Un des spécialistes du genre Acer, Ferdinand Albin Pax, a défini la section Palmata en 1885. C’est la section la plus représentative par le nombre et la diversité ; elle est esthétiquement bien représentée par les érables ‘dits’ japonais.
3 groupes : Palmata – Sinensia – Penninervia.
47 espèces – 12 sous-espèces.
Selon les auteurs, les espèces et les sous-espèces définies dans chaque section sont parfois différentes, et il faut encore attendre pour avoir une classification reconnue de tous.
L’espèce type est Acer palmatum.
Ils sont originaires de l’Est de l’Asie : Chine – Japon – Corée, hormis l’espèce circinatum d’Amérique du Nord.
Les espèces de cette section nécessitent des situations abritées et fraîches, et seules les espèces pseudosieboldianum et sieboldianum se révèlent plus résistantes.
∙ Arbustes et arbres.
∙ Bourgeon protégé par 4 (5) paires d’écailles.
∙ Feuilles généralement caduques, composées de 3 à 13 lobes.
∙ Inflorescences en corymbes de fleurs à 5 pièces florales, aux 8 étamines, présence d’un disque nectarifère.
∙ Graines globuleuses.
Qui dit érables japonais dit jardins japonais et visiter un jardin japonais provoque beaucoup d’émotions, de sentiments que les Japonais appellent ‘fuzei’. Voici ce que Jacques Roubaud écrivain, poète et mathématicien français écrit à ce sujet :
« Le fuzei est composé des deux caractères chinois fu, en japonais le vent et zei le sentiment ; c’est le sentiment bouleversé que dégage l’intimité des choses et par conséquent la sensation de la beauté mélancolique qui en émane. On pourrait aussi dire que c’est le monde des sentiments né de l’harmonie existante entre l’esprit et la forme des choses. »
On doit les premières découvertes des plantes japonaises à quelques explorateurs passionnés : Andreas Cleyer – Engelbert Kaempfer – Carl Peter Thunberg – Philip Siebold…
– On doit probablement l’introduction des premiers spécimens d’érables du Japon (particulièrement Acer palmatum) à Philip Siebold en 1820.
– Ils ont surtout été introduits du Japon après l’Ère Meiji (de 1868 à 1912) à partir de 1868, époque d’ouverture du Japon.
– De nombreux végétaux de Chine furent découverts et introduits grâce aux pères missionnaires français ainsi qu’à des explorateurs réputés, pour certains commandités par les pépinières Veitch et particulièrement par l’horticulteur écossais John Veitch. On peut citer : Armand David, Jean Delavay, Paul Farges, Augustine Henry, Ernest Henry Wilson…
En 1784, le naturaliste suédois surnommé le ‘Père de la botanique sud-africaine’ ou le ‘Linné japonais’, Carl Peter Thunberg, a décrit et nommé les différentes espèces ‘dites’ japonaises dans la publication ‘Flora japonica‘.
La dénomination vulgarisée ‘érables du Japon’ regroupe les espèces d’érables qui proviennent du Japon, de Chine et de Corée. Cette dénomination ‘du Japon’ a été attribuée à différentes plantes provenant souvent de Chine par le simple fait qu’elles étaient découvertes au Japon où elles s’étaient naturalisées.
Les érables ‘dits’ japonais sont particulièrement représentés par la section Palmata, groupe Palmata, avec principalement les espèces palmatum, japonicum et shirasawanum.
Leur point commun est leur magnifique coloration automnale qui, au Japon, intervient particulièrement de la seconde quinzaine de novembre jusque début décembre mais cela dépend aussi de la zone géographique.
– Croissance lente.
– Leurs grandes différences se font au niveau de la forme, du nombre de lobes et de l’aspect du bord du limbe de la feuille.
– Les érables dits japonais présentent souvent un tronc tortueux très esthétique.
– Tous les érables japonais sont caducs hormis Acer oblongum qui, dans son milieu naturel, a un feuillage persistant.
– Les espèces dites japonaises ont tendance à s’hybrider entre elles.
– Il existe au moins 1 000 cultivars dont une grande majorité dérive de l’espèce palmatum.
– Dans la mythologie chinoise, les peuples Miao et Han rentrèrent en conflit. L’empereur Huangdi fut le gagnant et fonda la dynastie des Han au centre de la Chine ; les perdants, les Miao (les Hmong) durent migrer vers le sud avec leur seul et unique empereur Chi You qui fut alors représenté dans des broderies par des feuilles d’érable rouge. Cet art de broderie fut transmis de mères à filles. À l’heure actuelle, sans toujours connaître cette tradition, les femmes Hmong continuent de broder les feuilles d’érable.
