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Erythrina

Arbre corail – Coral tree

Erythrina afra (caffra) en avril - Coulée verte à Nice

« Un parapluie de feu s’apprête à brûler le ciel » Citation chinoise

 

Classification

Cette plante à fleurs – angiosperme – fait partie de la famille des Fabaceae (syn. Leguminosae, ou Papilionaceae), les légumineuses, la famille des pois.
Autrefois la famille des Fabaceae comportait 3 sous-familles : Mimosoideae – Caesalpinioideae – Faboideae, mais en 2017, des recherches génétiques ont déterminé 6 sous-familles : Caesalpinioideae (comprenant provisoirement l’ex Mimosoideae) – Cercidoideae – Detarioideae – Dialioideae – Duparquetioideae – Papilionoideae ; cette nouvelle classification est loin de faire l’unanimité, affaire à suivre…
Bref, pour faire simple, les papilionacées sont des plantes caractérisées par des fleurs en papillon de forme irrégulière.
Le genre Erythrina, de la tribu des Phaseoleae, regroupe de 100 à 129 espèces, selon les auteurs. La tribu des Phaseoleae est importante par le nombre d’espèces, et surtout par les qualités de ses espèces qui offrent généreusement à l’homme de quoi vivre confortablement, et ce à bien des niveaux. Cette tribu est divisée en sous-tribu, et les érythrines font partie de celle des Erythrininae comportant 10 genres, dont le genre Mucuna, ce qui me donne l’occasion de vous faire découvrir l’espèce Mucuna sempervirens, une liane qui, hormis la couleur, n’est pas sans rappeler la forme papilionacée des fleurs d’érythrines.

Fabaceae - tribu des Phaseoleae - sous-tribu Erythrininae
Mucuna sempervirens - Jardin botanique de Nice
Fleurs papilionacées
Fleurs de Mucuna sempervirens

Origines

Les origines des différentes espèces d’érythrine ne sont pas toujours nettement établies car ce genre est distribué dans le monde entier (hormis en Europe), en partie grâce à la propagation de ses graines qui ont la capacité de flotter dans de l’eau salée et de rester viables.
De nombreuses espèces, au moins la moitié, ont probablement une origine sud-américaine au vu de leur présence importante dans cette région du globe, d’autres sont africaines ou d’Asie du Sud-Est.
L’espèce variegata fut largement exportée, particulièrement originaire du côté occidental de l’Asie du Sud-Est, elle serait arrivée en Chine par la route maritime de la soie au Ve et VIe siècles.
Pour les plus connues :
Amérique du Sud : corallodendron – crista-galli (Brésil) – speciosa (Brésil) – falcata – edulis…
Sud de l’Amérique du Nord et Amérique centrale : herbacea – flabelliformis – americana –collaroides…
Hawaï : sandwicensis.
Afrique du Sud : afra (caffra) – lysistemon (et australe) – zeyheri – acanthocarpa – humeana – latissima – decora – livingstoniana – mendesii – abyssinica – livingstonia…
Afrique de l’Ouest : senegalensis, abyssinica…
Asie, particulièrement en  Inde : variegata (syn. indica)…

