Ce genre de la classe des angiospermes (plantes à fleurs) fait partie de la famille des Oleaceae et de la tribu des Jasmineae.
C’est la famille de l’olivier – Olea et du frêne – Fraxinus.
Le genre Nyctanthes est aussi de la famille des Oleaceae et est assez proche du genre Jasminum, d’ailleurs plusieurs espèces furent reclassées chez Jasminum ; Nyctanthes signifie ‘fleur la nuit’ et effectivement certains jasmins épanouissent leurs fleurs durant la nuit, c’est pourquoi l’on comprend mieux leur première classification dans ce genre.
200 espèces environ et des variétés ainsi que des cultivars.
Asie, régions himalayennes – îles de l’Afrique et de l’Europe occidentale – de nombreuses espèces viennent de Chine et pour le plus connu le jasmin rose – Jasminum polyanthum des régions montagneuses du nord-est du Yunnan où il fut d’ailleurs découvert.
Le seul jasmin sauvage qui se développe spontanément dans le sud de la France durant le printemps est l’espèce fruticans originaire des régions méditerranéennes. Sa particularité unique est de produire en été des fruits aux graines toxiques!
– Dès l’Antiquité, le jasmin d’Arabie – Jasminum sambac a été introduit de l’Inde en Égypte où il a été largement cultivé. Ses noms vernaculaires français et anglais – jasmin d’Arabie – rappellent son introduction des pays de la péninsule arabique en Europe.
– Les premiers jasmins furent introduits en Europe vers 1550 par les Arabes. Dans le sud de l’Europe, Jasminum humile – le jasmin d’Italie (originaire de Chine et de Birmanie) y est devenu sauvage.
– En Europe, en 1930, des graines de Jasminum polyanthum furent ramenées du Yunnan par George Forrest et Lawrence Johnston ; ce dernier les cultiva dans les jardins de sa propriété ‘Serra Madone’ à Menton et en distribua aux horticulteurs de la région.
– Jasminum L.
Le premier botaniste à décrire le jasmin fut Joseph Pitton de Tournefort mais le nom fut officialisé par Linné en 1753.
Jasminum vient de l’arabe ‘yasamyn’ décliné du persan ‘yasaman – yasemin’ désignant une plante blanche odorante.
D’autres versions font référence à l’origine d’un mot grec signifiant ‘odeur médicinale’ ou de l’hébreu ‘samin’ signifiant parfum ou aromate.
De toutes façons, on reste dans le domaine de l’olfactif pour notre plus grand plaisir.
– Jasmin est le nom français et jasmine le nom anglais, ils ont la même origine que le nom latin.
– Le nom vernaculaire (populaire) de jasmin est utilisé (à tort) pour d’autres espèces n’appartenant pas au même genre telles :
Trachelospermum jasminoides – jasmin étoilé.
Gardenia jasminoides – jasmin du Cap.
Cestrum nocturnum – jasmin de nuit.
Gelsemium sempervirens – jasmin jaune – jasmin de Virginie.
Stephanotis floribunda – jasmin de Madagascar.
Nyctanthes arbor-tristis – jasmin à floraison nocturne.
Mandevilla ou Dipladenia sanderi – jasmin du Brésil.
Philadelphus coronarius – seringat ou jasmin des poètes.
Heptacodium jasminoides – jasmin en arbre.
Millingtonia hortensis – arbre à jasmin.
et d’autres…
Soleil ou mi-ombre sur des sols généralement riches et frais mais bien drainés. La tolérance au gel atteint de -5°C à -8°C selon l’espèce et va jusqu’à -15°C pour des espèces telles officinalis, nudiflorum et humile.
L’espèce type est le Jasminum officinalis.
– Ce sont des arbustes grimpants aux tiges sarmenteuses parfois retombantes, de 3 à 6 m voire plus.
On peut aussi trouver de petits arbres (rare) tel Jasminum subhumile aux fleurs jaunes parfois nommé ‘jasmin en arbre’.
– Certaines espèces peuvent développer des tiges carrées telle le jasmin d’hiver – Jasminum nudiflorum.
Le jasmin jonquille – Jasminum odoratissimum présente des pétioles (axe reliant la feuille à la tige) canaliculés (organe creusé en forme de gouttière).
– Le feuillage peut être caduc ou persistant ou semi-persistant.
Les feuilles sont opposées ou alternes, composées (rarement simples), imparipennées (nombre de folioles impaires) de 3 à 9 folioles (divisions d’une feuille composée) à la base souvent asymétrique, le foliole terminal étant plus long, lancéolés ou ovales et souvent acuminés (la pointe s’amenuise fortement), verts. Jasminum sambac fait exception avec des feuilles simples et opposées.