– Au Japon, la fleur de cerisier et la feuille d’érable sont les premiers symboles des saisons. Les Japonais ont pour tradition d’aller admirer la nature aux changements de saisons ce qui donne lieu à de grandes manifestations populaires. Cette tradition commence à l’époque Heian (794-1185) durant laquelle les aristocrates nippons organisent des manifestations accompagnées de musiques et de mets délicats afin d’admirer les cerisiers en fleurs au printemps et les érables à l’automne. Ce loisir aristocratique se démocratisera à l’ère Edo (1603-1868).
Au printemps, on fête les cerisiers, c’est l’époque du ‘hanami’.
L’érable représente l’automne. Le moment où la feuille des arbres vire au rouge est appelé kõyõ (kouyou) qui a le même kanji que ‘momiji’ – l’érable qui change de couleur. C’est l’époque du ‘momijigari’ – la chasse aux ‘feuilles de soie rouge’.
C’est aussi l’occasion de consommer les feuilles d’érable en beignets salés ou sucrés : ‘Momiji Tempura’ est une spécialité au nord d’Osaka.
– Les feuilles de momiji sont souvent représentées comme motifs décoratifs sur les kimonos mais aussi sur différents objets : porcelaines – bijoux – estampes – calligraphies… mais aussi en cuisine : le momiji manju est un petit gâteau fourré de pâte de haricots rouges, il a la forme d’une feuille d’érable palmée et il n’est confectionné qu’à l’automne. C’est une spécialité de l’île de Miyajima au sud d’Hiroshima.
– Dans le langage des fleurs japonais, l’érable représente les souvenirs importants.
– Dans le jeu de cartes d’origine japonaise, le hanafuda, la carte du mois d’octobre est représenté par un érable momiji accompagné d’un cerf ; on connaît le goût des cerfs pour le feuillage et l’écorce des érables mais cette représentation évoque plutôt la chasse au cerf des seigneurs du Japon ancien.
– On retrouve aussi les érables dans de nombreux poèmes.
Au Japon, c’est l’espèce la plus commune d’érable et c’est la plus connue dans le monde avec l’érable du Canada – Acer saccharum.
Groupe Palmata – 3 sous-espèces possibles : amoenum – matsumurae – palmatum.
Sud-Est asiatique : Japon – Chine – Corée – Taïwan.
– Acer palmatum Thunb.
Décrit et nommé par Thunberg dès 1784, mais le protectionnisme de l’époque au Japon retarda son introduction en Europe vers 1820 -1830.
Palmatum du latin signifiant ‘en forme de main’ en référence à la forme de la feuille et ses nervures partant d’un point central et s’évasant comme une main.
– イロハカエデ – 雄紅葉 – Takaomomiji – Irohakaede sont ses noms japonais.
. L’érable palmé est particulièrement bien représenté et réputé dans la région de Takao, un village de montagne au nord-ouest de Kyoto, d’où son nom vernaculaire Takaomomiji.
. Iroha désigne un hymne du Sûtra du Nirvana.
« Toute floraison finit par se faner
Qui donc en ce monde dure éternellement ?
Les lointaines montagnes de l’illusion franchies,
Ne cédons plus aux rêves inutiles et vains
Ni à l’ivresse »
Ce poème est composé des 47 syllabaires d’une des écritures japonaises et correspond (de très loin) à notre abécédaire ; les noms des notes de musique sont basés sur les sept premiers sons : I – Ro – Ha -Ni – Ho – He – To …
Ce nom a été attribué à cet érable car autrefois on comptait le nombre de lobes de la feuille en utilisant l’ordre Iroha ; cette façon de compter pourrait provenir d’une ancienne pièce de théâtre pour enfants.
– 鸡爪 枫 ji zhua feng est son nom chinois.
– On peut aussi le trouver sous le nom de ‘érable japonais lisse’ du fait que ses feuilles sont glabres.
On le trouve souvent en basses montagnes jusqu’à 1 000 m d’altitude dans son habitat d’origine, dans des forêts et des zones boisées, en compagnie de hêtres, de chênes mizunara – Quercus crispula, et de zelkovas (famille des ormes), à mi-ombre de préférence, ou à l’ombre, ou au soleil léger non brûlant, toutefois une situation ensoleillée et abritée favorise la spectaculaire couleur rouge des feuilles. Préférence pour un sol légèrement acide (plus belles couleurs de feuilles) ou neutre, riche, frais mais bien drainé. N’apprécie pas les excès : ni trop acide, ni trop calcaire, ni trop d’eau, ni trop de sécheresse.
Tolérance au gel de -10°C jusqu’à -20°C selon les cultivars.