Noms

– Erythrina L.
Décrit et nommé par Carl von Linné en 1753. Nom issu du grec ‘erythros’ signifiant rouge, cette référence viendrait plus de la couleur de la gomme exsudée après incision de l’écorce de certaines espèces que de la couleur des fleurs de beaucoup d’entre elles.
Érythrine est aussi le nom d’un minéral contenant de l’arsenic et du cobalt (d’où son autre nom ‘fleur de cobalt’) ; il offre une très belle couleur rose foncé.
– Noms spécifiques
∙ ‘Arbre corail’ – ‘Coral tree’
Ces noms rappellent la couleur corail des fleurs, toutefois toutes les espèces ne présentent pas cette couleur.
L’espèce type porte l’épithète corallodendron ce qui signifie ‘arbre corail’, nom qui lui a été attribué en 1790 par Carl von Linné. Cette espèce est aussi appelée ‘Madre del cacao’ en référence à son utilisation comme plante d’ombrage dans les plantations de cacaoyers. Corallodendron fut le nom d’un genre donné par le botaniste allemand Otto Kuntze (1843-1907) à l’espèce americana, mais ce nom de genre ne fut pas retenu.
Erythrina coralloides est nommé arbre corail flamboyant, arbre corail nu ; certains donnent ce nom en synonyme à l’espèce americana.
∙ Crêtes de coq
L’espèce crista-galli fut nommée par Linné en 1767, en référence à ses fleurs ressemblant à des crêtes de coq, en anglais cockscomb. D’autres espèces portent ce nom populairement.
. En 2024, il a été décidé que l’Erythrina caffra devait changer de nom, et s’appeler désormais Erythrina afra. Caffra était issu du mot ‘kaffir’ de l’arabe ‘kâfir’ signifiant mécréant, c’était une insulte utilisée en Afrique du Sud pour désigner les personnes noires, et particulièrement au sud-est où cette espèce s’est développée originellement. Le nom afra rappelle son origine d’Afrique, ce nom lui aurait été donné en premier en 1770 par Carl Peter Thunberg (1743-1828), le naturaliste suédois surnommé le ‘Père de la botanique sud-africaine’ ou le ‘Linné japonais’, mais officiellement il la nomma caffra en 1800, c’est donc un juste retour aux sources.
∙ L’espèce variegata – 刺桐 pourrait être ainsi nommée en référence aux veines jaune vif très marquées des feuilles de sa variété variegata.
. Erythrina sandwicensis fut ainsi nommée, en 1932, par le spécialiste de la flore hawaïenne, le botaniste Otto Deneger (1899-1988) reprenant le surnom probablement donné par l’explorateur James Cook (1728-1779) et son équipe ; en effet, autrefois, les îles Hawaï s’appelaient les îles Sandwich, ainsi baptisées par Cook en hommage au diplomate britannique John Montagu, comte de Sandwich ; l’origine du mot sandwich viendrait de l’addiction que John Montagu avait pour les jeux de cartes, l’empêchant de faire un repas, il demandait alors qu’on lui prépare de la viande entre deux morceaux de pain ; certains pensent que cette anecdote tient de la légende, néanmoins le nom est resté.
– Noms vernaculaires (populaires)
. Arbre corail
De nombreuses espèces sont ainsi surnommées en référence à la couleur de leurs fleurs.
L’espèce variegata, l’indian coral tree est très prisée en régions tropicales et subtropicales, c’est pourquoi on lui connait de nombreux autres noms populaires : nourouc, arbre à baleines, griffes de tigre… Au Japon, la variété orientalis est surnommée ‘arbre Deiko (ou deigo), mais l’origine reste obscure.
. Aloe
Les fleurs de certaines espèces ressemblent aux inflorescences tubulaires des aloès, et de ce fait, leur nom populaire est Aloe coral-tree (exemple l’espèce livingstoniana).
. Bois immortel
En Amérique du Sud, certains ont pu constater, qu’en terre argileuse, le tronc mort de l’espèce crista-galli  se pétrifie plutôt que de se décomposer, d’où le nom vernaculaire de ‘El Ceibo’ – ‘l’arbre qui ne meurt jamais’ – ‘Bois immortel’.
. Coqs
En Chine, l’espèce variegata est appelée Tiku, l’arbre à coqs.
. Fleur perroquet
Ce nom est particulièrement évident pour la fleur de l’espèce crista-galli encore fermée.
. Haricots
L’Erythrina herbacea est appelée haricot corail, haricot Cherokee, en référence à ses fruits.
∙ Arbre du bébé qui pleure
Dans certains ouvrages, on trouve aussi le nom de ‘arbre du bébé qui pleure’ en référence au nectar qui s’échappe parfois de la fleur en coulant comme des larmes (une fleur peut produire jusqu’à 1 ml de nectar).
∙ Colorant
Les Mayas précolombiens nommaient l’espèce americana ‘arbre jaune’ (k’ante’) en référence au colorant jaune obtenu à partir des racines.
En Amérique du Sud, plusieurs espèces portent le nom de ‘colorin’. Ce nom signifie ‘voyant’ ou ‘fort’ rappelant la couleur des fleurs, mais aussi leur qualité tinctoriale. C’est aussi le nom des graines au pouvoir hypnotique.