– La floraison est printanière (fruticans, humile…), estivale (officinalis, odoratissimum…) ou hivernale (fin de l’hiver: polyanthum, nudiflorum…) selon l’espèce, parfois étalée toute l’année selon l’habitat (sambac).
Le bourgeon floral est souvent protégé par des bractées (organe intermédiaire entre la feuille et le pétale) foliacées, c’est d’ailleurs une des façons de distinguer l’espèce officinalis aux bractées blanches de polyanthum aux bractées rose soutenu.
Les fleurs hermaphrodites (bisexuées) sont solitaires ou en cymes (une fleur terminale puis des ramifications secondaires) terminales ou axillaires, aux longs pédicelles, blanches ou jaunes.
Peu ou pas ou très parfumées, les espèces dépourvues de parfum se rattrapent avec leur nectar pour attirer les insectes – pollinisation entomophile (insectes).
∙ Le calice persistant est formé généralement de 5 lobes soudés, on le dit gamosépale ; les pointes des lobes sont courtes ou allongées.
∙ La corolle tubulaire s’évase en 5 à 9 lobes plus ou moins prononcés, pointus ou obtus selon l’espèce ; les pétales peuvent être blancs, rosés ou jaunes.
∙ Étrangement, Jasminum ne possède que 2 étamines insérées à l’intérieur du tube corollaire.
∙ L’ovaire supère est à 2 carpelles (loges) soudés et à 2 loges ; le style (tige reliant l’ovaire au stigmate) présente 1 ou 2 stigmates (partie réceptrice de pollen), parfois le style est long et dépasse du haut de la corolle, parfois il est court, cette caractéristique démontre l’hétérostylie de certaines espèces, en effet certaines familles de plantes proposent 2 (parfois 3) sortes de fleurs : soit avec un style court, brévistylé, et des étamines longues soit avec un style long, longistylé, et des étamines courtes soit des agencements différents ; chaque plante opte pour une morphologie spécifique de la fleur ; les fleurs de même type sont incompatibles, ce caractère oblige donc à la pollinisation croisée.
En savoir plus sur La Fleur et sur la Sexualité.
– Les fruits sont en baie ovoïde partagée en 2 loges, verte devenant noire-bleuté. Chaque baie contient 1 grande graine (rarement 2 cause avortement) ovale et allongée dont une face est convexe. Seule l’espèce fruticans aurait des graines toxiques.
Dissémination endozoochore, après un transit intestinal chez les animaux.
– Ennemis : pucerons et cochenilles farineuses. L’Agaricus melleus, un champignon peut attaquer les racines.
– Multiplication par bouturage ou marcottage.
– Parfumerie
Trois espèces sont principalement utilisées : – grandiflorum – officinalis – odoratissimum.
Toutefois Jasminum grandiflorum, plus parfumée, est l’espèce la plus cultivée mais Jasminum officinalis sert souvent de porte-greffe en raison de sa meilleure rusticité.
L’espèce grandiflorum fut introduite à Grasse au XVIIe siècle, le manque d’eau dans cette région limita sa culture qui se développera réellement vers 1868 avec la création du canal de la Siagne. À cette époque, on pouvait trouver deux cultures principales à Grasse : la rose et le jasmin, actuellement le jasmin est une des rares plantes encore cultivée.
Cette culture ancestrale à Grasse est devenue plus rare, toutefois au début de la cueillette (début août) se déroule encore une fête traditionnelle avec feu d’artifice, animations, corso fleuri…
La cueillette à la main dure à peu près trois mois. La fleur étant délicate, l’extraction par bain d’huile est préférée.
Autrefois aux Indes orientales, afin d’obtenir l’huile essentielle et l’arôme, on utilisait un procédé d’extraction en intercalant les fleurs entre des couches de graines de sésame que l’on extrayait à la fin du processus.
1 kg d’essence absolue : 700 kgs de fleurs soit 7 millions de fleurs représentant 2 000 heures de cueillette !
Malgré sa rareté et donc son prix élevé, la maison Patou continue de l’utiliser pour son parfum Joy ainsi que Guerlain et Chanel dont le fameux parfum N°5 contiendrait 10% de jasmin de Grasse.
– Alimentaire
∙ Les fleurs aromatisent le fameux ‘thé au jasmin’ qui est réalisé la plupart du temps avec l’espèce sambac – le jasmin d’Arabie. En Chine, on utilise aussi Jasminum lanceolaria.
