Régénération par son écorce qui s’exfolie.
∙ Noces de platane : 61 ans de mariage.
∙ L’arbre de la liberté’ est un symbole de liberté depuis la révolution française. Cet arbre est planté à l’endroit le plus important de la ville. Le peuplier était un des arbres les plus utilisés mais aussi le chêne et le platane.
À Bayeux en Normandie, le 30 mars 1797 a été planté solennellement près de la cathédrale, dans la cour de l’ancien Évêché, un ‘Arbre de la Liberté’, c’est un Platanus x hispanica ; il aurait tout d’abord grandi dans une allée de platanes plantés pour la venue de Louis XVI en 1786. Classé ‘Monument naturel’ en 1932 puis ‘Arbre remarquable’ en 2000. En 2017, il mesurait environ 32 m.
– Arts
∙ En 1931 dans son recueil ‘Charmes’, Paul Valéry a écrit le poème ‘Au platane’.
∙ Vincent van Gogh a peint plusieurs toiles avec des platanes et entre autres une huile sur toile en 1889 intitulée ‘Les grands platanes. Travailleurs de la route à Saint Rémy’.
∙ Cicely Mary Barker (1895-1973) est une illustratrice britannique amoureuse des fées et des fleurs. Elle est très connue pour ses 168 illustrations de fées de fleurs de 1923 à 1948 dont les éléments botaniques sont respectés.
Mise à jour octobre 2024.