Habitat

Régions tropicales à subtropicales, et rarement en régions tempérées chaudes, en plein soleil ou à mi-ombre.
Selon l’espèce, l’habitat est un peu différent, en revanche toutes se contentent d’un sol pauvre pourvu qu’il soit bien drainé. En effet, comme toutes légumineuses, les racines portent des nodosités dans lesquelles les bactéries vivent en symbiose avec la plante en y emmagasinant de l’azote atmosphérique.
Certaines espèces telles herbacea ou crista-galli préfèrent s’épanouir près de zones marécageuses, ou au bord des ruisseaux, mais elles se développent aussi bien en terrain normal. D’autres préfèrent des climats chauds et secs, telles corallodendron, abyssinica, lysistemon, humeana…
La plupart tolère un gel de -5°C, certaines même repartent de la souche (protégée) après un gel de -10°C, voire même -12° à -14°C pour certaines herbacées vivaces (herbacea, une des plus rustiques qui développe un caudex boisé (souche renflée à partir de laquelle se développent des tiges)– humeana – zeyheri…), d’autres africaines sont totalement intolérantes au gel comme l’espèce abyssinica qui vit dans des savanes boisées ou sur des collines rocheuses. La plupart des espèces qui résistent à un certain gel peuvent être cultivées comme des plantes d’orangerie, ou bien en pleine terre dans le sud de la France.

Caractéristiques

L’espèce type est Erythrina corallodendron, en Chine c’est plutôt l’espèce variegata, mais dans le monde occidental, le premier à décrire une érythrine, et particulièrement l’espèce americana, fut le frère franciscain espagnol, prêtre missionnaire au Mexique, Bernardino de Sahagun (1499-1590), dans son ‘Codex florentin’, manuel de l’Histoire générale des choses de la Nouvelle Espagne.
Les caractéristiques principales sont de porter en général des épines ou plutôt des aiguillons sur le tronc et les rameaux, et d’être plus ou moins toxique dans pratiquement toutes les parties de la plante. La forme de fleur papilionacée et les fruits en gousse sont des caractéristiques évidentes.
Une épine est un organe végétal dur et pointu, au rôle défensif, issu de la transformation d’un organe (tige – feuille – stipule – racine) ; il fait partie de l’ensemble, et si on l’arrache, on arrache tout en partie ; il ne faut donc pas le confondre avec l’aiguillon qui ne remplace aucun autre organe, mais qui est issu de la couche sous l’épiderme, et qui arraché vient seulement avec une partie de la peau : les rosiers, les feuilles de houx ont des aiguillons.

Erythrina speciosa
Erythrina lysistemon
Erythrina afra (caffra)

– Si les érythrines peuvent être de grands arbres de 20 m, et même jusqu’à 35 m parfois pour Erythrina poeppigiana, ce sont plus généralement des arbustes ou de petits arbres de 3 à 9 m, ou encore des arbrisseaux, ou des herbacées vivaces, il existerait même une grimpante, Erythrina planisiliqua originaire de Saint Domingue, mais elle aurait été reclassée dans le genre Rhodopis .

Erythrina crista-galli - Parc Alsace Lorraine à Nice
Arbre corail en hiver
Erythrina crista-galli en hiver - Parc Phoenix à Nice (06)
Erythrina americana - Val Rahmeh à Menton
Erythrina humeana - Coulée verte de Nice

Le tronc de certains arbres peut être très imposant ; celui de l’Erythrina crista-galli dans le parc Alsace Lorraine à Nice est probablement le plus remarquable de toutes les érythrines de la Côte d’Azur : il en impose ! Sur la photo ci-dessous, on peut remarquer les grosses racines tubéreuses (organes de réserve) à fleur de sol.