En général, il n’apprécie pas trop les vents qui dessèchent le feuillage.
– Arbuste ou arbre caduc de 5 à 10/15 m de hauteur et presque autant de largeur, au tronc court et tortueux pouvant atteindre 60 à 80 cm, au port arrondi en forme de parapluie.
– Écorce verte et lisse devenant parfois gris pâle et légèrement fissurée dans le sens de la longueur.
– Système racinaire assez fin et superficiel.
– Le bourgeon est protégé par (4) 5 paires d’écailles. Le bourgeon terminal est souvent absent ce qui donne à l’arbre un aspect assez large dû à une croissance sympodiale, type de croissance souvent présente chez les érables ‘dits’ japonais.
– Feuilles caduques de 4 à 7 cm, longuement pétiolées, palmées, aux 5 à 7 lobes (jusqu’à 9 pour les sous-espèces) moyennement échancrés, à la pointe effilée, doublement et irrégulièrement dentés ; glabres, vertes pour l’espèce type virant du jaune au rouge à l’automne.
– Floraison printanière en avril/mai avec les feuilles. Inflorescences terminales, en petites corymbes pendantes (5 à 6 cm) de 10 à 20 petites fleurs aux sépales rouge-violet, aux petits pétales jaune verdâtre, aux 8 étamines aux anthères violettes, au disque nectarifère extrastaminal.
La plante est andromonoïque, fleurs unisexuées mâles (au pistil avorté) et hermaphrodites ; parfois, mais rarement, présence de pied uniquement mâle. Les fleurs bisexuées de l’inflorescence sont peu nombreuses, c’est pourquoi il y a peu de fruits.
– Fruits en petites disamares de 1,5 cm chacune, en général rouges et en angle obtus de 110° à 160°.
– Graines globulaires.
– Sous-espèces :
∙ Acer palmatum subsp. palmatum correspond à l’espèce type.
∙ Acer palmatum subsp. matsumurae
On la trouve particulièrement à Honshu et dans les régions neigeuses à des altitudes assez élevées à Hokkaido.
∙ Acer palmatum subsp. amoenum est désormais considérée comme un espèce à part entière, d’ailleurs, depuis longtemps, les Japonais la considéraient ainsi. On la trouve à des altitudes assez élevées.
3 variétés : amoenum – matsumurae – nambuanum.
– Cultivars
L’espèce palmatum est particulièrement polymorphe et ses cultivars présentent une grande variété de couleurs et de forme de feuilles.
Même si les graines des cultivars sont généralement viables, elles produisent généralement des arbustes totalement différents du pied mère d’où la richesse infinie des cultivars. Si l’on veut reproduire exactement le pied mère il faut bouturer ou greffer.
Tous les cultivars dont le nom japonais commence par ‘beni’ (signifiant rouge) ont un feuillage rouge.
∙ Les ‘Atropurpureum’ ont un feuillage rouge à rouge-pourpre, ils sont généralement assez grands.
∙ Les ‘Aureum’ ont un feuillage jaune d’or. Les ‘Lutescens’ ont un feuillage jaune.
∙ Les ‘Dissectum’: sont généralement des petits arbustes, au port tabulaire arrondi, aux tiges arquées, aux feuilles de 5 à 10 cm, aux 5 à 7 lobes très finement ciselés.
∙ Acer palmatum ‘Linearifolium’ a comme son nom l’indique des lobes linéaires.
∙ Il existe aussi des formes naines.
Acer palmatum est souvent utilisé comme porte-greffe.
Groupe Palmata.
Japon, de Honshu à Hokkaido.
Découvert par Thunberg sur les îles d’Hokkaido probablement vers 1784. Introduit en Angleterre en 1864.
– Acer japonicum Thunb.
Décrit et nommé par Thunberg en 1784.
– ハウチワカエデ – 羽団扇楓 – Hauchiwakaede du japonais ‘kaede’ – érable et ‘hauchiwa’ – feuilles en éventail rappelant les éventails en plumes des créatures légendaires, les Tengu au visage rouge et au long nez.
– Il est parfois appelé meigetsukaede, mais ce nom signifiant ‘érable de la pleine lune’ est plus souvent attribué à l’espèce shirasawanum dont les feuilles ont un aspect arrondi et lumineux ou au cultivar Aconitifolium.
Sous-bois de forêts mixtes tempérées entre 900 et 1 800 m d’altitude.
Soleil voilé et mi-ombre ou ombre. À l’abri des vents mais surtout pas abrité contre un mur plein sud car trop brûlant.
Sol neutre ou légèrement acide, riche en humus, frais en été mais bien drainé.
Tolérance au gel jusqu’à -20°C mais n’apprécie pas les gelées tardives. Ses cultivars sont souvent plus résistants.
