Ce genre fait partie d’une famille de gymnospermes (plantes à ovules nus), les Pinaceae et de la sous-famille des Laricioideae.
10 espèces, certains parlent de 12 à 15 espèces.
Hémisphère nord.
– Larix Miller
Décrit et nommé en 1754 par Philip Miller.
Le nom latin Larix est associé au nom grec ‘larika’ désignant la douce odeur balsamique de certaines résines.
D’après Dioscoride, ce nom viendrait du celte ‘lar’ signifiant gras en référence à la résine épaisse. Il en parle dans son ouvrage ‘Materia medica‘ :
« … on apporte de la résine liquide du pays des Gaules qui sont près des Alpes, tirée d’un arbre nommé Larix, et les paysans l’appelle laricina. Celle-ci soit elle est composée en forme d’électuaire soit prise seule, elle aide (en la faisant fondre dans la bouche) vertueusement à la toux ancienne« .
L’électuaire était un médicament en usage interne constitué de poudres associées à des extraits végétaux, des résines, du miel ou du sirop.
– Larch nom anglais du mot celte ‘lar’.
– Mélèze de melese, nom d’origine dauphinoise du mot alpin ‘mel’ signifiant miel en référence à la couleur de la résine, alors que l’on aurait pu penser que c’était en rapport avec le miellat exsudé par l’écorce.
– Dans certaines régions, les qualités de son bois le font appeler ‘chêne des montagnes’ ou ‘chêne des Alpes’. D’ailleurs, Malesherbes aurait écrit que dans certains cantons suisses ‘une pièce de bois de mélèze coûte le double d’une pièce de chêne de même dimension‘.
On le trouve aussi sous les noms élogieux de ‘Seigneur des Alpes’ ou ‘Roi de la montagne’. Pour le grand historien Jules Michelet, c’est ‘le sourire des Alpes’.
– Depuis 1664, au Québec, le nom vernaculaire (populaire) de l’espèce laricina est épinette rouge. L’ancien nom donné au Canada était tamarack.
Les Larix sont des espèces pionnières considérées comme intolérantes aux autres plantes.
Elles se développent en altitude dans les zones tempérées et froides, de 1 200 à 2 400 m, sur tous sols frais même pauvres, pierreux ou volcaniques et bien drainés.
On peut les trouver aussi à partir de 300 m dans un habitat à l’atmosphère assez humide mais elles ne se développent pas aussi bien qu’en altitude.
Photophiles (amies de la lumière), ces espèces nécessitent une forte luminosité pour s’épanouir.
Elles ne tolèrent pas la pollution en général, toutefois l’espèce japonaise kaempferi la tolère mieux que l’espèce decidua des Alpes.
∙ L’espèce decidua s’installe dans des massifs montagneux et pierreux, à partir de 1 400 m jusqu’à 2 400 m dans les Alpes. En dessous de 1 400 m, elle croît en compagnie du pin sylvestre – Pinus sylvestris et au-dessus de 2 000 m, elle fréquente le pin cembro – Pinus cembra et l’épicéa européen – Picea abies qui est abondant.
∙ L’espèce américaine, laricina n’apprécie pas trop le calcaire.
Leur caractéristique principale est d’être des résineux à feuillage caduque.
– À l’état juvénile, la croissance est relativement rapide. La longévité se compte en siècles et peut atteindre rarement jusqu’à 2 200 ans.
– Cet arbre de 20 à 45 m peut atteindre 65 m pour l’espèce occidentalis, une taille de 56 m aurait été constatée à Baden en Allemagne pour l’espèce decidua. Il a un port pyramidal avec une cime se terminant toujours par une flèche.
– L‘écorce gris-argenté à gris-brun devient brun-rougeâtre et écailleuse avec l’âge.
– Les racines obliques développent un chevelu dense.
– Les branches verticillées (organes insérés autour d’un axe) sont souvent assez courtes, à l’horizontal remontant légèrement. Les rameaux sont dimorphes : des rameaux allongés – les auxiblastes (rameaux longs à croissance indéfinie) portant des feuilles uniquement la première année, et des rameaux courts – les mésoblastes (rameaux courts à croissance lente et limitée). Les rameaux de la base ont souvent un aspect pleureur.
– Les feuilles caduques sont en aiguilles de 2 à 3 cm, souples, linéaires, pointues, isolées en spirales sur les rameaux longs et regroupées en rosettes sur les rameaux courts, vert tendre à bleu-vert au printemps devenant jaune doré à l’automne. L’aspect général du feuillage est aéré.
Les aiguilles sont plus compactes dans un habitat froid et sec.
– Cette plante monoïque (fleurs mâles et femelles séparées sur la même plante) développe des inflorescences (grappes de fleurs) du printemps jusqu’au début de l’été, à l’extrémité des rameaux courts. Sa maturité sexuelle est atteinte vers 7 à 10 ans.
∙ Les chatons mâles sont solitaires, épars sur les rameaux ; les écailles des strobiles (inflorescences dont les organes se développent à partir d’écailles) sont minces et non-épaissies au sommet.
Ils sont petits, nombreux, globuleux, jaunâtres, pendants en-dessous des rameaux.
Pollinisation par le vent ou par les animaux.
∙ Les strobiles femelles sont petits, ovoïdes, dressés, très peu pédonculés, du rose vif au pourpre-violacé, rarement verts. Les bractées (organes intermédiaires entre la feuille et le pétale) sont courtes et pointues dépassant parfois les écailles.
En savoir plus sur leur Sexualité.