Parc Alsace Lorraine à Nice
Erythrina crista-galli - Parc Alsace Lorraine à Nice

– Selon l’espèce, l’écorce de l’arbre est différente.
Certaines espèces comme crista-galli présentent une écorce formée de crêtes liégeuses et profondes avec l’âge ; d’autres ont une écorce striée, ponctuée d’épais aiguillons.
La couleur du tronc peut être beige orangé ou grise.

Erythrina americana
Erythrina afra
Erythrina crista-galli

– Les racines sont souvent superficielles, mais avec l’âge, elles deviennent profondes ;  elles permettent à la plante de résister à la sécheresse ; en temps que légumineuses, elles fixent l’azote grâce à leur symbiose avec des bactéries, ce qui les rend particulièrement résistantes en sol pauvre.
– Les feuilles composées sont caduques, parfois selon la région et l’espèce elles peuvent être semi-caduques. Elles sont en position alterne ou verticillée (organes insérés autour d’un axe),portées par un long pétiole (axe reliant la feuille à la tige) parfois épineux.

Verticille Erythrina afra

Trifoliées, la foliole (division d’une feuille composée) terminale est plus grande, les deux autres sont opposées, oblongues, ovales, ou en forme de cœur. Les folioles sont souvent acuminées (la pointe s’amenuise fortement), ou en flèche. Elles peuvent être glabres ou pubescentes (poilues). Parfois, sur un même individu, les feuilles présentent des formes variables.
Chez certaines espèces, on peut aussi trouver des petits aiguillons au revers des feuilles et sur le pétiole. Présence de stipules (appendices membraneux) caduques à la base des feuilles.
Les feuilles sont généralement vertes, mais l’espèce variegata var. variegata propose des feuilles vertes aux veines très marquées de jaune vif, très décoratives. Voir la photo du site de Kew.

Erythrina crista-galli
Erythrina caffra
Erythrina humeana
Erythrina lysistemon
Erythrina herbacea

Les feuilles portent généralement à leur base 2 paires de petites glandes nectarifères censées attirer les fourmis, qui défendront leur butin, et par là défendront la plante ; c’est ce qu’on appelle une symbiose mutuellement bénéfique.
L’apparence des feuilles peut être un critère de classification, toutefois celles des espèces afra et lysistemon se ressemblent au point de les confondre, seule la floraison fera la différence.

Erythrina caffra
Erythrina afra
Erythrina lysistemon

– Floraison
Les inflorescences (grappes de fleurs) printanières et/ou estivales, selon la région et l’espèce, sont en racèmes (les fleurs s’échelonnent par alternance le long d’un axe) terminaux ou axillaires ; certaines inflorescences sont particulièrement coniques. Les fleurs sont portées par un pédicelle (tige) plus ou moins long.

Inflorescence en formation

Les fleurs hermaphrodites (bisexuées), et zygomorphes (pétales disposés bilatéralement) se développent avant les feuilles, abyssinica – americana – afra – variegata – lysistemon – speciosa…, ou parfois avant et avec, herbacea…, ou après, corallodendron – crista-galli – humeana...
La floraison est souvent précoce vers l’âge de 3/4 ans.
Dans le sud de la France, l’espèce caffra (afra) réjouit le ciel en premier en développant ses jolies fleurs au printemps sur les branches dénudées, puis elle est suivie de l’espèce crista-galli, la plus plantée grâce à sa longue floraison toute la belle saison.