Espèce très proche de l’Acer shirasawanum japonais (parfois considérée comme une sous-espèce) qui se distingue par des fleurs et des fruits dressés et des feuilles de 9 à 11 lobes.
Il est proche aussi de l’Acer circinatum d’Amérique du Nord.
– Petit arbre ou arbuste de 5 à 10 m, au port évasé assez large, très ramifié, au tronc souvent court et épais.
– L’écorce gris clair lisse devient légèrement striée avec l’âge.
– Le bourgeon est protégé par 4 (5) paires d’écailles. En général le bourgeon terminal est absent.
– C’est l’érable japonais de cette section qui a les plus grandes feuilles de 7 à 13 cm.
Feuilles caduques, pubescentes, en forme d’éventail, à la base cordée, de 7 à 9 lobes oblongs, acuminés, peu échancrés ou jusque la moitié du lobe, au bord grossièrement denté, aux nervures saillantes sur le revers ; vertes virant du jaune au rouge à l’automne, la pubescence disparait peu à peu et ne reste que sur les nervures.
– Floraison printanière en avril/mai avec les feuilles. Inflorescences terminales, andromonoïques, en corymbes pendantes de 10 à 15 petites fleurs aux pédicelles rouge-rosé et pubescents, aux 5 sépales rougeâtres, aux 5 pétales rosâtres, au pistil pubescent pour les bisexuées, aux filets d’étamines blancs et aux anthères jaune pâle.
– Fruits en petites disamares de 2 à 3 cm aux ailes presque horizontales, angle de 120° à 160°, vertes ou rougeâtres, veinées et pubescentes.
– De nombreux cultivars dont le plus connu ‘Aconitifolium’ – fernleaf full-moon maple est cultivé depuis 1818. C’est un arbuste de 4 à 5 m, aux feuilles ressemblant à celles de l’aconit – Aconitum avec des lobes entièrement échancrés, dont le bord du limbe est profondément et irrégulièrement découpé, vertes virant au rouge carmin à l’automne, à la floraison abondante aux sépales rouge foncé et aux pétales blanchâtres.
– Multiplication par greffe sur Acer palmatum.
Groupe Sinensia.
Chine.
Découvert entre 1882 et 1889 par l’horticulteur et sinologue irlandais Augustine Henry, et introduit entre 1901 et 1902 par le botaniste explorateur britannique dit ‘le Chinois’ Ernest Wilson pour le compte des pépinières Veitch.
– Acer oliverianum Pax
Décrit et nommé par Ferdinand Albin Pax en 1889 en reconnaissance du travail de Daniel Oliver (1830-1916), conservateur de l’herbier à Kew Garden et professeur de botanique à Londres..
– 五裂槭 – Wu lie feng est son nom chinois signifiant ‘érable à cinq lobes’.
Forêts et vallées de l’Himalaya en Chine centrale et occidentale, de 1 500 à 2 000 m d’altitude.
Mi-ombre sur un sol neutre à acide. Tolérance au gel vers -15°C à -20°C.
Très proche des espèces erianthum et campbellii du même groupe Sinensia.
Proche de l’espèce serrulatum native de Taïwan qui fut considérée comme une sous-espèce sous le nom de Acer oliverianum subsp. formosanum, et qui se différencie par une base de feuille tronquée, par des lobes triangulaires, et des veines proéminentes. Elle est souvent confondue avec le copalme Liquidambar formosana.
– Petit arbre de 6 à 7 m pouvant atteindre 8 à 10 m dans son habitat naturel, souvent à multi-troncs, au port arrondi.
– L’écorce gris-vert devient brun-gris, lisse. L’écorce juvénile persiste de nombreuses années.
– Le bourgeon est protégé par 4 paires d’écailles.
– Feuilles caduques, aussi longues que larges, de 5 à 9 cm, au long pétiole, à (3) 5 lobes nettement échancrés, acuminés, finement dentés. Les feuilles juvéniles sont rouge-rosé puis vertes et enfin rouge orangé ; le revers présente des touffes de poils à l’aisselle des veines.
– Floraison printanière vers mai avec les feuilles. Inflorescences terminales, andromonoïques en corymbes pendantes de 10 (15) petites fleurs aux 5 sépales rosés, aux 5 pétales blanc jaunâtre, présence d’un disque nectarifère.
– Fruits en disamares aux ailes de 150° à 180°.
Médicinales
Les branches et les feuilles peuvent agir sur la fièvre et les douleurs, traiter la gangrène du dos, l’anthrax, les douleurs abdominales ; c’est un détoxiquant.
Mise à jour septembre 2024.
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