∙ À l’heure actuelle, on peut retrouver les notes du jasmin dans des pâtisseries et dans un célèbre café en capsules.
– Au XIXe siècle, en Turquie et au Moyen-Orient, on cultivait Jasminum officinalis pour son bois afin de fabriquer des chibouques, des longues pipes à tabac très prisées des amateurs à la recherche de vapeurs voluptueuses.
– Médicinales
Pharmacopée traditionnelle en Asie et en chine, et en médecine ayurvédique.
Les feuilles, les fleurs et les racines de certaines espèces sont utilisées comme sédatif contre la diarrhée, les fièvres, comme analgésique et anti-inflammatoire ; le jus des feuilles contre l’inflammation des yeux. Les fleurs possèdent des propriétés relaxantes et antidépressives.
En Inde, Jasminum angustifolium traite la teigne. En Cochinchine au sud du Vietnam, Jasminum nervosum purifie le sang.
– Ornements
Les fleurs de jasmin sont souvent utilisées pour confectionner des colliers, des guirlandes… À Mayotte et en Indonésie, les chevelures des femmes sont souvent ornées de ces fleurs.
– Ornementales.
– Autrefois Damas, capitale de la Syrie était considérée comme la ville du jasmin au vu du nombre considérable de jasmins plantés et cultivés.
– Symboles
∙ En France, les noces de jasmin symbolisent 66 ans de mariage ; c’est un symbole d’amour.
∙ En Thaïlande, il représente la mère.
∙ En Indonésie, Jasminum sambac représente la pureté, la vie éternelle, la noblesse et la beauté d’une jeune fille. À Java, c’est la fleur principalement utilisée pour les mariages. Aux Philippines, c’est un symbole d’honneur et de dignité.
– Fleur nationale
∙ En Tunisie, le jasmin est la fleur nationale et en offrir est une preuve d’amour.
∙ Jasminum sambac est la fleur symbole en Indonésie ainsi qu’aux Philippines.
∙ Jasminum polyanthum est l’emblème floral du Pakistan : sur le blason, une guirlande de jasmin entoure le coton, le blé, le thé et le jute.
– Offrandes, légendes et rites religieux
∙ En Inde, Jasminum molle (Jouei de son nom indien) est une offrande lors de cérémonies religieuses.
Le dieu de l’érotisme, Kama décochait les cœurs à l’aide de flèches serties entre autres de fleurs de jasmin.
∙ Aux Philippines, les fleurs tressées du Jasminum sambac sont offertes aux invités et aux autels religieux.
∙ La légende veut que Cléopâtre serait venue à la rencontre de Marc-Antoine sur des bateaux dont les mats étaient huilés de jasmin.
∙ En Chine, le jasmin d’hiver – Jasminum nudiflorum (cultivé depuis fort longtemps à l’époque des Tang 618-907) est considéré comme un des ‘Quatre amis de la neige‘ avec l’abricotier du Japon, le narcisse et le camélia.
– Arts
∙ Souvent cité par les poètes perses d’ailleurs les espèces officinalis et grandiflorum portent le nom vernaculaire de ‘Jasmin des poètes’.
∙ Mo Li Hua (pinyin) 茉莉花 est le nom chinois de Jasminum sambac signifiant ‘fleur de jasmin’ mais Mo Li Hua est aussi le nom d’une célèbre mélodie chinoise écrite au XVIIIe siècle qui honore cette fleur. Cette mélodie est reprise lors de grands événements en Chine et elle est enseignée à l’école. Cette chanson fut introduite au Japon où elle est devenue une chanson locale.
Dans son opéra Turandot, Puccini a repris cette mélodie.
En 2008 à Pékin, ce fut la mélodie de la remise de prix lors des jeux olympiques.
En 2010, elle fut jouée pour la remise du Prix Nobel de la Paix à Oslo.
Cette fameuse chanson a été entachée en Chine lorsqu’en Tunisie, Ben Ali prit le pouvoir en 1987 et que cette révolution fut appelée la ‘révolution au jasmin’. En 2010/2011, le peuple tunisien manifesta durant plusieurs semaines et destitua le président, cette révolution prit ce même nom de ‘révolution au jasmin’, c’est pourquoi de nombreux tunisiens de 2010 préfèrent l’appeler la ‘révolution de la dignité’.
En 2013, cette chanson a été reprise par Song Zuying et Céline Dion lors d’un gala de Nouvel An en Chine :
Mise à jour le 3 avril 2022.