Erythrina crista-galli

Les fleurs très voyantes ne dégagent pas de parfum. Leur couleur varie du rouge écarlate à l’orange saumoné, et parfois au jaune, selon l’espèce, il existe aussi de rares variétés blanches. Il est une espèce un peu particulière qui n’arrive pas à se décider sur la couleur des pétales de ses inflorescences, qui peuvent être orange, ou jaunes, ou verdâtres, ou blanchâtres bordés de orange, ou seulement blanchâtres, et ce sur le même arbre, il s’agit de l’Erythrina sandwicensis ; quant à l’espèce acanthocarpa, elle n’a pas tranché, et présente des fleurs rouges au sommet jaune.
Les Erythrina à fleurs rouges ou orange fournissent un nectar abondant très apprécié par les oiseaux de type passereaux (les sunbirds, souimangas, oiseaux-soleil du genre Nectariniidae, mais aussi des Icteridae), des colibris (Trochilidae), qui assurent la pollinisation (les oiseaux voient bien le rouge et raffolent de nectar) ; ils assurent aussi la dissémination des graines. La pollinisation est parfois assurée par des insectes ; en Afrique, l’espèce abyssinica fleurit à la fin de la saison sèche, ce qui procure du nectar et du pollen aux abeilles.
Si certaines espèces comme crista-galli pleurent leur nectar, d’autres comme variegata ont renversé leurs fleurs contrecarrant ce désagrément.
∙ Le calice est gamosépale (sépales soudés), et généralement tronqué. Selon l’espèce et la variété, le calice est de couleur semblable à la corolle, ou plus foncé.

Erythrina crista-galli

∙ La corolle aux 5 pétales est une papilionacée atypique ; les fleurs de papilionacées ont un aspect de papillon de forme irrégulière, avec un pétale étendard dressé beaucoup plus grand que les ailes qui entourent la carène horizontale. Selon le pollinisateur, la fleur présente une morphologie différente :
Soit les fleurs ont la corolle béante : le pétale étendard est large, ovale ou obovale, et tourné vers le bas, il est nettement séparé des ailes atrophiées et de la carène aux pétales étroits et fusionnés qui abritent les organes reproducteurs.
Soit la corolle est tubulaire et élancée. Le pétale étendard est long, les ailes et la carène sont très réduites et peu apparentes, étant renfermées sous l’étendard.

Erythrina afra
Erythrina speciosa

∙ 10 étamines (pièces florales mâles) généralement diadelphes (étamines réunies en 2 faisceaux) dont 9 unies et une autre détachée du tube staminale appelée ‘étamine vexillaire’ associée à l’étendard, c’est cette étamine qui a donné le nom à l’espèce lysistemon signifiant ‘étamine libre’ ; parfois elles sont monadelphes, toutes soudées. Certaines espèces ont des étamines nettement visibles, mais la plupart des érythrines cachent leurs étamines, n’étant pas plus longues que l’étendard.
∙ 1 ovaire supère à un seul carpelle (loge) se terminant par 1 style (tige reliant l’ovaire au stigmate) à 1 stigmate (partie réceptrice de pollen), au centre des étamines. La base de l’ovaire est souvent entourée de glandes nectarifères.
En savoir plus sur leur Sexualité.

Erythrina coralloides

– Les fruits sont en gousses engainant plus ou moins les 5 à 12 graines. Les gousses sont tardivement déhiscentes (ouverture spontanée), parfois même indéhiscentes.
L’espèce sandwicensis a des gousses particulièrement engainantes qui lui ont valu le nom vernaculaire de wiliwili ce qui en langue hawaïenne signifie ‘tordu à plusieurs reprises’.

Fruits en formation de l'Erythrina crista-galli
Erythrina crista-galli

– Les graines sont de couleurs différentes, parfois noires ou rouge-orangé. Certaines espèces arborent un hile (endroit où le funicule (lien nourricier) était raccordé à l’ovule) généralement noir.
Les graines sont particulièrement toxiques ; celles de l’espèce abyssinica contiennent un poison semblable au curare s’il est injecté.
– Hybrides
Au Mexique, il a été remarqué que les hybridations naturelles étaient courantes du fait que le colibri, pour se nourrir correctement, doit visiter plusieurs arbres par jour, de plus toutes les espèces sont auto-compatibles.
Un des hybrides les plus connus est Erythrina x bidwillii, un croisement entre les espèces herbacea et crista-galli. Il a été obtenu par l’horticulteur William MacArtur en 1840 en Australie, et nommé par John Lindley (1799-1865) en honneur à John Carne Bidwill (1815-1853), botaniste britannique, spécialiste des plantes australiennes et de la Nouvelle-Zélande. Très rustique, il résisterait jusqu’à -14°C pour la souche.