– Les cônes gris-brun sont matures à l’automne mais ils n’ouvrent les écailles qu’au printemps suivant. Ils peuvent persister sur la plante encore deux ans.
– Les graines ailées se conservent bien pendant trois ans.
Les écureuils, les pics verts et les becs-croisés sont des acteurs actifs de la dissémination. Les becs-croisés comme le Loxia curvirostra sont des espèces de passereaux dont la forme du bec est particulièrement adaptée à l’extraction des graines.
– Hybride entre les espèces decidua et kaempferi : Larix x eurolepis.
Cet hybride porte le nom vernaculaire de Dunkeld larch. En fait, c’est en Écosse, en 1885, que le septième duc d’Atholl planta des mélèzes d’Europe et du Japon dans son domaine près de Dunkeld. En 1904, les graines récoltées et plantées donnèrent des plantes hybrides.
Malgré certaines différences morphologiques évidentes, les deux espèces sont très proches, c’est pourquoi elles peuvent s’hybrider naturellement.
Les mélèzes hybrides sont issus de l’hybridation de ces deux espèces (1ère génération) mais aussi de croisements entre les hybrides.
En sylviculture, les hybrides de première génération sont préférés.
– Ennemis : pucerons et champignons (chancre – rouille – pourridié).
Le chancre Lachnellula willkommii a fait beaucoup de ravages sur le mélèze européen. Le mélèze japonais y est plus résistant et les hybrides encore plus.
Le mélèze peut être vecteur de la rouille du peuplier – Melampsora larici populina, on évite donc les plantations mitoyennes.
Une forêt à dominance de mélèzes est un mélézin. Un peuplement de mélèze est une mélézière ou une lariçaie.
– Sylviculture
Reboisement – forêts – haies – humus.
– Avec l’écorce : tannage – teinture brune.
– Autour de la moelle de l’arbre coupé, on peut récupérer une gomme (matière visqueuse (issue de la sève ou de la résine) exsudée par les arbres) comparable à la gomme arabique qui fut utilisée dans les arts ainsi que consommée.
– La térébenthine de Venise provient de la résine liquide et visqueuse du mélèze après distillation. Elle est ainsi appelée car auparavant on la faisait venir de Venise. Elle est utilisée en peinture artistique avec parcimonie et savoir faire.
La résine est récoltée par incision ou perforation. La térébenthine est une oléorésine. Après distillation, on récupère la colophane qui est solide et inodore et l’essence de térébenthine qui est liquide et odorante.
– Bois de qualité au duramen (premier bois mort mais riche en résine, en tanins, en matières colorantes), cœur profondément coloré ; il est dur, lourd, résistant, imputrescible et décoratif.
C’est le bois le plus solide et le plus durable des conifères mais par contre, il est considéré comme un mauvais combustible car il fume beaucoup et brûle très rapidement.
∙ Charpentes – ponts – chalets – toitures – construction navale – plaquage – poteaux – barrières – traverses de chemin de fer – tonneaux de vin – menuiserie extérieure et intérieure – raquettes à neige…
Les maisons faites en bois de mélèze gagnent en imperméabilité car les jointures se font grâce à la résine que le bois exsude.
∙ Les premiers pilotis de la ville de Venise étaient en bois de mélèze ainsi que les premiers tonneaux utilisés par les romains.
∙ Durant l’Antiquité, sous-ordre de Tibère, le deuxième empereur romain, des troncs de 60 m étaient acheminés pour confectionner des tuyaux servant au transport de l’eau.
∙ D’après Pline, Néron, cinquième empereur romain, fit utiliser les troncs de ces grands arbres pour construire un amphithéâtre à Rome.
– Médicinales
∙ Immunitaires, la manne et la résine accélèrent la fabrication des globules blancs. La manne est aussi purgative.
La manne de Briançon : les parties de l’arbre – écorce et feuilles sont piquées par des sortes de pucerons qui sécrètent un miellat, petites perles faisant comme une rosée sur la plante.
∙ Les feuilles sont utilisées pour régler les problèmes bronchiques et soulager des rhumatismes…
– Écologie
Les cerfs ou les lapins en sont friands et peuvent occasionner des dégâts. Les écureuils et les fourmis en sont les hôtes principaux.
Le bolet élégant – Suillus grevillei est un champignon fidèle qui lui est inféodé.
– Alimentaire
En Sibérie, les chasseurs de zibelines utilisaient l’écorce comme levain pour leur pain de seigle. Les montagnards russes mangeaient la gomme trouvée au cœur de l’arbre.
– Ornementale
C’est le conifère le plus facile à travailler en bonsaï. Toutefois, les conditions d’habitat doivent être respectées : sol frais – hiver froid mais pleine lumière.
– Symboles
∙ Pour certains, il symbolise l’immortalité et la constance en amitié.
∙ En Sibérie, on le considérait comme ‘l’arbre du monde’.
∙ Il apparaît sur une pièce de monnaie commémorative en Ukraine ou sur des timbres en Allemagne.
– L’espèce kaempferi, originaire du Japon, se nomme karamatsu -唐松 signifiant ‘pin chinois’. Ce nom attribué serait en référence aux célèbres tableaux du XIIe siècle du peintre chinois Li T’ang représentant des paysages avec des pins similaires aux mélèzes japonais.
Bien sûr, les forêts de mélèzes inspirèrent d’autres artistes tel Mori Masamoto, voir son tableau de 1965 ‘Karamatsu forest‘.
Mise à jour décembre 2023.