Erythrina x bidwillii

– Nombreux cultivars
L’Erythrina crista-galli ‘Compacta’ est une forme naine.
Si l’espèce sandwicensis hésite sur la couleur de ses pétales, c’est aussi le cas de l’étonnant Erythrina coralloides ‘Bicolor’ qui développe des grappes de fleurs rouges ou blanches, ou les deux, sur les mêmes branches ! Cette ‘variété’ est rare, elle serait issue d’une chimère sectorielle : une chimère est une créature composite, un organisme constitué de cellules ou de tissus génétiquement différents, elle est souvent créée artificiellement par l’utilisation d’un porte greffe, mais elle peut aussi provenir d’une mutation.
– Multiplication par semis et boutures.
– Ennemis
Les érythrines sont parasitées par des guêpes destructrices (Quadrastichus erythrinae), mais aussi des champignons, des nématodes, et des acariens qui provoquent des galles.
Les larves des papillons de nuit, Terastia meticulosalis, appelés ‘foreur de tiges d’érythrines’ font des ravages ; désormais très présents en Californie du Sud où poussent de nombreuses espèces d’érythrines, ils sont indigènes d’Amérique, et particulièrement originaires du Sud-Est. Il a été constaté en Californie du Sud, que le ‘sale boulot’ des larves de ce papillon pouvait être terminé par les larves de la teigne du bananier, Opogona sacchari, aggravant les dégâts déjà commis.
Certains coléoptères ailés pondent dans les gousses immatures, et les graines sont dévorées par leurs larves.

Utilisations

– Ces plantes sont polyvalentes, et leurs utilisations différentes selon la région d’origine, mais les deux principales sont l’ombrage et le support de culture.
Ombrage pour les plantations de café et de cacao, et bon support de plantes grimpantes tels la vigne, le poivrier, la vanille, le café ; à ce moment-là, la plante sera taillée une à deux fois dans l’année. En Amérique du Sud, Erythrina corallodendron sert de piquets de soutien pour la culture de la vanille – Vanilla planifolia, et d’ombrage pour le cacao. En Éthiopie, les érythrines sont utilisées comme arbre d’ombrage dans les plantations de café.
Ces dernières années, ce genre de plantes est moins utilisé car la taille obligatoire au cours de l’année augmente le coût du café et du cacao.
– L’espèce speciosa originaire du Brésil est une plante pionnière utilisée pour la restauration des sols, ainsi que l’espèce abyssinica originaire d’Afrique ; néanmoins toutes les érythrines sont des plantes pionnières.
– Les érythrines sont très utiles en haies vives. En Afrique du Sud, elles étaient plantées comme haies vivantes autour des maisons et des points d’eau.
– Bois blanc grisâtre, spongieux, léger et poreux, il peut être utilisé pour fabriquer des planches de surf, des canoës, en sculpture de masques rituels, en modélisme…
En Afrique, les racines d’abyssinica servent de cannes de marche, et le bois peut servir de combustible.
Dans la préfecture d’Okinawa, les aiguilles à cheveux (pour les roturiers) étaient en bois de l’Erythrina variegata. Sur les îles Ryükyü au sud du Japon, le bois d’Erythrina variegata est un des matériaux de base pour la fabrication d’articles en laque traditionnelle, mais aussi pour fabriquer les geta (chaussures).
Le bois blanc de l’espèce collaroides permet de fabriquer des bouchons (type liège) pour les bouteilles ou autres récipients. En Afrique, on fabrique des flotteurs de filets de pêche avec l’écorce d’abyssinica.
Le bois de ces arbres étant peu solides, lorsqu’ils deviennent âgés, ils peuvent se révéler dangereux par leurs branches qui cèdent soudainement.
– Alimentaire
Attention, il ne faut pas oublier la haute toxicité de cette plante, et la rigueur est de mise lors de son utilisation.
∙ Seule Erythrina edulis a des fèves, des graines riches en protéines, qui doivent être bouillies ou frites avant consommation, ou broyées afin d’être utilisées comme farine, d’où le nom edulis issu du mot indo-européen ‘edo’ qui signifie manger ; le verbe anglais To eat a cette même origine. Les gousses qui entourent les fèves d’edulis sont aussi comestibles.
Les graines des autres espèces sont particulièrement toxiques, à tel point qu’au Mexique elles servaient de mort aux rats.
∙ Au Mexique, les pétales de l’espèce americana sont consommés bouillis et cuits avec des œufs brouillés, ou du thon, ou cuisinés en ragoût ; celles de coralloides sont aussi comestibles.
∙ Les fleurs d’herbacea rentrent dans la cuisine traditionnelle en Amérique centrale, on peut aussi en faire du thé. Les jeunes feuilles cuites peuvent être consommées.
∙ Fourrage pour le bétail. Dans les caféières, l’espèce variegata produit annuellement jusqu’à 100 kg de fourrage.
– Engrais vert en Afrique, et dans les plantations de thé au Sri Lanka.
– Écologie
∙ Niches des oiseaux et des abeilles.
∙ Nourriture importante pour les oiseaux, les insectes, c’est une plante mellifère. L’espèce lysistemon intéresse les singes vervets qui se régalent des boutons floraux, les rhinocéros noirs et les babouins, eux, mangent les feuilles et l’écorce, elle-même appréciée aussi des éléphants, les cochons quant à eux s’attaquent aux racines.
– Colorant avec l’écorce, les fleurs et les racines. Les fleurs sont utilisées pour la teinture de tissus.
Les ‘Colorines’, extraits alcooliques des substances tinctoriales, sont représentées par plusieurs espèces d’Erythrina.
– Médecines traditionnelles et hypnotiques aussi bien en Amérique du Sud qu’en Afrique, en Chine, ou en Inde.
Utilisé pour différentes affections en pharmacopée locale : asthme, coqueluche, maux de dents, paludisme, plaies, abcès, fièvre, sédatif du système nerveux, douleurs articulaires…
Des études réalisées au Brésil ont démontré l’action du principe actif de l’alcaloïde de l’érythrine sur le système nerveux, l’excitabilité motrice, et la contraction musculaire.
Les érythrines ont un pouvoir hypnotique. Leurs graines rouges et brillantes sont utilisées dans certaines régions du Mexique comme hallucinogènes en association avec les graines de mescal ; ces 2 types de graines sont nommés ‘colorin’.
Francisco Hernandez a écrit à propos de l’espèce americana : « Le jus des fleurs de cet arbre, donné aux enfants, provoque la somnolence et l’insomnie ». Francisco Hernandez (1515-1587) était un médecin, botaniste espagnol, traducteur de ‘l’Histoire naturelle’ de Pline l’Ancien (23-79). À la demande de Philippe II, il organisa une expédition en Amérique centrale d’où il ramena une belle collection, et de nombreuses notes éditées après sa mort ; de nombreux écrits disparurent, mais certains furent sauvés et édités en version abrégé en 1615, puis en version complète en 1651.
– Poison pour les rats.
– Pêche : jetées dans l’eau, les graines et l’écorce paralysent les poissons.
– Artisanat avec les graines qui font de jolis bijoux, et particulièrement des colliers et des bracelets.
– Ornementales
Dans les régions moins clémentes, ces plantes sont cultivées en pot, certaines sont appréciées en bonsai.

Anecdotes

– Arbre sacré
Erythrina lysistemon est considéré dans la culture Zoulou comme une plante royale aux propriétés magiques. Un chef de tribu aura le respect de son peuple s’il se lave dans de l’eau où l’écorce a trempé. Les graines sont des porte-bonheurs.
Erythrina falcata était un arbre sacré pour les Incas qui l’ont largement planté sur les plus belles places de leurs villages.
– Sur la côte de Coromandel dans le sud de l’Inde, les indiens ornaient leur maison d’une branche d’Erythrina indica le jour de leur mariage.
– On retrouve la représentation de l’espèce americana dans des manuscrits mayas. Au Guatemala, les graines servaient à compter les jours de l’année dans le calendrier divinatoire traditionnel.
– Dans de nombreux pays où elles se développent, les érythrines sont souvent représentées sur des pièces de monnaie et des timbres.
– Au Mexique, les graines sont utilisées dans un jeu rituel (ressemblant au jeu de l’oie) appelé patolli. En général, les érythrines y sont considérées comme des arbres divinatoires.
– Symbole floral
∙ Erythrina variegata (var. orientalis) est la fleur symbole de la préfecture d’Okinawa au Japon depuis 1967 ; sur l’île de Kurima, un spécimen, considéré comme un monument sacré, trône sur la place, et l’on danse dessous depuis fort longtemps lors d’un festival de prière ; en 2022, cet arbre, nommé Amagoiza deigo, donnait des signes de faiblesse, et il semblerait qu’il soit voué à une mort certaine, si ce n’est déjà fait, sécurité oblige.
En Chine, c’est la fleur officielle de la ville de Quanzhou, elle a fait la renommée de cette ville côtière face à Taïwan. Malgré sa présence ancestrale, elle n’en a été le symbole officiel qu’à partir de 1986.
∙ Erythrina crista-galli est la fleur nationale de l’Argentine depuis 1942, et de l’Uruguay. En Argentine, le Ceibo est mis à l’honneur le 22 novembre, jour de la fleur nationale.
∙ Erythrina afra (caffra) originaire d’Afrique s’est tellement bien installée en Californie qu’elle est devenue la plante officielle de Los Angeles, symbole généralisé à toutes les espèces d’érythrines.
– À Tahiti, cette plante est appelée ‘l’arbre aux baleines‘ car sa floraison apparaît en même temps que l’arrivée des baleines.
Lors de leurs diverses expéditions, les Capitaines britanniques Samuel Wallis et James Cook ont découvert Tahiti et son promontoire rocheux de Tahara’a à Mahina. Ils le nommèrent ‘colline de l’arbre solitaire’ car, entouré de fougères, se dressait un arbre unique, un Erythrina crista-galli.
– Légendes ou superstitions
. En Argentine, au Nouvel An, il est dit que se laver avec des pétales d’érythrine jetés dans l’eau apporterait la chance.
. Au Japon, une floraison importante d’érythrine serait l’annonce d’une année à nombreux typhons.
. En Afrique du Sud, Erythrina humeana est censée éloigner les mauvais esprits.
. Au Rwanda, en Afrique, une légende a donné naissance à un rite. Le héros des héros, Lyangombe, le ‘Béni de Dieu’, fut blessé par un buffle ; transporté sous un Erythrina abyssinica, il mourut. Afin de ne jamais oublier sa mémoire et d’entrer en contact avec son esprit, il est déposé une ou deux feuilles d’érythrine dans la main des défunts.
. Selon une légende brésilienne, l’espèce crista-galli symbolise la bravoure et la résistance à la souffrance.
– Calendrier
Autrefois, à Taïwan et en Chine, particulièrement à Guangzhou, la floraison de l’Erythrina variegata annonçait le printemps, et lançait la période de plantations. En Afrique australe, la floraison des érythrines annonce aussi l’époque de plantation des futures récoltes.
À Taïwan, autrefois, on calculait le nombre d’années en comptant les périodes de floraison de l’érythrine. Il est dit aussi que la période de floraison lançait le Nouvel An.
– Collections
Le zoo de San Diego possède une collection de 60 espèces du monde entier.
L’Université de Californie, Santa Barbara, a une des meilleures collections de Californie.

Mise à jour mai 2025.

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